mardi 6 janvier 2009

Violences sexuelles : Mme Gabrielle Bope ; "il faut que justice soit faite pour que les congolaises retrouvent le sourire"

27-12-2008

Les violences sexuelles de toutes sortes dont sont victimes les femmes à l’Est de la Rd-Congo affectent les congolaises toutes tendances confondues. Elles mèneront des actions en synergie aussi longtemps que la majorité des Congolaises seront abandonnées à leur triste sort. Les 16 jours d’activisme constituent une action parmi tant d’autres. Mme Gabrielle Bope de l’Arc donne son point de vue dans une interview accordée à l’Avenir femme

Avenir -femme : Quelles réflexions suscitent en vous les 16 jours d’activisme des droits de l’homme qui se sont soldés par une marche de protestation contre les violences sexuelles faites à la femme ?

Mme Gabrielle Bope : Il faut que justice soit faite afin que les Congolaises retrouvent le sourire. Les 16 jours d’activisme de cette année ont coïncidé avec la reprise des violences de toutes formes dans la partie Est de notre pays à cause de la guerre. Et il faut être sans cœur pour ne pas compatir devant le sort de nos compatriotes de l’Est du pays. Moi, j’ai toujours pensé à la majorité des Congolaises qui vivent dans le profond Congo, ces femmes et filles qui subissent de manière permanente des violences de toutes sortes. Si nous pouvons penser à nous organiser de manière à réunir des moyens humains, matériels, financiers et autres pour aller plus vers nos sœurs qui habitent dans les milieux difficilement accessibles pour mener nos actions, ces femmes seront soulagées ne fût-ce que moralement. C’est dans ces milieux que tous les obstacles à l’épanouissement de la femme demeurent encore plus rigides, notamment l’ignorance de la femme, les pratiques coutumières et les traditions rétrogrades, l’inaccessibilité à l’information et à l’éducation, la pauvreté, l’inefficacité de la justice, les mariages précoces, la stigmatisation des victimes des violences sexuelles, le silence des victimes, les menaces de certains violeurs, les violences sexuelles en milieu familial, le travail dur, l’inégalité des chances entre fille et garçon, l’impunité, l’arrangement à l’amiable, l’ignorance des lois par la population en général, y compris les agents du maintien de l’ordre pour ne citer que ceux-là.

A-f : Au moment où toutes les femmes ont exprimé leur ras-le-bol, où étiez- vous ? Vous ne vous sentiez pas concernée par cette démarche ?

MmeGB : L’état de ma santé ne m’avait pas permis de participer à la marche avec les autres, mais j’ai participé à la démarche relative à sa réalisation avec Madame Georgette BIEBIE, Présidente du Caucus des femmes congolaises.

A-f : La marche de protestation des femmes visait l’implication de la justice congolaise afin de mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes ignobles. Quel est votre point de vue ?

Mme GB : C’est une évidence. Le jour où la justice traitera tous les auteurs des crimes conformément à la loi, le silence des victimes sera brisé et les velléités des potentiels auteurs découragées. Mais il faut que cette justice soit réellement indépendante ! Le Chef de l’Etat y a fait allusion lors de son récent discours sur l’état de la nation devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès. Souvent la justice est inefficace dans notre pays à cause du trafic d’influence. Il faut que ceux qui ont pour rôle d’appliquer la loi soient suffisamment rémunérés, je pense aux magistrats, aux policiers et autres agents concernés. Je connais des cas à Mweka où certains auteurs des viols des femmes et des filles circulent librement. Chaque fois que leur présence est signalée au magistrat, les policiers envoyés à leur trousse trouvent toujours une occasion d’avoir auprès d’eux quelques billets de francs congolais et reviennent sans avoir accompli la mission. Le problème est très complexe et l’Etat a une grande part de responsabilité.

A-f : Pourtousjustice@yahoo.fr" se trouve être le site électronique dans le cadre de la lutte contre l’impunité. Qu’en pensez-vous ?

Mme GB : Cela est une bonne chose, mais encore une fois, la majorité des victimes ne sont pas concernées à cause du déficit d’accès à l’Internet pour la population du Congo profond.

A-f : un mot sur l’alliance pour le Renouveau du congo ?

Mme G B : mon parti a vu le jour vers la fin de la période de Transition de notre pays. Il est dirigé par Monsieur Bangala Basila , Président National, qui a remplacé Monsieur Olivier KAMITATU, actuellement Ministre du Plan. L’ARC a comme devise : UN CONGO PROSPER POUR TOUS. Notre doctrine se fonde sur des valeurs philosophiques parmi lesquelles la croyance en Dieu, l’amour du prochain, l’égalité entre l’homme et la femme, l’attachement à la nation, l’égalité des chances, la recherche et le respect du bien-être communautaire, la solidarité, la démocratie et la liberté d’entreprise. Nous sommes un parti libéral et à ce titre, nous sommes dans le processus de l’adhésion à l’International Libéral. Mon parti est engagé dans la lutte pour préserver l’unité nationale, l’indépendance, la souveraineté de la RDC, l’intégrité nationale et la paix, la sécurité juridique pour tous et l’alternance au pouvoir par le libre choix du peuple. Du point de vue de l’organisation, au niveau national nous avons le Congrès, le Collège des fondateurs, le Bureau national, le Conseil national et le Comité directeur. Au niveau de la base nous avons la fédération, la section et la cellule, et chaque organe a ses attributions clairement définies dans nos statuts.

En outre l’ARC a des organisations spécialisées créées par le comité directeur. Il s’agit des organisations féminines, des organisations des jeunes, des organisations professionnelles et des organisations mutualistes. L’ARC est membre de la plate forme politique Forces du Renouveau et c’est sous ce label que nous nous sommes présentés aux élections 2006 et faisons partie de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle. L’ARC est représentée au niveau central dans le Gouvernement et au Parlement ; au niveau provincial dans les gouvernements du Bas Congo, de Maniema et de Bandundu ainsi que dans les Assemblées du Kasaï Occidental et du Kassaï Oriental.

A-f : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que femme ?

Mme GB : Personnellement je n’ai pas encore connu de problème au sein de mon parti. Les tentatives de discrimination au plan de l’égalité des chances ne peuvent pas manquer. Moi, je connais mes droits et j’ai l’habitude de les revendiquer chaque fois que c’est nécessaire. Je peux vous avouer que jusqu’ici, j’ai toujours obtenu gain de cause. A mon avis, lorsqu’une femme connaît ses droits, elle a des mérites et sait s’exprimer à temps pour les revendiquer, elle a la chance de se retrouver. Il faut dire qu’en politique, le militantisme importe aussi beaucoup. En tout cas l’expérience m’a appris à ne pas me résigner.

Propos recueillis par Doudou Esungi
http://www.groupelavenir.cd

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