dimanche 23 décembre 2007

Kisangani : conférence débat sur les violences sexuelles en milieu estudiantin

Province Orientale Politique et Citoyen 23 Décembre 2007 à 11:09:40

Cette conférence débat a été organisée samedi à l’intention des étudiants de l’Université de Kisangani. C’est une initiative de l’Ong Young women’s christians association, en collaboration avec la synergie provinciale de lutte contre les violences sexuelles, note radiookapi.net
Selon l’étudiante Bibiche Lisige, présidente de cette Ong, plusieurs cas de violences sexuelles sont commis à la cité universitaire. Les victimes de ces actes n’osent cependant pas dénoncer leurs bourreaux. « Nous avons constaté les faits des violences sexuelles qui se multiplient en milieu universitaires. Mais, dans les statistiques de l’année, on n’a pas vu les cas où les étudiants soient venus se plaindre. Ils ont honte de dénoncer leurs bourreaux. Il y a les violences à travers, par exemple, les points sexuellement transmissibles, les étudiants qui sortent avec des mineurs, il y a les enseignants qui harcèlent les filles. Ce sont plusieurs sortes de violences sexuelles qu’on a constaté. Nous voulons sensibiliser tout le monde. Qu’ils prennent connaissance qu’il y a un fléau qui règne, qui risque de faire disparaître notre communauté. Parce que, quand une femme, une fille est violée, elle risque de fuir les études, parce qu’elle est harcelée par l’enseignant, elle abandonne les études. » Au terme de cette séance de sensibilisation, l’organisatrice émet le vœu de voir les victimes sortir du silence afin d’aider à la lutte contre ce fléau.

vendredi 21 décembre 2007

AFEDE était à l'atelier de lutte contre les violences sexuelles au CNCD - Intervention de Maddy Tiembe, secrétaire générale


Hélène Ryckmans du Monde selon les Femmes et Maddy Tiembe de l'AFEDE








































Atelier

Lutte contre les violences sexuelles « de guerre » faites aux femmes en RDC
Les pratiques solidaires en Belgique


Mardi 18 décembre 2007 de 09H30 à 16H00
CNCD-11.11.11, Quai du Commerce, 9 – 1000 Bruxelles, salle Yaguine et Fodé

Une collaboration : Actions des Femmes pour le Développement, Associturi/Sofade, CNCD-11.11.11, groupe Santé Reproductive de la Commission Femmes et Développement, Commission Justice et Paix, Le Monde selon les femmes, Union des Femmes Africaines

A l’occasion de la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre) les organisateurs souhaitent présenter et échanger sur les actions concrètes de solidarité avec les victimes et les populations congolaises, ainsi que sur les outils qui sont à notre disposition pour promouvoir la lutte contre l’impunité dont bénéficient les coupables.

En effet, malgré les appuis déjà nombreux et la multiplication des efforts des associations locales, malgré les dénonciations régulières, les violences sexuelles sont encore commises. Aucune réparation n’est accordée aux victimes. Que faut-il faire ? Comment soutenir ?

L’atelier vise à croiser les approches de différents acteurs concernés par les violences sexuelles en Belgique et en RDC.

Programme

9h30 Accueil
9h50 Introduction
10h00 Le programme Initiative conjointe du FNUAP, Unicef et Haut Commissariat aux Droits de l’Homme – Stratégie d’actions, impacts et défis, Cécile Charot, Direction Générale de la Coopération au Développement
Questions – réponses
11h00 Pause-café
11h20 Expériences remarquables en RDC – présentation de partenariats concrets d’appui de la Belgique
ONG : Dr Belma Malanda, Louvain Développement
Diaspora : Maddy Tiembe, Association des Femmes pour le développement
Jeanne Alasha Bahemurwaki, Associturi – Solidarité, Femmes,
Afrique et Développement durable
Institution scientifique : Marleen Bosmans, une recherche de l’International Center for Reproductive Health
Discussion et échanges
12h20 Lunch
13h20 A- Le droit pénal international et le viol
Madame Patricia Sellers, juriste
B- Instruments juridiques et application en RDC
Gulia D’Odorico, groupe Santé Reproductive de la Commission Femmes et Développement
14H00 Les réseaux d’interpellation politique en Belgique
Sabine De Bethune, Sénatrice
14h20 Pause
14h30 Quel appui existe-t-il en Belgique : premières pistes de réflexion
Noël Emile, Psychologue, Groupe Interculturel pour la Promotion de la Santé
Dr Imbamba, Psychiatre, Centre Africain de Promotion de la Santé
15h30 Clôture : perspectives de mobilisation et d’appuis

Lutte contre les violences sexuelles « de guerre » faites aux femmes en RDC
Les pratiques solidaires en Belgique

Mardi 18 décembre 2007 de 09H30 à 16H00
CNCD-11.11.11, Quai du Commerce, 9 – 1000 Bruxelles, salle Yaguine et Fodé



Intervention de Maddy Tiembe, Secrétaire Générale de l’asbl Actions des Femmes pour le Développement - AFEDE



Le micro - crédit en soutien aux femmes victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo

Le terme de "micro-crédit" est devenu connu par l'initiative des Grameen Bank du Bangladesh. Le Professeur YUNUS, fatigué de voir les femmes incapables d'obtenir des banques locales du crédit pour leur petit commerce prêta aux femmes de petites sommes qui furent remboursées rapidement à 100%. Ces sommes venant de sa propre poche !

De cette expérience est née la Grameen Bank qui actuellement prête à des millions de pauvres qui remboursent leurs prêts, entièrement et sans problème.

Le modèle Grameen repose sur les mêmes principes que les premières mutuelles locales : prêt et épargne par petits groupes de personnes - surtout des femmes ; qui se connaissent, se rencontrent régulièrement (chaque semaine) et qui acceptent de jouer le jeu de la caution mutuelle pour couvrir le risque éventuel que l'une d'elles ne puisse rembourser son prêt. Les valeurs reconnues du système : épargner et prêter dans le même milieu sans laisser l'argent partir à la capitale, auto - contrôle par la connaissance de la situation de chaque membre et solidarité en cas de coup dur.


Nous nous sommes interrogées sur le contenu et l'efficacité du micro-crédit suite à notre expérience avec le Centre Olame à Bukavu. En effet, dans le cadre de nos activités de sensibilisation aux violences sexuelles en République Démocratique du Congo, nous avons organisé la Journée Internationale de la Femme en mars 2006 avec le projection du film - documentaire 'Bourreaux à Baraka' de Raf Custers et Greet Brauwers ; dont les recettes sont allées à ce centre d'accueil des victimes des violences sexuelles à l'Est de la RDC.

Cette somme a permis à un groupe de jeunes filles à se réinstaller dans la ville par le biais d’une activité génératrice de revenu et aussi à permettre à quelques unes d’entre elles de constituer leur trousseau de mariage.


Il nous a fallu près de six mois pour avoir le feedback de cette action. Ce qui nous a amené à nous poser deux questions essentielles pour la continuité de cette activité par notre association :


Le micro-crédit est-il vraiment une solution pour le développement et si oui à quelles conditions ?
Le micro-crédit, s'il a un effet positif sur le développement social, est-il aussi créateur d'entreprises, et donc d'emploi, et si oui à quelles conditions ?


Bref, il faut aller au fond des choses et s'interroger sur les causes des échecs et des succès et sur les limites des expériences effectuées ; par nous ou par d’autres bien sûr !
Par microfinance on entend l’accès aux services financiers tels que le crédit, l’épargne, l’assurance et le transfert d’argent ; aux plus pauvres et aux exclus du système bancaire traditionnel. (Source : Arnaud Ventura, Vice-Président Exécutif de PlaNet Finance, novembre 2005)

Par micro-crédit, on entend :
· Tout crédit de plus de moins de 100 $ US
· Soit tout prêt allant de100 à 5.000 voire 10.000 $US et plus


Les destinataires du micro-crédit sont généralement des femmes qui ont besoin d'un capital de démarrage pour leur petit commerce (vente de vivres, de cigarettes, de boissons, de beignets, etc.), l'achat de petit bétail ou le paiement de la scolarité des enfants.


Le micro-crédit est donc étroitement lié à l'activité des travailleurs du secteur informel. Il est local et proche des gens. Quelquefois seulement, il est lié à l'épargne, en particulier en Afrique.
Les gestionnaires du micro-crédit se sont développés face à la demande et peuvent être classés actuellement de la façon suivante :


a.Les tontines : forme traditionnelle la plus efficace de l'épargne et du petit crédit.


b.Les caisses locales d'épargne et de crédit organisées pour obtenir davantage de crédit que les possibilités créées par leur épargne et répondre ainsi à la demande locale ou pour placer l'épargne non prêtée. Les membres ici sont plus particulièrement issus des milieux paysans, fonctionnaires et petits commerçants ; le taux d’intérêt est souvent en dessous des prix du marché. Il n'est pas rare de constater que ces caisses ne s'autofinancent pas, principalement à cause des frais engendrés par leurs efforts de formation. L'aide extérieure est souvent étroitement mêlée à leur financement.


c.Les Fondations et ONG, gestionnaires de micro-crédit, créées pour distribuer et gérer le micro-crédit. Ces organisations agissent comme des intermédiaires entre les "financeurs" (agences de coopérations, ONG du Nord, banques, etc.) et les demandeurs de crédit, isolés ou organisés en petits groupes professionnels. Des millions de petits producteurs ou commerçants dépendent de leur action. Ces organisations se sont professionnalisées et offrent actuellement des services d'intermédiation financière de grande qualité. Proches des bénéficiaires, désireuses de les aider à progresser, ces fondations et ONG, sont des agents indispensables pour le bon fonctionnement du micro-crédit dans le Sud. Le coût de leur intervention est élevé, comme l'est la gestion et l'appui au micro-crédit. Dès lors, si ces organisations veulent être autofinancées et ne plus recevoir d'aide du Nord, elles doivent facturer leurs services au prix coûtant, ce qui entraîne une forte augmentation des taux d'intérêt qui comprennent souvent ces coûts d'appui.


d.Les Banques de Micro-crédit



Le micro-crédit est-il un outil de développement économique ?
Est-il possible de créer des entreprises et donc de résoudre en partie les problèmes de l'emploi et de développer la croissance économique par le micro-crédit ?


Cela est possible dans le cas de la République Démocratique du Congo.


En partant de notre expérience avec le Centre Olame au diocèse de Bukavu en 2005, nous pouvons assurer que les crédits inférieurs à 100$ (principalement accordés à des femmes) ne créent que très rarement des emplois nouveaux : ils améliorent la situation sociale des bénéficiaires en satisfaisant des besoins de première nécessité (nourriture, santé, logement, frais scolaire), mais ceux-ci ne dépassant rarement le seuil de pauvreté. Ce rôle social doit certes être développé mais cet objectif social n’est pas rentable financièrement ni à long terme.


L’idéal serait des crédits à partir de 5000$ qui permettent un investissement dans de nouvelles unités de production, l’amélioration de la productivité et l’ouverture sur de nouveaux marchés ; créant ainsi des emplois et augmentant de façon significative les revenus tant du bénéficiaire que du groupe (communauté et/ou le village tous entiers). Mais cela en ayant recours à des bénéficiaires différents des premiers.


Il apparaît nécessaire pour un groupe donné (Diaspora, Asbl, ONG) de bien choisir les bénéficiaires du micro-crédit lorsqu’on lance un telle action : segmenter les différentes catégories de bénéficiaires afin de séparer la gestion de chaque programme ; et adapter des stratégies différentes selon le cas.


Prêter sans intérêt et/ou à des taux d’intérêts très bas ne peut fonctionner qu’avec de l’aide extérieure ou dans un milieu très restreint qui autogére l’épargne et les crédits accordés, grâce au volontariat. D’après les informations recueillies sur le terrain, les lignes de crédit sont subventionnées par des dons internationaux ce qui permet des taux d’intérêts en dessous de ceux du marché (lorsque l’Etat leur y autorise !).


De tels programmes ne sont pas durables et se termineront à la fin de l’aide.
La question essentielle de la formation des bénéficiaires est à mon sens essentielle afin qu’ils augmentent leurs revenus pour être capables de rembourser les intérêts mais aussi rentabiliser leurs activités économiques et de faire du profit. Participer à l’essor économique de la République Démocratique du Congo en somme !


Suite à notre expérience avec le terrain, nous avons constaté que des conditions exogènes peuvent augmenter les risques à effectuer du micro-crédit ; en plus de la réalité structurelle de pays.


Trop souvent aucun suivi sérieux, une comptabilité discutable, de bons sentiments et finalement de la rupture et le découragement !


Si on veut que le micro-crédit ait un impact et réponde aux besoins exprimés, il serait utile d’établir des relations professionnelles entre ces bénéficiaires et les banques commerciales locales : mobiliser des fonds (en diaspora ou localement) afin de garantir la pérennité financière de la microfinance et casser ainsi les liens de dépendance que l’aide internationale perpétue.
Permettre aux petits producteurs, paysans, petits commerçants, artisans et petits entrepreneurs du secteur informel d’avoir accès au crédit qu’ils réclament est ce qui motive notre démarche de réduction de la pauvreté en République Démocratique du Congo.
Une piste pour y arriver en impliquant la diaspora congolaise ? Constituer un fonds en monnaie forte (pour éviter l’érosion du capital initial) ; l’investir dans une banque internationale qui accordera une garantie à une banque locale qui prêtera aux petits emprunteurs locaux – parce que son risque est partiellement (ou totalement) couvert.


S’il est bien utilisé, le crédit est un outil efficace de développement à condition d’étudier avec soin les bénéficiaires que l’on veut accompagner (aider).


Merci de votre attention.

jeudi 20 décembre 2007

Loi et violences sexuelles en République Démocratique du Congo

En date du 20 juillet 2006, le Président de la République Démocratique du Congo a promulgué deux lois ayant trait aux violences sexuelles : la première n° 06/018 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code Pénal congolais et la seconde n° 06/019 modifiant et complétant le Décret du 06 août 1959 portant Code de Procédure Pénale congolais.

Au terme de la première loi, le législateur justifie et motive sa décision de la manière que voici : « Depuis la seconde moitié du siècle passé, il s’est développé à travers le monde une nouvelle forme de criminalité à grande échelle justifiée le plus souvent par les intérêts d’ordre économique, social et politique. Il s’agit particulièrement des violences sexuelles ».

Les articles qui suivent sont quelques-uns de ceux qui ont été modifiés et/ou complétés (nous ferons ici allusion à quelques articles à titre d’exemple) :
Article 168 : L’attentat à la pudeur commis avec violences, ruse, ou menaces sur les personnes de l’un ou de l’autre sexe sera puni d’une servitude pénale de six mois à cinq ans. (Victime de moins de 18 ans : peine de cinq à quinze ans. Victime de moins de 10 ans : peine de cinq à vingt ans).

Article 170 : cas de viol. Ici , le viol est défini comme suit : Est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de sexes commis sur les personnes désignées à l’article 167, alinéa 2.

Article 167, alinéa 2 : Tout attentat à la pudeur commis sans violences, ruse, ou menaces sur la personne ou à l’aide de la personne d’un enfant âgé de moins de dix-huit ans sera puni d’une servitude pénale de six mois à cinq ans. L’âge de l’enfant pourra être déterminé par examen médical, à défaut d’état civil).

L’article 170 (suite) précise exactement quels sont les cas où le viol est confirmé :
a) tout homme, quelque soit son âge, qui aura introduit son organe sexuel, même superficiellement dans celui d’une femme ou toute femme, quel que soit son âge, qui aura obligé un homme à introduire même superficiellement son organe sexuel dans le sien ;b) tout homme qui aura pénétré, même superficiellement l’anus, la bouche ou tout autre orifice du corps d’une femme ou d’un homme par un organe sexuel, par toute autre partie du corps ou par un objet quelconque ;c) toute personne qui aura introduit, même superficiellement, toute autre partie du corps ou un objet quelconque dans le vagin ;d) toute personne qui aura obligé un homme ou une femme à pénétrer, même superficiellement son anus, sa bouche ou tout autre orifice de son corps ou par un objet quelconque.
La peine prévue va de cinq à vingt ans et l’amende ne peut être inférieure à cent mille Francs Congolais constants.

Article 171 : Si le viol ou l’attentat à la pudeur a causé la mort de la personne sur laquelle il a été commis, le coupable sera puni de la servitude pénale à perpétuité.

Article 171 bis : Le minimum des peines portées par les articles 167 alinéa 2, 168 et 170 alinéa 2 du présent Code sera doublé :- si les coupables sont les ascendants ou descendants, …- s’ils sont de la catégorie de ceux qui ont autorité sur elle ;- s’ils sont ses enseignants ou ses serviteurs à gage,…- si l’attentat a été commis par les agents publics ou par des ministres de culte,…, soit par le personnel médical, paramédical ou assistants sociaux, soit par des tradi-praticiens,…- s’il est commis sur des personnes captives par les gardiens ;- s’il est commis en public ;- s’il a causé à la victime une altération grave de sa santé,…- s’il est commis sur une personne vivant avec handicap ;- si le viol a été commis avec usage ou menace d’une arme ;- si le coupable a été aidé dans l’exécution de l’infraction par une ou plusieurs personnes,…

Article 174 b : Cet article détermine la peine, qui est de trois à cinq ans, ainsi qu’une amende de cinquante mille à cent mille Francs Congolais constants pour les cas suivants :- quiconque aura embauché, entraîné ou détourné, en vue de la débauche ou de la prostitution, même de son consentement, une personne âgée de plus de dix-huit ans,…- quiconque aura tenu une maison de débauche ou de prostitution ;- le souteneur : qui vit aux dépens de prostitution ;- quiconque aura diffusé publiquement un document ou film pornographique aux enfants de moins de dix-huit ans ;- quiconque fera passer à la télévision des danses ou tenues obscènes, attentatoires aux bonnes mœurs,…

Article 174 i : Sera puni d’une peine de servitude pénale à perpétuité et d’une amende de deux cent mille Francs Congolais constants, quiconque aura délibérément contaminé une personne d’une infection sexuellement transmissible incurable.

Article 174 k : Sera puni d’une peine de servitude pénale de dix ans, quiconque aura détenu une ou plusieurs personnes rendues enceintes de force ou ruse.

La seconde loi, portant Code de Procédure Pénale congolais explicite certaines dispositions légales, telles que :

Article 7 bis : Sans préjudice des dispositions légales relatives à la procédure de flagrance, l’enquête préliminaire en matière de violence sexuelle se fait dans un délai d’un mois au maximum à partir de la saisine de l’autorité judiciaire. L’instruction et le prononcé du jugement se font dans un délai de trois mois maximum à partir de la saisine de l’autorité judiciaire. …

Article 14 bis : Conformément aux articles 48 et 49 ci-dessous, l’Officier du Ministère Public ou le juge requiert d’office un médecin et un psychologue, afin d’apprécier l’état de la victime des violences sexuelles et de déterminer les soins appropriés ainsi que d’évaluer l’importance du préjudice subi par celle-ci et son aggravation ultérieure.

lundi 10 décembre 2007

Connaissez-vous vos droits ?

Tous les êtres humains possèdent dès la naissance des droits et des libertés fondamentales inaliénables. Les mêmes pour tous.

Le 10 décembre 1948, les 58 Etats Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot (
résolution 217 A (III)). Pour commémorer son adoption, la journée des droits de l'homme est célébrée chaque année le 10 décembre.

La Déclaration universelle des droits de l’Homme qui les énonce, est un document extraordinaire qui malgré ses 59 ans reste assez inconnu.

Il faut que ça change.

Malgré son nom impressionnant, la Déclaration est un petit livret de 30 articles. Des phrases précieuses qui devraient être dans les poches de tous les citoyens du monde.

Les voilà pour vous, pour commémorer ce 10 décembre 2007. (l'intégrale via
http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm)

1. Tous les individus naissent libres et égaux en dignité et en droits.
2. Tout individu dispose de droits, sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue, de croyances ou de religion.
3. Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
4. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdits.
5. Aucun individu ne doit être soumis à la torture.
6. Tout individu a droit à la reconnaissance de sa personnalité juridique.
7. Tous les individus ont droit à la même protection devant la loi.
8. Tout individu a droit à faire appel à la loi quand il n’a pas été traité équitablement.
9. Aucun individu ne peut être détenu arbitrairement.
10. Tout individu a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal impartial.
11. Tout individu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie.
12. Tout individu a droit à la protection de sa vie privée.
13. Tout individu a le droit de voyager librement dans un pays, et de le quitter et de retourner dans son pays natal.
14. Tout individu a un droit d’asile en cas de persécution.
15. Tout individu a droit à une nationalité.
16. Tous les adultes ont le droit de se marier de leur propre volonté et de fonder une famille.
17. Tout individu a droit à la propriété.
18. Tout individu a droit à la liberté de religion.
19. Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression.
20. Tout individu a droit à la liberté de réunion et d’association.
21. Tout individu a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays.
22. Tout individu a des droits économiques, sociaux et culturels.
23. Tout individu a droit au travail, à un salaire équitable et à former un syndicat et à en faire partie.
24. Tout individu a droit au repos et à des loisirs.
25. Tout individu a droit à un niveau de vie suffisant.
26. Tout individu a droit à l’éducation.
27. Tout individu a le droit de participer aux activités culturelles et de profiter des progrès scientifiques.
28. Tout individu a droit à un ordre social dans lequel ces droits de l’homme puissent exister.
29. Tout individu a des devoirs envers la société démocratique conformément aux lois en vigueur.
30. Aucun individu ne peut détruire ces droits et ces libertés

Beni : les "mamans" proxénètes aux abois

La lutte contre l'exploitation sexuelle des très jeunes filles s’intensifie à Beni, au nord-est de la République démocratique du Congo. Depuis deux mois, toute la ville – police, Ongs et habitants – se mobilise contre les mamans proxénètes. Plusieurs ont déjà été arrêtées.
Elles sont une centaine à Beni, à 350 km au nord de Goma. Les maisons de débauche, "quartier général", comme on les appelle ici, hébergent des jeunes filles, souvent mineures, que les patronnes livrent à la prostitution. Âgées de 12 à 16 ans pour la plupart, elles sont plus de 500 recensées par les Ongs de défense des droits des enfants, à vivre au domicile des femmes "libres". Celles-ci les nourrissent, les vêtent et les soignent avant de les présenter aux clients comme partenaires sexuelles. Dans le "quartier général", sous couvert de petites activités économiques, prospère ainsi le plus vieux métier du monde. Ces maisons particulières sont, pour la plupart, montées derrière des buvettes. Leurs tenancières vendent toutes sortes de boissons ainsi que des stupéfiants et "attendent le bon moment pour envoyer les jeunes filles aux clients". Sylvie Sivagheri de la Solidarité de femmes pour le développement intégral témoigne : "Les proxénètes ont l'habitude de mettre à la disposition des maris occasionnels des stupéfiants de toutes sortes pour les droguer et faciliter les arrangements". "Si vous voulez de moi, discutez le prix avec la maman", s'entendent ainsi répondre les candidats à la passe. Les patronnes elles, fixent le prix : "5 $ avec préservatif, 20 $ sans capote". Devant l’ampleur que prend ce phénomène apparu dans la région il y a environ cinq ans avec l’afflux des déplacés de guerre venus de l’Ituri voisin, les autorités locales ainsi que les Ongs montent au créneau pour "défendre les filles exploitées par les proxénètes". Des mesures ont été prises. Fin septembre, une campagne de sensibilisation contre les violences sexuelles a été lancée dans la ville. Dans chaque quartier, on a procédé à la mise en place de structures pour identifier et dénoncer les "quartiers généraux".
Affaire de tout le mondeSoutenus par la population, les chefs des quartiers et des avenues font du porte-à-porte pour recenser les femmes vivant seules. Ils repèrent celles qui exploitent sexuellement les jeunes filles et les dénoncent à la police. Les premières actions ont facilité l'arrestation d’un bon nombre de ces "mamans".Deux mois après le lancement de cette campagne, une cinquantaine de maisons de tolérance ont été scellées et leurs responsables déférées devant la Justice. Une dizaine d’associations de lutte contre les violences faites à ces mineures ont déjà envoyé devant le tribunal de paix de Beni les femmes qui utilisaient les jeunes filles comme esclaves sexuelles et sources de revenus. Elles encourent 6 mois à 5 ans de prison pour "exploitation sexuelle de mineures". De leur côté, les jeunes filles exploitées par les patronnes mettent en cause la pauvreté de leurs familles. Micheline, 14 ans, justifie cette activité qu'elle exerce depuis l'âge de 12 ans, par la misère de ses parents. "Ma famille est très pauvre. Mon métier me permet de répondre à mes besoins élémentaires", déclare-t-elle. D'autres quittent le toit paternel par mimétisme. L'une d'elles, Linda, environ 15 ans, témoigne : "J’ai quitté la maison de mes parents influencée par mes amies qui me disaient qu’elles vivaient très bien dans le 'quartier général'. Il est vrai que je parviens à répondre à mes besoins sans avoir recours à mes parents". Pratiquement; toutes ces jeunes filles exploitées sexuellement disent qu'elles vivent dans de meilleures conditions matérielles chez les mères maquerelles que chez elles. Selon maître Achile Musavuli, activiste des droits de l’homme, ?le vagabondage sexuel, l'absence de scolarisation, des parents incapables de protéger leurs enfants ou la mort du tuteur… sont les principales raisons de cette sale pratique.? La lutte n'est pas finie. Les contrôles et les mesures de prévention se multiplient. Les médias sont mis à contribution pour appeler les gens à combattre l’exploitation sexuelle des jeunes filles qui courent le risque d'être contaminées par le VIH/sida et d'autres infections sexuellement transmissibles.


Beni, 10/12/2007 (Syfia Grands Lacs, via mediacongo.net)

samedi 8 décembre 2007

Une journée de plaidoyer en faveur de la parité homme-femme

Nina Yacoubian / MONUC 07 déc. 07 - 18h13

Une journée spéciale de plaidoyer, initiée par le Cadre permanant de Concertation de la Femme Congolaise (CAFCO), pour une représentation paritaire homme-femme au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a été tenu le 7 décembre 2007 au Palais du Peuple à Kinshasa. Ce plaidoyer vise à ce que les parlementaires respectent la parité homme-femme dans le projet de loi sur la CENI. A cette occasion, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RDC, William Swing a encouragé le CAFCO pour son plaidoyer qui «est justifié et tout à fait légitime» auquel dépend sa représentation dans les futures élections locales L’Ambassadeur Swing a, en outre, rappelé la volonté des Nations Unies pour faire participer les femmes dans les instances de prise de décisions. «Permettez-moi de profiter de cette opportunité pour rappeler à l’assistance que le Système des Nations Unies en Général et particulièrement le Conseil de Sécurité des Nations Unies font de la représentation paritaire homme/ femme une de leurs priorités. En témoigne le contenu de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité sur «Les Femmes, la Paix et la Sécurité», a-t-il dit. Évoquant les engagements de la RDC sur la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de discriminations à l’Egard de la Femme (CEDEF) pour respecter la parité homme-femme, le Chef de la MONUC a félicité le pays pour avoir consacré l’article 14 de la Constitution à la parité. Cependant, l’Ambassadeur Swing a déploré l’application de cette parité qui «n’a pas été effective à travers la loi électorale», à cause de l’article 13 qui stipule que «la non réalisation de la parité homme /femme au cours des prochaines échéances électorales n’est pas un motif d’irrecevabilité d’une liste». Pour rappel, à l’Assemblée nationale, il y a 42 femmes sur 500 soit 8, 40%; à l’Assemblée provinciale: 43 femmes sur 632 soit 6,80%, tandis que dans l’ancien gouvernement, il y a 9 femmes sur 60 soit 15% de femmes. Après le remaniement ministériel du 26 novembre 2007, les femmes ne représentent désormais que 11,1% dans le gouvernement. Le CAFCO est une plateforme qui réunit en son sein toutes les associations des femmes, toute tendance confondue, et de tout milieu à travers toute la République Démocratique du Congo.

lundi 3 décembre 2007



Merci de tout coeur pour le soutien que vous avez apporté à nos mères, soeurs, grands-mères victimes de ces viols et violences sexuelles à répétition depuis 1994 en étant présents à la marche silencieuse du 26 novembre dernier.


Nous étions près de 150 personnes dans les rues de Bruxelles pour elles; grand est le signal que nous lançons à la communauté internationale et aux décideurs belges pour les inciter à prendre au sérieux la douleur des toutes ces femmes, ces hommes, ces populations meutries.


Notre attente ? que l'on ne ferme pas les yeux sur ce qui se passe au Congo!!! Panser les plaies par des opérations d'urgence sanitaire, alimentaire et sociale c'est bien; mais on peut aller plus loin! Il faut une réelle volonté politique internationale de mettre hors d'état de nuire les criminels de guerre et les bandes armées qui sévissent en RDC. La question est : le veut-on vraiment ?


Continuons à multiplier les tribunes d'expression au sujet des viols en RDC pour sensibiliser sur cette question. Au congo POUR LES VIOLS, TOLERANCE ZERO!!!!


Soyons scandaleusement solidaires afin que nos filles et nos mères se réapproprient leur intégrité et leur dignité!!!


Pour AFEDE asbl

Yvette Tabu

Nicky Tiembe

Marceline Lokengo

Maddy Tiembe


Avec le soutien de :


De tout nos sympathisants et amis qui ont fait suivre notre appel à leurs contacts, envoyer des sms, passer des coups de fil, sensibiliser leurs collègues, amis et connaissances


ASBL : Amuka, Associturi, Oser La Vie, SiSi Kwa Sisi, Maisha Yetu, ReBeCo, Sofade, Collectif des Femmes congolaises, Yambi


Amnesty Vlanderen, Les Femmes en Noir, CNCD, Eurac, Gemeente Koksijde dIS - dienst Internationale Samenwerking


Les églises : La Nouvelle Jérusalem, Les Messagers, Source du Salut


La presse : MO* Mondial News, Congoforum, Congokulture Canada, Le Fouineur de la RDC, C-Retro Actuel, Télé Matonge, Jorge Alves, Cheik Fita,


Les radios : Air Libre, Tshiondo, Likembe, RFI, Okapi, Campus

dimanche 2 décembre 2007

Kisangani : les victimes des guerres crient très fort pour être entendues

Démunies, handicapées, malades, sans abris, les victimes de la guerre de 2001 à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale, attendent toujours qu’on leur rende justice et qu’on les dédommage. Des ONG essaient de les organiser pour faire entendre leurs voix.
J’ai perdu trois membres de ma famille et ma jambe. Mon mari m’a chassée à cause de cet état physique que je n’ai pas cherché. Mes neuf enfants errent dans les rues. Je ne sais trop comment me prendre en charge…», s’exprime devant la presse, larmes aux yeux, une veuve dont le mari a été tué pendant la guerre.La scène se déroule lors d’une rencontre des victimes des guerres organisée en septembre dernier à Kisangani. «Ma blessure intérieure est incurable», déclare, tout aussi amer, Jean Kasongo, un garçon qui a perdu sa mère lors de la guerre dite de six jours (elle opposa en 2001 en plein Kisangani les troupes rwandaises à l’armée ougandaise, NDLR).
Impacts de la guerre visiblesDans la Province Orientale, les veuves et veufs, les orphelins, les blessés des guerres, les handicapés, les filles-mères et les femmes violées se comptent par milliers. En sillonnant les rues et quartiers de Kisangani, les vestiges, les destructions et impacts des balles et les obus sont toujours visibles et témoignent encore de l’ampleur des dégâts causés par les affrontements armés. «Les affres de la guerre sont encore là, les victimes aussi. Mais leurs besoins sont urgents», fait remarquer Firmin Yangambi, membre d’une ONG de défense des droits des victimes des guerres.L’espoir qu’avait suscité la condamnation, en 2006, de l’Ouganda par la Cour Internationale de Justice (CIJ) à la réparation des préjudices causés par la guerre en RDC, a vite tourné au désespoir. Si l’Ouganda s’est engagé à dédommager les victimes, celles-ci continuent toujours d’attendre. «Les autorités congolaises ne se pressent pas pour amener leurs homologues ougandais à honorer leur engagement», déplorent aujourd’hui, dans leur ensemble, les personnes qui ont subi les affres de la guerre.
Un fonds pour indemniserFace à ce qu’ils considèrent comme l’inaction du pouvoir public vis-à-vis des victimes des guerres de Kisangani, Yangambi, leur avocat, souhaite éviter qu’elles demandent réparation individuellement. «Nous essayons d’organiser nos frères pour solliciter la solidarité nationale et internationale afin de soulager leur misère», dit-il. Fin septembre, elles ont signé la déclaration de constitution d’un «fonds de solidarité aux victimes des guerres de Kisangani» destiné à accueillir différents dons des philanthropes et organismes de bonne volonté, attentifs à leur souffrance. «Les maladies vénériennes, la délinquance juvénile, le viol, les filles-mères, les orphelins, les enfants non scolarisés… sont autant des conséquences de ces guerres», fait remarquer Pétronelle Ifa, coordonnatrice des Femmes Victimes des Conflits Armés (FEVCA), une ONG qui assiste les femmes et orphelins de guerre. Pour cette religieuse, «ces gens ont besoin d’une prise en charge effective: médicale, juridique, psychosociale et une réinsertion sociale dans la communauté».
Lutter contre l’oubliDepuis 2003, le Centre International pour la Justice Transitionnelle (CIJT), une ONG des droits de l’homme, apporte, elle aussi, une assistance technique à ces personnes pour les aider à lutter contre l’oubli. «La justice transitionnelle met en place un ensemble de mécanismes pour prendre en charge les graves violations des droits humains du passé», explique Alpha Fall, représentant du centre à Kinshasa. Ces mécanismes aident les pays qui sortent des conflits à aller vers la pacification et la réconciliation. «La réparation sous-entend la justice, la reconstitution de ce qui s’est passé, l’indemnisation des personnes, la reconnaissance par les auteurs de leurs crimes, la garantie de non-répétition, la prise en charge médicale pour ceux qui ont subi les violences sexuelles», souligne le CIJT.
Manque de volonté politique«Il faut éviter l’oubli et cultiver la mémoire», insiste, pour sa part, Roberto Garreton, consultant du centre. Ce dernier encourage la population à rompre avec le scepticisme et à faire pression sur les autorités politiques, judiciaires et législatives.Selon les associations qui aident les victimes, il appartient à ces dernières de s’organiser et de mettre en œuvre un programme de réparation qui puisse leur procurer soulagement et reconnaissance. D’après le constat des ONG, les dirigeants politiques ne semblent pas très favorables à l’idée de réparation par le truchement de la justice. Mais elles estiment qu’il ne peut y avoir de paix, de réconciliation sans dénonciation des crimes et leur réparation. «Tout cela prendra du temps et la population doit prendre patience tout en militant», conclut Roberto Garreton.

Pépé MIKWAInterCongo media/Syfia http://www.jdconline.net

Viols massifs en République Démocratique du Congo : Une honte pour l’humanité

25/11/2007 Violences sexuelles en RDC http://www.fidh.org/



A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la FIDH appelle à une mobilisation internationale contre les violences sexuelles en RDC
Violées, torturées, soumises à l’esclavage sexuel, atteintes du VIH, leurs corps détruits – voici le sort réservé à des centaines de milliers de victimes des conflits qui ravagent la République démocratique du Congo depuis une dizaine d’années. Avec la « transition démocratique », on aurait pu espérer une diminution du nombre de tels crimes, mais ils continuent d’être perpétrés avec la même ampleur. Des bébés de six mois, des femmes de 70 ans, n’échappent pas à la terreur.
Dans l’est du Congo, avec la résurgence du conflit au Nord-Kivu, les violences sexuelles se multiplient. Là, ainsi qu’au Sud-Kivu, en Ituri et au Katanga, femmes, hommes et enfants sont les cibles de viols, utilisés comme arme de destruction des populations. Ces crimes se distinguent non seulement par leur ampleur mais aussi par leur cruauté. Leurs auteurs, miliciens, insurgés, rebelles, mais également des membres de l’armée congolaise, jouissent d’une impunité quasi-absolue.
Du fait de cette culture d’impunité, les violences sexuelles se sont banalisées et se développent dans le reste du pays, y compris dans la capitale, Kinshasa. Parmi les nombreuses victimes qui osent dénoncer ces crimes, seule une proportion infime parvient à obtenir la condamnation des responsables.
Lors d’une mission d’information qui s’est rendue au mois de novembre 2007 à Kinshasa, la FIDH a recueilli le témoignage d’une fillette de 10 ans, accostée sur son chemin vers l’école, violée à plusieurs reprises puis séquestrée pendant des jours. Une plainte a été déposée auprès de la police à Kinshasa, mais le suspect, arrêté brièvement, a été libéré aussitôt, pendant que la petite fille restait détenue par les autorités. Une seconde plainte devant le parquet a connu un sort identique : selon plusieurs sources, la liberté du criminel aurait été achetée. La victime doit, au-delà des souffrances physiques et psychologiques perpétrées à son encontre, affronter le rejet de sa propre famille. Elle est hébergée depuis un an dans un centre de soins.
Le gouvernement congolais avait fait un pas en adoptant, il y a plus d’un an, deux lois sur la répression des violences sexuelles, mais elles restent à ce jour inappliquées. Certes, 6 militaires ont été condamnés pour viol, dans le cadre du procès de Songo Mboyo [
1] sous la qualification de crimes contre l’humanité, mais ils sont parvenus à s’évader de leur prison. " Que représentent une poignée de condamnés libérés au regard des milliers de criminels encore en liberté et qui tous jouissent de l’impunité ? " s’interroge Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH. "Nous exigeons que soient mis en place des moyens de répression systématique et exemplaire des criminels auteurs de violences sexuelles. Nous exigeons que cette répression vise tous les criminels, quels qu’ils soient, quelle que soit leur fonction, et où qu’ils se trouvent" a-t-elle ajouté.
La FIDH appelle une fois de plus le gouvernement congolais à faire preuve de sérieux dans la lutte contre les violences sexuelles, en adoptant la loi sur la coopération de la RDC avec la Cour pénale internationale, ainsi que le Protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique.
A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la FIDH et ses organisations membres en RDC, l’ASADHO, la Ligue des Électeurs et le Groupe Lotus, lancent un appel à tous les acteurs de la communauté internationale pour qu’ils prennent enfin conscience de l’extrême gravité du drame qui est en train de se dérouler en RDC et que toutes leurs ressources soient mobilisées pour protéger la population et prévenir ces crimes.




Vidéo de la journée de solidarité avec les victimes de crimes sexuels en RDC

http://www.fidh.org/spip.php?article4929

vendredi 30 novembre 2007

DR Congo child rape victim dies

An 11-month-old baby girl has has died in eastern Democratic Republic of Congo a day after she was raped, the UN says.

The alleged rapist, a man aged 20, has been detained by Congolese police about 140km west of Goma. He faces a life sentence.

Reports of the atrocity came as the Red Cross held a news conference in Geneva to denounce the "systematic violence" against girls and women in DR Congo.

Aid workers blame combatants on all sides for a culture of sexual violence.

ICRC official Dominik Stillhart said that in his recent visit to eastern DR Congo, he found some 370,000 people had been driven from their homes since fighting resumed in December between the army and fighters loyal to renegade General Laurent Nkunda.

"What really shocked me personally the most, was the systematic violence especially against women and girls which is producing immense suffering," Mr Stillhart said.

Shot dead

The UN Mission in Congo (Monuc), which told the BBC of the latest rape atrocity, have themselves been accused by lobby group Human Rights Watch, of failing to act against the widespread use of rape against civilian victims of all ages.

The BBC's Arnaud Zajtman heard the harrowing story of one young victim.

Victims say the army dispenses summary justice to rapists

A six-year-old girl named Mushika told our correspondent she was looking after goats in her village when a soldier grabbed her and abused her.

"He laid me on the ground and lifted my skirt... I was trying to shout but he put his hand on my mouth. After he had finished, he ran away. When I tried to walk, I was dizzy."

When the girl's mother discovered what happened she took the child to the military camp where she was asked to point out the man.

"The soldier was then shot in front of me," Mushika said, "but later his uncle came to our home and threatened to kill the whole family to take revenge."

Some 15,000 UN peacekeepers are in DR Congo to secure peace after a five-year conflict officially ended in 2002.

But violence continues to rage in the east.

http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7119567.stm

RDC : LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DE L'ONU « TRÈS ENCOURAGÉ » PAR LE

York, Nov 29 2007 4:00PMAlors qu'il quittera prochainement son poste de Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo, William Lacy Swing s'est dit aujourd'hui « très encouragé » par le processus en marche dans le pays, tout en estimant que la question des rebelles devait être réglée par les nouvelles institutions du pays.« Il n'y a rien, sur le plan externe ou interne, qui puisse, à la longue, faire dérailler le processus », a affirmé William Lacy Swing lors de sa <" http://webcast.un.org/ramgen/ondemand/stakeout/2007/so071129am.rm ">déclaration devant la presse aujourd'hui à New York, après son exposé devant le Conseil de sécurité.Le chef de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (<" http://www.monuc.org/home.aspx?lang=fr">MONUC) a rappelé que l'objectif du mandat restait de protéger la population. Il a aussi indiqué qu'un entraînement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) était en cours, notamment celui de 11 des 18 brigades intégrées. Par ailleurs, une série d'opérations militaires conjointes FARDC et MONUC ont eu lieu dans les Kivus et en Ituri, a-t-il ajouté, rappelant que l'objectif est de faire entrer les milices dans le processus de paix.William Lacy Swing a aussi rappelé les recommandations du Secrétaire général concernant le renouvellement du mandat de la MONUC pour un an à partir du mois de janvier, le maintien des personnels militaires et policiers au niveau actuel -- 17.000 troupes et 1.141 policiers - et le soutien total aux autorités congolaises.Le Commandant des forces de la MONUC, Babacar Gaye, a également précisé que le processus avançait, avec la reddition récente d'un ancien officier rebelle proche de Laurent Nkunda et de 14 de ses hommes (<" http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=15298&Cr=RDC&Cr1=MONUC ">dépêche du 27.11.2007).

La meilleure solution reste la méthode pacifique, a insisté Babacar Gaye, qui était interrogé sur une prochaine offensive des FARDC et de la MONUC.Selon lui, Laurent Nkunda est accompagné d'environ 3.000 hommes, alors que les FARDC disposent de 20.000 troupes au Nord Kivu.« La position du Gouvernement est d'envoyer Laurent Nkunda en exil », a par ailleurs affirmé William Lacy Swing, qui a souligné la responsabilité du général déchu dans la vague de déplacements de population qui a eu lieu dans la région.Pour la première fois depuis 50 ans, le pays dispose d'institutions légitimes et de bases solides, grâce à des élections satisfaisantes, s'est félicité le Représentant du Secrétaire général, qui a cependant indiqué que la présence de troupes rebelles étrangères au processus de paix était une « aberration » qu'il revenait aux nouvelles institutions d'affronter.William Lacy Swing laissera prochainement son poste à Alan Doss, du Royaume-Uni (<"http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=15038&Cr=Secrétaire&Cr1=nominations ">dépêche du 19.10.2007). 2007-11-29 00:00:00.000

RÉSOLUTION sur la situation en République démocratique du Congo, en particulier dans l’Est du pays et son impact sur la région

ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE PARITAIRE ACP-UE
APP/100.174/07/déf.


RÉSOLUTION1

sur la situation en République démocratique du Congo, en particulier dans l’Est du pays et son impact sur la région

L’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,
réunie à Kigali (Rwanda) du 19 au 22 novembre 2007,
vu l’article 17, paragraphe 2 de son règlement,


vu ses résolutions antérieures sur la République démocratique du Congo et la région des Grands lacs,

vu les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies sur la situation en République démocratique du Congo et les rapports mensuels du Secrétaire général des Nations unies à ce sujet,

vu la résolution du Parlement européen du 15 décembre 2004 sur la situation à l’Est de la République démocratique du Congo2,

vu le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands lacs signé le 16 décembre 2006 à Nairobi, au Kenya, par les chefs d’État et de gouvernement des pays de la région des Grands lacs,

vu la Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre 1989 qui interdit notamment l’implication d’enfants dans les conflits armés,

vu le rapport de la mission de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE sur l’observation des élections présidentielle et législatives en R.D.C. des 30 juillet et 29 octobre 2006,

vu l’action commune du Conseil concernant la mission de l’Union européenne visant à fournir conseils et aide dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité en R.D.C.,

vu le processus de Kimberley dont l’objectif est de mettre un terme à la circulation des diamants des conflits et d’améliorer la gouvernance dans les pays riches en ressources naturelles, grâce à la vérification et à la publication intégrale de tous les paiements opérés

1 Adoptée par l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE le 22 Novembre 2007 à Kigali (Rwanda) 2 JO C 226E, 15.9.2005, p. 359.

par les compagnies et des revenus tirés par les gouvernements du pétrole, du gaz et des produits miniers,

A. considérant que de nombreuses années de conflit armé ont fait environ 4 millions de victimes directes et indirectes et provoqué le déplacement d’au moins 1,5 million de personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ainsi que la destruction des infrastructures socio-économiques de la R.D.C.,

B. rappelant avec inquiétude que depuis la fin de l’année 2006, environ 300.000 personnes vivant dans la province du Nord-Kivu ont dû quitter leurs foyers en raison des combats opposant les forces armées régulières de la R.D.C aux troupes rebelles du général déchu Laurent Nkunda et aux autres groupes armés, portant ainsi le nombre total de déplacés à 800.000 personnes,

C. vivement préoccupée par l’escalade de la violence, les violations massives des droits de l’homme, les viols et autres formes de violence sexuelle contre les femmes à l’Est de la R.D.C., plus particulièrement dans les provinces du Nord et Sud-Kivu,

D. profondément préoccupée par la persistance et l’augmentation du recrutement des enfants-soldats à l’Est de la R.D.C. par des milices armées,

E. préoccupée par la situation d’insécurité quasi-permanente à l’Est de la R.D.C, laquelle rend impossible la distribution des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, tels que les médicaments, aux populations civiles par les organisations humanitaires,

F. considérant que la présence des groupes armés étrangers –dont les ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR)/Interahamwe (Forces démocratiques de libération du Rwanda – FDLR) qui continuent de commettre impunément des atrocités, dont le meurtre, le viol, la torture, le pillage, force ainsi des civils innocents à se déplacer dans l’Est de la R.D.C. et dans les pays voisins - ce qui constitue une menace pour la sécurité, la stabilité et le développement économique de ce pays,

G. considérant que la persistance des conflits armés et des groupes armés irréguliers dans la région des Grands lacs constitue une menace sérieuse pour la paix, la stabilité, la démocratie et le développement dans cette région; considérant qu’elle compromet la coopération entre les États de la région et annule les efforts de la communauté internationale en faveur de l’émergence dans cette région d’États démocratiques, prospères et forts, ainsi que de l’amélioration des conditions de vie de leurs populations respectives,

H. considérant qu’il s’impose, en conséquence, de prendre toutes les mesures requises pour mettre fin à ces conflits, démanteler ces groupes armés et prévenir tout conflit à venir, afin de consolider la paix et la démocratie, de promouvoir la stabilité et le développement dans la région pour le bien-être de tous les peuples de la région des Grands lacs et de permettre aux institutions légitimes de la R.D.C. de se consacrer à la reconstruction de leur pays détruit par des guerres récurrentes,

I. considérant que la paix et la sécurité, tant en R.D.C que dans la région des Grands lacs, ne peuvent être obtenues qu’en mettant fin à la menace créée par les groupes armés étrangers et nationaux en R.D.C et leurs organisations politiques, ainsi que par le
désarmement total de tous les groupes paramilitaires livrés à eux-mêmes dans cette région,


J. considérant que la Cour pénale internationale (CPI) enquête sur les crimes qui auraient été commis en R.D.C depuis 2004,

K. considérant les engagements pris à Kigali, le 28 août 2007, par les parties au sommet de la « Tripartite Plus », les chefs des armées de la R.D.C., du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi et, le 16 septembre 2007, par les ministres des affaires étrangères de ces pays, en vue de chercher la paix en neutralisant les forces armées rebelles se trouvant sur leurs territoires respectifs ; considérant également la Déclaration conjointe des ministres des affaires étrangères de la R.D.C. et du Rwanda faite à l’issue de la réunion de Kinshasa des 3 et 4 septembre 2007,

L. considérant que le Communiqué conjoint des gouvernements de la R.D.C. et du Rwanda sur une approche commune pour mettre fin à la menace pour la paix et la stabilité des deux pays et de la région des Grands lacs signé, le 9 novembre 2007, par les ministres des affaires étrangères des deux pays grâce à la médiation des Nations unies et en présence des représentants des États-Unis d’Amérique et de l’Union européenne, trace des perspectives nouvelles de paix et de coopération entre les États de la région,

M. considérant que le Président de la R.D.C, Joseph Kabila, et celui de l’Ouganda, Yoweri Museveni, se sont rencontrés en Tanzanie en septembre 2007 pour établir une force militaire mixte soutenue par les Nations unies afin de déloger les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS-LRA) impliqués dans la déstabilisation de la région et de mettre sur pied des initiatives conjointes pour l’exploration des champs de pétrole,

N. considérant que la R.D.C regorge d’importantes ressources naturelles minières, forestières et autres dont l’exploitation rationnelle et efficace est essentielle pour son développement économique et social,

O. considérant l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) à laquelle la R.D.C a adhéré,

P. considérant la décision du gouvernement de la R.D.C. de revoir les contrats miniers et forestiers signés pendant la période de guerre et de transition,

Q. considérant que la nouvelle constitution adoptée le 18 décembre 2005 par le peuple congolais offre la base solide nécessaire pour construire un État de droit et une société réellement démocratique,

R. considérant que les élections présidentielles et législatives multipartites qui se sont déroulées en R.D.C les 30 juillet et 29 octobre 2006 ont redonné à la population l’espoir d’une nouvelle ère de paix, de stabilité et de prospérité après plusieurs années de dictature et de guerre;

considérant que des élections municipales et locales sont en cours d’organisation,
S. considérant que tous les citoyens congolais ont droit à une égale protection des pouvoirs publics, notamment en matière de sécurité, aussi bien en ce qui concerne leur intégrité physique que leurs biens,


T. considérant que le Parlement congolais vient de voter la loi sur le statut de l’opposition politique en R.D.C. afin de renforcer la démocratie et la place de l’opposition politique dans la gouvernance du pays,

1. engage toutes les forces participant aux combats à l’Est de la R.D.C à respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire, à cesser toute attaque contre les civils et à permettre aux agences humanitaires de venir en aide aux populations civiles éprouvées;
2. demande que les auteurs des violations des droits de l’homme, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des violences sexuelles contre les femmes et du recrutement d’enfants-soldats soient dénoncés, identifiés, poursuivis et punis conformément au droit national et au droit pénal international;


3. invite le gouvernement de la R.D.C et les agents de la Mission de l’Organisation des Nations unies au Congo (MONUC) à garantir un niveau approprié de sécurité aux membres des organisations humanitaires;

4. demande aux gouvernements des pays de l’UE et ACP, au Conseil de l’UE, à la Commission, aux Nations unies et à l’Union africaine de mettre tout en oeuvre pour apporter une aide efficace à la population de l’Est de la R.D.C et contribuer à faire face à la catastrophe humanitaire;
5. exprime sa préoccupation la plus vive quant à la situation et au nombre des déplacés internes et des réfugiés qui se trouvent encore dans les pays voisins et invite les autorités de la R.D.C et des pays d’accueil à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour permettre le retour en toute sécurité des réfugiés congolais, en particulier en coopérant pleinement avec des partenaires tels que le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR);


6. invite la Commission européenne et le Conseil à préparer, avec la coopération des ONG et du gouvernement de la R.D.C, un programme humanitaire en faveur de la R.D.C, en se donnant pour objectif d’apporter une assistance médicale accrue et améliorée aux Congolais;
7. demande à la Commission européenne d’apporter son soutien, y compris financier, à l’organisation d’une conférence de pacification au Kivu, faisant participer la population à la recherche de solutions durables;


8. prend bonne note des engagements réciproques pris par le Burundi, la R.D.C, l’Ouganda et le Rwanda et en particulier du Communiqué conjoint signé par les gouvernements du Rwanda et de la R.D.C., à Nairobi, le 9 novembre 2007, en vue de trouver une solution concertée et durable aux problèmes de sécurité dans la région, et en félicite les parties;

9. exhorte toutes les parties au respect strict des engagements pris et demande à l’Organisation des Nations unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine, aux partenaires des États concernés ainsi qu’aux Amis de la région des Grands lacs d’appuyer fortement et activement les efforts de mise en oeuvre de ces engagements et du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands lacs;

10. exhorte le gouvernement de la R.D.C., avec l’appui de la MONUC – dont les moyens doivent être renforcés – et conformément au point 9 (b) du Communiqué conjoint du 9 novembre 2007, à « lancer d’urgence des opérations militaires pour démanteler les ex-FAR/Interahamwe comme organisation génocidaire-militaire » et à traduire en justice les présumés coupables du crime de génocide et d’autres crimes contre l’humanité, ces opérations devant « être conduites simultanément avec les opérations de démantèlement des autres groupes armés illégaux au Nord et au Sud Kivu »;

11. se félicite de la volonté exprimée les 3 et 4 septembre 2007 par le Rwanda et la R.D.C., au cours de la rencontre de leurs ministres des affaires étrangères à Kinshasa, de normaliser leurs relations bilatérales, et encourage ces pays dans cette voie;

12. demande à tous les États signataires du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands lacs de ratifier celui-ci et de l’appliquer pleinement;

13. demande que des efforts soient déployés tant au niveau national qu’international afin de renforcer l’État de droit en R.D.C., en particulier dans les domaines de la gouvernance et de la sécurité;

14. appelle à la restauration et au respect de l’autorité de l’État dans tout le pays, ce qui suppose le désarmement de toutes les milices;

15. demande à la communauté internationale, y compris aux États membres de l’UE et aux pays ACP, de respecter leurs promesses de coopérer avec la R.D.C et d’aider à stabiliser l’Est du pays;

16. demande aux Nations unies, à l’Union européenne, à l’Union africaine et aux autres partenaires de la R.D.C. de continuer à appuyer les efforts des autorités de ce pays visant à opérer la réforme de l’armée, de la police, des services de sécurité et de la justice, afin de restaurer l’État et son autorité, éléments essentiels pour la consolidation de la paix et de la sécurité, aussi bien dans le pays que dans la région des Grands lacs;

17. se félicite de l’établissement en R.D.C d’institutions démocratiquement élues et appelle les dirigeants de ce pays à prendre toutes les initiatives nécessaires en vue de consolider la démocratie et d’assurer la participation de toutes les forces vives de la nation congolaise à la gouvernance du pays selon les règles constitutionnelles;

18. se félicite de l’adoption par le Parlement de la R.D.C de la loi portant statut de l’opposition politique et appelle à la promulgation rapide de celle-ci ainsi qu’à son application intégrale;

19. demande le soutien de l’UE et de la communauté internationale à la tenue des élections municipales et locales congolaises initialement prévues en 2007, dernière étape du processus électoral congolais;

20. prend note de la décision de revoir les contrats de l’exploitation minière et forestière signés pendant la période de guerre et de transition en vue de leur renégociation, et demande au gouvernement de la R.D.C. de mettre en place des mécanismes transparents de gestion des ressources naturelles qui permettent au Parlement ainsi qu’à la société civile de formuler des propositions à prendre en compte dans l’intérêt de la population congolaise;

21. considère que l’accès, le contrôle démocratique et la redistribution équitable des richesses naturelles de la R.D.C à l’ensemble de sa population sont indispensables au développement durable du pays;


22. invite la Commission européenne et le Conseil de l’UE à renforcer la coopération actuelle avec le gouvernement de la R.D.C dans le domaine du contrôle de l’exploitation des ressources naturelles;

23. charge ses coprésidents de transmettre la présente résolution au Conseil ACP-UE, à la Commission européenne, aux gouvernements de la R.D.C. et des autres pays de la région des Grands lacs, au Secrétaire général des Nations unies et à la Commission de l’Union africaine.

RDC: La hausse du prix des denrées accentue la misère dans l’est

Le prix des produits tels que la farine, le poisson, les bananes et les avocats a considérable augmenté dans la province instable du Nord-Kivu


GOMA, 27 novembre 2007 (IRIN) - Janine Maombi s’était rendue au marché central de Goma, la capitale de la province instable du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) pour acheter des pommes de terre qui serviraient à préparer le repas du soir.


Mais lorsqu’elle a été informée de la nouvelle hausse du prix des pommes de terre, cette veuve et mère de six enfants s’est alors laissé tomber sur un tabouret proche de la vendeuse et a discrètement tenté d’obtenir un rabais. « Je ne sais pas ce que mes enfants vont manger ce soir », a lancé Mme Maombi, en ouvrant son porte-monnaie qui ne contenait que quelques pièces. Bien que sympathique, Mukobo Ajani, la vendeuse de pommes de terre, lui a gentiment fait comprendre qu’elle ne pouvait pas lui faire de rabais. « Les rebelles de Laurent Nkunda bloquent les camions sur les routes », a-t-elle expliqué. « Et parfois, je ne peux même pas faire transporter mes marchandises au marché. Je n’ai pas le choix ».


Depuis la mi-octobre, le prix du kilo de pommes de terre est passé de 120 francs congolais (environ 25 centimes de dollar) à 150 francs – une augmentation assez significative pour des dizaines de milliers de femmes désespérément pauvres qui ont de grandes familles à nourrir. Les prix des autres produits de base tels que la farine, le poisson, les bananes et les avocats ont aussi augmenté.


Aux problèmes de violences sexuelles et de déplacements massifs de population sont venus s’ajouter ceux de l’insécurité alimentaire, une des graves conséquences de la guerre permanente que se livrent les troupes rebelles fidèles au général déchu Laurent Nkunda et les forces armées de la RDC (FARDC). Les FARDC et le Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda sont responsables des pénuries alimentaires qui pourraient toucher près de trois millions de personnes dans la province du Nord-Kivu, selon des travailleurs humanitaires.


« Dans la région de Masisi, les FARDC et le CNDP semblent jouer un jeu qui consiste à bloquer leur trafic de marchandises respectif », a expliqué Louis Vigneault, un porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Goma. Selon M. Vigneault, les deux groupes ont empêché des camions de marchandises de livrer du savon, de l’huile et autres produits manufacturés à Masisi, la capitale agricole du Nord-Kivu, et ont aussi refoulé des camions chargés de bananes et de pommes de terre qui faisaient route vers Goma.


Les Nations Unies ont condamné le blocage des camions du Programme alimentaire mondial (PAM) transportant l’aide alimentaire destinée aux quelque 300 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) du Nord-Kivu. Les Nations Unies ont par ailleurs fait état d’un nombre indéterminé de personnes qui vivent dans des villages reculés, sans aide alimentaire, et qui compte sur ces camions pour l’acheminement des denrées alimentaires de base.


« Les miliciens ont plongé la population dans une situation totalement désastreuse », a expliqué à IRIN Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). « Plus vous vivez dans une région reculée et plus vous souffrez, parce que les produits de base ne parviennent pas [jusque dans] votre région ». Et l’augmentation du prix des denrées alimentaires constitue également une menace pour la sécurité des petits commerçants qui vendent des produits non alimentaires.


Suleiman Amani, 16 ans, subvient aux besoins de ses six frères et sœurs en vendant des sachets plastiques au marché central de Goma. « Personne n’achète mes sachets plastiques parce que les gens n’ont plus rien à ramener à la maison », a confié à IRIN Amani. « Je n’ai rien mangé de toute la journée ». Quant à Margarite Gaina, son petit commerce d’épices a gravement souffert de la situation, a-t-elle expliqué à IRIN. « Les gens n’achètent plus d’épices parce qu’ils n’y a plus de nourriture à assaisonner », a affirmé Mme Gaina, avec une pointe d’humour.

« Les gens n’achètent plus d’épices parce qu’ils n’y a plus de nourriture à assaisonner » Les travailleurs humanitaires ont également souligné le sentiment de colère grandissant chez les quelque 40 000 PDIP ayant fui leurs villages pour les camps de la périphérie de Goma, et qui bénéficient d’une aide alimentaire, mais aussi chez les populations vivant à Goma et qui subissent la hausse des prix des denrées alimentaires, mais qui ne reçoivent aucune aide.


Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a durci les conditions d’inscription pour les personnes désirant bénéficier d’une aide. « Les [camps] sont proches de Goma et il y a fort à craindre que toute la population de la ville de Goma viendra dans les camps juste pour avoir un sac de farine et retournera ensuite dans la ville », a expliqué M. Vigneault. Mais au marché central de Goma, les petites commerçantes affirment n’avoir aucune animosité à l’égard des déplacés de guerre. « Vivre comme un réfugié dans son propre pays est une chose terrible », a dit IRIN Josette Maoura, une vendeuse de riz. « Nous souhaitons simplement que cette guerre cesse ».

Campagne contre les violences sexuelles en RDC

Kinshasa, RD Congo – La ministre congolaise du Genre, de la Famille et des Enfants, Mme Philomène Omatuku, a procédé, mercredi à Kinshasa, en partenariat avec l'UNIFEM, au lancement d'une vaste campagne contre les violences faites aux femmes prévue pour se dérouler tout le mois de décembre prochain.Le thème de la campagne "Viol, crime contre l'humanité, non à l'impunité, agissons maintenant" met en exergue les viols et l'impunité qui constituent des défis et des obstacles à l'acquisition, par les femmes, les filles et les fillettes congolaises de leurs droits et de leur dignité, a expliqué Mme Omatuku, qui a ajouté que les violences sexuelles et le viol ont été utilisés comme arme de guerre par les groupes armés dans les zones post-conflits en RD Congo.Suite à ces actes ignobles, les victimes sont affectées sur tous les plans, spécialement au plan médico-sanitaire où les viols et les violences sexuelles sont à la base de la propagation élevée du VIH/SIDA, des grossesses non désirées, des blessures physiques, des fistules obstétriques, de traumatismes et parfois de la mort.Sur le plan psychologique, les femmes victimes de viol connaissent des troubles affectifs et mentaux, le rejet des enfants issus du viol ainsi que de multiples menaces.Mme Omatuku a invité les défenseurs des droits des femmes à s'unir pour dénoncer les auteurs de ces actes et à veiller à l'application stricte de la loi sur les violences sexuelles, avant d'appeler tous les partenaires à se joindre à l'action pour aider les militants et défenseurs des droits des femmes à réaliser leur travail.

Kinshasa - 28/11/2007Panapress

Kisangani : les femmes fistuleuses rejetées peuvent être soignées

Rejetées par leurs proches, les femmes devenues fistuleuses souvent à la suite d'un viol, ont bien du mal à vivre. A Kisangani, où elles sont nombreuses, une centaine d'entre elles sont actuellement soignées gratuitement.

"Je suis devenue deuxième bureau (on appelle ainsi la deuxième femme en RDC, ndlr) depuis que je souffre de fistule. Il y a une année, mon mari m’a répudiée", déclare M.M., une jeune fille de 20 ans, admise à l’hôpital général de référence de Kisangani, au nord-est de la République démocratique du Congo. Elle est arrivée depuis octobre d’Ubundu en amont du fleuve Congo, à 125 km de Kisangani. "Mon mari n’entrait plus dans ma chambre. Il fallait que mon père intervienne pour qu’il me donne à manger. Il a fini par me renvoyer", ajoute-t-elle, éplorée. L’unique enfant né de leur union lui a même été ravi. Selon les médecins, la fistule vésico-vaginale ou vésico-recto-vaginale est une déchirure des muqueuses qui se crée entre le vagin et la vessie ou le rectum à la suite d'un viol subi par la femme ou lors d'un accouchement difficile sans assistance médicale. La femme ainsi malade laisse couler ses urines et matières fécales de façon incontrôlée. Sale, dégageant de mauvaises odeurs, tout le monde la fuit.Une centaine de cas de femmes fistuleuses sont connus à Kisangani et dans ses environs. Mais honteuses de leur état, les plus nombreuses vivent cachées. Depuis janvier, plus de 80 cas de fistule ont été portés à la connaissance de l’antenne provinciale de l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) à Kisangani. Ces femmes sont pour la plupart des pauvres et des analphabètes vivant dans les zones rurales les plus reculées. Dans la Province Orientale comme dans tout l’est de la RDC, les fistuleuses sont nombreuses à cause principalement des viols et violences sexuelles perpétrés par les hommes en arme. A cela s’ajoutent les grossesses précoces et l’absence de consultation prénatale.

Pas une maladie satanique"Les cas de fistule qui arrivent dans mon centre, proviennent majoritairement des zones périphériques (Il s’agit des axes routiers Banalia, Ubundu, Bafwasende et Opala - zones minières en proie à des bandes armées)", affirme Adelard Lofungula, médecin directeur de l’hôpital général de référence de Kisangani qui dit avoir réparé quelques 19 cas depuis mars dernier. "Les fistules ne sont pas incurables", rappelle le docteur. Après une intervention chirurgicale, il parvient à remettre en état les muqueuses vaginales et la malade peut revivre normalement.Mi-novembre, dans le même centre hospitalier, trois autres femmes violées ont été opérées. "Ma belle sœur était devenue insupportable", avoue une femme d’une cinquantaine d’année, assise, l’air hagarde, devant l’hôpital. Elle et son frère ont dû s’éloigner de la malade pendant longtemps avant de se raviser et de l’accompagner à l’hôpital, "tant elle sentait très mauvais à cause des urines et des selles qui dégoulinaient de son appareil génital et on la soupçonnait d’avoir une maladie satanique".Même le personnel soignant doit faire preuve d'héroïsme pour assister ces malades. Une infirmière témoigne que certains gardes malades de fistule désertent l’hôpital pour toujours, prétextant partir chercher un approvisionnement. Très longue, pas moins de deux mois, l’hospitalisation des fistuleuses, bien que gratuite depuis la prise en charge des victimes des violences sexuelles par l’UNFPA en RD Congo, est pourtant onéreuse pour la famille. Elles sont souvent abandonnées par leurs proches qui ne peuvent supporter leur restauration durant l'hospitalisation.

La communauté s’implique "Je me bats très difficilement pour chercher juste une botte de pondu (feuille de manioc), pour nourrir ma femme", témoigne, angoissé et gêné, ce jeune homme de Bafwasende (300 km à l’est de Kisangani) dont l’épouse souffre de cette affection qu’il n’ose nommer en public. Pour tenter de résoudre cette situation, une sensibilisation est menée auprès des commerçants et autorités politiques de Kisangani. Mi-novembre courant, un plaidoyer a été lancé auprès de la Fédération des entreprises du Congo/Kisangani (FEC). "Nous avons collecté plus de mille dollars américains", explique le Dr Giselle Lowa, coordinatrice de la synergie de lutte contre les violences sexuelles en Province Orientale. "Les images et les statistiques projetées sur l’ampleur des violences sexuelles, surtout la fistule nous ont fort interpellés et nous nous sommes engagés à nous impliquer", affirme Jean-Claude Kassongo, directeur d’une entreprise brassicole de la place. Depuis le 20 novembre, à Kisangani, une équipe récolte les fonds auprès des opérateurs économiques ayant souscrit volontairement pour venir en aide aux femmes fistuleuses internées à l’hôpital. Le médecin directeur de l’hôpital de référence où sont soignées ces femmes, suggère l’institution d’un programme national pour la prévention et la réinsertion des femmes fistuleuses.

Ernest MukuliKisangani, 30/11/2007 (Syfia Grands Lacs, via mediacongo.net)

Accord de Nairobi: RDC- Rwanda : 1er décembre, date fatidique

(Le Potentiel 30/11/2007)

On joue les ultimes minutes du derby visant le rétablissement de bonnes relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Au-delà, la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs. Ultimes minutes qui seront cette fois marquées par la concrétisation des engagements contenus dans l’Accord de Nairobi signé le 9 novembre dans la capitale kenyane entre les deux pays. En présence des délégués des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’Onu. Accord qui porte sur la neutralisation des forces négatives, FDLR et insurgés Nkundistes compris.

Ce 1er décembre, la République démocratique du Congo présentera au Rwanda, en présence des délégués des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’Onu le « Plan d’action » visant la neutralisation des forces négatives qui écument en République démocratique du Congo. Un plan d’action qui doit convaincre toutes les parties.

Dans les milieux proches du gouvernement, l’élaboration de ce plan est terminée après avoir bénéficié de l’expertise de la Monuc. Il serait même transmis au président de la République pour appréciation. Tant mieux. La RDC éviterait ainsi de porter le chapeau du report de cette rencontre.

Dans sa dernière déclaration faite à la presse, le ministre congolais de la Défense, Chikez Diemu, a précisé que ce plan ne fait pas de distinction et met dans le même panier à crabes, les rebelles rwandais mieux connus sous l’appellation des Interahamwe, FDLR, et les insurgés de Laurent Nkunda, cet officier dissident qui a pris prétexte de protéger son ethnie pour combattre l’autorité congolaise. Il est entré en rébellion avec le soutien du Rwanda dans le but de déstabiliser les institutions légitimes de la République.

C’est ce 1er décembre donc que la République démocratique du Congo lèvera le pan de voile sur ce « plan d’action ». L’acte qui sera posé est d’une haute importance politique tant il est vrai qu’il déterminera la suite des événements en prévision d’un retour effectif des relations de confiance entre la RDC et le Rwanda. Mais, ce 1er décembre devra ouvrir également une nouvelle ère de paix et de stabilité dans la région des Grands Lacs. Une date fatidique donc pour tourner définitivement une page sombre de l’histoire entre la RDC et le Rwanda. Sinon, on reviendrait à la case départ. Si le Rwanda ne renonce pas de son côté à soutenir les insurgés de Nkunda.

LE PLUS DUR RESTE A FAIRE

Cependant, la présentation de ce « plan » ne résoudra pas automatiquement tous les problèmes. Ce serait trop beau pour croire à cette éventualité en minimisant les raisons profondes qui ont sous-tendu toute cette période meurtrière et destructive, émaillée d’insécurité, d’instabilité, de méfiance entre la RDC et le Rwanda, au-delà toute la région des Grands Lacs.

Il est important de continuer toujours à retenir, surtout du côté congolais, que toutes ces tueries, ces prétextes fallacieux de protection de minorité ont été planifiés. Ils s’inscrivent dans un vaste complot de balkanisation de la République démocratique du Congo. Ils ont constitué des « coups de boutoir » visant à fragiliser la RDC pour qu’elle cesse d’exister en tant qu’Etat et Nation. Si ce « Plan d’action » pour neutraliser les Interahamwe n’a pas pris en compte ce complot, il est voué d’avance à l’échec. Car, il sera toujours combattu par les auteurs de ce complot international et ces « groupes identitaires » obsédés par la création des « Etats nains » en vue de contrôler les richesses du Congo.

Ce qui revient à dire, par ricochet, qu’il s’est agi d’une « affaire de gros sous ». C’est la deuxième cause profonde. Devant cette évidence, il est acquis qu’on retrouve les « ennemis de la RDC et de toute l’Afrique » dans les deux camps : au Congo et au Rwanda. Parce qu’au-delà, il est important de retenir que se joue également en ces moments la carte du régime en place au Rwanda. D’où la question : sur quelle pyramide est bâtie le pouvoir de Kigali ?

En effet, les discussions porteront sur le concept de « neutralisation » - alors que l’Accord de Lusaka parlait de « traquer » - des forces négatives. Ce concept n’aura pas la même signification à Kinshasa et à Kigali. Dans cette dernière ville, il a toujours été soutenu que les « FDLR combattaient aux côtés des FARDC. Si neutralisation voudrait dire «éliminer physiquement » les Interahamwe ou les « emprisonner à vie », certainement que le Rwanda approuverait cette initiative. Mais si neutralisation consisterait à « éloigner, désarmer et réinsérer les rebelles rwandais dans la vie sociale », avec possibilité d’ouvrir l’espace politique rwandais au terme d’un compromis interne, cette approche serait rejetée par Kigali. Car, le régime de Kigali existe également et soutenu dans ses revendications de par « l’existence aussi des Interahamwe en RDC ». Qu’on ne se méprenne donc pas. Qu’adviendrait-il si les Interahamwe continuaient à exister, même ailleurs qu’en RDC ? A-t-on tenu compte de cette donne dans l’élaboration de ce « plan » ? Interrogations tout aussi pertinentes.

LE RESPECT DES ENGAGEMENTS

Le moment est crucial dans le cadre des relations entre la RDC et le Rwanda. Cette symphonie mirobolante a trop duré qu’il est temps que l’on change de partition. Maintenant ou jamais. Ce qui expliquerait certainement cette autre rencontre prévue à Addis Abeba entre les présidents Kabila, Kagame et Museveni, sous les auspices des Etats-Unis. Mais avec certainement la participation de l’Union africaine et de la Commission européenne.

Une rencontre qui tomberait à propos tant qu’elle permettrait de donner la dimension africaine et internationale au « plan d’action » de la RDC et aux engagements pris par chacune des parties signataires de l’Accord de Nairobi.

De toute façon, l’administration Bush a tout intérêt à rapprocher le cas de la RDC et du Rwanda à la situation au Proche-Orient. Si Bush s’est investi pour convoquer le sommet d’Annapolis, mettant face-à-face chefs israéliens et arabes pour pacifier cette région, il devrait agir avec la même détermination pour la région des Grands Lacs. Nairobi et Addis Abeba pourraient également être « l’Annapolis des Grands Lacs » en prévision d’un retour effectif de la paix dans cette région. Bush partirait ainsi en beauté, en novembre 2008, après avoir réussi ses « deux camps David ». Sinon à quoi auront servi « ses Accords de Washington » qui ont institué la « Tripartite Plus » ? Washington a un mot à dire, le dernier, pour avoir donné l’impression aux Congolais d’avoir été plus proche de Kigali que de Kinshasa dans l’examen et la recherche de solution dans ce différend. Une façon pour chaque camp de respecter les engagements pris lors de la signature de l’Accord de Nairobi.

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Un TPI pour la RDC ?

APA - 30/11/2007

Plusieurs dizaines de femmes de la République Démocratique du Congo ( R.D.C) ont demandé, jeudi à Paris, le soutien de la France pour la création d’un Tribunal Pénal International (TPI) spécifique, en vue de juger les crimes de guerre et de violences sexuelles, qui ont cours dans le pays depuis plus d’une décennie, a constaté l’APA dans la capitale française.Ces Congolaises réunies au sein de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo R.D.C (Apareco) justifient leur démarche par le fait que le président français a placé le volet des Droits de l’Homme, au cœur de la coopération entre son pays et le continent africain."On a demandé l’aide de la France parce qu’elle siège au Conseil de sécurité de l’Onu. Nous estimons donc qu’elle peut user de son influence et faire une pression pour la mise en place de ce TPI", a expliqué jeudi à Paris, Candide OKEKE, conseillère principale chargée des relations publiques de l’Apareco, au cours d’une conférence de presse."Nous vous lançons cet appel comme écho de vos différents messages sur le type de relations que vous souhaitiez voir se développer entre la France et l’Afrique", déclarent-elles à l’adresse de Nicolas Sarkozy, rappelant au chef de l’Etat français son engagement en matière de défense des droits de l’Homme, comme axe de la nouvelle coopération de Paris avec le continent.Les auteures de l’appel veulent une juridiction, à l’instar de celles consacrée aux dossiers du Rwanda, de l’ex- Yougoslavie et du Liban.Selon les Congolaises, "la justice inexistante (dans leurs pays) depuis plus d’une décennie". Ainsi, estimen-elles, la RDC "n’est pas en mesure de juger tous ces criminels, parce que l’Etat congolais a démissionné dans son rôle de protection de ses populations".Pour cette raison, ont-elles encore affirmé, "l’installation de ce TPI spécial pour le R.D.C est une urgence parce que, non seulement "en 5 ans, la Cour Pénale Internationale n’a pu procéder qu’à l’arrestation de deux de ces milliers de criminels", mais en même temps elle ne juge pas les crimes commis avant 2001.Or, à en croire Mme Yani, Secrétaire nationale exécutive chargée de la condition féminine de l’Apareco, "la plupart de ces crimes et viols sur les femmes âgées de 6 mois à 80 ans, ont été commis depuis 1996".

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VIOL DES FEMMES EN RD CONGO: QUID APRES LA MARCHE DE BRUXELLES?

Elles l’ont décidé, elles l’ont fait. Renforcées par une poignée d’hommes et des femmes d’autres nationalités, près d’une centaine de femmes congolaises de Belgique ont marché le lundi 26 novembre 2007 du square Frère Orban au rond-point Schuman.


Le but ? Soutenir un groupe de femmes au Congo qui ont déclenché une grève de la faim suite aux viols répétés dont les femmes congolaises sont victimes : et de la part des éternels rebelles pro-rwandais ou rwandais en terre congolaise, et de la part de nos propres militaires souvent impayés ou touchant une solde de misère.

Après une heure de marche suivant la trajectoire convenue avec la police, les manifestantes ont fait un sit-in devant la commission européenne, assez loin des fenêtres des décideurs européens, la meilleure place ayant été occupée par d’autres manifestants qui s’en prenaient aux ministres européens de l’agriculture, en réunion à l’intérieur.

Et là, les Congolaises donneront libre cours à leur colère face à ce que subissent quotidiennement d’autres femmes au pays, de la part des hommes en arme. Au-delà de cet élan de solidarité fort louable, le temps n’est-t-il pas venu d’aborder les problèmes du Congo dans toute sa globalité ?
Des marches à Bruxelles, il y en a eu. Quel en a été l’impact, le résultat ? Il y a peu, 35.000 belges étaient dans la rue pour l’unité du royaume. Trois cent cinquante fois plus nombreux ! Cela a-t-il réussi à pousser les politiciens belges à accélérer la mise sur pied d’un gouvernement ? Dans ces conditions, comment cent bonnes femmes dans les rues de Bruxelles vont-elles influer sur le comportement des hommes du général déchu Kundabatware ou des bidasses en guenilles du duo Kabila-Gizenga ?



C’est bien de pleurer, de se lamenter sur notre sort. Y aura-t-il un jour changement si les vrais coupables ne sont pas inquiétés ? Qui sont les vrais responsables de toute cette catastrophe humaine ? Sont-ils inconnus des pouvoirs belges ? Sont-ils inconnus de l’Union européenne ou de l’ONU ?


Il y a peu, l’ambassadeur belge au Congo disait exactement ceci, à propos du pouvoir congolais : un pouvoir caractérisée par « des situations de corruption, de mégestion, de mauvaise gouvernance, d’improvisation, de manque d’assiduité, de manque de vision, de manque de communication » N’est-ce pas là le germe de l’insécurité et partant, de tous ces viols dont sont victimes les congolaises , surtout à l’est du pays ?


En marge de la journée mondiale de la lutte contre les violences à l’encontre des femmes, la sénatrice belge du PS, Anne-Maire Lizin essaie d’être plus explicite dans une lettre envoyée à Luis Amado ministre portugais des affaires étrangères. Elle avance même une proposition : « La création d’une commission d’enquête sur les violations des femmes dans l’Est du Congo, comme ce fut le cas de la commission Warbuton pour l’ex-Yougoslavie en 1993 » Le Portugal assure actuellement la présidence de l’Union européenne.


Présent à la marche, le MR Daniel Ducarme l’a bien stigmatisé dans son mot aux femmes : L’impunité doit cesser. Qui sont ces impunis, n’est-ce pas ceux qui ont été soutenus à bout de bras dans le processus électoral congolais tant décrié ? L’homme d’Etat belge saura-t-il convaincre les autres membres de son parti qui ont été impliqués jusqu’au cou, et depuis très longtemps, dans la marche politique cahotante du Congo d’aujourd’hui ?


La Belgique officielle aura-t-elle le courage et de reconnaître son erreur dans sa politique vis-à-vis du Congo, et de revoir ses alliances, en prenant langue avec les véritables forces progressistes du Congo ?


Ce fébrile soubresaut politique augure-t-il une ère durant laquelle les pesanteurs extérieures cesseront enfin d’empêcher les congolais de s’occuper de leur pays ? Ils en ont les capacités.
Avec l’arrivée des chinois au Congo, les milieux politico-économiques belges se sont-ils rendus compte qu’on leur a enlevé le bifteck de la bouche, pour peut-être très longtemps ?
Les forces politiques progressistes congolaises ont-elles à leur tour perçu les différents changements de la donne politique congolaise ? Mettent-elles déjà en place des stratégies pour donner l’estocade à un pouvoir désormais incapable de décoller, d’assurer un semblant de sécurité et encore moins de procurer le minimum vital aux soixante millions de congolais ? Ces forces éviteront-elles enfin les sempiternelles querelles de clocher ou de positionnement personnel, de diabolisation au rabais avec comme conséquence la division et l’émiettement du contrepouvoir ? Sauront-elles enfin différencier l’essentiel de l’accessoire ? Pourront-elles devenir plus pragmatiques en privilégiant l’unité et l’intérêt du plus grand nombre ? Si depuis l’indépendance le Congo est médiocrement dirigé, ceux qui prétendent combattre la médiocrité le font-ils de moins médiocre façon ?



Ce cri de détresse des femmes congolaises ne devrait-il pas servir de déclic pour une approche profonde et sans complaisance de la tragédie humaine congolaise. Les forces politiques progressistes ont le beau rôle. À elle d’ouvrir les yeux. Faute de quoi, il n’est pas nécessaire de demander aux gens d’user le talon de leurs chaussures.


En politique, la cécité se paie cache. Wait and see.


Cheik FITA


Bruxelles, le 29 novembre 2007