14 août 2009 – Roselidah Ondeko travaille depuis bientôt deux ans et demi dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), dans le cadre d'un projet d'aide aux femmes victimes de violences sexuelles. Et affronter tous les jours les souffrances vécues par ces femmes n'est pas toujours facile.
L'Est de la RDC est ravagé par les affrontements entre les rebelles armés et l'armée congolaise et les civils sont en première ligne, victimes de meurtres, de pillages et de viols.
Roselidah Ondeko est employée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et coordonne le programme sur la violence sexuelle dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu soutenu financièrement par l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Elle est basée à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Avant, elle a été en poste au Darfour (Soudan) et en Ouganda. « Au début, c'était très difficile d'écouter toutes ces histoires et de voir ce que ces femmes ont dû subir. J'ai dû y faire face en parlant avec des collègues exerçant la même profession », explique-t-elle dans un entretien avec le Centre d'actualités de l'ONU à l'occasion de la Journée internationale de l'aide humanitaire qui est célébrée le 19 août.
Elle retient surtout que ces femmes victimes de violences sexuelles et qui sont venues chercher un soutien médical et psychologique ont décidé de ne pas baisser les bras. « Quand vous regardez ce qu'elles ont enduré, vous voyez qu'elles n'ont pas renoncé. Elles ont de l'espoir », dit-elle. D'ailleurs, plutôt que de parler de victimes, elle préfère utiliser le mot « survivantes ».
Elle prend l'exemple de cette femme qui avait été violée puis abandonnée par son mari. Dans le cadre du programme de soutien, elle a reçu une chèvre pour avoir une source de revenu. C'était en 2007. « En 2008, quand je l'ai rencontrée, elle avait déjà six chèvres de plus », raconte Roselidah Ondeko. « Elle disait qu'elle avait le sentiment de devoir continuer car si elle laissait tomber, elle ne savait pas qui prendrait soin de ses enfants ».
Selon les données récoltées par l'UNFPA, le nombre de cas de violences sexuelles enregistrés a augmenté entre janvier et juin au Sud Kivu par rapport à la même période de l'an passé. Cela pourrait s'expliquer, selon elle, par le calme relatif dans certaines zones de la province. « Les survivantes sont en mesure d'avoir accès aux soins médicaux et aux services d'aide psychologique et les travailleurs de santé peuvent atteindre des zones auparavant inaccessibles à cause de l'insécurité », explique-t-elle. Les auteurs de violences sexuelles sont en majorité des hommes en uniforme, que ce soit des soldats de l'armée congolaise ou des combattants des groupes rebelles. « Nous voyons de plus en plus d'enfants touchés » par ces violences sexuelles, ajoute Roselidah Ondeko.
Quand elle compare la situation entre la RDC et le Darfour par exemple, elle constate que les gens en RDC parlent davantage des violences sexuelles commises. « Au Darfour, les femmes ont très peur de parler de violences sexuelles. Et les travailleurs de santé qui fournissent des soins le font dans le plus grand secret » par crainte de représailles, note-t-elle.
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