jeudi 8 octobre 2009

L'ONU redemande la fin des violences sexuelles dans les conflits armés

(AFP) – 30 sept. 2009

NEW YORK, Nations unies — Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution réitérant son exigence qu'il soit mis fin au fléau du recours aux violences sexuelles dans les conflits armés.

La résolution 1888, rédigée par les Etats-Unis et co-parrainée par 61 pays, a été adoptée lors d'une réunion sur "les femmes, la paix et la sécurité" présidée par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, dont le pays assume la présidence tournante du Conseil ce mois-ci.

Elle réitère l'exigence "que toutes les parties à des conflits armés mettent immédiatement et totalement fin à tous les actes de violence sexuelle".

La résolution demande également au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de créer un poste de Représentant spécial chargé de la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits armés, afin de mieux coordonner l'action de la communauté internationale.

Le Conseil avait déjà adopté une résolution similaire en juin 2008, sous la présidence de la secrétaire d'Etat de l'époque Condoleezza Rice, et un autre texte fondateur sur la protection des femmes en 2000.

Mme Clinton a déclaré que la résolution 1888 permettait de faire "un pas en avant dans les efforts à l'échelle mondiale pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux enfants dans les zones de conflit."

Elle a souligné que ce texte traitait d'une question qui généralement "a reçu trop peu d'attention".

La fin des violences sexuelles dans les conflits, en particulier en Afrique, est une priorité des Etats-Unis.

Mme Clinton avait soulevé la question en août lors d'une visite en République démocratique du Congo (RDC), où violences et atrocités sexuelles sont commises à une grande échelle et de manière systématique contre les femmes et les jeunes filles, notamment dans les régions instables de l'est et du nord-est.

"Aujourd'hui les Etats-Unis se joignent à la communauté internationale pour envoyer un message simple et sans équivoque: la violence envers les femmes et les enfants ne sera pas tolérée et doit cesser", a dit M. Obama dans un communiqué après l'adoption de la résolution. Il a promis que son administration "continuerait à soutenir le droit des femmes et des jeunes filles à vivre sans peur, et accomplir leur potentiel".

La résolution affirme que toute mesure efficace prise pour empêcher ou réprimer les actes de violence sexuelle "peut contribuer de manière significative au maintien de la paix et de la sécurité internationale."

Elle exhorte les Etats à "opérer sans attendre (...) les réformes globales du droit et de la justice qui seraient nécessaires en vue de traduire en justice les auteurs de violences sexuelles commises au cours de conflits et de faire en sorte que les survivants aient accès à la justice, soient traités avec dignité (...) et protégés".

Les parties à un conflit doivent également "s'assurer que toutes informations faisant état de violences sexuelles commises par des civils ou des personnels militaires soient soumises à une enquête approfondie et leurs auteurs présumés traduits en justice".

Lors du débat, le secrétaire d'Etat français à la coopération, Alain Joyandet, a attiré l'attention du Conseil sur la situation en Guinée.

"Hélas, ce sujet est en ce moment même d'actualité à Conakry en Guinée", a-t-il dit. Evoquant les événements du 28 septembre, le ministre a dit au Conseil que "de nombreux morts ont été dénombrés, des femmes ont été violées dans les rues de Conakry."

De son côté, M. Ban a estimé que la nouvelle résolution permettait d'adresser "un message sans équivoque, un appel à l'action."

"La violence sexuelle -- dans les conflits armés ou, en fait, dans toute circonstance -- ne devrait pas trouver place dans notre monde", a-t-il dit.

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RDC: des associations préoccupées par "l'impunité persistante"

(AFP) – 09/10/2009

PARIS — Des associations, dont la Fédération internationale des droits de l'Homme, se sont dites jeudi à Paris "profondément préoccupées" par "l'impunité persistante" en République démocratique du Congo (RDC), demandant à la Françe d'intervenir sur cette question.

"Nous demandons aux autorités françaises d'exercer des pressions fortes sur leurs homologues congolaises afin qu'elles luttent effectivement contre l'impunité qui favorise la poursuite de graves violations des droits humains dans tout le pays", a affirmé Florent Geel, de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), lors d'une conférence de presse réunissant plusieurs associations.

Dans un texte commun jeudi, l'Association des Chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat-France), Amnesty International France, Human Rights Watch et la FIDH se déclarent "profondément préoccupés par l'impunité persistante" en RDC.

Le texte cite notamment le cas de l'ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda, rappelant que ce dernier "occupe encore à l'heure actuelle un poste de commandement au sein de l'armée congolaise".

Plus largement, ces associations appellent la France à faire pression sur le gouvernement de la RDC pour que "tous les individus, notamment membres des forces armées, de la police et des services de renseignements, soupçonnés d'avoir commis des crimes ou autres graves violations des droits humains" soient traduits en justice.

Elles insistent sur le fait que "les groupes armés ainsi que les forces gouvernementales continuent de commettre des viols" et que "très peu d'auteurs de ces actes criminels ont été traduits en justice" alors que des dizaines de milliers de femmes et de filles ont été victimes de crimes sexuels.

Elles se disent "extrêmement préoccupées par la situation des défenseurs des droits de l'Homme et des journalistes (...) en proie à des intimidations et agressions quotidiennes" allant jusqu'au meurtre.

"Durant ces derniers mois, les violences à leur égard se sont fortement accentuées et sont principalement l'oeuvre des services de sécurité des autorités congolaises", écrivent-elles, dénonçant un "climat délétère qui (...) relève en grande partie d'une grave dérive autoritaire du régime en place".

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samedi 15 août 2009

A Goma, venir en aide aux survivantes de violences sexuelles

14 août 2009 – Roselidah Ondeko travaille depuis bientôt deux ans et demi dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), dans le cadre d'un projet d'aide aux femmes victimes de violences sexuelles. Et affronter tous les jours les souffrances vécues par ces femmes n'est pas toujours facile.

L'Est de la RDC est ravagé par les affrontements entre les rebelles armés et l'armée congolaise et les civils sont en première ligne, victimes de meurtres, de pillages et de viols.

Roselidah Ondeko est employée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et coordonne le programme sur la violence sexuelle dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu soutenu financièrement par l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Elle est basée à Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.

Avant, elle a été en poste au Darfour (Soudan) et en Ouganda. « Au début, c'était très difficile d'écouter toutes ces histoires et de voir ce que ces femmes ont dû subir. J'ai dû y faire face en parlant avec des collègues exerçant la même profession », explique-t-elle dans un entretien avec le Centre d'actualités de l'ONU à l'occasion de la Journée internationale de l'aide humanitaire qui est célébrée le 19 août.

Elle retient surtout que ces femmes victimes de violences sexuelles et qui sont venues chercher un soutien médical et psychologique ont décidé de ne pas baisser les bras. « Quand vous regardez ce qu'elles ont enduré, vous voyez qu'elles n'ont pas renoncé. Elles ont de l'espoir », dit-elle. D'ailleurs, plutôt que de parler de victimes, elle préfère utiliser le mot « survivantes ».

Elle prend l'exemple de cette femme qui avait été violée puis abandonnée par son mari. Dans le cadre du programme de soutien, elle a reçu une chèvre pour avoir une source de revenu. C'était en 2007. « En 2008, quand je l'ai rencontrée, elle avait déjà six chèvres de plus », raconte Roselidah Ondeko. « Elle disait qu'elle avait le sentiment de devoir continuer car si elle laissait tomber, elle ne savait pas qui prendrait soin de ses enfants ».

Selon les données récoltées par l'UNFPA, le nombre de cas de violences sexuelles enregistrés a augmenté entre janvier et juin au Sud Kivu par rapport à la même période de l'an passé. Cela pourrait s'expliquer, selon elle, par le calme relatif dans certaines zones de la province. « Les survivantes sont en mesure d'avoir accès aux soins médicaux et aux services d'aide psychologique et les travailleurs de santé peuvent atteindre des zones auparavant inaccessibles à cause de l'insécurité », explique-t-elle. Les auteurs de violences sexuelles sont en majorité des hommes en uniforme, que ce soit des soldats de l'armée congolaise ou des combattants des groupes rebelles. « Nous voyons de plus en plus d'enfants touchés » par ces violences sexuelles, ajoute Roselidah Ondeko.

Quand elle compare la situation entre la RDC et le Darfour par exemple, elle constate que les gens en RDC parlent davantage des violences sexuelles commises. « Au Darfour, les femmes ont très peur de parler de violences sexuelles. Et les travailleurs de santé qui fournissent des soins le font dans le plus grand secret » par crainte de représailles, note-t-elle.

mardi 11 août 2009

Les officiers de police femmes recherchées dans les Missions de l'ONU

7 août 2009 – Il faut d'urgence augmenter les effectifs de femmes policiers – en particulier des francophones - dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment pour mieux lutter contre les abus sexuels, ont déclaré vendredi les conseillers en matière de police de l'ONU.

« La participation à égalité des femmes policiers à tous les niveaux des Nations Unies [...] permet de donner plus de poids aux femmes qui dénoncent des crimes sexuels ou contre les femmes », a déclaré Ann-Marie Orler, Conseil de police adjoint des Nations Unies, lors d'une conférence de presse au siège des Nations Unies à New York.

Elle a indiqué que sept opérations de maintien de la paix – au Timor-Leste, au Libéria, au Kosovo, au Sud-Soudan, en Haïti, au Burundi et en Sierra Leone – avaient déjà contribué à la création d'unités nationales spécialisées dans ces domaines.

« On pourrait faire beaucoup de choses si l'on avait plus de femmes policiers. Mais cela dépend des Etats Membres », a-t-elle expliqué, encourageant les Etats qui envoient des forces de police à parvenir à une parité hommes-femmes au moins proportionnelle à celle des effectifs nationaux.

En République démocratique du Congo (RDC), le besoin s'en fait cruellement sentir alors que l'on estime à 200.000 le nombre de cas de violence sexuelle depuis 1996. « Les auteurs de violations sont souvent des hommes en uniforme. Comment pouvez-vous attendre des femmes victimes des abus de demander de l'aide à d'autres hommes en uniforme », a-t-elle demandé.

De son côté, le Conseiller de police Andrew Hughes a indiqué que le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU (DPKO selon l'acronyme anglais) espérait augmenter le nombre de femmes policiers servant dans ses missions.

A l'heure actuelle elles représentent seulement 8% du total de 11.000 policiers servant dans 17 missions à travers le monde.

Enfin, M. Hughes a souligné le besoin de francophones, notamment en Haïti, en RDC, au Tchad et en Côte d'Ivoire.

Gemena : violences sexuelles, une ONG dénonce l’imposition des amendes transactionnelles

Une circulaire dont l'origine n'est pas indiquée demanderait à la police antiviolence sexuelle de Gemena, au Sud-Ubangi, de procéder à des amendes transactionnelles sur les cas des violences sexuelles. Cette circulaire fixe même la hauteur des recettes annuelles à réaliser dans cette rubrique pour le compte du trésor public : au minimum 2 millions 500 mille francs congolais. Une ONG locale dénonce cette politique et exige le retrait de cette circulaire, rapporte radiookapi.net

Cette ONG, Equipe de soutien au développement intégral humanitaire et de la biodiversité, accuse la police de l’Equateur de violer la loi en matière de violences sexuelles. Elle estime qu’une telle pratique ne peut permettre de lutter efficacement contre ce mal. Me Lambert Lisika membre de l’organisation s’explique : « Cette circulaire est contraire à l’esprit de la loi du 20 juillet 2006. C’est pourquoi nous demandons à ce que cela ne puisse pas être opposé à la police antiviolences sexuelles, parce qu’elle ne peut pas transiger en matière de violence sexuelles. Cela, non seulement qu’on viole la loi du 20 juillet 2006 qui réprime les violences sexuelles, mais aussi l’article 15 de la Constitution qui voudrait que le pouvoir public puisse veiller à l’élimination des violences sexuelles. » Et de poursuivre : « Voilà pourquoi nous recommandons à ce qu’on puisse retirer cette circulaire qui est imposée à la police antiviolences sexuelles de Gemena. Cette circulaire ne permet pas de lutter efficacement contre les violences sexuelles. Les amendes transactionnelles sont prévues pour des infractions bénignes. Or, les viols, les infractions de violences sexuelles sont des crimes graves. Ils ne peuvent pas se résoudre par des amendes transactionnelles. » Du coté de l'inspection provinciale de la police, l'on dit ignorer l’existence de cette circulaire. Selon Ekofo Cyrille, chargé de la communication à l’inspection provinciale de la police/Equateur, il s’agit d’une fausse information, probablement destinée à jeter le discrédit sur la Police. Toujours d'après la même source, une telle circulaire n'aurait aucune raison d'être, la Police étant activement impliquée dans la lutte contre les violences sexuelles.

Par Editeur Web

dimanche 9 août 2009

Ban veut créer un poste pour lutter contre les violences sexuelles

(AFP) – Il y a 2 jours

NEW YORK — Le secrétaire général de l'ONU a dit vendredi réfléchir à la création d'un poste de haut responsable chargé de lutter contre les violences sexuelles, et a pressé l'Assemblée générale de mettre en place une institution consacrée aux droits de la femme.

"Malgré les progrès effectués ces vingt dernières années, les agressions sexuelles visant délibérément des civils continuent à grande échelle et de façon systématique", a dit Ban Ki-moon au Conseil de sécurité des Nations unies lors d'un débat intitulé "Les femmes, la paix et la sécurité".

M. Ban a illustré ses propos en mentionnant les cas des conflits qui font actuellement rage au Tchad, en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan, où le viol est communément utilisé par les combattants.

Il a exhorté le Conseil de sécurité à autoriser la mise sur pied immédiate d'une commission indépendante chargée de se pencher sur les violations des droits de l'homme, mettant l'accent en particulier sur ces pays.

Selon un rapport établi par les Nations unies, 3.500 femmes auraient été violées depuis le début de l'année dans l'est et le nord-est de la RDC, théâtre d'affrontements fréquents entre groupes armés et de violences récurrentes contre les civils.

M. Ban a dit être en discussions avec les "partenaires des Nations unies pour nommer un haut responsable chargé de lutter contre les violences sexuelles".

"J'ai parlé avec des victimes de violences sexuelles. Leurs témoignages me hantent", a-t-il dit.

En sus, il a pressé l'Assemblée générale de créer "une institution chargée de promouvoir l'égalité entre les sexes et les droits de la femme".

De son côté, l'ambassadrice américaine aux Nations unies Susan Rice a estimé que "l'ONU, ses pays-membres et les médiateurs devraient inclure la lutte contre les violences sexuelles dans tous les processus de paix actuels et dans les négociations de paix à venir".

M. Ban et Mme Rice s'exprimaient lors d'un débat du Conseil de sécurité sur les modalités d'application d'une résolution adoptée l'an dernier qui élève le viol et la violence sexuelle au rang de crimes de guerre lorsqu'ils sont perpétrés durant une offensive

La France, par la voix de son ambassadeur adjoint à l'ONU Jean-Pierre Lacroix, a dit "soutenir le principe d'une commission d'enquêtes qui proposerait des mécanismes plus efficaces pour poursuivre les responsables de violences sexuelles".

M. Lacroix a indiqué que Paris était également en faveur de la nomination d'un haut responsable au sein de l'ONU "pour mener la lutte contre la violence sexuelle".

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mardi 16 juin 2009

Viols en RDC: Kinshasa invité à "renforcer" le statut de la femme

Il y a 16 heures

KINSHASA (AFP) — L'ONU a invité lundi le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) à "renforcer" davantage le statut et "le pouvoir" des femmes pour lutter efficacement contre les violences sexuelles dont sont victimes des milliers de Congolaises, notamment dans l'est du pays.

"Il faut promouvoir la participation des femmes au gouvernement, dans le processus électoral, la politique (...) et renforcer le statut de la femme pour régler les questions des violences sexuelles", a affirmé l'administratrice du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Helen Clark.

Mme Clark s'exprimait lors d'une conférence de presse à Kinshasa à l'issue d'une visite de trois jours en RDC, où elle a pu se rendre à Goma (est, capitale de la province du Nord-Kivu), une des régions les plus instables du pays.

"Une des solutions (aux problèmes de viols) est de renforcer et donner beaucoup plus de pouvoir aux femmes" dans les prises de décisions au niveau de l'Etat, a-t-elle déclaré.

Le gouvernement congolais compte actuellement cinq femmes sur un total de 54 membres dont le Premier ministre.

Les agences de l'ONU en RDC dénoncent régulièrement les exactions et les viols répétés contre les civils, en grande partie attribués aux rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Au cours du premier trimestre de l'année, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a affirmé avoir dénombré plus de 1.330 cas de viols dans le Sud-Kivu (est).

Début 2009e, les armées rwandaise et congolaise avaient mené une opération conjointe dans le Nord-Kivu contre les FDLR, anciens supplétifs occasionnels des Forces armées de la RDC (FARDC), estimés à plus de 6.000 miliciens.

Loin de les avoir éradiqués, l'opération a permis de les chasser des grands centres de la province, les obligeant à gagner les forêts, d'où ils lancent régulièrement leurs attaques.

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lundi 1 juin 2009

Les femmes casques bleus jouent un rôle exemplaire

29 mai 2009 – Si elles font le même travail que leurs collègues hommes, les femmes casques bleus sont en minorité dans les missions mais elles considèrent qu'elles ont sans aucun doute un rôle d'exemple pour les femmes avec qui elles entrent en contact sur le terrain.

En montrant à ces femmes et ces filles qu'elles sont aptes à tout – dans le domaine de la politique, de la sécurité, du maintien de l'ordre, de la médecine, du journalisme, les Casques bleus de sexe féminin peuvent servir de modèle dans le milieu local, et leur exemple est une inspiration pour les femmes et les filles vivant dans les sociétés à domination souvent masculine où elles servent, souligne l'ONU dans sa page consacrée à la Journée internationale des Casque bleus qui est célébrée vendredi.


Des terres arides du Darfour aux plages d'Haïti ou aux montagnes de la République démocratique du Congo, plus de 110.000 hommes et femmes – militaires, policiers ou civils – servent dans 16 opérations de maintien de la paix à travers le monde.


« Dans les villes, il y a des femmes qui conduisent des véhicules, qui sont éduquées. Mais dans les petits villages, le fait de voir une femme professionnelle est vu de façon très positive. Cela peut donner un exemple : les femmes peuvent conduire un véhicule, aller à l'école, travailler dans un bureau. Cela peut renforcer la prise de conscience des possibilités qui peuvent être offertes aux femmes », a confié Serena Tiberia, de nationalité italienne et officier des droits de l'homme à la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), au micro de la radio de l'ONU.


Spécifiquement, « le rôle traditionnel d'une femme est d'être à côté de sa famille. Donc pour une femme il faut être beaucoup plus courageux qu'un homme », estime pour sa part Bokani Hart, née au Zimbabwe d'un père zimbabwéen et d'une mère botswanaise et qui est en RDC depuis quatre ans et demie.


Bokani Hart a été réfugiée pendant les 15 premières années de sa vie. « Et c'est pour cela que je fais ce travail, lié aux conflits, à la paix, à la réconciliation, aux réfugiés et aux déplacés », affirme-t-elle.


Les femmes ont prouvé dans tous ces domaines qu'elles peuvent remplir les mêmes rôles que leurs homologues masculins, selon les mêmes normes et dans des conditions aussi difficiles. Dans de nombreux cas, elles sont mieux placées pour accomplir certaines tâches de maintien de la paix, comme interviewer les victimes de violences sexuelles et sexistes, travailler dans les prisons de femmes, aider les ex-combattantes pendant le processus de démobilisation et de réinsertion dans la vie civile et suivre les recrues féminines des écoles de police.


« C'est bien sûr un avantage d'être une femme. Je me sens très fière lorsque je rencontre un problème lié aux femmes et que j'aboutis », affirme de son côté Keita Mabinti, officier de police de nationalité guinéenne (UNPOL), qui travaille à Bukavu à la protection des droits des enfants et des violences à l'égard des femmes et des jeunes filles.


« Quand une femme est proche d'une femme, elle se confie », estime-t-elle. « Je crois que lorsqu'il s'agit des victimes de violences sexuelles, c'est plus facile. Mais si une personne est capable de donner confiance à la victime elle sera disposée à parler de ce qu'elle a vécu ».


De façon unanime, Serena Tibéria, Bokani Hart et Keita Mabinti regrettent l'absence de parité hommes-femmes dans les missions des Nations Unies.


Pour ce qui est des civils, la proportion de femmes recrutées, engagées et déployées par le Secrétariat pour les opérations de maintien de la paix est de 30%. La parité entre les sexes n'est donc plus hors de portée. Mais les progrès ont été beaucoup plus lents pour les éléments en uniforme des opérations de maintien de la paix qui sont fournis par les États Membres et qui comprennent actuellement moins de 3% de femmes, dont 8% des 10.000 agents de police et 2% des 80.000 membres du personnel militaire.


« Les femmes sont un peu objet de ségrégation, puisqu'il y a deux ou trois femmes pour vingt personnes. Il faudrait au moins l'égalité », plaide Keita Mabinti, encourageant « ses sœurs les femmes à se présenter si elles en ont les moyens ». A Bukavu, il y a 26 officiers de police dont 6 femmes, rapporte-t-elle.


« Je pense que les Nations Unies ont une marge de manœuvre pour améliorer la position de la femme au sein des missions de maintien de la paix », affirme de son côté Bokani Hart. « Surtout en améliorant le temps passé avec nos familles ».


Serena Tiberia évoque une pression du fait que « l'équilibre des sexes n'est pas du tout respecté. « Dans le contexte spécifique du Congo ce n'est pas spécialement un avantage. Les gens sont plutôt habitués à traiter avec des hommes », estime-t-elle.


« Je pense que les Nations Unies devraient prendre des mesures pour accroître la présence des femmes, surtout lors des missions de consolidation de la paix, parmi le personnel civil et militaire », ajoute-t-elle.

mardi 12 mai 2009

Contre les violences sexuelles, la solidarité entre les femmes africaines

Wambi Michael

KAPALA , 11 mai (IPS) - Des cas accrus de viol et d’abus sexuel des femmes et des filles sont étroitement associés aux conflits armés et leurs conséquences en Afrique.

"Le viol a été utilisé comme une arme de guerre par des milices, et cela fait mal aux femmes pour toujours, parce que même en temps de paix, vous trouvez peu de mesures en termes de réparation des effets et d’apport de la justice", a déclaré Marie Jalloh à IPS.

Jalloh, une députée sierra léonaise, était parmi les activistes de genre réunis à Kampala du 28 au 29 avril par ‘Akina Mama wa Afrika’ – qui signifie en Swahili "solidarité entre les femmes africaines". Et cette organisation travaille, depuis 1985, pour soutenir les femmes africaines à identifier des questions autour desquelles elles s’organisent – afin de discuter des voies pour renforcer les mouvements des femmes contre les violences basées sur le genre en Afrique conflictuelle ou post-conflictuelle.

"A vrai dire, les gens - même les femmes – ne prennent pas au sérieux le viol [en Sierra Leone]", a-t-elle souligné. "Pour eux, c’est un mode de vie, mais ils ne savent pas comment cela affecte les femmes. Même quand les victimes essaient de parler franchement, elles n’obtiennent pas justice. Si elles vont au commissariat, le violeur ira donner de l’argent à la police et les victimes continueront de souffrir. Alors, certaines victimes font recours au silence, mais souffrent du traumatisme à jamais".

Françoise Mukuku, la coordinatrice d’un jeune Groupe féministe en République démocratique du Congo (RDC), a confié à IPS que le viol sévissait encore dans la partie orientale du pays.

"Les gens qui sont en train de combattre en RDC viennent du Rwanda, du Burundi, certains viennent de l’Ouganda comme la LRA [Armée de résistance du seigneur] qui sont actifs au Congo. Nous avons la même culture selon laquelle la femme appartient à l’homme. Alors, si vous voulez humilier le mari, vous violez sa femme ou sa fille", a indiqué Mukuku.

"J’ai rencontré des femmes qui ont été violées par des gangs et ont attrapé le VIH/SIDA comme conséquence. L’est de la RDC a [tellement] de cas de fistule, non pas simplement à cause de l’accouchement, mais surtout du fait du viol de la part des gangs".

Mukuku a dit que le viol et d’autres formes de violences sexuelles humilient non seulement les femmes, mais brisent leur confiance, et les empêchent de participer aux activités de développement.

"Nous sensibilisons les femmes à prendre la parole, à parler franchement du viol. Nous disons aux femmes que notre culture et la religion ne nous aident pas à mettre fin au viol. Nous devrions trouver un troisième moyen de parler fort parce que c’est nous qui comprenons ce que nous sentons lorsque nous sommes violées", a-t-elle ajouté.

Solome Nakaweesi Kimbugwe, directrice exécutive de ‘Akina Mama Wa Africa’ (AMwA), a déclaré que l’échec des protections juridiques, ainsi que la pauvreté et l’analphabétisme ont rendu les femmes vulnérables aux violences basées sur le genre.

Elle a affirmé que les femmes ne jouissent pas généralement d’une indépendance économique et sont privées de l’opportunité de décider de la façon d’utiliser même les ressources limitées à leur disposition, sont confrontées à la tâche pénible de défendre leurs droits légaux. "Même si une femme a vendu un poulet, l’argent n’est même pas suffisant pour prendre un avocat. Les lois sont là, mais elles ne sont pas mises en application. Le système et les procédures judiciaires portent préjudice à la femme", a expliqué Kimbugwe.

Les activistes à cette rencontre régionale à Kampala ont noté que les cas de viol et d’abus sexuel n’ont pas fait correctement l’objet d’enquêtes approfondies, avec des exceptions limitées en Sierra Leone, au Rwanda et en RDC. AMwA a lancé un programme des violences basées sur le genre, pour trois ans, dans la Région des Grands Lacs, et en Afrique de l’ouest qui impliquera, entre autres activités, l’enquête sur des abus pour renforcer le plaidoyer en vue de meilleures politiques.

Annie Chikwanha, professeur principal à ‘African Human Security Initiative Institute For Security Studies’ (l’Institut pour les études de sécurité de l’initiative africaine de sécurité humaine), a indiqué que l’enquête sur de telles expériences est nécessaire pour vaincre le silence imposé sur les victimes des violences sexuelles.

"Il y a une sorte de honte qui contraint nombre d’actions des femmes. Que diront les communautés si le monde entier sait que j’ai été violée? Nous nous stigmatisons même plus à cause de toute cette forme de honte", a-t-elle déclaré.

"Et les femmes qui sont violées sont les plus pauvres; alors, elles n’ont aucun recours parce qu’elles n’ont pas une voix. Mais ce sont les femmes qui souffrent de ces atrocités; alors, elles devraient en parler au lieu d’un tiers qui peut déformer les informations".

Chikwanha a souligné la difficulté de collecter des informations sur les violences basées sur le genre.

"Il y a tellement de complexes culturels contre les femmes. Il est très difficile à la femme de parler librement avec franchise; parfois la femme demande l’autorisation juste pour parler à un étranger", a-t-elle affirmé.

"J’ai vécu une expérience en conduisant des enquêtes dans des zones rurales en Afrique : vous devez, la plupart du temps, demander l’autorisation de l’homme avant d’accéder à la voix de la femme. Et l’homme insiste à écouter la conversation. Alors, la femme se sent gênée de parler franchement. Nous disons maintenant : rendons autonome la femme avec des compétences pour que ces expériences fassent l’objet de recherches".

Elle a dit que le manque de statistiques a affecté la programmation des services en faveur de la femme dans les zones touchées par les conflits. Reprenant un thème similaire, Awino Okech a confié à IPS qu’il y a un besoin d’inclure des mesures de lutte contre les violences basées sur le genre dans les interventions politiques dans les situations conflictuelles ou post-conflictuelles.

"Dans des situations où il y a un soutien psychosocial pour les femmes, les filles traumatisées et même les hommes dont des parentes ont été violées, comment espérer un rétablissement de cette famille ou de ces individus? Des femmes meurent silencieusement des effets dus au viol comme la fistule; beaucoup ont le VIH/SIDA et d’autres infections sexuellement transmissibles... Mais où peuvent-elles aller pour un traitement dans des cas où vous devez parcourir des kilomètres afin d’accéder à une unité de santé qui n’est pas équipée de médicaments?".

Okech travaille au Centre africain pour la résolution constructive des conflits, qui met l’accent sur la résolution des conflits, le dialogue et le développement institutionnel comme la solution aux défis présentés par les conflits à travers l’Afrique. Elle a déclaré que la lutte contre les violences basée sur le genre a rarement été une priorité, mais qu’une telle réponse est importante en vue d’un rétablissement des victimes.

Hyacinthe Budomo, conseiller de genre, à la Conférence internationale sur le secrétariat de la Région des Grands Lacs, a dit à IPS que l’impunité pour les auteurs des crimes sexuels pourrait être éliminée si les pays profitaient des institutions régionales et des cadres juridiques existants.

"Nous devons réformer les codes pénaux dans les Etats membres de la Région des Grands Lacs. Nous avons besoin d’une coopération judiciaire entre les Etats membres de la région. Nous devons former la police afin de mettre fin aux violences basées sur le genre", a souligné Budomo.

"Je crois fortement que si les femmes se réunissent comme en réseau et font pression en vue des réformes au cas où il n’y a pas de lois, et en vue d’une mise en vigueur au cas où des lois qui existent, je crois que nous trouverons une porte de sortie de cela. Nous avons de bonnes lois au niveau international, mais la plupart de ces lois n’ont pas été intégrées par les Etats dans leurs arsenaux juridiques. Alors, la mise en œuvre de ces lois est toujours tirée par les cheveux. Donc, il y a beaucoup de travail à faire : avant tout, ratifier ces lois et se les approprier. Autrement, elles restent dans les placards pendant que les femmes continuent d’être violées et abusées sexuellement". (FIN/2009)

lundi 11 mai 2009

Formation en aide psychosociale pour soutenir les victimes de violences basées sur le genre

Source: Multi-country demobilization and reintegration program

Date: 10 May 2009 A&N no. 5

Le projet d'Apprentissage pour l'égalité, l'accès et la paix (LEAP de son sigle anglais) a financé une formation pour le traitement des troubles liés aux traumatismes chez les victimes de violences basées sur le genre.

Pendant trois semaines de janvier à février 2009, trente et un hommes et femmes congolais ont reçu une formation en aide psychosociale sur les traumatismes par un groupe de cinq experts financés par le programme LEAP du MDRP.

Les participants – des travailleurs sociaux ou de la santé, et même des docteurs – ont été choisis dans des hôpitaux et centres de santé de l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) où la population civile a été la plus touchée par les conflits prolongés et la violence de la dernière décennie s'y rapportant.

Dans cette région, les services de santé mentale pour la population locale, surtout pour les victimes de violences liées au genre, sont presque inexistants. Il n'y a aucun psychiatre local dans les Kivus. Les infirmières et les travailleurs sociaux sont surchargés de travail et n'ont pas accès aux formations appropriées pour pouvoir donner un soutien psychologique.

L'horrible héritage de la guerre

En RDC, le viol a souvent été utilisé comme une arme de guerre. Dans les provinces de l'est, les histoires de viol contre des femmes ou des enfants, et de plus en plus contre les hommes, sont monnaie courante. La tranche d'âge des victimes s'accroit, car sont visés non seulement les jeunes filles et les femmes, mais aussi les enfants et les femmes âgées.

Il est impossible d'estimer l'étendue des violences liées au genre en RDC car il y a peu de plaintes, les victimes manquant d'accès aux structures appropriées, ayant honte ou peur de représailles. Mais depuis le début de la guerre, il est probable que le nombre de victimes approche les centaines de milliers.

Le soutien aux victimes de violences liées au genre doit à la fois traiter l'impact psychologique ainsi que la question du retour des victimes dans leurs communautés, où elles sont souvent stigmatisées (rejet par leur mari et leur communauté, rejet des enfants nés des viols). Ce n'est qu'avec cette approche combinée que les victimes peuvent retrouver une vie normale.

Stagiaires-patients

A Bukavu, les participants et les formateurs se sont rencontrés tous les jours pendant trois semaines. Ont eu lieu des cours théoriques (comment le cerveau fonctionne-t'il ? qu'est ce que le syndrome de stress post-traumatique - SSPT ? comment le traitement se passe-t'il étape par étape ?) et des exercices pratiques. Ce qui d'habitude s'apprend par des jeux de rôles était ici bien ancré dans la réalité. En effet, la plupart des participants exhibaient eux-mêmes des symptômes de traumatismes, de la dépression à la névrose traumatique.

« Nous allions travailler dans l'est de la RDC, où les conflits durent depuis des années. Donc je savais qu'il y aurait sans doute quelques participants qui auraient des symptômes traumatiques. Mais je ne savais pas que presque tous seraient dans cette situation. Le seul autre endroit où j'ai vu tant de problèmes psychologiques chez les participants était Kabul » dit Dr. Elisabeth Schauer, l'une des cinq formatrices.

Une "ligne de vie" de fleurs et de pierres

La plus grande part de la formation était consacrée à la thérapie narrative par exposition (TNE – voir encadré ci-dessous). Ce traitement, qui cible directement le traumatisme, est court –pas plus de 10 séances- et vise à aider les patients à réduire de façon significative le SSPT et à fonctionner de nouveau normalement au quotidien. La peur ou la tristesse extrêmes qui peuvent être ressenties durant un événement traumatique change la structure et le fonctionnement de certaines parties du cerveau où notre mémoire autobiographique est emmagasinée. En revivant ces événements durant les séances de thérapie, la « structure de peur » de la mémoire est détruite et la guérison peut commencer.

Le traitement est représenté visuellement par une corde (la vie), et par des fleurs et des pierres placées par le patient à différents intervalles sur la corde pour représenter les événements les plus importants de leur vie. Les fleurs représentent les épisodes joyeux (naissance, école) et les pierres symbolisent les expériences tristes ou effrayantes (mort d'un proche, peur extrême, viol).

" Les participants qui passent eux-mêmes par cette forme de thérapie deviennent les meilleurs praticiens » ajoute Schauer. « Cette forme d'enseignement est très efficace chez les adultes, car ils ont besoin d'apprendre non seulement la théorie mais aussi en guérissant les épisodes douloureux de leur propre passé. Les symboles reçoivent tous une date, un nom et un lieu, et la corde devient alors la 'carte' à suivre pour la thérapie. Le plus de temps est consacré aux pierres les plus grosses, qui représentent les évènements traumatisants. »

Les participants ont aussi appris à dépister le SSPT et les autres troubles traumatiques, et ont acquis des compétences essentielles d'aide psychosociale.

A la fin des trois semaines de formation, en plus de l'évaluation des participants pendant les exercices pratiques, ceux-ci ont aussi passé un examen théorique pour s'assurer qu'ils étaient prêts à mettre en pratique ce qu'ils avaient appris.

Visites de soutien régulières

Peu de temps après la fin de l'apprentissage, les formateurs on rendu visite aux participants sur leur lieu de travail pour les aider dans d'autres aspects de l'aide psychosociale aux victimes de traumatismes, par exemple pour déterminer comment enrôler les patients et comment garantir un diagnostic sûr. Ceci est essentiel pour que la meilleure option de traitement soit choisie.

En mars, les formateurs sont retournés en RDC pour voir de nouveau les participants et s'assurer qu'ils parvenaient à remplir leur nouveau rôle de thérapeutes. Ils en ont encouragé certains à travailler à deux, l'un écoutant le patient et le deuxième prenant des notes.

Enfin, une récente visite a eu lieu fin avril. Ce suivi est important car il a permis aux formateurs de répondre aux questions auxquelles les participants avaient été confrontés en pratiquant la TNE. De plus, le suivi a permis de garantir le soutien des différentes institutions et organisations impliquées dans les services de santé mentale.

Schauer explique : « Tous ceux qui ont participé à la formation ont déjà un travail. C'est bien, parce que cela leur assure un revenu régulier, mais nous voulons aussi nous assurer que leurs descriptions de poste soient ajustées pour leur permettre de passer environ 50% de leur temps en soutien psychosocial. Ils ont besoin d'utiliser leurs nouvelles compétences pour les maintenir à bon niveau, mais nous ne voulons pas qu'ils le fassent en dehors du travail. C'est une occupation difficile qui demande beaucoup d'énergie à la fois chez le patient et chez le thérapeute. »

Les résultats de ce projet seront analysés en vue d'une expansion possible à d'autres localités. L'équipe du projet veut aussi explorer les liens entre le soutien psychosocial aux traumatisés et le soutien au rétablissement socioéconomique.

Le syndrome de stress post-traumatique etla thérapie narrative par exposition

Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est un trouble d'anxiété qui peut se produire chez une personne ayant vécu un événement traumatique. « Traumatisme » est dérivé d'un mot grec signifiant « blessure de l'âme ». La psychologie clinique définit le traumatisme psychologique comme l'expérience et l'impact psychologique d'événements graves au cours desquels la victime a peur pour sa vie et qui ont des effets si néfastes que la victime est horrifiée et se sent sans défense pendant et peu de temps après l'événement.

Après le traumatisme, les victimes ont souvent des souvenirs bouleversants de ce qui s'est passé, ont du mal à dormir, se sentent anxieuses ou nerveuses, ou bien ne trouvent plus d'intérêt aux choses qu'elles aimaient auparavant. Pour certains, ces réactions ne disparaissent pas et peuvent même empirer avec le temps. Ceux-là souffrent du symptôme de stress post traumatique (SSPT).

Le SSPT modifie le fonctionnement du cerveau de ceux qui en souffre. Le stress provenant d'un traumatisme peut fortement endommager le cerveau (au point d'être visible sur un scanner).

Les traitements basés sur l'exposition et les thérapies cognitivo-comportementales sont les moyens les plus efficace de traiter le SSPT.

La thérapie narrative par exposition (TNE) trouve ses racines dans la thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie d'exposition et la thérapie de témoignage. Elle les adapte pour les populations vivant en milieu pauvre et qui ont du faire face à de multiples traumatismes. C'est une option de traitement pratique et basée sur les faits qui englobe les théories psychologiques actuelles et les approches de traitement du SSPT, et qui permet de disséminer cette approche aux thérapeutes non-spécialistes.

Le thérapeute de TNE prend part à l'histoire du patient en exprimant et en imitant les sensations, le comportement et les détails du passé dans le présent. Il accompagne pleinement la victime à tous les niveaux (sensoriel, cognitif, physiologique, émotionnel). Son état d'esprit peut être décrit comme empathique et sans jugement, comme dans les thérapies humanistes. Cependant il guide le patient pour l'amener à confronter les moments de peur tout en racontant son passé.

En plus d'atténuer les symptômes de traumatisme, la TNE produit un document qui représente la biographie du patient – ses expériences de perte, de peur, d'anxiété, de joie et d'espoir. Les expériences positives font prendre conscience au patient de ses propres ressources stratégies d'adaptation.

L'efficacité de la TNE a été confirmée dans plusieurs groupes cibles, notamment les réfugiés enfants et adultes en Europe et dans différentes régions d'Afrique, les enfants et adultes en Asie après les conflits et le tsunami, les ex-combattants en Somalie, les veuves et orphelins du génocide rwandais, et les enfants soldats du nord de l'Ouganda.

mercredi 22 avril 2009

Goma : de nombreux militaires condamnés pour violences sexuelles

Source: Le Potentiel - Date: 15 Apr 2009


Chaque semaine, des audiences publiques organisées par les juridictions civiles et militaires de Goma condamnent des responsables de violences sexuelles. Les victimes, aidées par des cliniques juridiques, sont de plus en plus nombreuses à porter plainte.

Les trois dernières semaines de mars ont été animées dans la cour du quartier général de la 8ème Région militaire à Goma, au Nord-Kivu. Le matin, sous la longue et lourde tente verte, hommes et femmes s'entassent sur les dizaines des bancs en planches. Dans l'assistance, derrière les accusés, des militaires, des avocats, mais aussi de nombreux civils venus assister au déroulement des procès. Parmi eux, des curieux, des défenseurs des droits de l'homme et des proches des jeunes filles et des femmes victimes de viols et autres violences sexuelles. C'est ici, en effet, que sont jugés les auteurs militaires de ces crimes, qui ne bénéficient plus de l'impunité de naguère.

Car un phénomène nouveau est apparu en 2007 : des cliniques juridiques aident et accompagnent les familles de victimes dans leur demande de réparation adressée aux juridictions civiles et militaires. «Chaque mois, nous enregistrons une trentaine de cas de viols et nous orientons les victimes vers la Justice», explique Eugène Buzake, avocat et coordonnateur de la Synergie pour l'assistance juridique (SAJ) aux victimes des violences sexuelles. L'assistance juridique donne confiance

Il y a quelques années, ces faits échappaient pour la plupart à la Justice. Les victimes, dépourvues de moyens et inquiètes des représailles, gardaient le silence. «Ma cousine de 12 ans a été violée en décembre 2006, témoigne Nestor Mianitse, déplacé venu du territoire de Masisi, à 81 km au sud-ouest de Goma. Bien que connaissant les coupables, la famille ne pouvait pas porter plainte, car elle était régulièrement menacée». «Les gens avaient énormément peur de venir dénoncer les coupables. Le plus souvent, la victime était poursuivie par son bourreau et les plus tenaces devaient faire face à d'énormes frais de justice difficilement supportables», explique le Coordonnateur des projets de la SAJ. Mais aujourd'hui, la volonté d'ester en justice se fait sentir dans la population. L'assistance offerte par les cliniques juridiques permet aux victimes de mieux connaître leurs droits et de ne pas craindre les représailles. Créés, pour les plus récents, il a plus d'un an, ces organismes, financés par des Ongs, prennent en charge tout le processus judiciaire. La victime et sa famille bénéficient gratuitement d'une assistance juridique qui couvre tous les frais de justice.

Avant, pendant et après le procès, la sécurité de la victime est garantie et assurée à tout instant pour la mettre à l'abri de représailles et son transport de son village jusqu'au siège de la juridiction saisie pris en charge.

Autant d'avantages qui encouragent aujourd'hui à porter plainte devant les juridictions. Grâce à l'efficacité de leurs actions, les quelques cliniques juridiques opérationnelles ont tissé des liens de collaboration avec la Justice. «Même quand la victime n'est pas passée par notre filière, l'Auditorat militaire ou le Parquet font désormais appel pour l'assister», explique E. Buzake. «Ce sont les avocats de SAJ qui m'ont aidée dans mon procès, que j'ai gagné, témoigne la mère d'une victime. J'avais peur de venir moi-même devant le magistrat porter plainte contre le militaire qui venait de violer ma fillette. C'est le chef d'avenue qui m'a conduite au bureau de SAJ où j'ai été accueillie et assistée tout au long du procès.»

PRES DE 350 EN PRISON

Grâce à cette prise en charge, les plaintes sont de plus en plus nombreuses, contribuant ainsi à réduire l'impunité. L'assistance des avocats favorise le traitement rapide et efficace des dossiers devant la Justice.

Chaque jour, des audiences se tiennent à la prison centrale de Munzenze, au Parquet comme à l'Auditorat, s'appuyant sur la récente loi sur les violences sexuelles. Celle-ci prévoit pour les auteurs de ces crimes des peines de 5 à 20 ans de servitude pénale.

Aujourd'hui, près de la moitié des quelque 700 pensionnaires de la prison de Munzenze ont été condamnés en vertu de cette loi, alors qu'ils représentaient seulement un tiers de la population carcérale il y a moins de six mois. «La plupart des auteurs sont des militaires et des policiers. Une fois le jugement prononcé, la procédure de dédommagement suit», explique le Lieutenant Faustin Katsuva, magistrat à l'Auditorat de garnison de Goma.

C'est à ce sujet, cependant, que des victimes expriment encore leur insatisfaction. «La condamnation civile qui suit le jugement n'est pas toujours exécutée. Même quand l'État est condamné en solidarité avec le coupable, il ne s'acquitte pas», se plaint Eugène Buzake. «C'est le grand regret qui nous ronge le cœur», ajoute Mireille Bukama, parente d'une victime. «Dans la plupart des cas, rétorque le magistrat Faustin, les coupables sont de simples militaires sans moyens, incapables de s'acquitter des énormes dommages et intérêts fixés par la loi.»

SYFIA GRANDS LACS/LP

lundi 16 mars 2009

Difficile retour au village pour les femmes violées

Soignées en ville, des milliers de femmes des campagnes du Sud-Kivu violées ou violentées ne peuvent plus retourner dans leurs villages, à cause du regard des gens. Contraintes de devenir citadines, elles ont du mal à s’adapter malgré l’assistance des Ongs…

K.A. garde encore vivaces les souvenirs atroces des viols qu’elle a subis dans son village du territoire de Shabunda, à 345 km à l’ouest de Bukavu à l'Est de la RD Congo. "Mes bourreaux ont abusé de moi après avoir tabassé mon mari, raconte-t-elle. Ils l’ont obligé à assister à la scène horrible devant nos enfants. Après, mon mari m’a abandonnée avec les enfants…" Aujourd’hui, après des traitements suivis au centre hospitalier de Panzi qui soigne la plupart des femmes violées de l’est du pays, elle tente comme des milliers d’autres femmes qui ont connu le même sort, de se refaire une nouvelle vie en ville. Mais pour elles, c’est une bataille qui est loin d’être gagnée. "Je n’arrive pas à m’habituer aux exigences de la vie urbaine : payer la nourriture, l’eau, le loyer…", se plaint K.A.
Ces femmes victimes des viols et violences sexuelles qui arrivent des milieux ruraux vers la ville, sont généralement prises en charge pour leurs soins, par des associations et centres d’accueil. Mais, une fois traitées, elles ne peuvent souvent pas retourner chez elles à cause des regards que les gens portent sur elles. "Dans mon village où sont malheureusement restés mes champs, c’est difficile de croiser les regards, de relever la tête …", regrette l’une d’elles, soignée de fistule.
Statistiques effrayantes

Contraintes finalement de vivre en ville, ces femmes reçoivent de l’aide de différentes organisations pour qu’elles se réinsèrent petit à petit au sein de la société. Mais cela ne se passe pas sans mal. "Avant, nous avions l’appui du PAM (Programme alimentaire mondial) et nous donnions des vivres aux victimes des violences sexuelles, se rappelle Herman Mukwege, animateur principal de la Maison Dorcas qui encadre ces personnes à l’hôpital de Panzi. Maintenant nous leur donnons des micro crédits, mais elles ont de la peine à se prendre en charge, car nombre d’entre elles ont été habituées à la gratuité".
Selon Mapendo Matabaro, éducatrice à la Maison Dorcas, 80% des femmes violées reçues dans cette structure ne savent ni lire ni écrire. "Cet analphabétisme contribue à la mauvaise gestion de petites activités qu’elles entreprennent. Elles échouent le plus souvent dans le petit commerce", explique-t-elle
Chef de division du Genre, femme et enfant, Marie José Kambaji estime à plus de 44 000 le nombre de femmes qui ont été violées par des hommes en armes dans la seule province du Sud-Kivu, entre 2004 et 2007. Pour la seule année 2008, plus de 10 000 cas commis toujours par des hommes en armes ont été rapportés. "C’est sur ces milliers de femmes que repose pourtant la survie de beaucoup de ménages tant en ville que dans la campagne", regrette la Chef de division.

Pas de souci pour celles qui s’en sortent

Quelques rares victimes réussissent à se tirer d’affaires malgré tout. Après avoir été prise en charge durant six mois au centre Dorcas, M.J. a retrouvé le sourire et le goût de vivre comme par le passé. "Depuis que je me suis rétablie, je fais des navettes au Rwanda voisin où j’achète des petits trucs que je revends à crédit à mes voisines. J’avais commencé avec 20 $, maintenant j’ai un capital de près de 200 $, se réjouit-elle. Je sais payer mon loyer et nourrir assez bien mes quatre enfants".
Sa copine venue de Walungu (ouest de Bukavu) exerce la même activité et s’accommode aussi bien de sa nouvelle vie. "Je ne me fais plus de souci même si mon mari m’a répudiée. Je noue sans beaucoup de peine les deux bouts du mois et je n’ai plus de compte à rendre à qui que ce soit", raconte-t-elle fièrement.

Bukavu, 14/03/2009 (Syfia Grands Lacs

Violences faites aux femmes : Ban Ki-Moon réagit

Dans un discours prononcé en rapport avec la Journée internationale de la femme du 8 mars, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à accentuer l'action internationale contre la violence faite à l'égard des femmes et des jeunes filles.

M. Ban s’est exprimé avec conviction. « La violence contre les femmes ne peut être tolérée, sous aucune forme, dans aucun contexte, aucune circonstance, de la part d’aucun dirigeant politique ou gouvernement » a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, qui rentrait d’une tournée en Afrique, au cours de laquelle il a fait escale en République Démocratique du Congo (RDC), pays où l’on use du viol comme arme de guerre.

« La violence contre les femmes est une abomination. Je souhaite la qualifier de crime contre l’humanité » a ajouté M. Ban.

Dans son discours, le secrétaire général de l’ONU a évoqué sa rencontre avec une jeune fille de 18 ans, dans un hôpital de Goma. « Alors qu’elle fuyait les combats qui ont détruit son village, elle a été violemment et brutalementviolée par quatre soldats à la pointe d’un revolver. Les médecins de l’hôpital peuvent soigner ses blessures. Mais peuvent-ils soigner son âme ? » a demandé M. Ban.

Le secrétaire général de l’ONU a ajouté avoir évoqué ces atrocités inexprimables lors de sa rencontre avec le président congolais Joseph Kabila.

« Le fait est que 80% des violences sexuelles sont le fait de groupes armés ou de rebelles. Mais j’ai dit au président Kabila que ce n’est pas une excuse. En tant que dirigeant du pays – dirigeant souverain d’un pays souverain – il doit être responsable à chaque fois que ces violences sexuelles surviennent » a dit M. Ban.

Selon les Nations Unies, une femme sur cinq de par le monde sera violée, ou victime d’une tentative de viol. Dans certains pays, une femme sur trois est battue ou subit d’autres sévices. Souvent, les coupables restent impunis.

S’attaquer aux femmes, c’est comme s’attaquer à la société, a ajouté le secrétaire général de l’ONU, les femmes étant l’un de ses piliers. Et M. Ban a appelé les hommes, comme les femmes, à s’unir pour promouvoir la non-violence.

Mary Robinson appelle les dirigeants européens à honorer leurs promesses

PARIS, France, 16 mars 2009/African Press Organization (APO)

Mary Robinson – ancienne Présidente de la République d’Irlande et Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Présidente honoraire d’Oxfam International - mène actuellement une tournée de plaidoyer auprès des dirigeants européens à Paris, Londres et Bruxelles pour rappeler la gravité du conflit qui perdure à l’est de la République démocratique du Congo où la recrudescence des combats frappe de plein fouet les civils ces derniers mois.

Mary Robinson s’est rendue à Goma à l’est du Congo la semaine dernière en compagnie de Nyaradzayi Gumbonzvanda, Secrétaire générale du World YWCA, avocate et ardente défenseure des droits des femmes et de Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France - Agir ici, dans le cadre d’une mission d’information pour Oxfam International. Au cours de ce déplacement, elle s’est entretenue avec le Président Joseph Kabila et le Président Paul Kagame. Les deux présidents ont confirmé leur souhait de renforcer et de normaliser leurs relations bilatérales et de travailler ensemble à l’établissement de la paix au Nord et au Sud du Kivu.

Mary Robinson sera reçue à l’Elysée aujourd’hui, quelques jours avant le déplacement fin mars de Nicolas Sarkozy en RDC. Elle poursuivra sa tournée demain et mercredi à Londres et Bruxelles pour demander aux dirigeants européens de redoubler d’efforts pour faire avancer le processus de paix et de tout mettre en œuvre pour protéger les civils en danger.

Depuis janvier, plus de 160 000 personnes ont été déplacées au Nord Kivu et une centaine ont été tuées au cours d’attaques de représailles lancées par le groupe rebelle du FDLR. De nombreux cas de pillages et de viols ont été rapportés. Mary Robinson s’est félicitée du développement des relations bilatérales entre la RDC et la Rwanda tout en appelant l’Europe à intensifier son soutien au processus de paix et à honorer ses promesses d’envoyer des casques bleus supplémentaires.

« La RDC a disparu du radar des diplomates, alors que la situation sur le terrain est extrêmement précaire. La pratique du viol est toujours endémique, frappant des femmes de 8 à 80 ans, victimes d’un flot continu de violence menée par des hommes armés. Pillages, enlèvements, travail forcé sont toujours des réalités quotidiennes. Pour qu’il y ait une chance d’amélioration de la situation, il faut un déploiement d’urgence des 3 000 casques bleus supplémentaires promis en novembre dernier », déclare Mary Robinson.

Les 3 000 soldats de maintien de la paix supplémentaires, dont l’envoi pour renforcer la MONUC avait été voté en urgence par les Nations unies en novembre dernier, n’ont toujours pas été déployés. Sur place on attend toujours du matériel indispensable comme des avions de transport ou des hélicoptères pour permettre aux casques bleus de faire leur travail. Seule la Belgique a promis d’envoyer un avion et les Nations unies – 18 hélicoptères et un avion de transport.

« La France, qui s’est fortement impliquée dans la réforme de l’armée et de la police en RDC, doit aussi s’assurer que l’Union européenne renforce son soutien à la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) à travers la mission de l’EUSEC dont le mandat doit être prolongé et les capacités largement renforcées pour être à la hauteur du travail à accomplir » dit Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France – Agir ici.

Mary Robinson a appelé le Royaume-Uni, la France et l’Union européenne à tout mettre en œuvre pour que ces effectifs supplémentaires soient déployés de toute urgence sur le terrain et disposent du matériel nécessaire pour intervenir. Elle a également appelé les dirigeants européens à soutenir le renforcement des relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda et à intensifier leurs efforts pour faire avancer le processus de paix, notamment les efforts régionaux pour répondre aux besoins spécifiques de protection des femmes.

La violence sexuelle est l’un des impacts les plus dramatiques du conflit, mais Mary Robinson accueille positivement la volonté régionale d’intégrer davantage les femmes congolaises et rwandaises dans le processus de paix. Les deux présidents ont exprimé leur intention de soutenir les efforts des organisations de défense des femmes qui travaillent de part et d’autre des frontières rwandaise et congolaise en faveur de la paix. Pour soutenir cette initiative, le Rwanda accueillera les 19 et 20 mars prochains un Forum de femmes des 11 pays de la région des Grands Lacs.

« Si chaque pays de la région des Grands Lacs adoptait des plans d’action impliquant les femmes à tous les niveaux, leurs voix pourraient être entendues. Celles que j’ai rencontrées en RDC veulent être des actrices du changement, et refusent de continuer à être utilisées comme armes de guerre en étant les trop nombreuses victimes de viol et d’agression sexuelle », souligne Mary Robinson.

En RDC comme au Rwanda, les femmes souhaitent établir et renforcer les liens entre elles.

A Goma, la délégation a pu rencontrer des victimes de la violence sexuelle endémique au conflit, des enfants soldats rescapés et des familles de déplacés qui vivent dans des camps surpeuplés dans la région.

« Ce sont les civils qui se retrouvent au cœur de la crise. J’ai rencontré une jeune fille de 17 ans, enceinte de 4 mois. C’était l’une des 6 filles parmi 300 garçons au centre de transition et de réhabilitation pour enfants soldats. Nous devons nous engager à aider ces enfants à avoir une chance dans la vie et à vivre une vie d’enfants » ajoute Nyaradzayi Gumbonzvanda.

SOURCE : OXFAM International

mardi 3 février 2009

Cris de femmes en RDC


Claude Lévesque
Édition du mardi 03 février 2009

En plus de faire des millions de morts, les guerres qui ont ravagé la République démocratique du Congo (RDC) depuis un peu plus d'une décennie ont donné lieu à d'innombrables actes de violence sexuelle contre les femmes, des crimes qui continuent même quand les armes se taisent.

Les auteurs sont des policiers, des soldats de l'armée régulière et des miliciens, mais aussi des civils», explique Bernadette Ntumba, porte-parole de la Commission pour la lutte contre les violences sexuelles dans le territoire d'Uvira (province du Sud-Kivu), venue participer au lancement de la campagne «SOS RDC» d'Amnistie internationale.



Depuis l'automne dernier, c'est surtout la province voisine du Nord-Kivu, où la guerre ouverte a repris, qui retient l'attention. Mais les autres régions du Congo ne sont pas épargnées par la violence exercée contre les femmes, et ce, pour plusieurs raisons. Il y a d'abord le fait que les anciens combattants, une fois démobilisés, «gardent la même mentalité, selon Mme Ntumba, que Le Devoir a rencontrée la semaine dernière. Quelle mentalité? Celle du combattant d'«une guerre qui finit dans le ventre des femmes».

Ajoutez à cela l'impunité qui persiste malgré les lois congolaises censées punir les auteurs de ce genre de crime, et vous avez une situation où le mauvais exemple se propage. «De plus en plus, les auteurs de viols sont des civils», signale Mme Ntumba.

Certes, la guerre a exacerbé le problème. Ce n'est pas pour rien que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, l'an dernier, une résolution pour bien préciser que la violence sexuelle en situation de conflit constitue un crime de guerre.

Toutefois, Bernadette Ntumba met également en cause le contexte culturel. «Selon la coutume, la femme est considérée comme un objet. C'est pourquoi il est possible d'entrer dans une maison et de violer des femmes et des filles, même devant le mari. Autrefois, la coutume voulait qu'un homme enlève une femme, mais le lendemain, sa famille s'excusait et discutait d'une dot à payer. Maintenant, on prend simplement la femme puis on la laisse, avec les séquelles.»

On devine le genre de séquelles: des maladies comme le VIH-sida, dont le taux est très élevé dans l'est de la RDC, le rejet par la famille et la communauté, les enfants issus des viols, qui finissent souvent dans la rue.

Bernadette Ntumba porte aussi le titre de coordonnatrice de l'Association des mamans chrétiennes pour l'assistance aux vulnérables. Cet organisme a été créé en 1999, non pas en réaction à la violence sexuelle, mais plutôt à celle qui était alors faite aux vieillards, hommes ou femmes, que l'on accusait couramment de sorcellerie. Les «mamans chrétiennes» sont venues en aide à des centaines de ces personnes âgées, en leur procurant vêtements et nourriture, tout en plaidant pour leur réinsertion sociale.

C'était à l'époque où, dans les deux Kivu, la guerre civile faisait rage entre l'AFDL de Laurent Kabila -- le père du président actuel -- et le régime en déroute de Mobutu Sese Seko. Des soldats congolais, de même que des militaires rwandais et ougandais (alliés à cette époque à Laurent Kabila), vivaient dans des camps en pleine forêt. À l'occasion, ils razziaient les villages pour y violer les femmes, «non pas tant pour le plaisir que pour les détruire».

Des femmes comme Bernadette Ntumba ont pris contact avec des coopérants suisses oeuvrant au Burundi, de l'autre côté de la frontière. Plusieurs victimes de viols ont pu ainsi recevoir des soins et des conseils psychologiques.

«En 2002, nous avons lancé un cri d'alarme, avec le slogan "SOS femmes en danger", se souvient Mme Ntumba. La venue de nombreux journalistes européens a aidé à faire connaître la situation des femmes de la RDC.»

Sept ans plus tard, la militante doit encore marteler le même message, mais elle n'a pas perdu l'espoir. «Ça va changer si tout le monde s'implique: la société civile, le gouvernement congolais et la communauté internationale, dit-elle. Actuellement, le gouvernement s'en désintéresse: le système judiciaire ne fonctionne pas, il faut le rebâtir.»

Sur le thème de «SOS RDC», la section locale d'Amnistie internationale lançait la semaine dernière une campagne à volets multiples. L'organisation demande notamment au secrétaire général de l'ONU de faire le nécessaire pour renforcer l'embargo sur les armes à destination du Congo et au gouvernement canadien d'aider les ONG congolaises qui travaillent sur le terrain auprès des victimes de violences sexuelles.

Bas-Congo : le préservatif féminin utile mais peu apprécié

29-01-2009
par Alphonse Safari Byuma


(Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Peu connu le préservatif féminin reste beaucoup moins utilisé que le condom masculin en République démocratique du Congo, notamment au Bas-Congo à l’ouest de Kinshasa. Efficace pour lutter contre les maladies sexuellement transmissibles et les grossesses indésirables, il est cependant mal accepté par les femmes.

Depuis plusieurs mois, un spot publicitaire diffusé sur les chaînes de télévisions de Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo à l’ouest de Kinshasa, met en scène deux jeunes filles en quête d’un condom féminin. "Nous cherchons le préservatif, le nôtre", clament-elles, s’adressant à un pharmacien. Lancé par l’Association pour le bien-être familial/Naissances désirables (Abf-Nd), ce spot a été conçu pour encourager les femmes de la région à faire usage de ce précieux outil de protection contre les maladies sexuellement transmissibles (Mst) et les grossesses non désirées. Ce condom est en effet très peu connu des gens au Bas-Congo et dans les autres provinces du pays. "J’ai appris qu’il existe mais je ne l’ai jamais vu", reconnaît Ruth Menga, devant un éducateur social de l’Abf-Nd, qui s’emploie à le vulgariser auprès du grand public.
A Matadi comme dans d’autres villes de la République démocratique du Congo, c’est plutôt le condom masculin qui est mieux connu et le plus souvent utilisé. Selon un récent rapport de l’Abf-Nd, environ 180 000 préservatifs masculins ont en effet été vendus ou distribués au Bas-Congo entre 2005 et 2007, contre près de 4 000 préservatifs féminins. "Cela est du à la faible sensibilisation des femmes", estime Simon Bamona, coordonnateur provincial intérimaire de cette Ong.

"Une histoire effrayante…"
Les femmes qui en connaissent l’usage restent cependant peu enclines à l'utiliser pour plusieurs raisons. Parmi elles il y a le poids de la tradition. Les tabous sur les questions de sexe sont si pesants dans la région que beaucoup n’osent pas prendre la liberté d'en parler aux hommes, surtout au foyer. "Je ne vois pas comment le proposer à mon époux. Il risque de me soupçonner d’infidélité ou d’être atteinte d'une maladie", dit une femme qui fait pourtant partie d’une structure de lutte contre le Sida. Elle préfère que ce soit lui qui porte "son préservatif."
Certaines femmes trouvent par ailleurs le préservatif féminin "trop visqueux et difficile à utiliser." "Je ne peux pas introduire cette histoire effrayante dans mon corps", s’écrie M.N., une jeune étudiante de Matadi. Une crainte qu’essaye de dissiper Jean de dieu Kanakaro de l’Association Santé familiale (Asf), une Ong qui lutte contre la malaria, le Vih/Sida et bat campagne en faveur de la planification familiale : "Très solide et très doux, ce préservatif peut être utilisé avec un lubrifiant à base d’eau, ce qui le rend très agréable et améliore le confort, rassure-t-il. Bien lavé et désinfecté, il peut être posé longtemps avant les rapports et être réutilisé une dizaine de fois au maximum."
Autre handicap majeur, ce moyen de protection contre les Mst est difficile à trouver dans les officines de la province. "Il n’est pas demandé et se vend plus cher que le condom masculin", affirme Gaston Milemeo, vendeur dans une pharmacie. Là où on en trouve, il est vendu à 250 Fc (0,35 $) la pièce, contre 100 Fc (0,14 $) pour un paquet de trois condoms masculins.

Les prostituées plus réceptives
C’est parmi les prostituées que l’usage de ce préservatif trouve par contre un écho favorable. Au camp Tchel de Matadi où nombre d’entre elles se sont installées, on en trouve parfois jetés dans des caniveaux, après leur usage. L’une d’elles explique pourquoi elle l’utilise : "Les hommes ne sont pas toujours tendres envers nous. Leur brutalité déchire parfois leur propre capote et cela nous expose aux maladies. Depuis que je sais que le ‘nôtre’ existe, j’en ai en permanence." Pour ce groupe de femmes de plus en plus conscientes des risques qu’elles courent en ayant plusieurs partenaires sexuels, l’Asf organise chaque mois des rencontres pour les encourager à faire le test de dépistage des Mst.
Mais, pour convaincre une grande partie de femmes à accepter l’usage du préservatif féminin, certaines d’entre elles pensent que la meilleure solution serait d’impliquer les hommes dans cette campagne. "Il faut une bonne vulgarisation chez l’homme qui pourra à son tour convaincre la femme", suggère Liliane Mubika, une journaliste de la station locale de la Radio télévision nationale congolaise (Rtnc)


Rutshuru : les déplacés, entre crainte et espoir de retour
29-01-09 par Paul Durand

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) La reprise de Rutshuru par l’armée congolaise, le 22 janvier, donne à certains déplacés l’espoir de rentrer chez eux. Mais les incertitudes et les craintes persistent à Kiwanja, où un village de huttes s’est établi à l’ombre du camp de la Monuc. Reportage par un journaliste qui retrouve la ville qu’il a dû lui-même fuir il y a trois mois.


A Kinwanja, près de Rutshuru, au Nord-Kivu, le quartier général de la Monuc est comme englouti par des centaines de huttes couvertes de bâches blanches, construites serrées les unes contre les autres. Début novembre 2008, après de violents combats entre les Maï-Maï et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, des milliers d’habitants de Rutshuru et des environs se sont réfugiés soit à l’hôpital, soit ici, juste à côté de la base du contingent indien de la Monuc, dont ils attendaient aide et – surtout – protection. Aujourd’hui, presque trois mois plus tard, près de 2000 ménages vivent encore dans ce camp de déplacés, dans des conditions de logement déplorables. Mais le retrait du CNDP, dont le chef Laurent Nkunda est en résidence surveillée au Rwanda, le 22 janvier et la reprise de la région par l’armée officielle leur laissent entrevoir un retour chez eux.
A quelques mètres des huttes, l’entrée de l’aérodrome a est devenu un marché où femmes, vieux et enfants vendent des bananes, des avocats, des mangues, de la farine, du maïs, du savon, de l'huile végétale… De chaque côté de l’artère principale, des cases ont été transformées en débits de boissons traditionnelles. Certaines femmes de Kiwanja passent ici des journées entières à vendre leurs marchandises. "Je m'installe parce que dans mon quartier, je ne gagne pas beaucoup d'argent, explique Bi Jeanne, du quartier Buzito, assise dernière son étalage. Par contre ici, je peux facilement vendre pour 10 dollars par jour."
Parmi les femmes, certaines sont traumatisées par les violences sexuelles qu'elles ont subies et qu’elles n’acceptent de raconter qu'anonymement. Comme B. M., la quarantaine, originaire du groupement de Bukoma : "Je suis seule, mon mari a épousé une autre femme depuis que j’ai été violée par un homme armé dans la brousse où je me cachais. Ce bandit avait tiré sur ma fillette et comme mon mari avait pris la fuite, il n'a eu aucun mal à me prendre de force". Lorsqu’on lui demande qui est le père de l’enfant qu’elle porte dans ses bras, B. M. montre sa gêne: "J’étais enceinte avant d'être violée. Mon mari le sait bien, mais par crainte que je sois contaminée par le VIH/sida, il ne veut tout simplement plus de moi. Pourtant, j'ai été examinée et je suis séronégative."

Des traces profondes
M. E. aussi a été victime de violences lors de la guerre entre le CNDP de Laurent Nkunda et les forces gouvernementales : "J’étais aux champs quand la guerre a commencé. Je venais d'y passer trois jours. Trois hommes armés sont arrivés et m’ont violée. Je me suis fait soigner dans une structure de santé pour des troubles gynécologiques, mais je traîne encore les séquelles de ce viol."
Dans ce contexte de violence, la population locale n'a eu d'autre choix que de quitter maisons et villages pour trouver refuge aux alentours de la base de la Monuc. "La vie n’était plus possible là-bas. La seule présence d'un militaire du CNDP suffisait à installer la panique. Tout le monde se terrait dans sa case", explique M. Bazibaza, président du camp.
Ces expériences traumatisantes expliquent la méfiance qui continue de régner parmi ces déplacés. Certes, la reprise de Rutshuru par les forces gouvernementales fait naître un espoir de retour, précise le chef du camp. Mais la peur n’a pas disparu. La région reste fortement militarisée, avec la présence de l’armée congolaise, des troupes rwandaises et de quelques éléments du CNDP. Seul l’uniforme change : ce sont toujours des hommes en armes.
Le 27 janvier, M. Bazibaza a annoncé que la décision de retour aux villages d’origine des déplacés avait été prise. "Tout le monde est d’accord pour rentrer, mais nous avons besoin de l'aide des ONG pour faciliter les rapatriements", a-t-il ajouté. Ce n’est pas encore fait. En attendant, depuis quelques jours, les femmes du camp bénéficient d’une formation en coupe et couture, à l'initiative de la capitaine Alame, chargée de la communication publique à la Monuc : "Cette initiative a pour but de permettre à ces femmes de se prendre en charge quand elles seront de retour chez elles", explique-t-elle. Mais comme rien n’est sûr, une Ong française a malgré tout construit des latrines aux alentours du camp et assuré l'approvisionnement régulier en eau.

Goma : rire pour oublier les atrocités

22-01-2009
par Papy Okito Teme

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Depuis quelques mois, la population de Goma retrouve le sourire et la joie de vivre grâce à la comédie. Des acteurs bénévoles animent des rencontres avec ceux qui, à cause de la guerre, n'avaient plus le cœur à rire.

"Cela fait plusieurs mois que mon mari et moi avons retrouvé le sourire. À cause de la guerre, nous étions toujours tendus et inquiets et nous ne savions pas comment nous sortir de cette situation. On ne se disait plus de mots gentils que lorsque l'on voulait faire l’amour, nous confie une habitante de Goma, au Nord-Kivu. Tout cela est dû aux traumatismes de la guerre et aux difficultés qu’elle a entraînées. À Masisi, Rutshuru et même ici en ville, les gens ont tout perdu : vaches, meubles, argent..."
Depuis début septembre, au Nord-Kivu en général et à Goma en particulier, des comédiens se sont mobilisés pour redonner le sourire à ces populations victimes de viols, de pillages, d'atrocités en tout genre. À Goma, "8 familles sur 10 ont retrouvé le sourire et la joie de vivre", nous dit Célestin Chiza, le chef de bureau de la division Genre famille et enfants. En effet, "as-tu entendu hier à la télévision Papa Kopo (un comédien local, ndlr) dire : une femme qui ne sourit pas risque d'attraper des rides et faire fuir les hommes ?", demande une femme à sa compagne, au marché Kibabi de Birere, un quartier populaire. Et l'autre de répondre : "Une bonne femme doit savoir quel morceau du poulet son mari aime manger, sinon elle risque d’être répudiée par ce dernier". Toutes deux éclatent de rire, en même temps qu'elles préparent leurs étalages de légumes. Il en va de même chaque matin sur ce marché et sur d'autres, et même au sein des familles.

Un remède efficace
D’après plusieurs spécialistes, le rire est un remède efficace pour les personnes traumatisées. Voilà pourquoi des gens de théâtre ont pris l'initiative de participer gratuitement aux animations organisées par les Ongs qui s’occupent des femmes violées pour leur apporter un soutien moral.
"La première des choses que nous faisons quand nous accueillons une femme violée, c’est de lui faire penser à autre chose. C'est pourquoi nous étions très contents quand nous avons appris que les comédiens allaient organiser des animations pour faire oublier les atrocités de la guerre", témoigne le docteur Mudogo, psychologue à l’hôpital Heal Africa, à Goma, qui prend en charge les femmes violées. Selon le médecin, "ces femmes, quand elles voient ces comédiens bouger, danser et chanter, ne pensent plus à ce qu’elles ont vécu. Elles recommencent à sourire et après le départ des comédiens, elles continuent pendant longtemps à se raconter les blagues, ce qui leur permet d'oublier la guerre et ses effets sur leur moral."
"Mon groupe et moi, nous nous sommes engagés à faire une tournée dans trois grands hôpitaux de la ville et dans certaines écoles, pour faire passer quelques messages d’espoir et, grâce à la comédie, permettre à tous ceux qui l'ont perdu de retrouver le sourire", explique Papa Kopo, comédien et président du groupe Nyiragongo. Djasadjasa, comédien indépendant, ajoute : "Nous sommes conscients que certaines familles ont perdu le goût du rire, car elles sont traumatisées par les guerres à répétition. Elles ne dorment plus parce qu’elles ne savent pas ce qui va leur arriver le lendemain."
Les médias collaborent : "Nous avons décidé, en accord avec le ministre provincial de la Culture et des Arts, de prendre 20 minutes d’antenne à la Radio Télévision nationale congolaise du Nord-Kivu pour amuser la population, afin de faire oublier les atrocités de la guerre. Le directeur de la chaîne a accepté ce programme qui pourrait s'étaler sur toute l'année 2009."
"Djasadjasa est un comédien qui nous plaît beaucoup avec ses histoires amusantes. Il nous amuse, mais nous fait aussi réfléchir sur notre sort, en déclarant qu'une femme violée ne devrait pas être chassée par son mari ni être rejetée par sa famille", explique une victime de viol à Walikale. Bibiche Mugaruka, qui a perdu tous ses biens à Rutshuru et vit maintenant à Goma, témoigne : "Après avoir été dépossédée de tout, j’avais perdu mon sourire. Mais ici, ces comédiens m’aident à le retrouver. C'est avec un réel plaisir que je suis les sketches qui ont un rôle capital pour dépasser mon traumatisme."
Á Goma et dans ses environs, que ce soit en famille, au travail ou au marché, les prestations des comédiens font l'objet de discussions et de commentaires élogieux de la part des populations. Et les sourires s'affichent sur nombre de visages…

jeudi 15 janvier 2009

Dungu : pas de personnel qualifié à l'hôpital général

Source: Radio Okapi

Date: 15 Jan 2009


Le nombre de victimes des violences sexuelles dans le territoire de Dungu augmente au fil des jours.

Environ 100 cas ont été recensés au cours de deux derniers mois, selon l'ONG Coopi, Coopération italienne.

Malheureusement, ces personnes ne peuvent actuellement bénéficier d'une prise en charge efficace, faute de structures appropriées et de moyens nécessaires, rapporte radiookapi.net

De décembre à janvier en cours, 36 cas de violences sexuelles ont été répertoriés à Dungu par l'ONG «Coopi». Bien avant cette période, plus de 60 cas ont été enregistrés dans cette entité. Les personnes infectées suivent des soins à l'hôpital général de Dungu.

Mais un acteur humanitaire du domaine sanitaire a fait remarquer qu'il s'agit d'une simple débrouillardise puisqu' un médecin suisse qui appuyait cet hôpital en médicaments appropriés est parti depuis décembre 2007. Toujours d'après la même source, outre les besoins en produits, les besoins en personnel qualifié se font également sentir dans cet hôpital. En effet, beaucoup d'infirmiers, dont ceux qui avaient été formés ont fui Dungu à cause des atrocités des LRA dans la région.

En vue de faire face à cette situation, des ONGs aussi bien nationales qu'internationales du domaine médical plaident pour l'extension des structures médicales, ainsi que pour le renforcement des capacités du personnel soignant. Pour sa part, la division Droits de l'homme de la Monuc plaide pour l'extension des activités du projet belge de lutte contre les violences sexuelles dans le territoire de Dungu, indique l'ONG Coopi.

mardi 6 janvier 2009

Violences sexuelles : Mme Gabrielle Bope ; "il faut que justice soit faite pour que les congolaises retrouvent le sourire"

27-12-2008

Les violences sexuelles de toutes sortes dont sont victimes les femmes à l’Est de la Rd-Congo affectent les congolaises toutes tendances confondues. Elles mèneront des actions en synergie aussi longtemps que la majorité des Congolaises seront abandonnées à leur triste sort. Les 16 jours d’activisme constituent une action parmi tant d’autres. Mme Gabrielle Bope de l’Arc donne son point de vue dans une interview accordée à l’Avenir femme

Avenir -femme : Quelles réflexions suscitent en vous les 16 jours d’activisme des droits de l’homme qui se sont soldés par une marche de protestation contre les violences sexuelles faites à la femme ?

Mme Gabrielle Bope : Il faut que justice soit faite afin que les Congolaises retrouvent le sourire. Les 16 jours d’activisme de cette année ont coïncidé avec la reprise des violences de toutes formes dans la partie Est de notre pays à cause de la guerre. Et il faut être sans cœur pour ne pas compatir devant le sort de nos compatriotes de l’Est du pays. Moi, j’ai toujours pensé à la majorité des Congolaises qui vivent dans le profond Congo, ces femmes et filles qui subissent de manière permanente des violences de toutes sortes. Si nous pouvons penser à nous organiser de manière à réunir des moyens humains, matériels, financiers et autres pour aller plus vers nos sœurs qui habitent dans les milieux difficilement accessibles pour mener nos actions, ces femmes seront soulagées ne fût-ce que moralement. C’est dans ces milieux que tous les obstacles à l’épanouissement de la femme demeurent encore plus rigides, notamment l’ignorance de la femme, les pratiques coutumières et les traditions rétrogrades, l’inaccessibilité à l’information et à l’éducation, la pauvreté, l’inefficacité de la justice, les mariages précoces, la stigmatisation des victimes des violences sexuelles, le silence des victimes, les menaces de certains violeurs, les violences sexuelles en milieu familial, le travail dur, l’inégalité des chances entre fille et garçon, l’impunité, l’arrangement à l’amiable, l’ignorance des lois par la population en général, y compris les agents du maintien de l’ordre pour ne citer que ceux-là.

A-f : Au moment où toutes les femmes ont exprimé leur ras-le-bol, où étiez- vous ? Vous ne vous sentiez pas concernée par cette démarche ?

MmeGB : L’état de ma santé ne m’avait pas permis de participer à la marche avec les autres, mais j’ai participé à la démarche relative à sa réalisation avec Madame Georgette BIEBIE, Présidente du Caucus des femmes congolaises.

A-f : La marche de protestation des femmes visait l’implication de la justice congolaise afin de mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes ignobles. Quel est votre point de vue ?

Mme GB : C’est une évidence. Le jour où la justice traitera tous les auteurs des crimes conformément à la loi, le silence des victimes sera brisé et les velléités des potentiels auteurs découragées. Mais il faut que cette justice soit réellement indépendante ! Le Chef de l’Etat y a fait allusion lors de son récent discours sur l’état de la nation devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès. Souvent la justice est inefficace dans notre pays à cause du trafic d’influence. Il faut que ceux qui ont pour rôle d’appliquer la loi soient suffisamment rémunérés, je pense aux magistrats, aux policiers et autres agents concernés. Je connais des cas à Mweka où certains auteurs des viols des femmes et des filles circulent librement. Chaque fois que leur présence est signalée au magistrat, les policiers envoyés à leur trousse trouvent toujours une occasion d’avoir auprès d’eux quelques billets de francs congolais et reviennent sans avoir accompli la mission. Le problème est très complexe et l’Etat a une grande part de responsabilité.

A-f : Pourtousjustice@yahoo.fr" se trouve être le site électronique dans le cadre de la lutte contre l’impunité. Qu’en pensez-vous ?

Mme GB : Cela est une bonne chose, mais encore une fois, la majorité des victimes ne sont pas concernées à cause du déficit d’accès à l’Internet pour la population du Congo profond.

A-f : un mot sur l’alliance pour le Renouveau du congo ?

Mme G B : mon parti a vu le jour vers la fin de la période de Transition de notre pays. Il est dirigé par Monsieur Bangala Basila , Président National, qui a remplacé Monsieur Olivier KAMITATU, actuellement Ministre du Plan. L’ARC a comme devise : UN CONGO PROSPER POUR TOUS. Notre doctrine se fonde sur des valeurs philosophiques parmi lesquelles la croyance en Dieu, l’amour du prochain, l’égalité entre l’homme et la femme, l’attachement à la nation, l’égalité des chances, la recherche et le respect du bien-être communautaire, la solidarité, la démocratie et la liberté d’entreprise. Nous sommes un parti libéral et à ce titre, nous sommes dans le processus de l’adhésion à l’International Libéral. Mon parti est engagé dans la lutte pour préserver l’unité nationale, l’indépendance, la souveraineté de la RDC, l’intégrité nationale et la paix, la sécurité juridique pour tous et l’alternance au pouvoir par le libre choix du peuple. Du point de vue de l’organisation, au niveau national nous avons le Congrès, le Collège des fondateurs, le Bureau national, le Conseil national et le Comité directeur. Au niveau de la base nous avons la fédération, la section et la cellule, et chaque organe a ses attributions clairement définies dans nos statuts.

En outre l’ARC a des organisations spécialisées créées par le comité directeur. Il s’agit des organisations féminines, des organisations des jeunes, des organisations professionnelles et des organisations mutualistes. L’ARC est membre de la plate forme politique Forces du Renouveau et c’est sous ce label que nous nous sommes présentés aux élections 2006 et faisons partie de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle. L’ARC est représentée au niveau central dans le Gouvernement et au Parlement ; au niveau provincial dans les gouvernements du Bas Congo, de Maniema et de Bandundu ainsi que dans les Assemblées du Kasaï Occidental et du Kassaï Oriental.

A-f : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que femme ?

Mme GB : Personnellement je n’ai pas encore connu de problème au sein de mon parti. Les tentatives de discrimination au plan de l’égalité des chances ne peuvent pas manquer. Moi, je connais mes droits et j’ai l’habitude de les revendiquer chaque fois que c’est nécessaire. Je peux vous avouer que jusqu’ici, j’ai toujours obtenu gain de cause. A mon avis, lorsqu’une femme connaît ses droits, elle a des mérites et sait s’exprimer à temps pour les revendiquer, elle a la chance de se retrouver. Il faut dire qu’en politique, le militantisme importe aussi beaucoup. En tout cas l’expérience m’a appris à ne pas me résigner.

Propos recueillis par Doudou Esungi
http://www.groupelavenir.cd