jeudi 12 juin 2008

De nombreuses Congolaises expulsées d’Angola victimes de viols

KINSHASA, 12 juin 2008 (IRIN) - Parmi les femmes qui arrivent aujourd’hui dans les différentes régions de la province du Kasaï Occidental, en République démocratique du Congo (RDC), au sein d’une nouvelle vague de quelque 27 000 personnes expulsées d’Angola, beaucoup ont subi des violences sexuelles, selon un représentant des autorités sanitaires locales.

« Il y a beaucoup de blessés […] et 80 pour cent des femmes qui arrivent [au centre de santé] ont été violées », a déclaré Pierre Didi Mpata, médecin et coordinateur d’une organisation non-gouvernementale (ONG) qui s’occupe un centre de santé provisoire installé à Kamako, un village situé le long de la frontière entre la RDC et l’Angola.

Selon Kemal Saiki, porte-parole de la mission des Nations Unies en RDC (MONUC), quelque 22 230 citoyens congolais expulsés d’Angola entre la fin du mois de mai et le 9 juin se trouvent actuellement entre Kahungua et Tembo, à quelque 95 kilomètres de la frontière angolaise.

« Ils sont de plus en plus nombreux », a indiqué M. Saiki, ajoutant que les personnes expulsées manquaient de vivres et de couvertures. « Ils n’ont rien et sont épuisés après leur long périple à pied ».

Quelque 5 000 autres se trouvent aujourd’hui à Kamako, également dans la province du Kasaï Occidental, a-t-il dit.

Caroline Lomelo (un nom d’emprunt), mère de deux enfants, fait partie des victimes de sévices sexuels. S’exprimant avec difficulté, Mme Lomelo, actuellement soignée au centre de santé, a expliqué qu’elle avait été « violemment tabassée et violée par cinq policiers angolais au moment où ils nous expulsés par force ».

Mme Lomelo, enceinte de six mois, a quitté l’Angola pour retourner en RDC il y a cinq jours. Selon le docteur Mpata, Mme Lomelo, qui a contracté une infection sexuellement transmissible, peut à peine se tenir debout.

« Elle [risque l’avortement] comme elle a attrapé des infections sexuellement transmissibles, [notamment] la blennorragie », a observé le docteur Mpata.

Mme Lomelo, infirmière de formation, a raconté avoir quitté Lodja, sa ville d’origine, dans la province centrale du Kasaï Oriental, pour partir à la recherche de son frère, donné pour mort par des compatriotes qui rentraient d’Angola.

D’autres patients attendent d’être opérés au centre de santé après avoir subi des lésions internes provoquées par les violences sexuelles qui leur ont été infligées, a indiqué le docteur Mpata. « C’est comme par miracle qu’ils ont survécu », a-t-il dit.

De retour au pays, les personnes expulsées vivent dans des églises et des écoles, où l’approvisionnement en produits essentiels n’est pas suffisant, a constaté le docteur Mpata. Elles ont parcouru plus de 100 kilomètres à pied pour rentrer en RDC.

Le 5 décembre 2007, l’organisation Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé ce qu’elle a qualifié d’emploi « général et systématique du viol et des violences par l’armée angolaise contre les migrants congolais qui travaillent dans les mines de diamants de la province angolaise de Lunda Norte au cours de leur expulsion ».

De précédentes expulsions massives avaient été interrompues dans la région à la suite d’un accord conclu entre les deux pays.

Les autorités angolaises ont commencé à expulser les immigrés clandestins du pays en décembre 2003, ciblant les travailleurs clandestins des mines de diamants situées près de la frontière congolaise.

Elaboration de la politique nationale du Genre et de la promotion de la femme ainsi que de la famille et de l’enfant
Kinshasa, 11/06/2008 / Politique
Lancement d’une série d’ateliers appuyés par le PNUD et consacrés à l’élaboration, sous la conduite du ministère du Genre, de la Famille et Enfant, de la politique nationale sur le Genre et la promotion aussi bien de la Femme que de la Famille et de l’Enfant en RDC. Le ministre du Genre, de la Famille et de l’enfant Philomène Omatuku, a procédé le week-end à l’Hôtel Memling, à Kinshasa, en collaboration avec le PNUD, au lancement officiel des activités d’une série des ateliers d’élaboration des documents de la politique nationale du Genre et de la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant.

Mme Omatuku a relevé, dans son allocution, de nombreux événements qui ont été marqués durant les treize années qui ont suivi l’adoption du Programme d’action de Beijing, notamment l’adoption des déclarations et des mécanismes régionaux sur le Genre et le développement durable faisant suite aux grandes rencontres mondiales sur les femmes, dont celle de Mexico en 1975 initiée par l’Assemblée générale des Nations Unies.

Elle a fait remarquer que, malgré les efforts entrepris par le gouvernement et les partenaires nationaux et internationaux pour assurer la promotion de la femme congolaise, le statut juridique et la situation socio-culturelle et économique de celle-ci n’ont pas beaucoup évolué de manière significative à cause des violences sexuelles et la persistance des pratiques coutumières néfastes qui entravent l’épanouissement de la femme.

Concernant la famille, elle a souligné que la famille est et doit rester le milieu naturel d’épanouissement de tout individu car, a-t-elle poursuivi, elle est le lieu par excellence de l’exercice de toutes les solidarités existantes dans la société ainsi que celle de la vie humaine. La ministre du Genre, de la famille et de l’enfant, parlant de la situation de l’enfant en République Démocratique du Congo, a indiqué que le gouvernement s’est engagé à assurer un avenir meilleur à tous les enfants à travers l’adoption par le Parlement, de la loi portant Code de protection de l’enfant et la promulgation imminente de celle-ci par le Président de la République.

Elle a enfin souligné que son ministère s’est engagé résolument avec l’appui des partenaires, à élaborer une politique nationale qui définit clairement la vision du gouvernement sur les questions du Genre, de la promotion des droits de la femme et de l’enfant ainsi que de la stabilité de la famille. Mme Marie-Claire Yandgu, conseillère au ministère du Genre, de la famille et de l’enfant, a donné pour sa part, les objectifs fixés par ce ministère afin de faciliter les interventions gouvernementales vers la prise en charge effective du Genre pour un développement durable.

Il s’agit notamment de faciliter l’intégration du Genre et la promotion de la femme dans la politique et le programme de développement du pays, la protection de la famille et de l’enfant, de faire l’état des lieux de la situation de la femme, des familles et des enfants en RDC, ainsi de proposer un plan directeur pour la mise en œuvre de la politique par le gouvernement central, les gouvernements provinciaux et tous les intervenants en matière de développement basé sur le Genre. Mme Yandgu a, par ailleurs, annoncé qu’une consultation à la base sera faite au niveau des provinces et qu’un atelier pour l’élaboration du document de politique sera organisé à Kinshasa avec la participation des ministres et des chefs de division provinciaux du ministère du Genre, de la famille et de l’enfant.

Mme Yandgu a dit qu’elle attend de l’actuel atelier que les documents de politique nationale de l’équité du Genre et de la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant et d’un plan directeur du ministère du Genre, de la famille et de l’enfant soient élaborés et que les domaines de collaboration avec les différents ministères soient définis.

Elle a enfin invité tous les partenaires à participer à l’élaboration de ces documents qui seront désormais le guide des interventions en RDC pour la promotion de l’équité du Genre et la protection de la famille et de l’enfant.

(Ern.) Acp Last edited: 11/06/2008 15:38:10

Sud-Kivu
Mercredi, 11/06/2008
Des réfugiés confrontés aux problèmes de terres
La stabilité relative qui règne actuellement dans la province du Sud-Kivu pousse certains réfugiés congolais à retourner au pays après plusieurs années d'exil.
Mais de retour au pays, ces réfugiés font face à d'énormes problèmes d'intégration. Les problèmes de terres sont un véritable écueil à l'intégration communautaire de ces retournés qui sont dans la plupart de cas rejetés par ceux qui étaient restés au pays.
" Les questions foncières sont au cœur de nombreux conflits et confrontations entre les personnes qui reviennent et celles qui n'ont jamais fui,ainsi qu'entre les retournés eux-mêmes, qu'ils soient réfugiés ou personnes déplacées internes ", indique un communique du Hcr.
Toutefois, le Hcr tient à instaurer un climat de paix et d'entente entre ces réfugiés et les autochtones. Le chef de bureau du Hcr dans la ville d'Uvira au Sud-kivu, Nasir Fernandes, reconnaît que le Hcr a mis en place une tentative pour faciliter le processus de réintégration de ces réfugiés, en vue d'éviter des conflits qui brisent l'unité communautaire.
Pour ce faire, le Hcr avec ses partenaires œuvre pour la promotion du dialogue et de la médiation dans les zones de retour. Selon Nasir Fernandes, il existe maintenant " une réelle fenêtre d'opportunité " pour aider les Congolais déracinés à revenir et refaire leur vie.
Parmi les stratégies mises en œuvre pour faire régner la paix dans la communauté, le Hcr a procédé tout récemment à une revue exhaustive de la problématique des conflits fonciers dans les principales zones de retour et axées sur ses activités dans la région, essentiellement sur le renouvellement de relations entre les retournés et ceux qui sont restés, à travers un amalgame d'activités de communication, collaboration et réintégration.
Pour résoudre ces conflits, le Hcr apporte son appui à l'ONG Search for Common Ground (SFCG) spécialisée dans la résolution pacifique de conflits. Et cette ONG recourt au drame interactif.
SFCG, dans sa politique de sensibilisation, implique aussi la population. C'est dans ce cadre qu'elle a formé au moins 75 acteurs en matière d'analyse de conflits. Ces acteurs ont pour tâche d'écouter les préoccupations et conflits communautaires.
Ils créent aussi des scenarii et des caractères reflétant la réalité. A leur tour, les acteurs invitent les membres du public à les remplacer pour jouer de scénario, en traitant les problèmes de conflits de manière constructive. Grâce à cette stratégie, plus de 400 000 personnes ont été sensibilisées.
Cette technique participative a donné de bons résultats dans la communauté. Les populations recourent aux moyens de résolution pacifique, en cas de conflits. " Les techniques du théâtre participatif permettent aux acteurs d'absorber les dynamiques conflictuelles du village, pour les rejouer ensuite dans cette même communauté et avec la participation de membres du public.
Blandine Lusimana T.

Museka : 8 femmes victimes de mutilation sexuelle
Katanga | Développement | 07 Juin 2008 à 12:39:52

D’après l’administrateur du territoire assistant, ces femmes sont accusées de sorcellerie. Le féticheur auteur de cette mutilation déclare qu’il l’a fait sur ordre du chef de chefferie afin de les délivrer de la sorcellerie. Le féticheur et son acolyte sont présentement détenus au cachot de la police, en attendant leur transfert au parquet de Kamina, indique radiookapi.net

mardi 10 juin 2008

La Justice demande plus de moyens pour mieux lutter contre les violences sexuelles

Jean-Tobie Okala / MONUC 10 juin. 08 - 17h32

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la RDC l’a dit à Mbandaka le 8 mai dernier: le temps de la guerre armée est derrière nous, place maintenant à la guerre pour le développement du Congo. Mais à l’Equateur, cette lutte pour développer l’une des trois provinces les plus pauvres du Congo est minée par un fléau des temps modernes dont on ne parle pas assez: les violences sexuelles. Il ne se passe pas un jour sans qu’une femme de 60 ans, une fillette de 9 ans ou plus ne soit violée.

La guerre est pourtant terminée; mais cette barbarie perdure, et les auteurs de ces «crimes» sont rarement inquiétés. Pas toujours à cause de l’impunité que tout le monde dénonce, mais en raison de la complexité même de la problématique. Tous les professionnels de la Justice ne sont pas outillés pour y faire face, en plus du poids des coutumes et de la tradition, ou encore de la «loi de l’omerta» qui fait peser une véritable chape de plomb sur ce type d’affaires. C’est pour (tenter de) briser ce cercle infernal qu’il s’est tenu à Mbandaka du 5 au 9 juin 2008 un séminaire sur les enquêtes des infractions à caractère sexuel.

Ce séminaire s’adressait aux acteurs judiciaires venus des quatre coins de la Province de l’Equateur (Mbandaka, Boende, Gemena, Gbadolite et Lisala), notamment des magistrats et inspecteurs de la police judiciaire militaire; quelques membres de la Police civile de la MONUC s’étaient également joints à eux. Organisé par l’Institut des Etudes juridiques internationales de la Défense de l’armée américaine (DILS) par le biais du Département d’Etat américain, le séminaire a aussi bénéficié de l’appui du Ministère congolais de la Défense nationale et de la MONUC.

Pendant cinq jours, la trentaine de participants a planché sur la définition même du terme «violence sexuelle», ses conséquences sur la santé physique, mentale, sexuelle et sur la reproduction de la victime, les méthodes d’enquête... Plus globalement, il s’agissait pour les organisateurs de vulgariser les lois sur les violences sexuelles, d’initier les inspecteurs de la police judiciaire militaire aux méthodes efficaces d’enquête et enfin de fournir une documentation appropriée aux groupes cibles.

A l’aide de supports visuels, certains formateurs n’ont pas hésité à illustrer leurs propos par des diapositifs d’appareils génitaux féminins, par exemple celui d’une femme criblée de balles après un viol, ou encore des images de fistules vaginales consécutives au viol d’une femme de 72 ans!

Naturellement, la lutte contre l’impunité a aussi été au cœur de ce séminaire: souvent les victimes des violences sexuelles accusent la justice d’impunité, du fait que leurs auteurs sont rarement punis conformément à la loi. Une fois arrêtés, ils se retrouvent le lendemain dans la rue. Quand bien même ils sont arrêtés, les autorités militaires sont accusées de favoriser leurs évasions.

Mais selon le colonel Toussaint Muntazini, Avocat Général près la Haute Cour militaire et formateur, la réalité est parfois plus compliquée qu’il n’y parait: l’impunité est parfois due au fait que les acteurs judiciaires ne disposent pas toujours des moyens de leurs politiques. Ils manquent des moyens de déplacement pour accéder au lieu des infractions. Ils n’ont pas de moyens techniques pour investiguer, notamment pour des tests ADN par exemple. Ils doivent bénéficier de l’expertise médicale, pourtant il y a des endroits où il n'y a pas de structures médicales. Mais il reconnaît toutefois qu’il y a effectivement d’autres facteurs liés à la structure même de l’armée qui favorisent l’impunité. Certains commandants des unités protègent souvent leurs hommes auteurs de ces actes.

Satisfaits de ce «plus» dans leur expérience, les participants ont cependant formulé quelques recommandations à l’issue de la formation. Tous ont été unanimes à reconnaître qu’il n’y aura pas de vraie riposte judiciaire contre les violences sexuelles en RDC sans la mise à disposition des magistrats de moyens matériels et financiers conséquents; ils demandent aussi que ce type de formation se répète, mais en impliquant chaque fois et davantage les commandants des unités de l’armée en leur qualité d’auxiliaire de la justice. Enfin, les participants préconisent également de sensibiliser les troupes aux lois sur les violences sexuelles en langues locales, et d’impliquer les médecins et psychologues dans la prise en charge des victimes.

Pour sa part, l’Avocat général près la Haute Cour militaire a remercié la MONUC pour son appui et sa mobilisation: car a-t-il dit, «ce que j’ai vu ici à Mbandaka ne s’est jamais vu ailleurs: preuve de l’intérêt que la MONUC attache à la justice». Il ne reste plus qu’à espérer, comme le Chef de Bureau de la MONUC l’a souhaité, que la lutte contre les violences sexuelles soit dorénavant plus efficace et mieux menée à l’Equateur que jusque-là. A voir.