PARIS, France, 16 mars 2009/African Press Organization (APO)
Mary Robinson – ancienne Présidente de la République d’Irlande et Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Présidente honoraire d’Oxfam International - mène actuellement une tournée de plaidoyer auprès des dirigeants européens à Paris, Londres et Bruxelles pour rappeler la gravité du conflit qui perdure à l’est de la République démocratique du Congo où la recrudescence des combats frappe de plein fouet les civils ces derniers mois.
Mary Robinson s’est rendue à Goma à l’est du Congo la semaine dernière en compagnie de Nyaradzayi Gumbonzvanda, Secrétaire générale du World YWCA, avocate et ardente défenseure des droits des femmes et de Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France - Agir ici, dans le cadre d’une mission d’information pour Oxfam International. Au cours de ce déplacement, elle s’est entretenue avec le Président Joseph Kabila et le Président Paul Kagame. Les deux présidents ont confirmé leur souhait de renforcer et de normaliser leurs relations bilatérales et de travailler ensemble à l’établissement de la paix au Nord et au Sud du Kivu.
Mary Robinson sera reçue à l’Elysée aujourd’hui, quelques jours avant le déplacement fin mars de Nicolas Sarkozy en RDC. Elle poursuivra sa tournée demain et mercredi à Londres et Bruxelles pour demander aux dirigeants européens de redoubler d’efforts pour faire avancer le processus de paix et de tout mettre en œuvre pour protéger les civils en danger.
Depuis janvier, plus de 160 000 personnes ont été déplacées au Nord Kivu et une centaine ont été tuées au cours d’attaques de représailles lancées par le groupe rebelle du FDLR. De nombreux cas de pillages et de viols ont été rapportés. Mary Robinson s’est félicitée du développement des relations bilatérales entre la RDC et la Rwanda tout en appelant l’Europe à intensifier son soutien au processus de paix et à honorer ses promesses d’envoyer des casques bleus supplémentaires.
« La RDC a disparu du radar des diplomates, alors que la situation sur le terrain est extrêmement précaire. La pratique du viol est toujours endémique, frappant des femmes de 8 à 80 ans, victimes d’un flot continu de violence menée par des hommes armés. Pillages, enlèvements, travail forcé sont toujours des réalités quotidiennes. Pour qu’il y ait une chance d’amélioration de la situation, il faut un déploiement d’urgence des 3 000 casques bleus supplémentaires promis en novembre dernier », déclare Mary Robinson.
Les 3 000 soldats de maintien de la paix supplémentaires, dont l’envoi pour renforcer la MONUC avait été voté en urgence par les Nations unies en novembre dernier, n’ont toujours pas été déployés. Sur place on attend toujours du matériel indispensable comme des avions de transport ou des hélicoptères pour permettre aux casques bleus de faire leur travail. Seule la Belgique a promis d’envoyer un avion et les Nations unies – 18 hélicoptères et un avion de transport.
« La France, qui s’est fortement impliquée dans la réforme de l’armée et de la police en RDC, doit aussi s’assurer que l’Union européenne renforce son soutien à la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) à travers la mission de l’EUSEC dont le mandat doit être prolongé et les capacités largement renforcées pour être à la hauteur du travail à accomplir » dit Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France – Agir ici.
Mary Robinson a appelé le Royaume-Uni, la France et l’Union européenne à tout mettre en œuvre pour que ces effectifs supplémentaires soient déployés de toute urgence sur le terrain et disposent du matériel nécessaire pour intervenir. Elle a également appelé les dirigeants européens à soutenir le renforcement des relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda et à intensifier leurs efforts pour faire avancer le processus de paix, notamment les efforts régionaux pour répondre aux besoins spécifiques de protection des femmes.
La violence sexuelle est l’un des impacts les plus dramatiques du conflit, mais Mary Robinson accueille positivement la volonté régionale d’intégrer davantage les femmes congolaises et rwandaises dans le processus de paix. Les deux présidents ont exprimé leur intention de soutenir les efforts des organisations de défense des femmes qui travaillent de part et d’autre des frontières rwandaise et congolaise en faveur de la paix. Pour soutenir cette initiative, le Rwanda accueillera les 19 et 20 mars prochains un Forum de femmes des 11 pays de la région des Grands Lacs.
« Si chaque pays de la région des Grands Lacs adoptait des plans d’action impliquant les femmes à tous les niveaux, leurs voix pourraient être entendues. Celles que j’ai rencontrées en RDC veulent être des actrices du changement, et refusent de continuer à être utilisées comme armes de guerre en étant les trop nombreuses victimes de viol et d’agression sexuelle », souligne Mary Robinson.
En RDC comme au Rwanda, les femmes souhaitent établir et renforcer les liens entre elles.
A Goma, la délégation a pu rencontrer des victimes de la violence sexuelle endémique au conflit, des enfants soldats rescapés et des familles de déplacés qui vivent dans des camps surpeuplés dans la région.
« Ce sont les civils qui se retrouvent au cœur de la crise. J’ai rencontré une jeune fille de 17 ans, enceinte de 4 mois. C’était l’une des 6 filles parmi 300 garçons au centre de transition et de réhabilitation pour enfants soldats. Nous devons nous engager à aider ces enfants à avoir une chance dans la vie et à vivre une vie d’enfants » ajoute Nyaradzayi Gumbonzvanda.
SOURCE : OXFAM International
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