jeudi 8 octobre 2009

L'ONU redemande la fin des violences sexuelles dans les conflits armés

(AFP) – 30 sept. 2009

NEW YORK, Nations unies — Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution réitérant son exigence qu'il soit mis fin au fléau du recours aux violences sexuelles dans les conflits armés.

La résolution 1888, rédigée par les Etats-Unis et co-parrainée par 61 pays, a été adoptée lors d'une réunion sur "les femmes, la paix et la sécurité" présidée par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, dont le pays assume la présidence tournante du Conseil ce mois-ci.

Elle réitère l'exigence "que toutes les parties à des conflits armés mettent immédiatement et totalement fin à tous les actes de violence sexuelle".

La résolution demande également au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de créer un poste de Représentant spécial chargé de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés, afin de mieux coordonner l'action de la communauté internationale.

Le Conseil avait déjà adopté une résolution similaire en juin 2008, sous la présidence de la secrétaire d'Etat de l'époque Condoleezza Rice, et un autre texte fondateur sur la protection des femmes en 2000.

Mme Clinton a déclaré que la résolution 1888 permettait de faire "un pas en avant dans les efforts à l'échelle mondiale pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux enfants dans les zones de conflit."

Elle a souligné que ce texte traitait d'une question qui généralement "a reçu trop peu d'attention".

La fin des violences sexuelles dans les conflits, en particulier en Afrique, est une priorité des Etats-Unis.

Mme Clinton avait soulevé la question en août lors d'une visite en République démocratique du Congo (RDC), où violences et atrocités sexuelles sont commises à une grande échelle et de manière systématique contre les femmes et les jeunes filles, notamment dans les régions instables de l'est et du nord-est.

"Aujourd'hui les Etats-Unis se joignent à la communauté internationale pour envoyer un message simple et sans équivoque: la violence envers les femmes et les enfants ne sera pas tolérée et doit cesser", a dit M. Obama dans un communiqué après l'adoption de la résolution. Il a promis que son administration "continuerait à soutenir le droit des femmes et des jeunes filles à vivre sans peur, et accomplir leur potentiel".

La résolution affirme que toute mesure efficace prise pour empêcher ou réprimer les actes de violence sexuelle "peut contribuer de manière significative au maintien de la paix et de la sécurité internationale."

Elle exhorte les Etats à "opérer sans attendre (...) les réformes globales du droit et de la justice qui seraient nécessaires en vue de traduire en justice les auteurs de violences sexuelles commises au cours de conflits et de faire en sorte que les survivants aient accès à la justice, soient traités avec dignité (...) et protégés".

Les parties à un conflit doivent également "s'assurer que toutes informations faisant état de violences sexuelles commises par des civils ou des personnels militaires soient soumises à une enquête approfondie et leurs auteurs présumés traduits en justice".

Lors du débat, le secrétaire d'Etat français à la coopération, Alain Joyandet, a attiré l'attention du Conseil sur la situation en Guinée.

"Hélas, ce sujet est en ce moment même d'actualité à Conakry en Guinée", a-t-il dit. Evoquant les événements du 28 septembre, le ministre a dit au Conseil que "de nombreux morts ont été dénombrés, des femmes ont été violées dans les rues de Conakry."

De son côté, M. Ban a estimé que la nouvelle résolution permettait d'adresser "un message sans équivoque, un appel à l'action."

"La violence sexuelle -- dans les conflits armés ou, en fait, dans toute circonstance -- ne devrait pas trouver place dans notre monde", a-t-il dit.

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RDC: des associations préoccupées par "l'impunité persistante"

(AFP) – 09/10/2009

PARIS — Des associations, dont la Fédération internationale des droits de l'Homme, se sont dites jeudi à Paris "profondément préoccupées" par "l'impunité persistante" en République démocratique du Congo (RDC), demandant à la Françe d'intervenir sur cette question.

"Nous demandons aux autorités françaises d'exercer des pressions fortes sur leurs homologues congolaises afin qu'elles luttent effectivement contre l'impunité qui favorise la poursuite de graves violations des droits humains dans tout le pays", a affirmé Florent Geel, de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), lors d'une conférence de presse réunissant plusieurs associations.

Dans un texte commun jeudi, l'Association des Chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat-France), Amnesty International France, Human Rights Watch et la FIDH se déclarent "profondément préoccupés par l'impunité persistante" en RDC.

Le texte cite notamment le cas de l'ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda, rappelant que ce dernier "occupe encore à l'heure actuelle un poste de commandement au sein de l'armée congolaise".

Plus largement, ces associations appellent la France à faire pression sur le gouvernement de la RDC pour que "tous les individus, notamment membres des forces armées, de la police et des services de renseignements, soupçonnés d'avoir commis des crimes ou autres graves violations des droits humains" soient traduits en justice.

Elles insistent sur le fait que "les groupes armés ainsi que les forces gouvernementales continuent de commettre des viols" et que "très peu d'auteurs de ces actes criminels ont été traduits en justice" alors que des dizaines de milliers de femmes et de filles ont été victimes de crimes sexuels.

Elles se disent "extrêmement préoccupées par la situation des défenseurs des droits de l'Homme et des journalistes (...) en proie à des intimidations et agressions quotidiennes" allant jusqu'au meurtre.

"Durant ces derniers mois, les violences à leur égard se sont fortement accentuées et sont principalement l'oeuvre des services de sécurité des autorités congolaises", écrivent-elles, dénonçant un "climat délétère qui (...) relève en grande partie d'une grave dérive autoritaire du régime en place".

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