jeudi 17 avril 2008

AFEDE asbl a célébré la Journée Internationale de la femme ce 08 mars 2008

CELEBRATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME
08 MARS 2008 AUX ECURIES DE LA MAISON HAUTE A WATERMAEL-BOITSFORT, BRUXELLES

A l’initiative de l’AFEDE asbl, cette journée a été marquée par l’engagement des artistes comme Johan Baggio qui a dédié pour la circonstance, une superbe toile aux actions menées par cette association pour les survivantes des violences sexuelles en République Démocratique du Congo.




Dévoilée au moment où Jean Bofane – le modérateur de la journée, rappelait que la mobilisation de tous est nécessaire afin de proposer des pistes pour mettre fin au cycle des violences sexuelles en République Démocratique du Congo - RDC. Il a insisté sur la gravité du phénomène ainsi que la douleur engendrée sur les populations locales.

Joëlle Sambi est revenue sur la motivation qui l’a conduite à écrire son livre ‘Le Monde est gueule de chèvre’ ; suivie par Emilie-Flore Faignond dont la lecture du poème ‘Les femmes pleurent’ a rappelé combien il est important que les femmes congolaises d’ici et d’ailleurs, marchent ensemble pour que stoppent les violences sexuelles dont sont victimes leurs sœurs en RDC.

La justesse ainsi que la pertinence de ses propos ont maintenu le public dans un silence empli d’émotion.

Charles Michel - le ministre belge de la coopération au développement, a rappelé que les femmes sont un enjeu important si on veut concrétiser des projets envers les populations : elles sont le ciment des familles et des communautés. La mise à l’évidence de l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que la promotion de l’autonomie de celles-ci imprègnent la politique belge de coopération au développement à telle enseigne qu’il se fait l’avocat du Congo auprès des instances internationales afin de mobiliser plus de moyens pour soutenir les associations, les ONG ainsi que les agences des Nations Unies qui oeuvrent sur le terrain. Il en appelle à plus de concrétisation avec des actes et non une profusion de discours et de déclarations d’intention. S’inscrire dans une logique de paix, de sécurité et de stabilité à travers un dialogue politique parce que la violence engendre l’échec. La mobilisation doit être générale afin ‘que les femmes ne pleurent plus mais qu’elles nous illuminent de leur rire, de leur paix, de leur douceur’, a – t’il conclut.


Eric Remacle – professeur de sciences politiques à l’ULB qui dirige le pôle Bernheim, a mis l’accent sur l’intervention européenne en RDC qu’il qualifie de laboratoire des actions militaires et de police européennes ; notamment en 2003 avec l’opération Artémis à Bunia puis la mission de police Eupol à Kinshasa en 2005 – 2006. Il a tenu à souligner que les universitaires réunis autour du livre ‘l’Afrique des Grands Lacs, des conflits à la paix’ se sont rendus compte qu’il était utile de se mettre en commun pour comprendre les mécanismes de la guerre et de maintien de la paix. Ayant une liberté d’appréciation que les acteurs impliqués dans ces processus ne sauront pas utiliser, il a répondu aux nombreuses questions du public très au fait de la situation qui prévaut sur le sol congolais.

Joseph Mbungu – journaliste et témoin privilégié de l’émergence des premières femmes congolaises sur la scène publique, a rappelé que les femmes rencontraient déjà dans les années 50 des difficultés à participer à la vie de la cité et leur mérite ne leur ouvrait pas non plus les portes de la reconnaissance ! Le regard de la société sur leur condition leur imposait un rôle secondaire : elles dépendaient de leurs maris ; pour celles qui embrassaient une carrière politique, bien souvent celle-ci était tributaire des nominations. Le manque de moyens financiers réduisant leur champ d’action. Par contre, dès qu’elles ont pu participer au processus de décision politique par exemple, elles savaient peser de tout leur poids afin d’empêcher le vote de loi ou d’articles mettant à mal l’égalité des genres.

Yvette Tabu et Isabelle Kidisho – rejointes par Cécile Charot de la cellule stratégique du ministre Charles Michel, ont répondu avec brio aux attentes du public en matière d’implication de la diaspora congolaise dans les programmes d’accompagnement des survivantes de violences sexuelles en RDC.

Dread Litoko a ému l’assemblée avec la lecture du ‘Pistolet bleu’, poignant plongeon dans la réalité quotidienne d’un enfant soldat.

La journée s’est achevée aux alentours de 18 heures sur les airs musicaux de Dju Bébé qui a célébré les victimes congolaises présentes dans la salle ce 08 mars 2008.

Pour AFEDE asbl, l’intervention du ministre de la coopération au développement se situe dans la droite lignée de celle de ces prédécesseurs ayant participé à la célébration de la Journée Internationale de la Femme organisée par l’association.

En effet, déjà en 2006, Monsieur Aldo Ajello, alors Représentant Spécial de l’Union Européenne pour la région des Grands Lacs rappelait que le processus de paix engagé en RDC était le résultat d’une pression internationale. Il soulignait alors que les efforts seraient vains si la RDC ne se dotait pas d’une armée et d’une Police formées et nationales d’une part, et d’autre part si le pays ne réforme pas son appareil judiciaire. Notamment en fustigeant les conséquences de l’insécurité et la présence des forces négatives sur la vie des femmes et des enfants en RDC.
Dans la même lignée, Madame Nathalie Gilson - Députée Bruxelloise, stigmatisait les sévices sexuels utilisés comme une « arme de guerre et de destruction ». Pour cette violence, avait-elle enchaîné, les coupables utilisent trois armes : le fusil, la corruption et le viol ; et plaidait pour la poursuite pénale des violeurs.
En 2007, Madame Angélique Moyabo, députée congolaise au sein du Parlement de la Transition pointait que le viol est la conséquence d’un problème qu’il faut attaquer dans ses racines. Il s’agit d’un « problème éminemment politique » martelait-elle, en plaidant pour l’accompagnement judiciaire des victimes et le rétablissement d’une justice équitable. « La victime doit obtenir réparation et le violeur puni », tranchait-elle.
Madame la Ministre congolaise des droits humains Marie-Madeleine Kalala s’exprima quant à elle sur la nécessité d’une prise en charge tant psychologique que sociale des survivantes des violences sexuelles.
La secrétaire d’Etat Belge à la Famille, Gisèle Mandaila avait elle aussi exhorté les femmes congolaises à rester mobilisées et à mener des actions concrètes au bénéfice de leurs sœurs du Congo.

Pour AFEDE asbl, la participation des politiques aux activités de l’association est un baromètre efficace pour évaluer leur engagement à résoudre et mettre fin à la tragédie que vivent les populations de la République Démocratique du Congo.

La société civile ainsi que la diaspora congolaises et les ONG internationales dénoncent avec véhémence ce drame afin de faire progresser la question des droits humains. En 4 ans, Sylvie Mbombo - EMECOJ, Karin Heisecke - UNFPA, Brice De Le Vingne et Christine Lebrun - MSF, Raf Custers, Christine Deschryver et Pie Tshibanda se sont succédés à la tribune d’AFEDE asbl, chacun avec ses mots a dit combien il était urgent d’investir pour les femmes, les filles et les petites filles de la RDC pour une paix et un développement durables.

Rendez-vous pris en 2009 pour une nouvelle édition de la Journée Internationale de la Femme avec AFEDE asbl. En espérant que nous n’aurons plus à rappeler qu’au Congo, des femmes pleurent … mais qu’elles sont DEBOUT !

mercredi 16 avril 2008

ALERTE !!!!!!

Correspondante : Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit
Publié le : 14/04/2008 à 15h19
Catégorie : Actualités

ALERTE : UNE MILITANTE DES DROITS DES FEMMES ET DE LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES MENACÉE ET INTIMIDÉE À BENI

La Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit, Droits et Démocratie, Femmes autochtones du Québec, la Fédération des femmes du Québec, le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), la Table de concertation sur la Région des Grands Lacs, Amnistie internationale Canada francophone, le Regroupement provincial des maisons d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale et l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI),

Font appel au gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), les autorités locales compétentes et la MONUC à assurer la protection de Julienne Lusenge, militante des droits des femmes et de la lutte contre les violences sexuelles, et à poursuivre les auteurs des menaces proférées à son encontre.

Alors qu’elle se trouvait en Europe afin de participer à une mission de plaidoyer organisée par la FIDH sur la lutte contre l’impunité et les violences sexuelles en RDC, Mme Julienne Lusenge, coordinatrice de l’association Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI) a été informée des menaces proférées à son encontre le 31 mars 2008.

Deux individus non identifiés se sont présentés au domicile de l’une de ses collaboratrices et ont exigé d’obtenir l’adresse de son domicile. Devant le refus de la collaboratrice de divulguer les informations demandées, les menaces suivantes ont été proférées : « Tu refuses de nous ouvrir la porte, sache que la manière que vous aviez quitté Bunia, c’est de cette même manière que vous quitterez Beni. En plus c’est avec tes propres mains que tu nous ouvriras la porte de Julienne ». Ces menaces font allusion au fait que Mme Lusenge, qui habitait à Bunia, a dû fuir en octobre 2002 en raison des actes de harcèlement commis à son encontre par les milices, dont elle dénonçait les agissements, et en particulier les violences faites aux femmes.

Les menaces proférées à l’encontre des militants des droits humains, et plus particulièrement des militantes des droits des femmes, sont particulièrement sérieuses et révélatrices de la situation d’impunité et de violence qui règne à l’Est de la RDC. Par ailleurs, à cette situation d’insécurité créée par la prolifération des groupes armés qui échappent au contrôle de l’État et de la MONUC, s’ajoutent les pressions plus ou moins directes exercées par les représentants du pouvoir ou les hauts-fonctionnaires qui n’hésitent pas à intervenir pour faire cesser toutes critiques émises par les militant(e)s.

Ces situations doivent être fermement dénoncées et condamnées. Elles sont contraires aux prescriptions du droit international et aux engagements internationaux et régionaux souscrits par le gouvernement de la RDC. Elles sont contraires au respect de la dignité des femmes. Elles mettent en péril l’espoir et la capacité de la société congolaise de mettre fin aux violences sexuelles.

La liberté d’expression, la liberté de réunion et d’association ainsi que le droit au respect de l’intégrité physique que doivent mettre en œuvre les autorités gouvernementales sont des éléments essentiels au maintien et au fonctionnement d’une société civile forte et active capable de prendre part à la reconstruction de la paix et de la démocratie.

Par conséquent, c’est d’une seule voix que les organismes de défense des droits humains signataires de cette présente :

DÉNONCENT la situation d’insécurité qui pèse sur les militants et les militantes des droits humains en RDC surtout celles qui luttent contre les violences sexuelles faites aux femmes;

FONT APPEL DE MANIÈRE URGENTE au gouvernement de la RDC et aux autorités compétentes à prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger les militant(e)s des droits humains et leur famille contre tout acte ou toute tentative de représailles, d’atteintes à l’intégrité physique, d’intimidation et de menaces;

DEMANDENT aux forces de police et à la magistrature d’enquêter et de réprimer les auteurs des menaces à l’encontre de Mme Julienne Lusenge et d’assurer la protection de sa famille et de ses collègues de travail de l’association SOFEPADI à Beni et à Bunia;

REQUIÈRENT des représentants de l’ONU, de la MONUC et des organisations régionales concernés par ces violations de prendre les mesures nécessaires à la protection des militant(e)s des droits humains et de travailler avec les autorités nationales et la société civile au renforcement de l’État de droit.

Les organismes signataires,
Montréal, mercredi 9 avril 2008.

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Source : Coalition pour les droits des femmes en situation de conflit - http://www.rdcviolencesexuelle.org/site/fr

mardi 15 avril 2008

RDC: une majorité de violeurs impunis

par joelle Palmieri le 01/04/2008 | Rubrique: Contributions | Thématique: Conflits, Risques, Catastrophes

Selon un expert indépendant de l'ONU des droits humains, les violences sexuelles contre des femmes reste un problème rampant en République démocratique du Congo (RDC), mais la majorité des criminels, particulièrement dans des zones de non-droit, est impunie. Dans la province du sud de Kivu, par exemple, 14 200 cas de viol ont été enregistrés entre 2005 et 2007 mais seulement 287 ont été portés devant la cour.
Source IRIN: (7 hits)

RDC : Le sort des milliers d'enfants déplacés inquiète l'UNICEF
La région du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC) continue d'être un foyer de tensions où se multiplient les affrontements entre groupes armés.
D'où l'accroissement du nombre des personnes déplacées au nombre desquelles une majorité d'enfants.
Devant l'ampleur de la situation dans la province du Nord-Kivu, à l'est du pays, où environ plus d'un demi-million de personnes ont été jetées sur les routes, l'UNICEF et ses partenaires exécutent plusieurs programmes d'aide humanitaire. C'est ainsi que pour la seule année 2007, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance est venu en aide à environ 800.000 déplacés. Cette aide comprend la vaccination des enfants contre les épidémies telles que la rougeole, l'établissement de camps pour assurer la protection des enfants mais aussi la fourniture de matériels pour l'assainissement de l'eau.
(Extrait sonore: Julien Harnels, bureau de l'UNICEF à Goma)

DROITS : Le non-renouvellement du mandat de l'expert de la RDC suscite des critiques
Michael Deibert


KINSHASA, 4 avr (IPS) - La décision du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies de ne pas renouveler le mandat de son expert indépendant sur les droits humains pour la République démocratique du Congo (RDC) a fait l'objet de critiques virulentes de la part d'une importante organisation de défense des droits de l’Homme.

Cette décision prise la semaine dernière par le conseil basé à Genève concernant Titinga Frédéric Pacéré représentait ''une trahison de ses responsabilités vis-à-vis du peuple congolais'', a indiqué 'Human Rights Watch' (HRW) dans une déclaration. Ce groupe de défense des droits a son siège à New York.

Le verdict est tombé suite à une réunion du conseil au cours de laquelle l'Egypte, parlant au nom des 53 membres du groupe africain des Nations Unies et agissant en accord avec ce qu'elle a dit être les souhaits du gouvernement congolais, a recommandé vivement que le mandat ne soit pas renouvelé, citant les avancées politiques d'après-guerre et la stabilité dans le pays. L'incapacité de Pacéré à mobiliser le soutien international pour les réformes des droits humains en cours, a été également avancée comme une raison pour mettre fin à ses activités.

Le représentant de la RDC au conseil a déclaré que le gouvernement congolais travaillait pour améliorer la situation des droits de l'Homme dans le pays, un point de vue qu'un porte-parole du président du Congo, Joseph Kabila, a repris à Kinshasa, la capitale.

''Je pense que la situation ici s'améliore de plus en plus'', a affirmé Kudura Kasongo dans un entretien avec IPS. ''Et les droits de l'Homme comprennent également l'accès à ces choses comme la nourriture et les soins de santé. Elle dépend de la capacité de l'administration locale à gérer ces choses. Elle n'est pas excellente, mais elle s'améliore''.

La RDC, une nation de près de 66 millions d'habitants, qui couvre une région aussi grande que l'Europe de l'ouest, essaie de recoller les morceaux après une décennie de guerre et de soulèvements y afférents qui ont coûté la vie à quelque cinq millions de personnes.

Kabila, qui a d'abord pris le pouvoir après l'assassinat de son père, le président Laurent-Désiré Kabila, en 2001, est revenu au pouvoir suite à une élection de 2006 qui a vu la mort d'au moins 20 personnes dans des affrontements entre les loyalistes du candidat rival Jean-Pierre Bemba et les forces gouvernementales congolaises. Des combats ultérieurs entre les deux parties en mars le l'année dernière ont encore coûté la vie à environ 300 personnes, ont indiqué les Nations Unies dans un récent rapport préliminaire.

''Bien que ces élections aient été une grande victoire pour le pays, nous avons encore de très sérieuses inquiétudes, particulièrement avec les nouvelles violences dans l'ouest du Congo et la fragilité des accords de paix dans l'est'', a déclaré à IPS, Juliette de Rivero, directrice de plaidoyer de HRW à Genève. ''Nous ne pensons pas que la situation ait suffisamment changé pour mettre fin à cette mission; nous pensons qu'elle aurait dû être renforcée par des ressources complémentaires''.

Dans les provinces orientales riches en minéraux et en bois de la RDC, dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, des éléments rebelles revendiquant la loyauté au général congolais dissident Laurent Nkunda, ont signé, le 23 janvier, un accord de paix avec le gouvernement de Kabila.

Toutefois, des combats entre les forces de Nkunda, les alliés paramilitaires du gouvernement de Kabila et les groupes armés des Hutus rwandais se réfugiant dans les vastes forêts de la région, se poursuivent avec une certaine régularité. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires estime que depuis 2003, environ 800.000 personnes sur une population de 4,2 millions ont été déplacées par des combats dans le Nord-Kivu seul.

Un rapport publié en janvier par l'organisation humanitaire, le Comité international de secours, a affirmé que 45.000 personnes mouraient par mois en RDC, principalement du fait des préoccupations liées à la santé causées par les perturbations sociales et économiques du conflit actuel.

Par ailleurs, les récents affrontements entre les forces gouvernementales et la secte Bundu dia Kongo dans la province du Bas-Congo, juste à l'ouest de Kinshasa, ont entraîné la mort d'au moins 68 personnes, a conclu un rapport interne de l'ONU sur les violences, vu par IPS.

Lors de sa cinquième visite de travail en RDC en mars, Pacéré a déploré la situation des droits de l'Homme dans le pays à travers une conférence de presse, citant comme exemple le fait que pendant que 14.200 cas de viol ont été enregistrés dans le Sud-Kivu seul entre 2005 et 2007, seulement 287 de ceux-ci avaient été poursuivis en justice.

La mission des Nations Unies au Congo, connue sous son acronyme français MONUC, a également essuyé des critiques depuis sa création en 1999.

Les soldats de maintien de la paix de l'ONU ont été impliqués dans une entreprise de contrebande de l'or contre des armes avec les milices locales dans l'est de la RDC en 2005, et un rapport interne de 2004 de l'ONU a conclu que des abus et exploitations sexuels des femmes et des filles à la fois par des militaires et des civils de la force semblaient être ''significatifs, généralisés et en cours''.

La MONUC est la mission de maintien de la paix la plus grande au monde, comptant environ 17.000 personnes.

Des fonctionnaires locaux de la mission ont semblé adopter une position prudente sur le départ de Pacéré.

''La division des droits de l'Homme est en consultations avec Genève en ce moment en vue de parvenir à une position commune, et nous espérons avoir une déclaration d'ici la semaine prochaine'', a déclaré à IPS, Michel Bonnardeaux, un porte-parole de la MONUC à Kinshasa. (FIN/2008)

Waloa Yungu, Luberike et Ihama : les habitants soumis aux travaux forcés par les FDLR.
Radio Okapi 31/03/08


Les habitants de ces groupements situés à environ 80 kilomètres à l’est de Walikale-centre sont soumis depuis deux semaines à des travaux obligatoires leur imposés par des combattants hutus rwandais de la Force démocratique pour la libération du Rwanda, FDLR, rapporte radiookapi.net
Ces paysans s’attèlent à boucher la rivière Kibua en groupement Luberike. L’objectif est d’arriver à former une vaste piscine pouvant servir de lieu d’entraînement de nage à ces combattants. Toute personne réfractaire à cette mesure est tout simplement punie.

Un habitant témoigne : « Ça fait deux semaines qu’ils font faire ce travail par force. Tout habitant qui refuse d’exécuter ce travail, il est automatiquement arrêté et fouetté. S’il s’agit d’un notable ou chef de localité, ils sont arrêtés puis ils sont obligés de payer une chèvre et une caisse de bière. Le vendredi de la semaine passée, certaines personnes venaient d’être arrêtées et seule la pression de toute la population avait contribué à leur libération. Ils disent que cette piscine, c’est leur lieu d’exercices de nage. »

L’administrateur du territoire de Walikale, Dieudonné Tshishiku, dit être au courant de la situation. Il indique cependant que les groupements Waloa Yungu, Luberike et Ihama sont totalement sous contrôle des combattants hutus rwandais.
Radio Okapi

Kamina : plus de 200 femmes et 400 enfants de militaires abandonnés à la gare
Katanga | Développement | 02 Avril 2008 à 13:11:39


Les maris de ces femmes ont été déployés ailleurs à l'issue de leur formation au centre de brassage de Kamina. Leurs femmes sont notamment originaires de Beni et Bunia. Le commissaire du district de Kamina, Etienne Mahenge dit être dépassé par cette situation. Selon lui, ces femmes vivent dans des conditions sanitaires très précaires, rapporte radiookapi.net
Pour Etienne Mahenge, il appartient aux autorités militaires de trouver une solution. « Ces femmes se plaignent d’être abandonnées par leurs maris avec leurs enfants. D’ailleurs, la semaine écoulée, nous avons enterré un de ces enfants. Ce n’est pas la première fois que nous sommes entrain de vivre une telle situation avec le district. C’est chaque fois que les militaires se déplacent de la base vers une autre destination. Ces femmes restent là bas à la disposition de qui ? Qui peut les prendre en charge ? Ce sont des mamans des militaires. Elles sont parties d’un endroit, ou d’un commandement quelque part. Quand on les emmène de là, on doit savoir comment les prendre en charge, c’est la première chose. Il nous serait difficile de les prendre en charge, dans ce sens que nous n’avons pas de budget jusqu’ici. Nous sommes entrain de vivoter au territoire. Je pense qu’il faut se référer à l’autorité militaire qui a déplacé les maris de ces femmes pour voir comment s’occuper d’elles. » Pour le coordonnateur de la structure militaire intégrée, Colonel Shulungu Nemembeso, ces femmes ne sont pas abandonnées. Le chef d'état major des FARDC a déjà ordonné le payement des soldes de leurs maris, qu’elles touchent du reste chaque mois. Et d'ici là, précise-t-il, ces femmes seront rapatriées chacune dans son milieu d'origine.

Kinshasa au rythme du 2ème salon de femmes des médias
mercredi 2 avril 2008

La synergie Femme-Média a organisé en début de la semaine une conférence de presse au centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa pour informer les partenaires sur les préparatifs du 2ème salon de la femme dont le thème principal est « Consolider la Paix en Rdc après les élections », prévu du 02 au 15 mai prochain au jardin botanique de Kinshasa.

De manière spécifique, cette rencontre se propose de resserrer les liens entre les femmes en favorisant les contacts et échanges ; offrir aux femmes un carrefour dynamique de réflexion sur le progrès actuel et les perspectives dans divers secteurs liées à la vie de la femme ; faire découvrir à travers les associations sans but lucratif et petites et moyennes entreprises les potentialités de la femme congolaise ; promouvoir le travail de la femme par l’exposition et vente de ses produits ; valoriser l’image de la femme et enfin appréhender l’approche genre dans les médias.
Dans son adresse, la coordinatrice de la synergie Anna Mayimona Ngemba a précisé que ce salon ne concerne pas seulement les communicatrices mais plutôt toutes les femmes évoluant dans divers domaines de la vie. « Une façon pour nous de montrer le rôle d’intermédiaire que les médias jouent dans la société », a-t-elle poursuivi. Cet grand forum sera à la fois scientifique, culturel et commercial parsemé de plusieurs activités à savoir : une exposition photo des femmes qui se sont distinguées durant les dix dernières années dans les différents secteurs de la vie, la vente promotionnelle, des visites guidées, un concours de dictées françaises et en langues nationales, des journées gastronomiques suivant les différentes provinces, des conférences sur des différents domaines (environnement, santé, science, politique et diplomatie).
Un colloque sera également organisé sur le thème « Quels Médias pour consolider la paix après les élections en République Démocratique du Congo » ? Mme Mayimona a, par ailleurs, souligné que le salon de la femme offre son cadre pour la commémoration de la journée internationale de la liberté d’expression célébrée chaque 03 mai.
Pour rappel la synergie Femmes est une plate-forme créée par trois associations de Médias dont le Femmed –Wommed, l’Union Congolaise des Femmes des Médias (Ucofem) et l’Association des journalistes de la presse Féminine (Ajpf). Elle a été mise en place pour permettre aux associations membres de faire face aux grands enjeux.
Marie-Claire Badidila, coordinatrice de Femmed–Wommed, Anna Mayimona Ngemba coordinatrice de la Synergie, Cécile Kalambayi, coordinatrice adjointe de Femmed –Wommed et Jacqueline Mulanga , présidente de l’Ajpf, toutes membres du comité de pilotage, ont apporté de la lumière sur l’organisation de cette grande rencontre.
Michelle Makonko

Le viol, arme de guerre en République Démocratique du Congo

Droits de l'homme - 02-04-2008 - 12:36

J. Schröder: "Le viol est l'expression de la situation chaotique de la société"
C’est peut-être une arme de destruction massive : le viol systématique des femmes a été utilisé à grande échelle dans le conflit qui a opposé le gouvernement et les rebelles en République Démocratique du Congo (RDC). Depuis les accords de paix de janvier 2008, la situation a évolué mais reste sensible. Suite à une résolution votée au Parlement européen, trois députés se sont rendus sur place : le chef de délégation Jürgen Schröder évoque pour nous les conclusions de cette visite.


Selon le « Plan d’Action Humanitaire 2008 pour la RDC », plus de 30 000 viols ont été signalés en RDC l’année dernière. Pourquoi le viol est-il si répandu au Congo ?

Jürgen Schröder : « Le viol était clairement une arme de guerre pendant le conflit, mais depuis janvier 2008 et la conclusion des accords de paix, la situation a évolué. D’une arme de guerre, le viol est devenu une arme de criminalité ordinaire perpétrée par les rebelles, par les membres de l’armée régulière congolaise et même par des civils.

En RDC, le rôle des femmes est malheureusement subordonné à celui des hommes. Le pays n’est pas entièrement sous contrôle gouvernemental. Dans les zones où nous nous sommes rendus, au Nord et au Sud-Kivu, le chaos domine. Les hommes de ces régions ont perdu leur dignité et ils retournent leurs armes « de mâles » contre les plus faibles - les femmes et les enfants. C’est l’expression de la situation chaotique et désolée de la société entière ».

Quelles sont les conséquences de ces viols pour les victimes et leurs familles ?

Jürgen Schröder : « Les conséquences sont désastreuses. Selon les standards de moralité et d’éthique, la réputation de la famille est ternie : les jeunes filles, les femmes et même les enfants sont rejetés par les maris, les familles ou les villages. Mais il y a aussi la douleur physique. Les auteurs de viols savent qu’ils affectent non seulement la dignité de la femme, mais qu’ils détruisent aussi la structure de la société »

Le Parlement européen a demandé d’allouer des fonds d’aide aux victimes. Que peut faire de plus l’Union Européenne?

Jürgen Schröder : « La question du viol doit être considérée dans le contexte plus général des violations des droits de l’homme. Les auteurs de viols sont rarement jugés : l’impunité est la norme. Il faut donc d’abord travailler sur les moyens de rétablir un système judiciaire dans le pays.

Nous devons aussi aider les femmes, non seulement à se prémunir de ces violations de leurs droits, mais aussi à jouer un rôle actif dans la société : c’est l’une de nos conclusions majeures.

Les femmes sont les plus impliquées dans le renouvellement des sociétés. J’ai visité l’Indonésie et l’Afghanistan. Si vous regardez dans les yeux une femme député au Parlement de ces pays, vous avez le sentiment que vous pouvez leur parler et qu’elles peuvent comprendre. Si vous regardez dans les yeux des hommes -excusez moi d’être franc- vous ne voyez rien. Dans ces sociétés, on enseigne dès l’enfance aux garçons comment se comporter, en partant du principe que les garçons sont supérieurs aux filles. Ils sont victimes de leur éducation. Les femmes n’ont rien à perdre : on leur dit qu’elles appartiennent au rang le plus bas de la société.

Nous devons soutenir le processus de paix dans cette région, comme nous pouvons influencer le rôle du Rwanda et de la Chine là-bas -des acteurs majeurs. »

REF.: 20080331STO25211

677, le numéro vert SOS violences sexuelles

La Ministre du Genre, Famille et Enfant, Philomène Omatuku a procédé ce samedi 05 avril 2008 à 14h00 au lancement de la ligne verte violences sexuelles au cercle de Kinshasa.
Le 677 est le numéro " vert " à appeler d'un poste Vodacom à Vodacom, pour une facturation de 0,05 cent la minute. Cette ligne verte permettra aux victimes de violences sexuelles de recevoir des informations sur les structures de prise en charge existantes et d'être guidées vers ces dites structures pour recevoir les premiers soins médicaux et psychologiques. Elle permettra aussi aux populations d'avoir accès à toutes les informations sur l'Initiative conjointe de lutte contre les violences sexuelles, les abonnés des autres réseaux téléphoniques, devront composer le 0815565690, étant entendu que le tarif préférentiel n'est pas appliqué pour ces autres réseaux. " Cette ligne permettra à toutes personnes quelque soit son rang social, à recevoir gratuitement des informations nécessaires, pour obtenir une assistance en cas de violences sexuelles " a déclaré Philomène Omatuku, lors de son mot de circonstance.
La ministre de Genre, Famille et Enfant, n'a pas manqué dans son discours de remercier les partenaires de l'initiative conjointe de lutte contre les violences à savoir : l'ambassade de Belgique en RDC, l'UNFA, et d'autres partenaires.
Lors de son allocution, Docteur Margaret Agama, Représentante de l'UNFA, réaffirmé se soutien total de son organisation des initiatives du gouvernement congolais pour la lutte contre les violences sexuelles.
Pour rappel, cet événement s'inscrit dans le cadre de la campagne nationale d'informations, de sensibilisation et de plaidoyer sur les violences sexuelles, lancée le 18 mars 2008 à N'sele (Kinshasa) dont le thème est Violences Sexuelles : Ensemble, disons non au silence coupable pour la dignité des congolais.

A propos de l'UNPA

UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la Population est présent en République Démocratique du Congo depuis 1978. Son premier programme d'assistance a été mis en œuvre entre 1986 et 1990. Le second programme couvrant la période 2002 -2006 a été prolongé jusqu'en en 2007 du fait de l'harmonisation des cycles. De 1991 à 2001l'UNFPA a dû se contenter de financer des projets ponctuels et transitoires.
Le 2ème Programme de Coopération entre l'UNFPA et la RDC tire sa pertinence d'un contexte politique de sortie de crise, de reconstruction nationale et d'unification du pays. Mais aussi d'une précarité des conditions de vie et de la situation socio-sanitaires, y compris la santé de la reproduction, les violences sexuelles, les déplacés internes, etc. Dans sa conception, le programme devait faire face particulièrement à 5 défis majeurs relevés dans le domaine Population, santé de la reproduction et développement, en l'occurrence :

- l'absence de données pour la planification du développement dans différents domaines (le dernier recensement général de la population date de 1984) et faible prise de conscience des enjeux Population et Développement
- le taux élevé de mortalité maternelle et infantile
- la problématique de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes caractérisée par un fort taux d'avortements provoqués clandestins, des grossesses précoces et non désirées, les IST
- la prévalence élevée du VIH/SIDA (près de 5%) avec une tendance plus jeune et féminine
- les questions de genre y compris celles liées aux violences sexuelles
C'est en réponse à ces défis que l'UNFPA a conclu avec le Gouvernement de la RDC son second programme d'assistance qui couvre la période 2002-2006.
L'UNFPA qui est présent dans les 11 provinces apporte, conformément à son mandat, son appui au pays pour la résolution de ses problèmes. D'un montant global de 30 Millions de dollars US dont 18, réguliers, le Programme s'articule autour de deux sous-programmes : le sous-programme Santé de la Reproduction et le sous-programme Population et Développement. Il a aussi développé et co-exécuté un projet conjoint de prévention et de réponse aux violences sexuelles faites aux femmes, aux jeunes et aux enfants.

Des actions de plaidoyer menées en partenariat avec le Réseau des Femmes Ministres et Parlementaires (REFAMP) et le Réseau des Journalistes et Communicateurs en Population (RCP) ont contribué à l'adhésion des plus hautes autorités du pays y compris le Chef de l'Etat à la lutte contre l'impunité, les violences à l'égard des femmes, les violences sexuelles en particulier. Une autre importante réalisation dans le domaine du Genre a été l'inscription du principe de la parité et de la lutte contre les violences sexuelles dans la constitution du pays.
Partie prenante de toutes les grandes actions entreprises dans le domaine du VIH/SIDA conformément à son mandat. L'UNFPA s'est non seulement engagé dans la promotion et la vulgarisation du préservatif masculin et féminin, mais également à tisser des partenariats au niveau local pour servir de canal d'approvisionnement aux autres structures.

Le 18 mars 2008, l'UNFPA, a lancé, en collaboration avec le ministère du Genre, Famille et Enfant , et les membres de l'Initiative Conjointe de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, aux jeunes, aux enfants et aux hommes, la campagne nationale d'information, de sensibilisation et de plaidoyer sur les violences sexuelles.

Contact:
Sylvie SONA
Assistante au Plaidoyer UNFPA
E-mail: sylvie.sona@undp.org
Tel:+243 (0) 99 9942620.

05.04.08 Goma (RDC): malgré des arrestations, marche de femmes contre l'insécurité (Afp via CW)

GOMA (RDCongo), 2 avr 2008 - Des centaines de femmes ont manifesté mercredi dans des rues de Goma pour dénoncer l'insécurité grandissante dans cette ville de l'est de la République démocratique du Congo où 10 personnes ont été assassinées en 15 jours, a constaté un correspondant de l'AFP.

Vêtues de noir, brandissant des photos de victimes des derniers assassinats dans la capitale du Nord-Kivu, les manifestantes, essentiellement des commerçantes du quartier populaire de Birere, ont dénoncé la passivité des autorités locales face à l'augmentation de crimes ciblés contre des commerçants, des notables et des agents de l'Etat.

"Les gouvernants doivent prendre des mesures sérieuses pour punir de manière exemplaire les commanditaires de ces crimes", a déclaré Brigitte Mulunda, une commerçante peu convaincue par l'annonce récente d'arrestations, dont celle d'une mineure.

En dépit d'une tentative de la police de disperser la marche à coups de grenades lacrymogènes, les manifestantes ont marché jusqu'au siège du gouvernorat, où une délégation a été reçue dans l'après-midi.

Le vice-gouverneur, Feller Lutaichirwa, leur a présenté devant la presse douze civils menottés, dont une femme et une fillette de 12 ans, interpellés ces derniers jours dans la cadre des différentes enquêtes sur les récents assassinats.

"Aucun malfrat ne sera relâché jusqu'à ce que les enquêtes donnent leurs résultats", a affirmé le vice-gouverneur, avant de renvoyer les prévenus vers leurs cellules, dans des locaux de l'armée.

Selon des sources sécuritaires occidentales, outre ces 12 civils, trois militaires ont été arrêtés et au moins l'un d'entre eux pourrait être impliqué dans l'assassinat de l'homme d'affaires Albert Ngezayo. Ce notable très connu dans la région a été abattu le 13 mars devant son domicile de Goma, à quelques mètres du bureau des renseignements militaires et de la résidence du gouverneur.

Audience publique pour viol sur mineur à Lukala dans le Bas-Congo
Biliaminou Alao / MONUC 03 avr. 08 - 16h15


Le Tribunal militaire de Garnison des Cataractes et de la Lukaya à Mbanza-Ngungu, siégeant en matière répressive au premier degré, a tenu une audience foraine le 1er avril 2008 à Lukala, à environ 150 km de Matadi, dans un dossier de viol avec violence sur mineurs.

Les faits

Charlotte - appelons-là ainsi par souci d'anonymat - participe avec ses parents à une fête dans une église de Lukala. Elle ressent un besoin physiologique pressant et s'éloigne d'une trentaine de mètres environ pour le satisfaire. Malheureusement pour elle, chemin faisant, elle tombe sur un agent de police. Il s'agit de Miandambu Kalume, de la Police Nationale Congolaise (PNC) affecté au poste de garde de la radio de la Société d'Exploitation Pétrolière du Congo (SEP) de Lukala. Il braque son arme sur elle et lui déclare qu'elle est en état d'arrestation. Il lui intime alors l'ordre de le suivre au poste de police.

A environ 800 mètres de son poste de garde où il était seul, l'agent Kalume entraîne Charlotte dans la brousse, la fouille et lui prend les 1.700 francs congolais qu'elle a sur elle. Il lui arrache ensuite violement ses vêtements, la bâillonne avec sa chemise et la viole. Charlotte n'a que 14 ans. Elle saigne abondamment. Elle vient de perdre sa virginité.

Son agresseur la menace de mort si elle révèle son viol. Audacieux et sans scrupules, il l’a raccompagne jusqu'au lieu où il l'a trouvée, à proximité de l'église. Il tombe nez à nez sur les parents de Charlotte qui étaient déjà activement à la recherche de leur fille.

Plus tard, la mère voyant sa fille saigner, la conduit à l'hôpital. Le médecin diagnostique un traumatisme génital post sexuel. La mère de Charlotte, sous le choc, parle avec sa fille, puis décide de porter plainte pour viol sur son enfant.

Entre temps, l'agent Kalume est arrêté par son supérieur pour abandon de poste. Interrogé après la plainte, il affirme qu'il était parti chercher des cigarettes et est tombé sur une dame à qui il a proposé une relation sexuelle.

Le plaidoyer

Pour la défense, la preuve de la minorité de la victime n'est pas établie car aucune pièce d'identité n'a été présentée devant le tribunal, même si la victime paraît jeune. Par ailleurs, elle indique que c'est plutôt le présumé qui aurait remis 650 francs congolais à la victime après le rapport sexuel en payement de l'acte alors que celle-ci exigeait 1.500 francs. Enfin, la défense se plaint du défaut d'un acte de l'état civil qui pourrait établir le lien de filiation entre la plaignante et la victime.

Le verdict

Après le délibéré des juges, l'agent Kalume, conformément à la constitution de la RDC et aux différentes dispositions du code militaire et civil, est condamné à 18 ans de servitude pénale pour viol et vol avec violence assortis d'un renvoi de la police et d'un payement de dommages et intérêts d'un montant de 10.000 dollars US à la victime.

Le condamné a 5 jours pour formuler un recours en appel.

Pour le Président du Tribunal, la justice militaire a lancé une campagne pour décourager les viols d'une manière générale, et plus particulièrement, ceux commis par les forces de l'ordre et de sécurité. Le processus va donc se poursuivre dans d'autres localités.

Ce qu'en pense la population

Selon plusieurs témoins, l'agent Kalume n'est pas à son premier forfait, tout comme d'autres policiers et militaires violeurs qui sont toujours en liberté. Pour les habitants de Lukala, le tribunal a prononcé un bon jugement qui débarrasse la localité d'un bourreau.

Près de 1000 personnes ont assisté à ce procès ouvert au public. Une affluence qui va sans doute permettre aux nombreuses victimes encore silencieuses d'avoir le courage de dénoncer leur bourreau.

Le désarroi de la Banque mondiale face à la pauvreté en RD Congo

Face à un gouvernement congolais empêtré dans la mauvaise gouvernance, la Banque mondiale paraît impuissante face à l’ampleur de la pauvreté au Congo-Kinshasa. La RD Congo reste un pays aux immenses potentialités mais dont la population figure parmi les peuples les plus pauvres du continent noir.
Le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé, mardi 18 mars, un don de 50 millions de dollars américains destinés à la réouverture et à l’entretien de 1.800 kilomètres de route en terre. Selon un communiqué publié le même jour, le projet vise à « rétablir durablement les liaisons entre les capitales provinciales et les districts et territoires de trois provinces, et ce d’une manière qui soit viable à long terme pour les populations et pour l’environnement. Il a spécifiquement pour objectifs : i) de rouvrir environ 1 800 kilomètres de routes figurant dans le réseau hautement prioritaire et de prévoir des ressources pour leur entretien régulier ; ii) de renforcer les capacités du ministère concerné et des organismes qui jouent un rôle dans le secteur routier, notamment pour l’élaboration des stratégies et des politiques ; et iii) d’aider le pays à mener de front le processus de redressement post-conflit de ses infrastructures et la protection de son environnement et de ses populations autochtones, telles que les Pygmées.» On croit rêver quand on voit les objectifs poursuivis par ce projet et la modicité des financements. C’est cela le problème fondamental de la RD Congo. Les besoins sont immenses et les moyens sont fort limités. Le saupoudrage qui en résulte donne l’impression que rien n’est fait et conduit à des gaspillages des ressources. Le portefeuille de la Banque mondiale en RD Congo comprend actuellement 11 projets en cours d’exécution pour un montant de 1,6 milliards de dollars. Selon des experts, il aurait fallu le double pour commencer à régler les problèmes de développement durable du pays. Les différents projets portent sur les routes, l’éducation, l’énergie, la santé, la démobilisation des anciens belligérants et les transports. Suite à la mauvaise gouvernance et aux conflits civils, les besoins sont tellement immenses que les interventions de cette institution de Bretton Woods sont à peine visibles. Le Congo-Kinshasa est aussi vaste que l’Europe de l’Est. Elle dispose de vastes ressources naturelles mais compte parmi les pays les plus pauvres du monde. Le PIB par habitant qui était de 380 dollars en 1960, s’est replié à 224 dollars en 1990 et se situait en 2006 à 139 dollars. L’incidence globale de la pauvreté est de 71% contre 50% en Afrique subsaharienne. Elle est de 41,60% à Kinshasa, de 55,83% au Kasaï Occidental, de 58,52% au Maniema, de 62,31% au Kasaï Oriental, de 69,12% au Katanga, de 69,12% au Katanga, de 72,88% au Nord Kivu, de 75,53% en Province orientale, de 84,65% au Sud-Kivu, de 89,08% au Bandundu et de 93,56% à l’Equateur. Des efforts importants doivent donc être faits pour réduire la pauvreté. La situation actuelle du réseau de transports entraîne un cloisonnement économique des provinces ainsi que de longs délais d’acheminement des produits. Le réseau fluvial et ferroviaire est dégradé. Sur les 150.000 km de routes existantes, 2.800 km sont bitumés. Les financements de la Banque mondiale portent sur 3.762 km auxquels il faut ajouter l’entretien de 1.800 km de routes. Les indicateurs sociaux sont parmi les plus faibles du monde. Il y a 1 enfant sur 5 qui meurt avant l’âge de 5 ans contre 0.87 sur 5 en Afrique subsaharienne. A noter que 4 enfants sur 10 ne vont pas à l’école. L’espérance de vie n’est plus que de 43 ans contre 47 ans dans le reste du continent noir. Enfin, plus de trois-quart (78%) de la population n’ont pas accès à l’eau potable et plus de 4/5 (90%) ne sont pas connectés à l’électricité alors que le pays dispose d’un potentiel énergétique énorme. C’est autant de problèmes qu’il faut régler pour assurer le bien-être de la population. Le pays regorge certes de ressources importantes mais il manque encore la bonne gouvernance.
Jean-Pierre Tsheba
© Congoindépendant 2003-2008