mardi 15 avril 2008

677, le numéro vert SOS violences sexuelles

La Ministre du Genre, Famille et Enfant, Philomène Omatuku a procédé ce samedi 05 avril 2008 à 14h00 au lancement de la ligne verte violences sexuelles au cercle de Kinshasa.
Le 677 est le numéro " vert " à appeler d'un poste Vodacom à Vodacom, pour une facturation de 0,05 cent la minute. Cette ligne verte permettra aux victimes de violences sexuelles de recevoir des informations sur les structures de prise en charge existantes et d'être guidées vers ces dites structures pour recevoir les premiers soins médicaux et psychologiques. Elle permettra aussi aux populations d'avoir accès à toutes les informations sur l'Initiative conjointe de lutte contre les violences sexuelles, les abonnés des autres réseaux téléphoniques, devront composer le 0815565690, étant entendu que le tarif préférentiel n'est pas appliqué pour ces autres réseaux. " Cette ligne permettra à toutes personnes quelque soit son rang social, à recevoir gratuitement des informations nécessaires, pour obtenir une assistance en cas de violences sexuelles " a déclaré Philomène Omatuku, lors de son mot de circonstance.
La ministre de Genre, Famille et Enfant, n'a pas manqué dans son discours de remercier les partenaires de l'initiative conjointe de lutte contre les violences à savoir : l'ambassade de Belgique en RDC, l'UNFA, et d'autres partenaires.
Lors de son allocution, Docteur Margaret Agama, Représentante de l'UNFA, réaffirmé se soutien total de son organisation des initiatives du gouvernement congolais pour la lutte contre les violences sexuelles.
Pour rappel, cet événement s'inscrit dans le cadre de la campagne nationale d'informations, de sensibilisation et de plaidoyer sur les violences sexuelles, lancée le 18 mars 2008 à N'sele (Kinshasa) dont le thème est Violences Sexuelles : Ensemble, disons non au silence coupable pour la dignité des congolais.

A propos de l'UNPA

UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la Population est présent en République Démocratique du Congo depuis 1978. Son premier programme d'assistance a été mis en œuvre entre 1986 et 1990. Le second programme couvrant la période 2002 -2006 a été prolongé jusqu'en en 2007 du fait de l'harmonisation des cycles. De 1991 à 2001l'UNFPA a dû se contenter de financer des projets ponctuels et transitoires.
Le 2ème Programme de Coopération entre l'UNFPA et la RDC tire sa pertinence d'un contexte politique de sortie de crise, de reconstruction nationale et d'unification du pays. Mais aussi d'une précarité des conditions de vie et de la situation socio-sanitaires, y compris la santé de la reproduction, les violences sexuelles, les déplacés internes, etc. Dans sa conception, le programme devait faire face particulièrement à 5 défis majeurs relevés dans le domaine Population, santé de la reproduction et développement, en l'occurrence :

- l'absence de données pour la planification du développement dans différents domaines (le dernier recensement général de la population date de 1984) et faible prise de conscience des enjeux Population et Développement
- le taux élevé de mortalité maternelle et infantile
- la problématique de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes caractérisée par un fort taux d'avortements provoqués clandestins, des grossesses précoces et non désirées, les IST
- la prévalence élevée du VIH/SIDA (près de 5%) avec une tendance plus jeune et féminine
- les questions de genre y compris celles liées aux violences sexuelles
C'est en réponse à ces défis que l'UNFPA a conclu avec le Gouvernement de la RDC son second programme d'assistance qui couvre la période 2002-2006.
L'UNFPA qui est présent dans les 11 provinces apporte, conformément à son mandat, son appui au pays pour la résolution de ses problèmes. D'un montant global de 30 Millions de dollars US dont 18, réguliers, le Programme s'articule autour de deux sous-programmes : le sous-programme Santé de la Reproduction et le sous-programme Population et Développement. Il a aussi développé et co-exécuté un projet conjoint de prévention et de réponse aux violences sexuelles faites aux femmes, aux jeunes et aux enfants.

Des actions de plaidoyer menées en partenariat avec le Réseau des Femmes Ministres et Parlementaires (REFAMP) et le Réseau des Journalistes et Communicateurs en Population (RCP) ont contribué à l'adhésion des plus hautes autorités du pays y compris le Chef de l'Etat à la lutte contre l'impunité, les violences à l'égard des femmes, les violences sexuelles en particulier. Une autre importante réalisation dans le domaine du Genre a été l'inscription du principe de la parité et de la lutte contre les violences sexuelles dans la constitution du pays.
Partie prenante de toutes les grandes actions entreprises dans le domaine du VIH/SIDA conformément à son mandat. L'UNFPA s'est non seulement engagé dans la promotion et la vulgarisation du préservatif masculin et féminin, mais également à tisser des partenariats au niveau local pour servir de canal d'approvisionnement aux autres structures.

Le 18 mars 2008, l'UNFPA, a lancé, en collaboration avec le ministère du Genre, Famille et Enfant , et les membres de l'Initiative Conjointe de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, aux jeunes, aux enfants et aux hommes, la campagne nationale d'information, de sensibilisation et de plaidoyer sur les violences sexuelles.

Contact:
Sylvie SONA
Assistante au Plaidoyer UNFPA
E-mail: sylvie.sona@undp.org
Tel:+243 (0) 99 9942620.

05.04.08 Goma (RDC): malgré des arrestations, marche de femmes contre l'insécurité (Afp via CW)

GOMA (RDCongo), 2 avr 2008 - Des centaines de femmes ont manifesté mercredi dans des rues de Goma pour dénoncer l'insécurité grandissante dans cette ville de l'est de la République démocratique du Congo où 10 personnes ont été assassinées en 15 jours, a constaté un correspondant de l'AFP.

Vêtues de noir, brandissant des photos de victimes des derniers assassinats dans la capitale du Nord-Kivu, les manifestantes, essentiellement des commerçantes du quartier populaire de Birere, ont dénoncé la passivité des autorités locales face à l'augmentation de crimes ciblés contre des commerçants, des notables et des agents de l'Etat.

"Les gouvernants doivent prendre des mesures sérieuses pour punir de manière exemplaire les commanditaires de ces crimes", a déclaré Brigitte Mulunda, une commerçante peu convaincue par l'annonce récente d'arrestations, dont celle d'une mineure.

En dépit d'une tentative de la police de disperser la marche à coups de grenades lacrymogènes, les manifestantes ont marché jusqu'au siège du gouvernorat, où une délégation a été reçue dans l'après-midi.

Le vice-gouverneur, Feller Lutaichirwa, leur a présenté devant la presse douze civils menottés, dont une femme et une fillette de 12 ans, interpellés ces derniers jours dans la cadre des différentes enquêtes sur les récents assassinats.

"Aucun malfrat ne sera relâché jusqu'à ce que les enquêtes donnent leurs résultats", a affirmé le vice-gouverneur, avant de renvoyer les prévenus vers leurs cellules, dans des locaux de l'armée.

Selon des sources sécuritaires occidentales, outre ces 12 civils, trois militaires ont été arrêtés et au moins l'un d'entre eux pourrait être impliqué dans l'assassinat de l'homme d'affaires Albert Ngezayo. Ce notable très connu dans la région a été abattu le 13 mars devant son domicile de Goma, à quelques mètres du bureau des renseignements militaires et de la résidence du gouverneur.

Audience publique pour viol sur mineur à Lukala dans le Bas-Congo
Biliaminou Alao / MONUC 03 avr. 08 - 16h15


Le Tribunal militaire de Garnison des Cataractes et de la Lukaya à Mbanza-Ngungu, siégeant en matière répressive au premier degré, a tenu une audience foraine le 1er avril 2008 à Lukala, à environ 150 km de Matadi, dans un dossier de viol avec violence sur mineurs.

Les faits

Charlotte - appelons-là ainsi par souci d'anonymat - participe avec ses parents à une fête dans une église de Lukala. Elle ressent un besoin physiologique pressant et s'éloigne d'une trentaine de mètres environ pour le satisfaire. Malheureusement pour elle, chemin faisant, elle tombe sur un agent de police. Il s'agit de Miandambu Kalume, de la Police Nationale Congolaise (PNC) affecté au poste de garde de la radio de la Société d'Exploitation Pétrolière du Congo (SEP) de Lukala. Il braque son arme sur elle et lui déclare qu'elle est en état d'arrestation. Il lui intime alors l'ordre de le suivre au poste de police.

A environ 800 mètres de son poste de garde où il était seul, l'agent Kalume entraîne Charlotte dans la brousse, la fouille et lui prend les 1.700 francs congolais qu'elle a sur elle. Il lui arrache ensuite violement ses vêtements, la bâillonne avec sa chemise et la viole. Charlotte n'a que 14 ans. Elle saigne abondamment. Elle vient de perdre sa virginité.

Son agresseur la menace de mort si elle révèle son viol. Audacieux et sans scrupules, il l’a raccompagne jusqu'au lieu où il l'a trouvée, à proximité de l'église. Il tombe nez à nez sur les parents de Charlotte qui étaient déjà activement à la recherche de leur fille.

Plus tard, la mère voyant sa fille saigner, la conduit à l'hôpital. Le médecin diagnostique un traumatisme génital post sexuel. La mère de Charlotte, sous le choc, parle avec sa fille, puis décide de porter plainte pour viol sur son enfant.

Entre temps, l'agent Kalume est arrêté par son supérieur pour abandon de poste. Interrogé après la plainte, il affirme qu'il était parti chercher des cigarettes et est tombé sur une dame à qui il a proposé une relation sexuelle.

Le plaidoyer

Pour la défense, la preuve de la minorité de la victime n'est pas établie car aucune pièce d'identité n'a été présentée devant le tribunal, même si la victime paraît jeune. Par ailleurs, elle indique que c'est plutôt le présumé qui aurait remis 650 francs congolais à la victime après le rapport sexuel en payement de l'acte alors que celle-ci exigeait 1.500 francs. Enfin, la défense se plaint du défaut d'un acte de l'état civil qui pourrait établir le lien de filiation entre la plaignante et la victime.

Le verdict

Après le délibéré des juges, l'agent Kalume, conformément à la constitution de la RDC et aux différentes dispositions du code militaire et civil, est condamné à 18 ans de servitude pénale pour viol et vol avec violence assortis d'un renvoi de la police et d'un payement de dommages et intérêts d'un montant de 10.000 dollars US à la victime.

Le condamné a 5 jours pour formuler un recours en appel.

Pour le Président du Tribunal, la justice militaire a lancé une campagne pour décourager les viols d'une manière générale, et plus particulièrement, ceux commis par les forces de l'ordre et de sécurité. Le processus va donc se poursuivre dans d'autres localités.

Ce qu'en pense la population

Selon plusieurs témoins, l'agent Kalume n'est pas à son premier forfait, tout comme d'autres policiers et militaires violeurs qui sont toujours en liberté. Pour les habitants de Lukala, le tribunal a prononcé un bon jugement qui débarrasse la localité d'un bourreau.

Près de 1000 personnes ont assisté à ce procès ouvert au public. Une affluence qui va sans doute permettre aux nombreuses victimes encore silencieuses d'avoir le courage de dénoncer leur bourreau.

Le désarroi de la Banque mondiale face à la pauvreté en RD Congo

Face à un gouvernement congolais empêtré dans la mauvaise gouvernance, la Banque mondiale paraît impuissante face à l’ampleur de la pauvreté au Congo-Kinshasa. La RD Congo reste un pays aux immenses potentialités mais dont la population figure parmi les peuples les plus pauvres du continent noir.
Le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé, mardi 18 mars, un don de 50 millions de dollars américains destinés à la réouverture et à l’entretien de 1.800 kilomètres de route en terre. Selon un communiqué publié le même jour, le projet vise à « rétablir durablement les liaisons entre les capitales provinciales et les districts et territoires de trois provinces, et ce d’une manière qui soit viable à long terme pour les populations et pour l’environnement. Il a spécifiquement pour objectifs : i) de rouvrir environ 1 800 kilomètres de routes figurant dans le réseau hautement prioritaire et de prévoir des ressources pour leur entretien régulier ; ii) de renforcer les capacités du ministère concerné et des organismes qui jouent un rôle dans le secteur routier, notamment pour l’élaboration des stratégies et des politiques ; et iii) d’aider le pays à mener de front le processus de redressement post-conflit de ses infrastructures et la protection de son environnement et de ses populations autochtones, telles que les Pygmées.» On croit rêver quand on voit les objectifs poursuivis par ce projet et la modicité des financements. C’est cela le problème fondamental de la RD Congo. Les besoins sont immenses et les moyens sont fort limités. Le saupoudrage qui en résulte donne l’impression que rien n’est fait et conduit à des gaspillages des ressources. Le portefeuille de la Banque mondiale en RD Congo comprend actuellement 11 projets en cours d’exécution pour un montant de 1,6 milliards de dollars. Selon des experts, il aurait fallu le double pour commencer à régler les problèmes de développement durable du pays. Les différents projets portent sur les routes, l’éducation, l’énergie, la santé, la démobilisation des anciens belligérants et les transports. Suite à la mauvaise gouvernance et aux conflits civils, les besoins sont tellement immenses que les interventions de cette institution de Bretton Woods sont à peine visibles. Le Congo-Kinshasa est aussi vaste que l’Europe de l’Est. Elle dispose de vastes ressources naturelles mais compte parmi les pays les plus pauvres du monde. Le PIB par habitant qui était de 380 dollars en 1960, s’est replié à 224 dollars en 1990 et se situait en 2006 à 139 dollars. L’incidence globale de la pauvreté est de 71% contre 50% en Afrique subsaharienne. Elle est de 41,60% à Kinshasa, de 55,83% au Kasaï Occidental, de 58,52% au Maniema, de 62,31% au Kasaï Oriental, de 69,12% au Katanga, de 69,12% au Katanga, de 72,88% au Nord Kivu, de 75,53% en Province orientale, de 84,65% au Sud-Kivu, de 89,08% au Bandundu et de 93,56% à l’Equateur. Des efforts importants doivent donc être faits pour réduire la pauvreté. La situation actuelle du réseau de transports entraîne un cloisonnement économique des provinces ainsi que de longs délais d’acheminement des produits. Le réseau fluvial et ferroviaire est dégradé. Sur les 150.000 km de routes existantes, 2.800 km sont bitumés. Les financements de la Banque mondiale portent sur 3.762 km auxquels il faut ajouter l’entretien de 1.800 km de routes. Les indicateurs sociaux sont parmi les plus faibles du monde. Il y a 1 enfant sur 5 qui meurt avant l’âge de 5 ans contre 0.87 sur 5 en Afrique subsaharienne. A noter que 4 enfants sur 10 ne vont pas à l’école. L’espérance de vie n’est plus que de 43 ans contre 47 ans dans le reste du continent noir. Enfin, plus de trois-quart (78%) de la population n’ont pas accès à l’eau potable et plus de 4/5 (90%) ne sont pas connectés à l’électricité alors que le pays dispose d’un potentiel énergétique énorme. C’est autant de problèmes qu’il faut régler pour assurer le bien-être de la population. Le pays regorge certes de ressources importantes mais il manque encore la bonne gouvernance.
Jean-Pierre Tsheba
© Congoindépendant 2003-2008

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