14.11.08 RAMA YADE s'inquiète pour les femmes Congolaises violées ! (F. Mulongo, RévFM/Parisien.fr)
Elles seraient « entre 50 000 et 100 000 » à avoir été violées depuis 2003. La secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l’Homme, RAMA YADE était en République démocratique du Congo (RDC) en juin. RAMA YADE décrit une situation catastrophique, notamment pour les femmes.
A l'occasion de la semaine de solidarité internationale, le Mouvement "Ni putes ni soumises" en partenariat avec l'Action des femmes Africaines Solidaires pour le développement (AFAS), Le Centre de Recherche et de d'information pour le développement (CRID), Plateforme Panafricaine... organise les 19 et 22 novembre prochain, une exposition sur la RDC (Maison de la Mixité, Métro: Jourdain) et un grand colloque sur le thème:" Femmes et filles en RDC: état des lieux des violences sexuelles et perspectives de reconstruction dans le cadre du co-développement et de la solidarité internationale. les enjeux de la situation actuelle de la guerre en RDC. Paris, Mairie du 20 ème, Métro: Gambeta.
Toutes les ONG présentes dans la région parlent de « catastrophe humanitaire ». Quelle est l’urgence ?
Rama YADE: L’urgence, c’est que le cessez-le-feu du 29 octobre décrété par la rébellion de Laurent Nkunda soit respecté. Il faut apaiser les tensions pour revenir à un processus politique. La situation humanitaire, que certains semblent aujourd’hui découvrir, est dramatique. J’étais en juin dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, et ce que j’ai vu là-bas, moi qui ai déjà effectué environ 70 déplacements, je ne l’ai jamais vu ailleurs. Je suis réellement revenue de l’enfer ! C’est une tragédie oubliée.
Abedi, 17 ans, allait chercher de l'eau lorsque des soldats l'ont frappée et violée : "J'ai 17 ans et plus personne ne voudra de moi. Mon fils né du viol a, aujourd'hui, 11 mois. Il s'appelle Kevin, je suis toute seule pour l'élever". Abedi affirme, avec colère, qu'elle a demandé pardon à sa famille, mais que ses proches ne veulent plus la voir, ni entendre parler d'elle.
Hélène, 42 ans. « Le 7 août 2000, des soldats du RDC-Goma* ont arrêté le convoi dans lequel je me trouvais entre Goma et Butembo. Ils frappaient les hommes et volaient la marchandise. Ils ont ensuite utilisé les femmes pour transporter leur butin dans la forêt. Ils m'ont gardée plusieurs jours. Je ne sais plus combien d'hommes m'ont violée... » Aujourd'hui, Hélène est responsable d'une des maisons-refuges de l'association MAODE. Elle accueille les autres femmes victimes de violences sexuelles et les aide à reprendre goût à la vie.
Marie-Donatienne a créé l'association MAODE il y a quatre ans. En avril 2003, elle aussi a été violée par des miliciens Interahamwes devant son mari et ses deux enfants. D'après les estimations d'Human Right Watch, 10 000 femmes et fillettes auraient été violées par les combattants des différentes factions. Actuellement, l'association vient en aide à 197 femmes, en développant, grâce à des micro-crédits, différents petits commerces et en exploitant des champs communautaires.
« Le viol est devenu une arme de guerre »
Et vous êtes rentrée traumatisée…
Rama YADE: Le mot n’est pas trop fort. En République Démocratique du Congo, où l’on compte entre 50 000 et 100 000 femmes violées depuis 2003, j’ai entendu les récits insoutenables de femmes enlevées, transformées en esclaves sexuelles par des bandes armées avant d’être abandonnées à leurs communautés qui, bien évidemment, n’en veulent plus à cause du sida ou de terribles séquelles physiques comme les fistules. A travers ces femmes, ce sont des communautés entières qui sont ainsi détruites. Sous l’effet d’une totale impunité des auteurs, le viol est devenu une arme de guerre au Congo. Et ce phénomène a pris dans ce pays une ampleur effroyable. A l’hôpital de Panzi, j’ai ainsi rencontré un homme remarquable, le Dr Mukwege qui, seul avec quatre aides-soignantes, opère ces femmes brisées à l’aide de moyens dérisoires.
Assiste-t-on à un nouveau conflit ethnique entre Hutus et Tutsis ?
Rama YADE: Il ne s’agit pas à l’origine d’un conflit expressément ethnique. La population congolaise est bien plus diverse que cela. Même si certains rebelles utilisent de temps en temps l’argument ethnique pour justifier leur action. Ce qui est certain, c’est que, depuis la reprise des combats début septembre, on compte plus de 200 000 personnes déplacées qui s’ajoutent aux 800 000 qui croupissent depuis des années dans les camps de réfugiés, à la suite des différents conflits de la région. Sans parler du recrutement d’enfants soldats qui a repris. Il semble que la rébellion de Laurent Nkunda, implantée dans le Nord-Kivu, cherche à asseoir son contrôle sur une région très riche en coltan, un minerai très recherché pour la fabrication de téléphone portables.
La Monuc (Mission des Nations unies au Congo) a-t-elle assez de moyens ?
Rama YADE: Je pense qu’il est plus que temps de renforcer ses moyens d’action. On ne peut plus se contenter de dire que la Monuc, avec ses 17 000 casques bleus, est la plus grande force des Nations unies au monde alors que, sur le terrain, les viols de femmes se poursuivent et les réfugiés se multiplient. Les militaires de la Monuc sont certainement ceux qui en ont le plus conscience car ils sont présents sur le terrain. Le mandat de la Monuc, qui vient d’être renouvelé, spécifie pourtant noir sur blanc qu’elle a mission de protéger les civils.
L’envoi d’une force européenne, c’est en dernier recours ?
Rama YADE:Même si l’Union européenne a décidé que ce n’est pas d’actualité, je pense qu’il est indispensable d’étudier des moyens d’action le plus vite possible. L’Histoire nous regarde.
Le Parisien
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