UVIRA, République démocratique du Congo, 17 juilllet (UNHCR) – Issue d'une culture qui marginalise les victimes de viol, Generose se sentait socialement, économiquement et psychologiquement isolée au sein d'une société qui ne lui avait offert aucune aide correspondant à son besoin.
Depuis qu'elle a rencontré des personnes qui s'occupent d'elle et qui lui permettent à nouveau de se sentir en sécurité, à la fois physiquement et émotionnellement, cette Congolaise âgée de 32 ans a pu recommencer à imaginer une nouvelle vie dans la province du Sud-Kivu, après des mois de déplacement interne dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Generose, qui a été violée dans des conditions brutales il y a deux ans et qui était présente lors du meurtre de son frère, fait partie des quelque 2 400 femmes victimes du conflit, dont beaucoup d'entre elles ont subi des abus sexuels – qui ont bénéficié au Sud-Kivu d'un programme de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés visant à les rendre autonomes.
Dans le cadre du programme géré par l'organisation « Women for Women International (WWI) », qui est un partenaire d'implémentation de l'UNHCR, des formations sont assurées pour aider des femmes rapatriées – qu'elles soient réfugiées ou déplacées internes – à gagner leur vie et à s'intégrer dans la société. L'objectif est aussi de mieux sensibiliser les communautés locales sur l'impact des violences sexuelles et sexistes commises contre les femmes déracinées.
« Ces projets aident des rapatriées et d'autres femmes vulnérables à améliorer leur bien-être, que ce soit du point de vue socio-économique ou mental », a expliqué Jules Barhalegehwa Basimine, qui supervise les opérations WWI dans les villes d'Uvira et de Baraka.
WWI gère ce programme dans 13 centres de formation créés au cours des deux dernières années dans les principales zones de retour au Sud-Kivu pour les réfugiés rentrés de Tanzanie et du Burundi, incluant les régions d'Uvira et de Baraka.
Les femmes apprennent les bases du commerce et du marketing qui leur seront bénéfiques à la fois pour elles-mêmes ainsi que pour leur communauté, alors que celles qui en ont besoin suivent des cours d'alphabétisation. « Une fois qu'une femme apprend à lire et à écrire dans le cadre de notre programme, elle peut monter sa propre affaire et elle pourra aussi alphabétiser ses enfants », a noté Nasir Fernandes, chef du bureau de l'UNHCR à Uvira.
Les femmes discutent également de questions sensibles telles que les violences sexuelles et sexistes alors qu'on leur enseigne leurs droits. « Les femmes participent activement aux séances de formation », dit Sharon Gschaider-Kassahun, expert sur la question des violences sexuelles et sexistes pour l'UNHCR dans l'est de la RDC. « Les formations sur le rôle des femmes et l'importance de devenir une citoyenne active sont toujours animées », a-t-elle ajouté.
Annie a fui la Tanzanie après avoir subi un viol collectif en 2002, au plus fort de la guerre civile qui a duré de 1998 à 2003. Elle apprend l'agriculture au centre de formation de WWI à Uvira. « La vie est toujours difficile, mais j'essaie de gagner ma vie et de subvenir aux besoins élémentaires de ma famille », dit cette femme de 40 ans.
Elle a fait écho aux pensées des autres participantes de ce programme, qui aide aussi d'anciens réfugiés à utiliser les compétences acquises dans les camps à l'étranger mais qu'ils n'avaient jamais pu utiliser. Generose explique que participer au programme l'avait fait « oser espérer avoir une maison, vivre en paix et retrouver sa dignité. »
Le programme WWI mis en oeuvre est particulièrement important car plus de 70 pour cent des personnes rapatriées dans la province relativement stable du Sud-Kivu sont des femmes et des enfants. Des projets qui enseignent un métier aux femmes et accélèrent leur alphabétisation devraient aider à relancer l'économie dans une région qui manque de services de base et d'infrastructures après des années de guerre.
« Les projets d'activités génératrices de revenus devraient recevoir plus d'investissement, en considérant que nous sommes dans une phase de transition depuis une situation d'urgence vers le développement », dit Eusebe Hounsokou, le délégué régional de l'UNHCR à Kinshasa.
« Nous n'aidons pas seulement les femmes à vivre mais aussi à gagner un salaire pour elles et leurs familles, ainsi la réintégration est plus durable en donnant de l'autonomie aux femmes qui sont chefs de famille », a ajouté son collègue, Fernandes.
Par Francesca Fontanini à Uvira, République démocratique du Congo
dimanche 10 août 2008
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