Dans le cadre de la mission de travail qu’elle vient d’effectuer à Kinshasa, la consultante Genre du bureau de l’Unesco/Bujumbura, Mme Ivonne Matuturu a annoncé la tenue de la Conférence des ministres des Affaires Féminines et du Genre des pays des Grands Lacs à Kinshasa. Cette conférence se tiendra du 24 au 26 juillet 2008, a-t-elle fait savoir à la presse.
Organisée conjointement par l’Unesco et le ministère du genre, de la famille et de l’enfant de la République du Congo, cette Conférence servira de cadre de discussion des modalités pratiques de la mise en place d’un centre de recherche et de documentation sur les femmes et le genre pour la région des Grands Lacs et un centre de catégorie II sous l’égide de l’Unesco. Au cours de cette rencontre, il sera aussi question d’aborder les questions ayant trait à la contribution des Etats membres au financement et au bon fonctionnement de ces centres sous-régionaux. Ces deniers vont collaborer, selon Mme Ivonne Matuturu, directement avec les antennes nationales qui sont implantées dans chacune de 11 pays concernés par cette initiative.
La consultante Ivonne a estimé que c’est une opportunité de nouer des partenariats, de définir les relations entre les antennes et les centres afin de préciser la coopération avec l’Union africaine et d’autres institutions régionales ou internationales de recherche.
Cette rencontre va rassembler les ministres en charge des Affaires Féminines et du Genre des 11 pays de la Région des Grands Lacs, les Représentants de l’Unesco, de Hauts responsables techniques des ministères concernés et les Secrétaires des Commissions nationales pour l’Unesco dans les pays des Grands Lacs.
Le centre mise en place aura pour mission, la promotion de l’élaboration des politiques qui visent la recherche en faveur des Droits des femmes et de l’égalité des Genres. Ce centre servira à l’observatoire et de compensation d’informations sur les questions des femmes et du genre dans la région des Grands Lacs. C’est en vue de soutenir l’établissement et le renforcement de programmes d’étude sur les femmes et le genre dans les Universités de la région. Le centre renforcera également les capacités dans la recherche pour identifier et soutenir des solutions locales aux problèmes locaux, ainsi que pour intégrer celles-ci dans l’élaboration de politiques, promouvant et protégeant les droits fondamentaux de la personne humaine dont la femme en particulier.
Il convient de rappeler que la création de ce centre remonte depuis 2005, lors de la consultation que le secteur des sciences sociales et humaines de l’Unesco /Paris avait organisée à Addis-Abeba, en Ethiopie. Rappelons aussi qu’un atelier de validation des documents de référence du centre (étude de faisabilité) a eu lieu à Kinshasa en 2006.
Kinshasa, 18/06/2008 (La Prospérité, via mediacongo.net)
Mbandaka : vulgarisation des Droits de la femme et approche genre pour l’émergence du leadership fémininÉquateur | Développement | 17 Juin 2008 à 08:49:47
Un atelier de formation sur ce thème s’est clôturé ce week-end.Organisé par l’ONG S.O.S Bana, il visait à briser toute discrimination entre hommes et femmes, et à accorder à la jeune fille les mêmes chances d’études qu’au jeune garçon. Une façon d’encourager la femme à devenir leader en vue de s’impliquer dans le développement de son milieu, rapporte radiookapi.net
Au total, 80 participantes venues des associations qui encadrent les femmes de Mbandaka ont bénéficié de ces enseignements. L’une d’elles témoigne : « Auparavant, j’ignorais mes droits. Je suis maintenant capable d’expliquer à mes collègues femmes ce que signifie l’équité, la parité, et les Droits de la femme. Si la femme est représentée dans les différentes institutions de la République, elle aura à présenter les problèmes des femmes, les difficultés que rencontrent les femmes. Les filles sont à côté de leurs mamans à la cuisine, or la fille doit aussi contribuer au développement de la communauté, parce qu’elle a des capacités. Si la fille va à l’école, elle va acquérir des connaissances, elle sera capable aussi d’entreprendre des activités qu’entreprennent les hommes. Je compte sensibiliser ma base. D’ailleurs, hier, j’ai sensibilisé les femmes vendeuses de chikwangues sur Libération Zongo. » Cet atelier de 5 jours à bénéficié de l’appui de la coopération canadienne dans le cadre de son projet d’appui à la participation citoyenne, Parc.
Droits de l'Homme: Rapport Mensuel - Avril 2008
Division des droits de l'Homme / MONUC 17 juin. 08 - 16h00
Extraits et pour l'intégralité du rapport, suivez ce lien : http://www.monuc.org/news.aspx?newsID=17600
III- Administration de la justice / Lutte contre l’impunité
Observation de procès
21. Pendant la période en revue, sept audiences du procès en appel du meurtre du journaliste Serge Maheshe ont eu lieu devant la Cour Militaire de Bukavu, Sud Kivu. Parmi les principaux développements de ces audiences, il y a lieu de noter: la visite de la scène du crime, pendant laquelle, seuls les deux amis du défunt et témoins oculaires du meurtre (les auteurs intellectuels) ont été interrogés par les différentes parties sur la commission du crime; l’interrogatoire des deux principaux accusés par rapport à la lettre de rétractation; le refus de la Cour de tenir compte de la requête des avocats des principaux accusés en faveur d’une expertise balistique devant déterminer lesquelles des trois armes saisies avaient été utilisées pour commettre le crime; le retrait du tribunal de l’un des avocats de la défense pour des raisons de sécurité; des allégations de menaces proférées contre trois avocats via des appels téléphoniques anonymes; l’intimidation des défenseurs des droits de l’homme observant le procès par le Juge Président ainsi que des allégations de menaces proférées contre les défenseurs des droits de l’homme via des SMS.
Le BNUDH a aussi exprimé son indignation au sujet du climat de tension qui a prévalu pendant les audiences ainsi que de la présence dans la salle d’audience des deux magistrats qui avaient été incriminés par les deux principaux accusés (auteurs intellectuels), ce en violation de l’article 242 du Code de Justice Militaire.
22. Pendant la période en examen, les audiences du procès de Gédéon ont continué devant le Tribunal Militaire du Haut Katanga. Ces audiences étaient principalement focalisées sur la requête introduite par quatre victimes le 2 avril 2008, sollicitant la récusation de deux des juges siégeant dans l’affaire. Les avocats des victimes ont soulevé deux objections: la première était basée sur le fait qu’un des juges contre qui une requête en récusation avait été introduite (un Capitaine), soit plus gradé que le Juge Président (un Lieutenant); la seconde avait trait à la non notification de l’audience à toutes les parties par le Greffier.
En réaction aux deux objections, le Ministère Public a soutenu que le juge contre qui la requête en récusation avait été introduite, pouvait légalement rester dans le panel des juges, en vertu d’une jurisprudence en la matière et sur la base du fait qu’il n’était pas un accusé dans cette l’affaire. Le Ministère Public a aussi confirmé l’irrégularité de la notification de l’audience par le Greffier.
23. Le 17 avril 2008, le Tribunal siégeant en matière de récusation, a examiné la requête en récusation contre deux juges, dont son Président, introduite par 3 parties civiles. Sans examiner au préalable la saisine du Tribunal par rapport aux parties récusantes, le Tribunal a constaté l’absence des parties récusantes, requis le défaut à leur charge, puis a procédé à l’examen de la cause quant au fond. Le Tribunal a prononcé son jugement en rejetant la requête en récusation pour vice de procédure dans la mesure où les parties civiles n’avaient pas produit de procurations spéciales. La veille, à Lubumbashi, la Cour Militaire du Katanga avait donné acte du dépôt de la requête en suspicion légitime à la requête du 2 avril 2008 des mêmes parties civiles contre le Tribunal Militaire de Garnison de Kipushi.
Le 25 avril 2008, la Cour Militaire a commencé les auditions sur la requête en suspicion légitime du Tribunal Militaire de garnison du Haut Katanga. Cette requête avait été formellement introduite par trois parties civiles au procès. L’audience a été renvoyée au 29 avril 2008 en raison des irrégularités observées sur la notification des parties.
24. Le 1 avril 2008, le procès d’un Major FARDC ancien T2 (Chef de renseignements militaires) à Bunia, a démarré devant la Cour Militaire du Kasaï Oriental à Mbuji Mayi. Cet officier est accusé d’arrestation arbitraire et non assistance à personne en danger, en relation avec le décès dans la nuit du 14-15 mars 2006, d’un civil détenu au cachot de l’Etat-major des FARDC à Bunia. La victime avait été arrêtée le 10 mars et transférée à l’Etat-major des FARDC le lendemain. La victime aurait été tabassée par un groupe de co-détenus, tous des soldats FARDC, et aurait succombé de ses blessures.
Cet officier FARDC et son assistant en charge du dossier auraient refusé d’apporter une assistance médicale à la victime. Le T2 n’avait jamais été poursuivi pour ce crime. Il avait été affecté à Mbuji Mayi, où il avait été arrêté le 27 novembre 2007. Il avait par la suite bénéficié d’une mise en liberté provisoire le 1 décembre 2007 à la suite de fortes pressions exercées par des officiers supérieurs des FARDC. Suite à une intervention du BNUDH, il fut re-appréhendé par l’Auditorat Militaire. Les audiences des 25 et 28 avril 2008 étaient réservées aux plaidoiries des différentes parties. La Cour a renvoyé le procès au 12 mai 2008 pour le prononcé du verdict.
25. Pendant la période en revue, vingt-deux (22) membres du BDK ont comparu devant le Tribunal de Grande Instance de Mbanza Ngungu (215 km est de Matadi). Ils sont tous accusés de meurtre, association de malfaiteurs, incitation à la participation à un mouvement insurrectionnel, rébellion, violation du droit à la liberté de culte, en rapport aux actes commis dans le territoire de Luozi pendant les opérations de la PNC aux mois de Février et Mars 2008 dans le Bas-Congo. Toutes les cinq audiences du mois en revue étaient réservées aux interrogations des co-accusés et aux dépositions de deux témoins oculaires, précisément le leader du BDK à Luozi et l’Administrateur du Territoire.
26. Le 15 avril 2008, le Tribunal Militaire de Mbanza Ngungu, conduisant des audiences foraines à Luozi, (235 km nord de Matadi), a condamné deux éléments de la PNC à 20 ans de prison pour viol commis au cours des récentes opérations de la PNC contre le BDK à Luozi. Les deux policiers ont été renvoyés de la PNC et condamnés à payer $10,000 et $50,000 US respectivement à la victime, à titre de dommages et intérêts in solidum avec l’Etat Congolais. Les condamnés ont été transférés à la Prison de Mbanza Ngungu pour y purger leurs peines.
27. Dans le Sud Kivu, un soldat FARDC (en service à la Force Navale) accusé de meurtre, a été condamné à mort par le Tribunal Militaire d’Uvira au cours d’une audience foraine à Baraka, du 14 au 18 avril 2008.
28. En Ituri, le 2 mai 2008, un officier PNC accusé d’avoir tué un mineur, a été condamné à perpétuité par le Tribunal Militaire de Bunia siégeant en flagrance. Le coupable a été radié des effectifs de la PNC et condamné à payer la somme de 10.000 USD à titre de dommages et intérêts à la famille de la victime.
29. Au Bas Congo, le 2 mai 2008, un officier PNC accusé de violation des consignes a été condamné à 10 ans d’emprisonnement par le Tribunal Militaire de Matadi. Le coupable a interjeté appel.
Violences Sexuelles et lutte contre l’impunité
30. Au cours du premier trimestre de l’année, le BNUDH a documenté 52 cas de violence sexuelle à travers le pays. 54% des auteurs présumés étaient les éléments de la PNC, 27% étaient des soldats des FARDC et 14% étaient des membres des groupes armés, tandis que 5% étaient des agents de l’ANR. Au cours du mois d’avril 2008, onze cas ont été rapportés. Deux des victimes dans ces cas étaient des mineures. Dans la Province Orientale, le 15 avril 2008, une femme aurait été violée, tour à tour, par deux soldats FARDC en présence de son mari dans la localité de Mbala (11 km de Nyankunde). Ce dernier avait été menacé de mort par les assaillants.
31. Dans le Nord Kivu, dans la nuit du 21-22 avril 2008, deux adolescentes hospitalisées dans la Clinique de Butshili auraient été violées par deux soldats FARDC qui étaient aussi hospitalisés dans la même clinique. L’un des auteurs présumés a été arrêté et déféré devant l’Auditorat militaire de Beni.
32. Dans la Province Orientale, dans la nuit du 16-17 avril 2008, une mineure a été violée à plusieurs reprises par un soldat FARDC en service à la 13ème Brigade à Ndalya. L’auteur présumé avait convaincu les parents de la victime qu’il pouvait la guérir de ses troubles démoniaques par des cérémonies magiques au bord de la rivière. Il a été arrêté mais s’est évadé par la suite.
33. A Kinshasa, dans la nuit du 17-18 avril 2008, une femme et ses deux filles dont l’une avait 14 ans, ont été menacées de mort, extorquées et par la suite violées par un groupe de cinq soldats FARDC armés. Les assaillants avaient fait irruption dans leur résidence privée.
34. Dans le Nord et le Sud Kivu, le BNUDH a constaté que des officiers militaires de haut rang jugeaient des cas, y compris de viol, dans lesquels leurs soldats étaient impliqués. Comme résultat de leur interférence, obstruction et engagement dans des arrangements à l’amiable des cas de viol dans le Sud Kivu, trois auteurs présumés ont été libérés. Au Nord Kivu, un Commandant FARDC de Muhangi a admis avoir engagé et facilité un arrangement à l’amiable d’un cas de viol. La victime, une fille de 14 ans, avait été violée par un adjudant FARDC le 6 avril 2008 dans la localité de Buyinga (60 km ouest de Butembo).
35. Au demeurant, quelques développements positifs ont été enregistrés au cours de la période en examen. Le 9 avril 2008, un civil accusé de viol sur une fille de six ans, a été condamné à 6 ans d’emprisonnement par le Tribunal de Grande Instance de Mbuji Mayi. Le coupable a aussi été condamné à payer une somme de 2.000 USD à titre de dommages et intérêts à la victime.
Dans le Sud Kivu, un soldat de la Force Navale, accusé de viol sur mineure, a été condamné à 6 ans d’emprisonnement par le Tribunal Militaire d’Uvira conduisant des audiences foraines à Baraka, du 14 au 18 avril 2008. Le coupable a aussi été condamné à payer une amende de 35.000 FC et la somme de 250 USD à titre de dommages et intérêts à la victime. Le même Tribunal a condamné un sous lieutenant FARDC à cinq ans de prison pour viol sur mineure le 14 novembre 2007. Il a aussi été condamné à payer une amende de 35.000 FC et la somme de 150 USD à titre de dommages et intérêts à la victime.
36. Dans la province du Katanga, le 21 avril 2008, un sergent FARDC accusé de viol sur mineure a été condamné à 15 ans d’emprisonnement par le Tribunal Militaire de Kalemie. Il a aussi été condamné à payer une somme de 1.000 USD à titre de dommages et intérêts à la victime. Au Kasaï Occidental, un soldat FARDC, accusé de viol sur mineure, a été condamné à 8 mois de prison par le Tribunal Militaire de Kananga. Le coupable a également été condamné à payer une somme de 5.000 FC à titre de frais de justice.
37. Au Nord Kivu, le 30 avril 2008, un soldat FARDC accusé de viol sur mineure à Eringeti le 15 Octobre 2007, a été condamné à 20 ans de prison par le Tribunal Militaire de Beni. Le condamné a interjeté appel.
Le Rwanda et la RDC pour une neutralisation des rebelles du FDLR
Un calendrier des interventions a été établi
Le chef d’état- major de l’armée rwandaise le général James Kabarebe et son homologue congolais le général Dieudonné Kayembe viennent d’avoir des entretiens sous la facilitation de la Mission des Nations unies au Congo (MONUC), en vue de la neutralisation effective des groupes rebelles dans la sous- région.
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mercredi 18 juin 2008, par Panapress
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Au cours de cette réunion entre les deux chefs des armées, tenue mardi soir à Rubavu au nord ouest du Rwanda, les deux parties ont fait le point sur la mise en application des accords signés en novembre 2007 à Nairobi (Kenya) entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) au sujet du désarmement du mouvement rebelle hutu des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) opérant à l’est de la RDC, non loin de la frontière rwandaise.
Selon le communiqué final sanctionnant cette rencontre, les deux pays sous le concours de la MONUC ont convenu du calendrier concernant le lancement des opérations militaires conjointes contre les positions des différents groupes armés et d’autres milices opérant dans la région est de la RDC.
En novembre 2007, la RDC s’était engagée à Nairobi à élaborer pour début décembre un "plan pour éliminer la menace" constituée par les rebelles hutus rwandais basés dans l’est du pays et à lancer "d’urgence" des opérations militaires contre ces groupes.
Le Rwanda s’engage à sécuriser sa frontière
Malgré des entraves signalées dans la mise en exécution de ce plan, il était en outre prévu que ces opérations devraient être conduites simultanément avec les opérations de démantèlement des autres groupes armés illégaux au Nord et au Sud-Kivu, provinces de l’est de la RDC ravagées par les violences.
De son côté, le Rwanda s’était engagé à prendre "les mesures nécessaires pour sécuriser sa frontière et empêcher l’entrée ou la sortie de membres de tout groupe armé, en particulier les mouvements du chef de milice et général dissident Laurent Nkunda, et d’empêcher que toute forme de soutien (militaire, matériel ou humain) soit fourni à un quelconque groupe armé en RDC.
Depuis 2007, le Nord-Kivu est le théâtre d’affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), qui y ont massé plus de 20.000 hommes,, et quelque 4.000 soldats insurgés ralliés au général dissident congolais Laurent Nkunda.
Nord-Kivu : «Les gens sont au bout de leurs mécanismes de survie»Par Le Potentiel
Plus de quatre mois après les accords de paix signés au terme de la conférence de Goma, Joséphine et ses sept enfants livrent toujours une lutte quotidienne pour leur survie dans le camp de déplacés de Masisi.
En octobre dernier, aux premiers coups de feux dans son village situé près de Kitchanga, Joséphine a pris la fuite. Après deux jours de marche, cette femme de 50 ans fut, avec ses enfants, parmi les premiers à arriver dans la ville de Masisi, où un camp de déplacés internes, grossissait de jour en jour.
«Depuis octobre», explique Joséphine, «nous sommes obligés de vivre dans ces conditions difficiles. On nous a fourni des bâches, on nous a construit des latrines et des douches. Mais notre vie ici reste très dure. Les distributions de nourriture ne sont pas régulières».
Pour compenser, Joséphine et les autres membres des 2.300 foyers déplacés de Masisi cultivent de petites parcelles de terre que les locaux leur octroient. «J’y cultive des haricots, du manioc». Trois fois par semaines, cette femme, comme tant d’autres, marche pendant trois heures pour aller cultiver sa petite parcelle. «Quelquefois», explique-t-elle, «la sécurité est bonne. Quelquefois, elle ne l’est pas.»
SOINS MEDICAUX APRES LE VIOL
L’insécurité, pour tant de femmes qui prennent le risque de se rendre aux champs, est synonyme de viol. «Nous recevons en moyenne chaque mois, dix femmes victimes de violences sexuelles», explique Francine Banyanga Bora, infirmière en charge des violences sexuelles à l’hôpital de Masisi, soutenu par MSF. «Ce chiffre ne correspond pas du tout à la réalité. Certaines femmes ont peur de venir se faire soigner, car le viol reste tabou dans les communautés. D’autres ne savent pas qu’une prise en charge médicale est nécessaire et qu’elle existe, gratuitement, dans l’hôpital de Masisi. D’autres encore vivent dans des endroits trop éloignés, trop reculés et enclavés, sans structures médicales.»
Pour ces raisons, MSF a lancé au mois de mai dernier un vaste programme de sensibilisation des femmes, à Masisi et dans quatre autres localités. Les femmes des villages sont rassemblées, et la sensibilisatrice de MSF leur explique l’importance des soins médicaux dans les 72 heures après un viol, délai pendant lequel il est possible d’administrer une prophylaxie contre le VIH/Sida.
Elle leur parle aussi de l’hôpital de Masisi où la prise en charge est gratuite. Même après 72 heures, une femme victime de violence sexuelle a besoin d’être traitée contre les infections sexuellement transmissibles. Elle les rassure également sur la discrétion totale des soins, intégrés dans le département «santé de la femme», dans l’hôpital de Masisi. Par ailleurs, des mamans-conseils sont identifiées et formées. Ce sont elles, au quotidien, qui vont continuer à transmettre le message aux femmes de la région.
FUITES A REPETITION
L’insécurité, pour les habitants du Nord Kivu, est également illustrée par les accrochages quotidiens entre groupe armés, les balles perdues, les pillages dans les villages. A côté de Bukombo, au Nord-est de Masisi, des milliers de personnes en fuite, face aux combats et à enrôlement forcé dans les groupes armés, ont créé, il y a plus de trois mois, un camp de déplacés à quelques centaines de mètres du village de Bukombo. Ils n’ont encore reçu aucune assistance. Certains, face à ces conditions de vie pratiquement insoutenables, se sont installés dans les villages alentour, parmi des familles d’accueil. Au total, ce sont plus de 1.500 ménages qui se sont ajoutés à la population locale.
«Les déplacés et les villages dits d’accueils arrivent véritablement au bout de leurs forces,» explique Anna Halford, coordinatrice MSF à Masisi. «Au fil des mois qui passent, leurs mécanismes de survie qui sont les fuites à répétition et toutes leurs conséquences, atteignent leurs limites. Ces gens sont épuisés, de plus en plus fragilisés, et donc de plus en plus en mauvaise santé.»
EPIDEMIES
Ces déplacements répétés et cette fragilisation ouvrent ainsi la porte à des épidémies, telles la rougeole qui touche, à nouveau, la région de Masisi. «Nous avons vacciné plus de 30.000 enfants au mois de mars,» ajoute Anna Halford. «Une nouvelle épidémie a refait surface au sud-est de Masisi, et nous allons vacciner dans les jours à venir quelque 45.000 enfants.»
A Lushebere, à quelques kilomètres de Masisi, le camp de déplacés fait face au marché, qui s’organise deux fois par semaines. Les denrées, les cris des commerçants, les étals de pagnes laissent croire à la reprise de la vie quotidienne, en ces lieux qui ne constituent plus une ligne de front directe du conflit.
Mais dans le service de chirurgie de Masisi, l’équipe médicale de MSF continue d’opérer des blessés par balles. Comme cet homme, blessé au poumon par un homme armé, alors qu’il retournait du marché de Lushebere.
Déplacée depuis huit mois dans le camp de Masisi, Joséphine et les autres vivent dans la débrouille, sous une bâche. Rentrer à la maison reste une utopie: «Ce serait beaucoup trop dangereux. Là-bas, les combats continuent. Mais nous ne sommes vraiment pas fiers de devoir rester ici.» MSF appuie l’hôpital de Masisi depuis le mois d’août 2007. L’hôpital compte 180 lits, qui se répartissent entre la pédiatrie, les salles de préparation aux accouchements, la chirurgie, la prise en charge des cas de rougeole, un centre de traitement du choléra et un centre nutritionnel thérapeutique, géré par une ONG partenaire. Chaque mois, 400 personnes sont hospitalisées et 4.500 consultations sont réalisées à l’hôpital et au centre de santé de Masisi, lui aussi supporté par MSF. Un programme de soutien et de sensibilisation au traitement médical pour les victimes de violences sexuelles a démarré au mois de mai à Masisi et dans les localités de Lushebere, Kitsule, Buguri, Bukombo et M’bitsi. Un village d’accueil pour les femmes dont la grossesse présente des risques est en cours de construction. Une campagne de vaccination de 45.000 enfants autour du village de Langira, au sud-ouest, est lancée en ce moment.
MSF/INFO
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