mardi 16 décembre 2008

L'impasse congolaise - Ignorer les violences contre les femmes condamne la paix en RDC

Mélanie Coutu, Chercheuse à l'Observatoire sur les missions de paix de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQÀM
Sandra Le Courtois, Chercheuse à l'Observatoire sur les missions de paix de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQÀM

Édition du mardi 16 décembre 2008

Quelque 1100 viols par mois, un total de 13 247 cas seulement pour l'année 2007. Voilà les données officielles dévoilées par la MONUC (Mission des Nations unies en République démocratique du Congo) au sujet des violences sexuelles en RDC. Et depuis la reprise des hostilités dans le Nord-Kivu en août dernier, ces chiffres ont décuplé.
L'organisation est aujourd'hui montrée du doigt pour ne pas avoir réussi à assurer la mise en place d'une paix durable en RDC. Mais l'échec de la MONUC à mettre un terme aux violences sexuelles dans le conflit congolais témoigne d'un malaise plus profond, celui d'avoir échoué à comprendre et à véritablement intégrer les problématiques spécifiques aux femmes congolaises. Alors que celles-ci devraient être aux premières loges du processus de paix et de reconstruction de la société, le conflit en RDC a contribué à exacerber les discriminations qu'elles vivent. Et malheureusement, les acteurs de la MONUC n'ont pas su y remédier. Pire, certains s'en sont fait complices.

La précarité économique comme porte d'entrée des abus vécus par les femmes

Au-delà même de la gravité et de l'incroyable cruauté des crimes sexuels commis à l'encontre des femmes et utilisés comme arme de guerre dans le conflit congolais, la précarité économique des femmes est un autre des abus qu'elles subissent. Selon l'ONG Save the Children UK, les femmes composent de 30 à 40 % des effectifs des belligérants. Un certain nombre de Congolaises se joignent aux troupes de leur plein gré, mais la majorité d'entre elles le font afin de subvenir à leurs besoins. Elles y jouent alors des rôles différents: logistiques (productrices de denrées alimentaires, travail domestique, assistance médicale), militaires (combattantes, espionnes, messagères, gardes du corps) ou esclaves sexuelles. Peu importe leur rôle ou leur statut au sein du groupe, la majorité d'entres elles subiront une forme d'abus sexuel.

Quand les soldats de la paix commettent les abus

Le déploiement de la MONUC, en 1999, et l'établissement d'une paix chancelante n'ont pas résolu la question de la précarité économique des femmes. Dès 2004, devant un nombre grandissant d'allégations d'exploitation et d'abus et sexuels, les Nations unies ont dû se rendre à l'évidence: les violences sexuelles ne sont plus le monopole des groupes armés, de la police ou des militaires congolais. Elles sont également commises par certains membres du personnel de la MONUC. Pour de l'argent, de la nourriture ou un emploi, il existe, autour du personnel de la MONUC, un véritable marché de faveurs sexuelles.

L'attitude équivoque des Nations unies

Les Nations unies ont su reconnaître le caractère inadmissible de ces abus, dès leurs premiers échos. L'instauration d'une politique de tolérance zéro et d'une série de mesures répressives mettent en évidence la réelle volonté d'enrayer cette réalité peu reluisante du maintien de la paix. Néanmoins, l'attitude des Nations unies demeure ambiguë. D'un côté, il y a une dénonciation vigoureuse de ces abus. De l'autre, l'organisation onusienne se réfugie derrière la préséance des pays fournisseurs de contingents à sanctionner leurs soldats (ce qu'ils ne font à peu près pas). Ainsi, dans un contexte tel celui de la RDC où les infrastructures légales et juridiques n'ont pas encore été complètement rétablies, le climat d'impunité qui règne permet d'expliquer que certains membres du personnel de la MONUC se soient adonnés à des actes délictueux.

Les femmes-parias et la faillite du processus de paix

Dans le cadre de son mandat d'appui au Programme national de Désarmement, Démobilisation et Ré-intégration, la MONUC mène des négociations auprès des différents chefs de groupes armés afin de démobiliser les combattants en vue de leur réinsertion sociale. Mais dans ce processus, les femmes-combattantes sont pratiquement absentes (entre 2004 et 2008, seules 2 600 femmes ont été démobilisées contre 102 000 hommes). Leur sous-représentation s'explique d'abord par le fait que les femmes-combattantes sont rarement perçues comme des actrices du conflit. Ensuite, parce que les opérations de paix en général, et la MONUC en particulier, peinent à comprendre le rôle particulier des femmes dans la société hôte d'une mission de paix et les raisons qui expliquent la discrimination qu'elles vivent au quotidien. Enfin, parce que les femmes, pilier de leur communauté, sont souvent ostracisées par leur collectivité dès qu'elles ont fait partie d'un groupe armé ou qu'elles ont été victimes de violences sexuelles. Plusieurs s'exileront vers les centres urbains, où il devient presque impossible de les rejoindre. Elles seront alors amenées à se tourner vers des moyens de survie tels que vendre leur corps au personnel des Nations unies ou rejoindre des factions armées.

Les Nations unies, notamment par l'adoption des résolutions 1325 et 1820, démontrent une préoccupation manifeste à ce que les femmes fassent partie intégrante de toutes les étapes du processus de paix. Cependant, les allégations d'abus sexuels par du personnel des Nations unies ainsi que le traitement réservé aux femmes-combattantes mettent en évidence une incompréhension fondamentale des réalités qui affectent les femmes congolaises. Les discriminations vécues par celles-ci, en temps de paix, devraient nous fournir des indications précieuses sur les moyens à mettre de l'avant pour briser le cercle des violences et des abus dont les Congolaises font les frais en temps de conflit.

dimanche 14 décembre 2008

Critiques d'un activisme figé contre les violences sexuelles

Emmanuel Chaco

KINSHASA, 9 déc (IPS) - Des politiques font de plus en plus une critique acerbe contre l'activisme des femmes congolaises autour des thèmes sur l'égalité des sexes et des droits ainsi que sur les violences sexuelles faites aux femmes en République démocratique du Congo (RDC).

Pour les uns, c'est un monologue, pour les autres c'est un combat "mono sexiste", et pour d'autres encore, un combat qui n'aboutit qu'à un "discours de copines" sans objectifs ni résultats concrets.

Cette critique est devenue, à tort ou à raison, plus forte avec le lancement, par le gouvernement congolais, des "16 jours d'activisme contre les violences sexuelles faites aux femmes en en RDC", sous la supervision du ministère du Genre, de la Famille et de l'Enfant.

Lancée depuis le 25 novembre, cette manifestation durera 16 jours et coûtera plus de 15.000 dollars, pour des résultats non encore clairement définis.

Pour certains, comme les initiateurs, notamment la ministre du Genre, de la Famille et de l'Enfant, Marie Ange Lukiana, c'est "un activisme offensif". Pour d'autres, c'est "un activisme de grands hôtels huppés et climatisés, qui n'aboutira à aucun résultat concret comme ceux organisés depuis de longues années et auxquels on est habitué". Dans tous les cas, les uns et les autres estiment, comme le professeur Jean-Claude Byebye, ancien député congolais, qu'il s'agit, une fois encore, d'une réunion sans enjeux majeurs.

En tout cas, la question posée continuellement tourne autour de l'efficacité réelle de l'engagement des femmes congolaises puisqu'au bout de deux décennies d'un discours apparemment convainquant, elles ne sont pas parvenues à se donner une place de choix dans les institutions issues des élections et en sont donc restées aux jérémiades, affirment des analystes.

Reprenant cette idée, Byebye considère que jusque-là, l'engagement des femmes congolaises ne s'est limité qu'aux discours opportunistes, sans contenu concret et sans actions programmées. En témoignent des réunions répétitives, avec les mêmes acteurs, dans des lieux huppés, après lesquelles des cocktails sont bien servis, comme ci ces rencontres étaient en elles-mêmes l'objectif, le moyen et le résultat, dit-il à IPS.

Le contenu des discours et exposés des participants est l'autre écueil : propositions de réformes, dénonciations des inégalités des droits et des sexes, demandes de renforcement des capacités sans trop donner les raisons des réformes revendiquées ni les résultats auxquels elles devraient aboutir.

Les femmes ne ciblent pas non plus les points faibles de leur engagement qui requièrent renforcement ni les résultats qualifiés et quantifiés à court, moyen et long terme, comme le reconnaissait encore Joséphine Ngalula, présidente du Réseau actions femmes (RAF), au cours d'une rencontre d'évaluation à mi-parcours des 16 jours d'activisme, le 3 décembre. Le RAF est une organisation non gouvernementale basée à Kinshasa, la capitale congolaise.

Les femmes, qui sont les vraies victimes des violences sexuelles, ont toujours été laissées en marge de toutes ces "réunions de grands hôtels" et elles ne servent que comme capital humain, pour la confection des "projets, qui depuis de longues années, n'ont rien donné". Et le nombre des femmes qui ont simplement besoin de se confier à leurs paires est devenu impressionnant, mais elles n'ont personne à qui se confier. Les "activistes" sont loin d'elles, souligne Byebye.

Sihaka Tsemo du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Kinshasa, pense autrement : "Un travail plus concerté donnerait des résultats meilleurs si les obstacles sont d'abord identifiés et évalués en même temps que les atouts et les défis que connaissent les femmes en matière de violences sexuelles. Viendront alors les élaborations de programmes avec des résultats précis auxquels on voudrait arriver".

Dans un effort de lutte contre l'impunité des violences sexuelles faites aux femmes, il y a d'abord la prévention, soulignent à IPS, Anne Marie Makombo, une ancienne députée et Jacqueline Rumb, une femme politique, responsable au sein du Réseau des femmes africaine ministres et parlementaires (REFAMP), une association sans but lucratif basée à Kinshasa.

Selon le REFAMP, la prévention des violences sexuelles devrait faire en sorte que les premiers destinataires de l'engagement des femmes et de ses résultats soient d'abord les policiers, les maires, les politiciens et les enfants de rues en tant qu'auteurs récurrents ainsi que les femmes du monde rural, des femmes peu ou pas instruites en tant que victimes potentielles.

Le REFAMP espère ainsi intégrer à court terme une ligne spécifique aux violences sexuelles faites aux femmes dans le budget de la RDC pour l'année 2010 en prenant en compte le travail qui doit d'abord être fait à la base avec les femmes nécessiteuses ainsi qu'aux côtés des auteurs potentiels de ces violences.

Selon des analystes, un défi d'engagement plus significatif en faveur des femmes et par les femmes existe certes; mais il reste encore à braver plusieurs mythes dont la loi du silence face aux tabous, les craintes de représailles ainsi que le manque de structures d'écoute et de protection pour les victimes, en dépit des milliers de dollars qui sont gaspillés toutes les semaines dans des rencontres presque inutiles. (FIN/2008)


Condamner la guerre ou ses conséquences ?
Le Conseil des droits de l’homme décide d’enquêter sur les causes de la guerre au Congo


Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a franchi un pas important en décidant de ne pas uniquement enquêter sur les violations des droits de l’homme au Kivu, mais d’examiner également les causes de ces violations. En d’autres termes, les États du tiers-monde n’acceptent plus d’être stigmatisés pour les abus commis lorsqu’ils se défendent. Ils veulent mettre en accusation les fauteurs de guerre, c’est-à-dire les nouvelles puissances coloniales.

La 8e session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme consacrée à la situation dans l’Est du Congo a pris fin le 1er décembre. Après un débat contradictoire, la Résolution de l’Égypte, présentée au nom du groupe des pays africains, a été adoptée. Au nom de l’UE, la France a retiré sa Résolution. Ce texte n’évoquait pas la question des causes du conflit et ses opposants y voyaient la justification anticipée d’une éventuelle intervention militaire au Congo. [1]

Dans la Résolution, qui a été adoptée par consensus, le Conseil des droits de l’homme condamne non seulement les violences et les violations des droits de l’homme au Nord-Kivu, avant tout les abus sexuels et le recrutement d’enfants-soldats par les milices, mais il appelle également la communauté internationale à enquêter sérieusement sur les causes du conflit, notamment sur l’exploitation illégale des matières premières. Il veut contribuer ainsi à favoriser la paix et la stabilité en République démocratique du Congo (RDC) et à soutenir les efforts du gouvernement.

Le dimanche 1er décembre, la délégation de la RDC avait fait remarquer que la plupart des interventions faites jusque-là concernaient les conséquences du conflit et non ses causes [2]. Ainsi, le délégué Sébastien Mutomb Mujing a déclaré que l’envoi massif d’observateurs et de rapporteurs spéciaux ne contribuait pas à soulager les énormes souffrances de la population. Ce qu’il faut, c’est exercer de fortes pressions internationales sur les rebelles qui sèment la haine dans la région des Grands lacs. Il est vital que les réfugiés puissent rentrer chez eux.

Il a insisté sur le fait que l’armée du pays a été restructurée et qu’elle contient maintenant également des combattants d’anciens groupes rebelles qui commettent des violations des droits de l’homme et jettent le discrédit sur l’ensemble de l’armée.

En ce qui concerne les pays voisins, il a souligné le fait que certains d’entre eux sont devenus de très importants exportateurs de matières premières alors que leur sous-sol n’en contient pas. Font-ils donc tout pour empêcher une solution au conflit et la fin des massacres ?

Le résultat de la session extraordinaire montre que les pays africains ont gagné en assurance et ne se laissent plus commander par le monde occidental. De plus en plus de responsables africains sont conscients maintenant que les États leaders de l’UE et les USA veulent installer une nouvelle domination coloniale sur l’Afrique, pire que celle des décennies passées. Et les Africains n’accepteront pas cela.

Pour les habitants des pays industrialisés également, la nouvelle politique coloniale ne vise que les profits d’un petit nombre de personnes. Les énormes dépenses d’armement se font toujours au détriment des hommes, si bien que dans les pays « riches » comme les États-Unis ou l’Allemagne, la pauvreté prend une ampleur alarmante. Ainsi, en Allemagne, on trouve de nouveau des enfants qui ont faim.

Le fait que les gouvernements occidentaux continuent de miser sur la guerre apparaît de manière exemplaire dans la politique des États-Unis et dans le développement de leur Centre de commandement pour l’Afrique, l’AFRICOM. Il y a quelque temps, le gouvernement états-unien voulait déplacer le siège de l’AFRICOM en Afrique, mais aucun État africain n’a été d’accord de l’accueillir, si bien qu’il a dû rester à Stuttgart [3]. Toutefois, l’AFRICOM a été développé et une importante ambassade a été créée à Goma, dans l’Est de la RDC. Selon des sources congolaises, les États-Unis ont installé au Rwanda, près de la frontière avec la province du Kivu, une base militaire construite par la firme Halliburton [4]. C’est à peu près à ce moment-là que les conflits ont éclaté, et pas uniquement dans l’Est du Congo. On a également monté en épingle dans les médias la question de la piraterie au large de la Somalie afin de justifier une intervention militaire de l’UE et des USA après qu’on eut essayé, deux ans auparavant, d’écarter ceux qui, en Somalie, luttaient véritablement contre les pirates.

Des analystes comme F. William Engdahl [5] supposent que ce qui intéresse l’UE et les USA, ce ne sont ni les droits de l’homme ni les attaques de pirates (manigancées ?) mais la mainmise directe sur la Corne de l’Afrique riche en matières premières, qui va du Golfe d’Aden au Soudan et à l’Est de la RDC [6] . À cela s’ajoute le contrôle des voies de transport dans l’océan Indien. L’UE et les USA considèrent comme une « menace » que la Chine ait pris pied depuis quelques années déjà en Afrique et ait conclu des contrats équitables avec les États africains.

La Chine a conclu avec le gouvernement congolais un contrat de 9 milliards de dollars qui assure à des entreprises chinoises l’accès à 10,6 millions de tonnes de cuivre et à plus de 600000 tonnes de cobalt. En contrepartie, Pékin a promis d’investir 6 milliards de dollars dans la construction de routes, de chemins de fer, de centrales hydrauliques, d’hôpitaux et d’écoles ainsi que 3 milliards dans des projets miniers.

Le chef des rebelles Nkunda, pendant de longues années compagnon de lutte du président rwandais Paul Kagame, s’oppose à cela et a déjà menacé d’envahir le Kinshasa. Sous prétexte de protéger une minorité tutsie dans l’Est du Congo, il lutte pour étendre le contrôle rwandais sur le Congo afin de continuer à piller ses richesses minières et les livrer à ses commanditaires de l’UE et des USA. Depuis des années, les matières premières passent illégalement à l’étranger via le Rwanda. Selon des rapports d’experts de l’ONU, la vente illégale de coltan, minerai très convoité, a, au cours des 18 derniers mois, rapporté 250 millions de dollars à l’armée rwandaise. Le Rwanda est soutenu par les États-Unis et l’Allemagne.




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[1] « La RDC est prise en tenailles par les pays industrialisés » et « Les massacres se poursuivent à l’Est du Congo, tandis que la diplomatie prend son temps », par Peter Küpfer, Horizons et débats n° 48 du 1er décembre 2008.

[2] « Empêcher les multinationales de continuer leur commerce morbide », Horizons et débats n° 48 du 1er décembre 2008.

[3] « Triste activation pour l’AfriCom », par Stefano Liberti, Réseau Voltaire, 6 octobre 2008.

[4] Lire notre enquête en deux volets : « Halliburton ou le pillage de l’État » et « Halliburton, profiteur de guerre », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 16 et 23 septembre 2004.

[5] « AFRICOM, China und die Kriege im Kongo », par F. William Engdahl ,Koop Verlag, 27 novembre 2008.

[6] « Quelques réflexions sur la "piraterie" moderne », communiqué du ministre érythréen des Affaires étrangères, Horizons et débats, 8 décembre 2008.

dimanche 16 novembre 2008

Rama Yade s’inquiète pour les femmes congolaises

14.11.08 RAMA YADE s'inquiète pour les femmes Congolaises violées ! (F. Mulongo, RévFM/Parisien.fr)
Elles seraient « entre 50 000 et 100 000 » à avoir été violées depuis 2003. La secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l’Homme, RAMA YADE était en République démocratique du Congo (RDC) en juin. RAMA YADE décrit une situation catastrophique, notamment pour les femmes.

A l'occasion de la semaine de solidarité internationale, le Mouvement "Ni putes ni soumises" en partenariat avec l'Action des femmes Africaines Solidaires pour le développement (AFAS), Le Centre de Recherche et de d'information pour le développement (CRID), Plateforme Panafricaine... organise les 19 et 22 novembre prochain, une exposition sur la RDC (Maison de la Mixité, Métro: Jourdain) et un grand colloque sur le thème:" Femmes et filles en RDC: état des lieux des violences sexuelles et perspectives de reconstruction dans le cadre du co-développement et de la solidarité internationale. les enjeux de la situation actuelle de la guerre en RDC. Paris, Mairie du 20 ème, Métro: Gambeta.

Toutes les ONG présentes dans la région parlent de « catastrophe humanitaire ». Quelle est l’urgence ?


Rama YADE: L’urgence, c’est que le cessez-le-feu du 29 octobre décrété par la rébellion de Laurent Nkunda soit respecté. Il faut apaiser les tensions pour revenir à un processus politique. La situation humanitaire, que certains semblent aujourd’hui découvrir, est dramatique. J’étais en juin dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, et ce que j’ai vu là-bas, moi qui ai déjà effectué environ 70 déplacements, je ne l’ai jamais vu ailleurs. Je suis réellement revenue de l’enfer ! C’est une tragédie oubliée.

Abedi, 17 ans, allait chercher de l'eau lorsque des soldats l'ont frappée et violée : "J'ai 17 ans et plus personne ne voudra de moi. Mon fils né du viol a, aujourd'hui, 11 mois. Il s'appelle Kevin, je suis toute seule pour l'élever". Abedi affirme, avec colère, qu'elle a demandé pardon à sa famille, mais que ses proches ne veulent plus la voir, ni entendre parler d'elle.

Hélène, 42 ans. « Le 7 août 2000, des soldats du RDC-Goma* ont arrêté le convoi dans lequel je me trouvais entre Goma et Butembo. Ils frappaient les hommes et volaient la marchandise. Ils ont ensuite utilisé les femmes pour transporter leur butin dans la forêt. Ils m'ont gardée plusieurs jours. Je ne sais plus combien d'hommes m'ont violée... » Aujourd'hui, Hélène est responsable d'une des maisons-refuges de l'association MAODE. Elle accueille les autres femmes victimes de violences sexuelles et les aide à reprendre goût à la vie.

Marie-Donatienne a créé l'association MAODE il y a quatre ans. En avril 2003, elle aussi a été violée par des miliciens Interahamwes devant son mari et ses deux enfants. D'après les estimations d'Human Right Watch, 10 000 femmes et fillettes auraient été violées par les combattants des différentes factions. Actuellement, l'association vient en aide à 197 femmes, en développant, grâce à des micro-crédits, différents petits commerces et en exploitant des champs communautaires.

« Le viol est devenu une arme de guerre »

Et vous êtes rentrée traumatisée…

Rama YADE: Le mot n’est pas trop fort. En République Démocratique du Congo, où l’on compte entre 50 000 et 100 000 femmes violées depuis 2003, j’ai entendu les récits insoutenables de femmes enlevées, transformées en esclaves sexuelles par des bandes armées avant d’être abandonnées à leurs communautés qui, bien évidemment, n’en veulent plus à cause du sida ou de terribles séquelles physiques comme les fistules. A travers ces femmes, ce sont des communautés entières qui sont ainsi détruites. Sous l’effet d’une totale impunité des auteurs, le viol est devenu une arme de guerre au Congo. Et ce phénomène a pris dans ce pays une ampleur effroyable. A l’hôpital de Panzi, j’ai ainsi rencontré un homme remarquable, le Dr Mukwege qui, seul avec quatre aides-soignantes, opère ces femmes brisées à l’aide de moyens dérisoires.

Assiste-t-on à un nouveau conflit ethnique entre Hutus et Tutsis ?

Rama YADE: Il ne s’agit pas à l’origine d’un conflit expressément ethnique. La population congolaise est bien plus diverse que cela. Même si certains rebelles utilisent de temps en temps l’argument ethnique pour justifier leur action. Ce qui est certain, c’est que, depuis la reprise des combats début septembre, on compte plus de 200 000 personnes déplacées qui s’ajoutent aux 800 000 qui croupissent depuis des années dans les camps de réfugiés, à la suite des différents conflits de la région. Sans parler du recrutement d’enfants soldats qui a repris. Il semble que la rébellion de Laurent Nkunda, implantée dans le Nord-Kivu, cherche à asseoir son contrôle sur une région très riche en coltan, un minerai très recherché pour la fabrication de téléphone portables.


La Monuc (Mission des Nations unies au Congo) a-t-elle assez de moyens ?


Rama YADE: Je pense qu’il est plus que temps de renforcer ses moyens d’action. On ne peut plus se contenter de dire que la Monuc, avec ses 17 000 casques bleus, est la plus grande force des Nations unies au monde alors que, sur le terrain, les viols de femmes se poursuivent et les réfugiés se multiplient. Les militaires de la Monuc sont certainement ceux qui en ont le plus conscience car ils sont présents sur le terrain. Le mandat de la Monuc, qui vient d’être renouvelé, spécifie pourtant noir sur blanc qu’elle a mission de protéger les civils.

L’envoi d’une force européenne, c’est en dernier recours ?

Rama YADE:Même si l’Union européenne a décidé que ce n’est pas d’actualité, je pense qu’il est indispensable d’étudier des moyens d’action le plus vite possible. L’Histoire nous regarde.

Le Parisien

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vendredi 7 novembre 2008

CARE s'inquiète des viols et des agressions pour des dizaines de milliers de femmes et de filles en RD Congo

Date: 06 Nov 2008

Les violences sexuelles en RDC ont atteint « des proportions épidémiques », et la nouvelle vague de combats augmente considérablement le risque pour des dizaines de milliers de femmes et jeunes filles. Entre juin et septembre 2008, plus de 3500 cas de violences sexuelles pour le seul nord-Kivu - soit près de 400 par mois ont été recensés.

« Nous savons que le viol est généralement « sous-déclaré », et nous pensons que ce chiffre est encore très loin de refléter la réalité – qui elle est inimaginable », a déclaré Elisabeth Roesch, Chargée du Plaidoyer et du Genre de CARE RDC. « Les femmes ne viennent pas vers nous par peur du rejet, des représailles, ou en raison de la persistance de l'insécurité. Elles ont besoin de sécurité, de soins médicaux, de soutien et d'encouragements, ce qui est aujourd'hui en manque crucial en RDC. »

Le conflit actuel en RDC a créé l'une des plus effroyables guerres envers les femmes dans le monde. Le viol est devenu un outil de guerre, de propagation du VIH et d'autres maladies sexuellement transmissibles, il détruit des familles et traumatise les femmes qui sont attaquées, et leurs enfants qui sont souvent témoins de cette violence ou qui sont eux-mêmes attaqués.

« Les violences sexuelles ont atteint des proportions épidémiques dans le nord-Kivu », a déclaré Elisabeth Roesch. « Il s'agit de femmes qui souffrent déjà depuis longtemps. Les combats et les déplacements de population durent depuis des mois. Leur capacité à faire face est sur le point d'atteindre sa limite, et les poussent au bord du gouffre ».

« Il a été dit qu'il était plus dangereux d'être une femme qu'un soldat en RDC en ce moment – c'est on ne peut plus vrai. Ce n'est pas seulement un problème pour aujourd'hui. Le viol laisse un héritage à vie. »

Dans la région particulièrement touchée de Birambizo, au nord-Kivu, CARE vient de mettre en place un nouveau projet et apporte aux femmes, victimes de violence, une assistance médicale, un soutien psychosocial, et travaille avec les communautés pour aider les femmes à retrouver leur ancienne vie.

En outre CARE vient en aide aux personnes déplacées par le conflit.

Les programmes d'urgence de CARE répondent aux besoins de 2 700 personnes qui se sont réfugiées dans les églises et les écoles de Goma et qui n'ont pas de nourriture, pas d'eau potable, pas d'abri, ni de soutien médical. CARE leur distribue des kits d'urgence contenant des articles d'hygiène, des couvertures, des ustensiles de cuisine et des bâches en plastique et des jerricans pour stocker l'eau potable.

CARE peut mettre à votre disposition des vidéos et des photos des actions de CARE en RDC et arranger des interviews avec Elisabeth Roesch (francophone) ou Sébastien Pennes (français), directeur adjoint de CARE en RDC.

Contacts presse :

Alexandra Banget-Mossaz (Paris), banget-mossaz@carefrance.org; 01 53 19 89 92

Melanie Brooks (Genève), brooks@careinternational.org; +41.795.903.047

lundi 27 octobre 2008

Le Ministre Charles Michel demande en urgence un débat sur la situation à l'Est du Congo au Conseil européen

RDC / Belgique /

KINSHASA, République démocratique du Congo (RDC), 27 octobre 2008/African Press Organization (APO)/ –Ces derniers jours à l’Est du Congo ont été particulièrement meurtriers et le drame humain (violences sexuelles, réfugiés, famine, enlèvement d’enfants, etc.) qui s’y déroule actuellement impose que la communauté internationale prenne ses responsabilités.

C'est pourquoi le Ministre de la Coopération au développement, Charles Michel demande à ce que cette question soit mise d'urgence à l'agenda des réunions internationales et en particulier du Conseil européen qui se tiendra les 10 et 11 novembre prochains à Bruxelles. Il a écrit en ce sens à la Présidence française de l'Union européenne

Il est en effet primordial que l'Union européenne débatte au plus vite de ces questions et que ce débat se tienne de façon concertée entre Ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de la Coopération au développement.

En vue de cette réunion, le Ministre Charles Michel a décidé de prendre immédiatement contact avec ces homologues français, britannique et néerlandais qui sont avec la Belgique, les pays les plus présents en matière de coopération au développement en RDC.

Du 21 octobre au 21 décembre, Londres abrite une exposition photographique sur les Congolaises victimes de la guerre

Le quartier dénommé South Bank de Londres en Angleterre abrite depuis hier mardi 21 octobre 2008 l'exposition intitulée " Cheka Kidogo ". Cette expression signifie en Swahili, l'une des langues de la RD Congo, " souris un peu ". C'est le geste qu'on demande généralement à quelqu'un qui se fait photographier.
Cette exposition photographique se déroulera jusqu'au dimanche 21 décembre prochain. Durant deux mois, cette activité est voulue pour exalter le courage des Congolaises et Congolais face à l'adversité.

Rankin, le photographe reconnu pour se produits des célébrités que sont les tops models Kate Moss et la Reine d'Angleterre, a uni ses forces à celle d'Oxfam International pour faire connaître les personnes qui sont affectées par la guerre à l'Est de la RD Congo.

" Je veux montrer que la guerre ce n'est pas des chiffres dans des statistiques, mais qu'il s'agit des êtres humains ".

Ces propos ont été tenu par ce professionnel de la photographie qui tient à faire comprendre à l'opinion l'objectif même de cette exposition. Un témoignage de ce qu'il a vu de ses propres yeux.

Ces congolaises victimes des atrocités, des conflits et autres affrontements barbares ont d "filé devant l'objectif de son appareil photographique.

Cette exposition donnera ainsi au public anglais une belle occasion de voir ses sujets tout à fait différents de ceux que l'on rencontre dans les galeries d'arts.

Il sied de signaler que la présentation photographique " Cheka kidogo " est sponsorisée par une banque anglaise et va se tenir devant le théâtre national. " C'est étonnant que nous n'entendions jamais parler Angleterre de la RD Congo.

Les souffrances vécues là bas sont horribles mais nous ne les suivons pas dans nos journaux. J'ai entendu des choses atroces, des jeunes enfants qui ont été violés et des gens qui ont quitté leurs villages en fuyant les attaques.

Malgré les souffrances dont ils ont été l'objet, ce sont juste des gens comme nous et ils ont besoin de notre aide ", a soutenu Rankin avant d'espérer voir l'exposition de ses photos attirer l'attention des Britanniques sur ce qui se passe en R D Congo.

La Tempête des Tropiques

Yvette Mbuyi
Kinshasa, 23/10/2008 (La Tempête des Tropiques, via mediacongo.net)

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROFONDÉMENT PRÉOCCUPÉ FACE AU REGAIN DE VIOLENCE DANS L’EST DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

21/10/2008 Conseil de sécurité CS/9477
5998e séance – après-midi Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York
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Il s’alarme des conséquences humanitaires des combats récents et demande instamment à toutes les parties d’observer immédiatement un cessez-le-feu

Le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, M. Zhang Yesui(Chine), a fait, cet après-midi, au nom des membres du Conseil, la déclaration suivante:

Le Conseil de sécurité exprime sa profonde préoccupation face au regain de violence qui sévit dans les provinces de l’est de la République démocratique du Congo et aux conséquences qui pourraient s’ensuivre pour la région. Il s’alarme des conséquences humanitaires des combats récents et demande instamment à toutes les parties d’observer immédiatement un cessez-le-feu.

Le Conseil est vivement préoccupé par les menaces qui continuent de peser sur la sécurité de la population civile et la conduite des opérations humanitaires. Il condamne la poursuite du recrutement et de l’emploi d’enfants par des groupes armés, ainsi que la persistance de la violence sexuelle ou à motivation sexiste dans la région est de la République démocratique du Congo. Il demande instamment à toutes les parties de se conformer pleinement aux obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire, le droit des droits de l’homme et le droit des réfugiés.

Le Conseil affirme à nouveau que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo doivent être respectées. Il demande à nouveau à tous les groupes armés de déposer immédiatement les armes et de se présenter sans plus tarder et sans conditions préalables aux autorités congolaises et à la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) en vue de leur désarmement, de leur rapatriement, de leur réinstallation ou de leur réintégration, selon le cas.

Le Conseil réaffirme que les processus de Goma et de Nairobi constituent le cadre dans lequel il convient de chercher à stabiliser durablement l’est de la République démocratique du Congo. Il exhorte toutes les parties aux accords de Goma et de Nairobi à s’acquitter de leurs engagements de manière effective et de bonne foi. À ce propos, le Conseil condamne avec force les récentes déclarations de Laurent Nkunda appelant à un soulèvement national.

Le Conseil déclare à nouveau qu’il appuie fortement la MONUC dans le rôle qu’elle joue dans le rétablissement de la paix dans les Kivus, et il l’encourage à renforcer son action pour assurer la protection des civils. Il appuie sans réserve le plan de désengagement qu’elle a élaboré et que le Gouvernement de la République démocratique du Congo a accepté, et demande instamment à toutes les parties de s’y conformer.

Le Conseil se félicite de l’intention de la MONUC de reconfigurer ses forces et d’optimiser leur déploiement de manière à améliorer son efficacité dans le cadre du mandat existant et du plafond de ses forces. Le Conseil de sécurité prend note de la demande de moyens supplémentaires formulée pour la MONUC par le Représentant spécial du Secrétaire général. Il prie le Secrétaire général de lui présenter dans son prochain rapport une analyse complète de la situation et des recommandations.

Le Conseil engage instamment le Gouvernement de la République démocratique du Congo à prendre des mesures efficaces pour faire en sorte qu’il n’y ait aucune coopération entre des éléments des FARDC et les FDLR. Il demande aussi aux gouvernements de la région de cesser tout soutien aux groupes armés de la région est de la République démocratique du Congo.

Le Conseil engage instamment les Gouvernements de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda à s’efforcer d’urgence de régler leurs différends, notamment grâce à la réactivation du Mécanisme conjoint de vérification, et leur demande d’appliquer intégralement le communiqué de Nairobi. Il encourage le Secrétaire général à intensifier l’action qu’il mène pour faciliter le dialogue entre le Rwanda et la République démocratique du Congo.

Le Conseil condamne vigoureusement les récentes attaques lancées par l’Armée de résistance du Seigneur, notamment l’enlèvement de 159 écoliers dans des villages de la province Orientale. Il rappelle les actes d’accusation établis par la Cour pénale internationale contre des dirigeants de l’Armée de résistance du Seigneur, notamment du chef d’enrôlement d’enfants par enlèvement, constitutif de crime de guerre.

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel

lundi 29 septembre 2008

« No ! », un cri contre le viol des Africaines-Américaines

Le documentaire d’Aishah Simmons décortique les violences sexuelles
jeudi 25 septembre 2008, par Habibou Bangré

Aishah Simmons a réalisé le documentaire No ! pour « rendre visibles » les violences sexuelles commises au sein de la communauté africaine-américaine. Elle-même « survivante » d’un viol, la jeune femme a tourné ce film bouleversant et plein d’espoir sur onze ans, faute de financements. Le fruit de son labeur sera diffusé pour la première fois en France ce samedi, lors du Festival des femmes en résistance.

Aishah Shahidah Simmons le dit et le répète : elle n’est pas une « victime » du viol, mais une « survivante ». Cette jeune femme de 39 ans a souffert de cette agression mais est parvenue à trouver la force de la surmonter. Mieux, en 1994, elle a commencé à tourner un documentaire pour « rendre visibles » les viols perpétrés au sein de la communauté africaine-américaine. « J’ai réalisé "No !" pour sauver ma vie. C’était une thérapie, mais aussi un acte militant. C’était ma contribution pour le combat contre les violences faites aux femmes », explique Aishah Simmons.
Dénoncer, c’était trahir

Lorsque cette activiste parle de la production de son film, elle fait référence à un « voyage ». Un voyage pendant lequel elle a parcouru les Etats-Unis pour interroger des « survivantes » du viol, des universitaires - dont sa mère, elle-même victime d’agression sexuelle -, des théologiennes, des sociologues, des historiennes, des anthropologues et des militants des droits humains, parmi lesquels on compte son père.

Un travail de fourmi qui aura duré onze ans. Pourquoi plus d’une décennie de tournage ? « Enormément d’organismes ont refusé de subventionner un film qui traitait du viol des femmes noires aux Etats-Unis. En fait, c’est grâce au réseau de féministes que j’ai constitué de par le monde que j’ai pu réaliser le film », confie Aishah Simmons.

Le résultat : un documentaire bouleversant et poignant qui dévoile entre autres que le viol d’une Africaine-Américaine par un Africain-Américain n’était pas considéré comme un crime dans la communauté noire au temps de sa lutte pour les droits civiques (années 60). Pire, celles qui s’aventuraient à dénoncer l’abus étaient taxées de « traîtres ». Par les hommes noirs, mais parfois également par les femmes.

« Nous avons le droit de dire "non" »

Quant au viol des lesbiennes africaines-américaines, il repose sur les mêmes justifications que dans les autres communautés homophobes. « Il est utilisé contre les lesbiennes comme une arme par les Africains-Américains machistes, commente Aishah Simmons, qui se qualifie de "féministe et lesbienne qui s’assume complètement". Ils pensent que si une femme est lesbienne, c’est qu’elle n’a pas rencontré le bon homme. Alors ils la violent pour qu’elle devienne hétérosexuelle. »

Ces violences sexuelles contre les Africaines-Américaines, Aishah Simmons les explique notamment par « la colonisation et l’esclavage qui ont participé à l’idée qu’une femme noire ne peut pas être violée ». Elle précise son raisonnement : « Durant cette période, on disait aux Noirs que leur corps ne leur appartenait pas. Cette culture est restée inconsciemment encrée dans la communauté, c’est pourquoi certains considèrent que violer une femme africaine-américaine n’est pas si grave ».

La religion pour soigner la blessure du viol


Si No ! aborde des thèmes durs et difficiles, il est aussi plein d’espoir. Il montre entre autres comment des femmes ont survécu au viol grâce au christianisme ou à l’islam, les religions les plus répandues chez les Africains-Américains. « Lorsque les femmes se font violer, raconte Aishah Simmons, elles ne se rendent pas dans un centre contre le viol mais vont voir un imam ou se rendent dans une église. Et elles trouvent dans la Bible ou le Coran des textes qui les aideront à soigner leur blessure. En fait, elles ont une interprétation "féminine" de ces livres. »

Le documentaire de 94 minutes a été diffusé pour la première fois en 2006 et, depuis, a été projeté aux Etats-Unis, dans des pays d’Amérique latine (Pérou, Brésil, Mexique), d’Europe (Italie, Espagne, Hongrie), du Moyen-Orient (Jordanie) et d’Afrique (Rwanda, Kenya, Afrique du Sud et Burkina Faso). Chaque fois, No !, soutenu par Amnesty International, a participé à « faire prendre conscience que nos corps sont à nous et que nous avons le droit de dire "non" », souligne Aishah Simmons.

Outil de sensibilisation contre le viol


No ! sensibilise par ailleurs au fait qu’un viol commis par une personne que l’on connaît (un mari, un amant, un proche, un collègue…) est un viol au même titre qu’une agression perpétrée par un parfait étranger. Autant de qualité qui font de No ! un outil pédagogique et éducatif utilisé dans des établissements scolaires, des centres de femmes battues, des centres contre le viol, des conférences, des festivals et des prisons.

Preuve que le combat contre les violences sexuelles avance, si des hommes ressentent de la « colère » ou se montrent « agressifs » en regardant No !, d’autres organisent des projections entre eux. « C’est important d’avoir des hommes dans notre combat, conclut Aishah Simmons, car cela montre que, lentement mais sûrement, ils prennent à cœur la question des violences faites aux femmes. Ce qui est primordial car cela a un impact sur toute la communauté et participera, à terme, à mettre fin aux violences. »

Visiter le site de 'No' http://notherapedocumentary.org/

jeudi 25 septembre 2008

Ch. Michel s’associe à la campagne de lutte contre les violences faites aux femmes

25.09.08

BRUXELLES - Depuis 2004, la Belgique joue un rôle de premier plan dans la lutte contre les violences sexuelles. Le Ministre de la Coopération au Développement, Charles Michel a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes sa priorité.


Le Ministre a non seulement contribué de manière active au maintien de cette problématique dans les agendas internationaux, mais a également renforcé les actions de la Belgique dans ce domaine. La Coopération belge est en effet engagée dans un vaste programme de Lutte et de Prévention contre les violences sexuelles faites aux femmes, aux jeunes et aux enfants en République Démocratique du Congo. L’intervention de la Belgique veille à apporter une réponse globale aux victimes tant à travers la prise en charge médicale et psycho-sociale que pour la réinsertion socio-économique des victimes et la prévention à travers la lutte contre l’impunité.

Conformément à cet engagement, le Ministre Charles Michel signera aujourd’hui, en marge de l’assemblée Générale des Nations Unies qui se tient à New-York, la campagne du Fonds de Développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) visant à mettre fin aux violences faites aux femmes (www.saynotoviolence.org). La campagne de l’UNIFEM « Say no to violence against women », parrainée par l’actrice Nicole Kidman, a été lancée officiellement en novembre 2007. Depuis, plus de 225.000 personnes ont soutenu cette campagne. Le ministre joindra donc sa signature à celle de nombreux responsables de gouvernements et de personnalités publiques.

Ces signatures seront remises au Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-Moon le 25 novembre 2008, lors de la journée internationale pour l’élimination des violences contre les femmes.

Source: communiqué de presse Charles Michel, 25.09.08

Dungu : Peur et tension aprés les attaques des rebelles ougandais

Source: Missionary International Service News Agency (MISNA)

Date: 25 Sep 2008

La tension est grande dans la zone de Dungu (Province Orientale, à l'extrême nord-est de la République démocratique du Congo), où la semaine dernière les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du seigneur (Lord's resistance army, Lra) ont perpétré de graves attaques contre quelques villages (Duru, Kiliwa et Nimba). Une dizaine de personnes ont perdu la vie dans ces épisodes et près d'une centaine ont été enlevées. "La peur et la tristesse règnent partout. Les écoles sont toujours fermées et nous procédons au recensement des personnes en fuite par peur de nouvelles attaques", a déclaré à la MISNA une source locale, fournissant à une semaine des violences (survenues dans la nuit du 17 au 18 septembre) un bilan général des actions des hommes de la Lra, cachés depuis plusieurs mois dans le parc de la Garamba, non loin de la frontière avec le Soudan méridional. Malgré le fait que des actions de ce genre se soient répétées ces derniers mois dans la zone au nord de Dungu, en plein coeur du parc de la Garamba, les violences de la semaine dernière à Duru, Kiliwa et Nimba semblent avoir une autre origine. Les sources locales soutiennent de façon concordante qu'il ne s'est pas traité d'une "attaque politique", à savoir d'un ordre donné par les responsables de la Lra engagés depuis deux ans dans une délicate négociation de paix avec les autorités de Kampala, mais plutôt d'une action "d'éléments libres du groupe" ne supportant plus d'être cachés dans la forêt et continuellement à la recherche de biens et d'aliments à piller. Au contraire, d'autres sources considèrent qu'il s'agit d'une stratégie précise des groupes cachés dans les forêts congolaises (soit environ 900 rebelles) pour effrayer la population locale et la dissuader de collaborer avec les autorités en vue de l'opération militaire annoncée par l'armée congolaise contre les bases de la Lra. Selon des témoignages de Dungi parvenus à la MISNA, au moins quatre personnes ont été tuées à Duru, quatre autres à Kiliwa et deux dans les environs, dont des chefs de village. Au contraire à Dungu, une femme hospitalisée est décédée des suites de blessures d'armes blanches infligées durant l'attaque de Kiliwa. De plus, selon certaines informations diffusées, un pasteur protestant aurait été tué aussi. D'autres nouvelles rapportent des attaques mineures perpétrées ces derniers jours dans des centres encore plus isolés dans la forêt congolaise, comme celle de dimanche dernier à Kpayka, ayant fait au moins une victime. Malgré le déploiement de quelques divisions de l'armée congolaise et le soutien logistique et aérien de la Mission de l'Onu au Congo (Monuc), surtout autour des principales localités habitées de la zone, à commencer par Dungu, la "population locale se sent abandonnée", expliquent les sources de la MISNA. La majeure préoccupation concerne le sort de nombreux étudiants, pour la plupart des jeunes de 10 à 15 ans et des enfants en bas âge, enlevés par les rebelles après les attaques, utilisés comme porteurs après les pillages. Ces derniers jours, le Fonds pour l'enfance des Nations Unies (Unicef) a lancé un appel aux rebelles pour libérer des mineurs enlevés. Malgré l'absence de bilans officiels, on estime que près de 900 personnes ont pris la fuite suite aux violences dans la zone de Dungu, dont la plupart se sont réfugiées dans le Soudan méridional limitrophe. Parmi ces dernières figurent aussi trois missionnaires comboniens (deux italiens et un soudanais) présents à Duru au moment de l'attaque. La mission combonienne de Duru, une des plus anciennes dans toute la zone, et d'autres structures religieuses ont subi de graves dégâts dans les incendies causés par les rebelles avant de fuir et de retourner se cacher au maquis.


Ngungu - choléra dans le camp des déplacés, déjà 07 décès

Nord-Kivu | 25 Septembre 2008 à 09:45:46

Au moins 53 cas de choléra ont été enregistrés au camp de déplacés à Ngungu, une quarantaine de Km au sud-ouest de Goma, en territoire de Masisi. Déjà 07 personnes sont décédées dont 4 enfants, rapportent des sources concordantes sur place à radiookapi.net

Entre 20 mille et 24 mille personnes vivent dans ce camp de déplacés situé à 3 Km du centre de Ngungu, et cela depuis les derniers affrontements dans la zone de Ngungu, Murambi, Umule, Rubaya et Bihambwe, entre FARDC et CNDP. Les sources d'eau à Ngungu n'ont pas un débit suffisant pour tant de monde, pas de médicaments pour les personnes atteintes, et surtout il fait trop froid pour les tout-petits, affirme la même source qui ajoute que les humanitaires sont arrivés à Ngungu il y a une semaine, juste pour évaluer et depuis lors, ils ne sont plus revenus.


RD Congo : La crise humanitaire s'aggrave tandis que le processus de paix chancèle
Human Rights Watch 25 sep. 08 - 16h03


La reprise des combats déplace à nouveau 100 000 civils dans l’est du Congo

Goma, le 25 septembre 2008 – La reprise des combats dans l’est de la République Démocratique du Congo a déclenché une détérioration catastrophique de la situation humanitaire et causé d’énormes souffrances aux civils, a déclaré aujourd’hui la Congo Advocacy Coalition, un groupement de 83 agences humanitaires et associations de défense des droits humains. La coalition a réclamé des mesures urgentes pour améliorer la protection des civils et une augmentation immédiate de l’aide aux populations vulnérables.

Depuis le 28 août 2008, les combats ont repris entre l’armée congolaise et les forces du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) du général rebelle Laurent Nkunda, ainsi que d’autres groupes armés, rompant le fragile cessez-le-feu instauré depuis la signature de l’accord de paix de Goma le 23 janvier. Quelque 100 000 civils, dont un grand nombre avait déjà été déplacé par de précédentes vagues d’affrontements, ont été forcés de fuir pendant les violences les plus récentes. Selon des témoins, des civils bloqués dans les zones de combat ont été tués, blessés, violés ou détenus illégalement par des soldats de l’armée congolaise et des combattants d’autres groupes armés.

« La situation pour les civils est désespérée, et risque de se détériorer davantage si les combats se poursuivent », a déploré Rebecca Feeley du projet ENOUGH. « Toutes les parties qui ont signé l’accord de paix de Goma devraient honorer strictement leurs obligations, y compris la protection des civils et le respect du droit international humanitaire et des principes internationaux régissant les droits humains. »

Les violents combats, les pires depuis la signature du cessez-le-feu, ont commencé dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, avant de s’étendre au territoire de Masisi et ensuite au territoire de Kalehe dans le Sud-Kivu. Depuis le 23 janvier, l’ONU a enregistré plus de 250 violations du cessez-le-feu dans le Nord et le Sud-Kivu. Chaque cycle de violences a provoqué de nouveaux déplacements de civils. Le nombre exact est difficile à déterminer car les personnes qui rentrent chez elles sont fréquemment obligées de fuir à nouveau, mais l’ONU estime que plus d’1,2 million de personnes sont aujourd’hui déplacées dans le Nord et le Sud-Kivu.

Lors des récents combats, de nombreux civils pris entre deux feux ont été blessés ou tués, tandis que des rapports attestent que d’autres civils, dont des enfants, ont été enlevés et recrutés par la force pour le service militaire. À Kirotshe, une femme travaillant au centre médical local a été abattue d’une balle dans le ventre le 11 septembre, alors que le CNDP et des soldats de l’armée congolaise s’affrontaient pour le contrôle de la localité. Une autre femme qui s’enfuyait du village de Nyamubingwa a confié qu’elle avait laissé derrière elle trois femmes qui avaient été violées par des combattants armés. Une grande partie de son village avait été pillé.

« Sans arrêt, nous sommes attaqués, nous fuyons, nos maisons sont pillées et puis nous sommes déplacés sans rien », a raconté un homme dont la maison avait été pillée par deux milices différentes après qu’il eut fui Nyamubingwa le 10 septembre.

Des barrages routiers érigés par l’armée congolaise et les milices ont empêché beaucoup de civils de rejoindre les zones sûres. Dans certains cas, les civils fuyant les combats n’ont été autorisés à franchir les barrages que s’ils payaient une amende ou remettaient leur carte électorale (laquelle, au Congo, sert de carte d’identité) et d’autres biens qu’ils avaient réussi à emporter de chez eux.

Même en dehors des zones de combat, les soldats de l’armée congolaise, envoyés en nombre croissant dans cette région, ont tué et blessé des civils, souvent en pillant leur propriété. À Minova et dans les villages avoisinants du Sud-Kivu, par exemple, quatre civils ont été tués par les tirs hasardeux des militaires qui pillaient la localité. Dans certaines zones, les soldats de l’armée congolaise, ainsi que les membres des groupes armés, sont par ailleurs impliqués dans les activités minières illicites dans les mines riches en or ou en étain dans les provinces du Kivu et rançonnent systématiquement des civils, en particulier par l’imposition des « taxes » illégales.

« Les officiers de l’armée congolaise et les dirigeants des groupes armés doivent de toute urgence prendre des mesures pour contrôler et discipliner leurs troupes », a déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse principale sur la République Démocratique du Congo à Human Rights Watch. « Ils portent la responsabilité d’empêcher leurs soldats et combattants de tuer, de harceler et de maltraiter la population. »

Des travailleurs humanitaires ont subi des attaques qui les ont obligés de suspendre leurs activités au Nord-Kivu et dans certaines parties du Sud-Kivu, laissant bon nombre de déplacés sans soutien. Des centres médicaux ont été pillés et des camions acheminant l’aide humanitaire ont été détournés à des fins militaires par les soldats et les combattants des groupes armés. Des travailleurs humanitaires ont également fait l’objet de jets de pierres et ont été arrêtés à des barrages routiers par des foules qui confondaient leur rôle avec celui de la force de maintien de paix de l’ONU, la MONUC. Ces foules ont dit être en colère face à ce qu’ils considéraient être l’incapacité de la MONUC à mettre fin à la guerre et à protéger les populations.

« Les signataires de l’accord de paix de Goma ont accepté de protéger les civils, de démanteler les barrières routières et de permettre aux travailleurs humanitaires d’avoir accès aux populations dans le besoin. Pourtant, des communautés les ont vus faire précisément le contraire », a dénoncé Juliette Prodhan, Directrice de Pays d’Oxfam GB en RDC. « Il faut que toutes les parties respectent leurs engagements et mettent immédiatement fin à ces attaques. »

Il y a dix ans ce mois-ci, les Principes directeurs de l’ONU relatifs au déplacement des personnes à l’intérieur de leur propre pays ont été présentés pour la première fois à la Commission des droits de l’homme, reconnaissant officiellement les droits élémentaires de toutes les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, notamment la protection contre tout déplacement arbitraire, la protection et l’assistance au cours de leur déplacement, ainsi que les garanties de sécurité pendant leur retour.

« Dans l’est du Congo, bon nombre de ces droits élémentaires ont été violés de façon flagrante », a dit Ulrika Blom Mondlane du Norwegian Refugee Council. « Les Principes directeurs de l’ONU devraient être plus que de nobles aspirations. Les habitants de l’est du Congo souhaitent que la protection et les normes élémentaires d’assistance décrites dans ce document révolutionnaire deviennent réalité. »

La Congo Advocacy Coalition appelle les signataires de l’accord de paix de Goma, les bailleurs de fonds internationaux, ainsi que les facilitateurs internationaux des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Union Africaine et des Nations unies qui ont contribué à la conclusion de l’accord, à redoubler d’efforts afin de mettre en place l’accord de Goma et d’assurer que les Principes directeurs de l’ONU relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays soient respectés dans l’une des situations d’urgence humanitaire les plus graves du monde.

La coalition appelle plus précisément ces acteurs à :

• Faire appliquer les engagements relatifs à la protection des civils et au respect des droits humains énoncés dans l’accord de paix de Goma et le communiqué de Nairobi. Nommer un conseiller spécial sur les droits humains pour l’est du Congo afin de contribuer à faire en sorte que les préoccupations en matière de droits humains soient au cœur des discussions de la paix.
• Accroître et améliorer de toute urgence et de manière significative l’assistance destinée aux personnes déplacées ainsi qu’aux familles et communautés qui les accueillent.
• Punir ceux qui incitent à la violence contre les travailleurs humanitaires et le personnel de l’ONU. Informer la population au sujet des rôles et des mandats différents de la MONUC et des agences humanitaires.
• Veiller à ce que le mandat de protection de la MONUC soit considéré comme une priorité pendant l’allocation des ressources et la gestion des opérations.
• Veiller à ce que les sujets de l’exploitation illégale des ressources naturelles et des intérêts économiques des parties au conflit soient abordés explicitement dans les dialogues bilatéraux et internationaux.

Contexte

Le 23 janvier 2008, le gouvernement congolais et 22 groupes armés ont signé l’accord de paix de Goma, s’engageant à un cessez-le-feu immédiat et au respect des principes internationaux régissant les droits humains. L’Accord de Goma faisait suite à l’accord de novembre 2007 entre les gouvernements congolais et rwandais, connu sous le nom de Communiqué de Nairobi, qui cherchait à résoudre le problème de la présence des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé rwandais, dans l’est du Congo. En avril 2008, le gouvernement congolais a mis en place le Programme Amani, visant à coordonner les efforts de paix dans l’est du Congo.

Les Principes directeurs de l’ONU relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays énoncent les droits élémentaires de toutes personnes déplacées, mais la mise en place de ces principes reste faible dans l’est du Congo. Au Nord et au Sud-Kivu, une majorité de personnes déplacées n’a pas accès à des soins de santé, à une alimentation, ou à une éducation suffisants. Dans certaines zones, le taux de malnutrition a atteint des niveaux alarmants et plusieurs maladies sont endémiques. Depuis début septembre, une multiplication inquiétante des cas de choléra, par exemple, a été enregistrée dans six zones de santé du Nord-Kivu.

Le prix des produits alimentaires dans le pays a haussé, exacerbant davantage la pauvreté et la malnutrition. Cependant, le Programme alimentaire mondial a été obligé de réduire les rations alimentaires des déplacés dans l’est du Congo en raison de pénuries alimentaires. Les personnes déplacées et d’autres groupes vulnérables recourent à des stratégies à haut risque pour nourrir leurs familles. Suite aux risques d’abus par des militaires ou des combattants des groupes armés, certains se trouvent obligés de retourner chez eux pour cultiver leurs champs. Les femmes et les filles sont les plus touchées : beaucoup ont été violées alors qu’elles tentaient de retourner chez elles ou d’aller chercher du bois de chauffe ou de l’eau. D’autres personnes ont été arrêtées arbitrairement ou forcées de payer des taxes illégales. Ceux qui parviennent à retourner chez eux trouvent souvent leurs maisons pillées, occupées par des groupes armés ou des bandits.

Les enfants des familles déplacés ont souvent peu d’accès à l’éducation ou en sont totalement privés, soit parce que leurs familles n’ont pas d’argent pour payer les frais scolaires ou à cause du manque d’écoles dans les environs des camps de déplacés. Dans la lutte pour survivre, les enfants sont obligés de travailler. Comme un jeune garçon l’a expliqué à un travailleur humanitaire : « Si tu ne travailles pas, tu ne manges pas ». De même que les femmes, les enfants sont vulnérables, et sont des victimes faciles des attaques des combattants. Dans les zones autour de Masisi centre, par exemple, les enfants sortent pour chercher du bois de chauffe à 3 heures du matin pour éviter de subir les exactions des milices, d’être capturés en vue d’un recrutement ou d’être violés.

La vaste majorité des personnes forcées de fuir leurs maisons vivent dans des familles d’accueil qui, pour beaucoup, sont aussi pauvres que les personnes qu’elles accueillent. A ce jour, ces familles d’accueil, dont beaucoup accueillent des nombres importants de personnes déplacées depuis des mois, voire des années, ont bénéficié de peu d’attention et d’assistance. La population des villages se trouve parfois multipliée par deux, ce qui grève les maigres ressources locales et forcent souvent les personnes déplacées à se remettre en route vers d’autres lieux.

Tenue à Bukavu d'une journée axée sur " les femmes brisent le silence au Sud-Kivu "

L'UNICEF et l'ONGi V-day, en partenariat avec le ministère du Genre, famille et enfant, l'UNFPA et autres acteurs dans la lutte contre les violences sexuelles en RDC viennent d'organiser, à Bukavu dans la salle Concordia de l'archevêché de cette ville, une journée axée sur le thème " les femmes brisent le silence aux Sud-Kivu, dans le cadre, de la campagne globale " stop au viol de notre ressource la plus précieuse : valeur aux femmes et filles de la RDC.
Cette campagne rapporte-t-on, est une initiative de portée internationale qui est conduite par le mouvement V-Day et l'UNICEF sous les auspices, de l'action des Nations Unies contre les violences sexuelles dans les pays en situation des conflits.
Des invités ont pu écouter des témoignages des cinq survivantes de violences sexuelles ponctués des pièces de théâtres, de chansons ainsi que de l'écoute de trois réflexions émanant respectivement de Mme Eve Ensler fondatrice de V-Day, du chef de bureau de la MONUC Sud-Kivu, et du gouverneur du Sud-Kivu, Maître Louis Léonce Muderhwa Cirimwami.
Dans une déclaration élaborée, à l'occasion de cet événement, les femmes survivantes de viols ont déclaré ce qui suit : " nous craignons, l'extermination de la population féminine par des actes de violence sexuelle, ce qui sera, la fin de la société congolaise. Nous lançons donc un appel pour une intervention immédiate afin de mettre un terme à la guerre contre les femmes et les filles. Nous les femmes, savons que sans nous, il n'y a pas de culture, plus de société, plus de futur.
Nous avons souffert pendant plus de 10 ans et nous ne pouvons plus attendre ". Pour rappel, cet événement, fait suite à celui de l'année passée auquel s'étaient jointes plusieurs personnalités pour célébrer le lancement officiel de cette campagne au Sud- Kivu.

Bukavu, 25/09/2008 (ACP, via mediacongo.net)

Un prix norvégien des droits de l'Homme à un pasteur congolais
AFP 25 sep. 08 - 12h12


OSLO, 25 sept 2008 - Le prix Rafto des droits de l'Homme a été attribué jeudi à Oslo au pasteur Josué Bulambo Lembelembe de la République démocratique du Congo (RDC) pour ses efforts en faveur de la population en proie à une guerre meurtrière entre l'armée et des rebelles.

Dans l'est du pays, où les combats ont repris malgré un accord de paix signé en janvier 2008, le pasteur Bulambo Lembelembe vient en aide aux femmes victimes de viols collectifs, qui se chiffrent par centaines de milliers au cours de la dernière décennie, et aux enfants-soldats, explique la fondation.

"Dans ce paysage anarchique, Josué Bulambo Lembelembe apparaît comme une personnalité ecclésiastique visionnaire et d'une grande intégrité", souligne Rafto dans un communiqué.

Prêchant les idéaux démocratiques et la réconciliation entre ethnies en tant que vice-président de l'Eglise du Christ au Congo (ECC) dans la région du Kivu, le pasteur est le cofondateur et vice-président d'Héritiers de la Justice, une organisation fondée en 1991, du temps du dictateur Mobutu Sese Seko.

Au sein de la Communauté des Eglises Libres de Pentecôte en Afrique (CELPA) qu'il a présidée entre 1995 et 2005, il a aussi contribué à la réhabilitation des femmes violées et des enfants-soldats, qui dans 40% des cas sont des filles souvent exposées à des violences sexuelles, selon la fondation Rafto.

Créé en 1986, le prix Rafto, du nom du professeur norvégien Thorolf Rafto qui a consacré une grande partie de son existence à la défense des droits de l'Homme, est souvent attribué à des personnes peu connues du grand public pour encourager leur action.

dimanche 21 septembre 2008

les chefs coutumiers n’ont pas qualité, ni compétence de statuer sur les cas de violences sexuelles (RO)

21.09.08 Kindu
C’est la précision faite jeudi par le bureau des Nations Unies pour les droits de l’Homme, en partenariat avec la commission diocésaine justice et paix, à une quarantaine de ces gardiens de coutume. Cette disposition juridique a été expliquée au cours d’un forum de deux jours organisé à leur intention à Kindu, rapporte radiookapi.net
Conformément à la constitution, les chefs coutumiers constituent les yeux de l’Etat pour déférer tous les cas de violences sexuelles aux tribunaux de paix et de grande instance.

Le premier président de la cour d’appel du Maniema, Jean Roger Munanga, explique : « Les chefs coutumiers et leurs tribunaux coutumiers sont incompétents pour examiner ou statuer sur les cas qui concernent les violences sexuelles. Ils ne peuvent pas continuer à appliquer la coutume parce que la constitution nous dit dans son article 153 que les cours et tribunaux appliquent la coutume pour autant qu’elle soit conforme à la loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Alors, la plupart de ces coutumes doivent tomber caduques parce qu’elles me sont pas conformes à la loi, et surtout aux instruments internationaux relatifs aux violences faites aux femmes. Ils sont les yeux et les oreilles de l’Etat. Donc, quand de tels cas se commettent, ils doivent les diriger vers l’autorité compétente. On signale par exemple à l’OPJ qui est aux environs. Celui-là instruit le dossier et le transmet au parquet de grande instance. C’est comme ça. Ils ne peuvent pas trouver des solutions à l’amiable comme dans le temps. C’est interdit par la loi. »

Par ailleurs, les chefs coutumiers ont déploré l'absence des tribunaux de paix dans 5 territoires sur les 7 que compte la province du Maniema. Ce qui constitue un blocage quant à l'exécution de cette disposition légale sur le règlement des différends sur les violences sexuelles.

La justice internationale punit les criminels et porte secours aux victimes
Entretien avec André Laperrière, directeur exécutif du Fonds au profit des victimes
samedi 20 septembre 2008, par Falila Gbadamassi

Le Fonds au profit des victimes a été mis en place parallèlement à la Cour pénale internationale par le Statut de Rome en 2002. Pour la première fois, la justice internationale ne s’est pas contentée de punir, elle a aussi pensé aux victimes des crimes qui relevaient de sa compétence. Entretien avec André Laperrière, directeur exécutif du secrétariat du Fonds au profit des victimes.

Le Fonds au profit des victimes, associé à la Cour pénale internationale (CPI), défend et aide les victimes touchées par les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. Son action, totalement neutre, dépasse amplement le cadre des affaires traitées par la CPI. Le Fonds a lancé, le 10 septembre dernier, un appel aux dons de 10 millions d’euros pour venir en aide aux personnes victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo, en Centrafrique, en Ouganda et au Soudan.

Afrik.com : A quoi correspond ce Fonds au profit des victimes lié à la Cour pénale internationale ?
André Laperrière : Le Fonds au profit des victimes est l’une des deux composantes du Statut de Rome adopté en juillet 2002. La première est la Cour pénale internationale (CPI) dont la mission est de poursuivre les auteurs présumés de crimes de guerre, de génocide et de crimes contre l’humanité. Le Fonds au profit des victimes est la contrepartie du CPI. Contrairement aux autres tribunaux, le Statut de Rome accorde une place prépondérante aux victimes à l’intérieur, au travers des mécanismes d’indemnisation, et à l’extérieur des procès par le biais des programmes du Fonds. Les pays signataires du Statut de Rome ont eu la sagesse de tenir compte de la nature des crimes, qui exigent, quand ils ont lieu, de longs procès, et à la nécessité d’apporter une aide immédiate aux victimes. Dans le cas des violences sexuelles, les victimes ont besoin d’une aide médicale qui ne saurait attendre l’issue ou même la tenue d’un procès. Notamment parce que leurs séquelles, notamment physiques, aggravent leur marginalisation sociale.

Afrik.com : Dans quel cadre opère ce fonds ?
André Laperrière : Le Fonds a été créée au profit des victimes de crimes relevant de la compétence de la Cour et de leurs familles. Le statut de Rome nous a donné la liberté d’apprécier les situations qui requièrent notre intervention, à condition que nos programmes soient validés par le directoire et n’interfèrent pas dans le déroulement d’un procès en cours. Le Fonds n’est pas impliqué dans les procès. Cela nous permet d’aider tous ceux qui tombent sous notre sphère d’action. Une centaine de victimes sont directement concernées par les procès en cours de la CPI alors que notre appel aux dons porte sur 1,7 millions de personnes, uniquement victimes d’actes de violence sexuelle. Ce nombre impressionnant ne constitue qu’une fraction des victimes aidées par le Fonds. Beaucoup ont peur de témoigner parce que leurs bourreaux sont encore en liberté et qu’elles craignent des représailles. Pourtant, elles ont besoin d’aide. Le Fonds intervient de façon neutre pour assister ces victimes, peu importe si elles sont impliquées dans un procès, et peu importe qui pourrait éventuellement être leurs agresseurs.

Afrik.com : La reconnaissance du viol comme tactique de guerre en juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies a-t-elle encouragé cet appel au don que vous avez fait mercredi ?
André Laperrière : Il y a en effet un lien, mais nous avions prévu de faire cet appel. Cette décision des Nations unies nous a permis de mieux faire connaître ces atrocités. Après l’adoption du statut de Rome, la priorité a été donnée à la mise en place de la CPI. Le Fonds n’est devenu opérationnel qu’en 2007 et nos activités ont immédiatement démarré. Depuis le début de l’année 2008, une quarantaine de projets ont été lancés. Ces premiers projets concernent 380 000 personnes victimes de divers types de crimes. Ce chiffre, d’après nos prévisions, devrait passer à plus de 500 000 personnes en 2009, sans compter les 1,7 million de victimes de violence sexuelle, concernées par notre récent appel de fonds. Nos projets ne concernent pas seulement les victimes de violences sexuelles, ils visent aussi les communautés attaquées par les rebelles, les enfants soldats, des problématiques qui se retrouvent généralement imbriquées. Dans l’Est du Congo, nous nous sommes néanmoins rendu compte qu’environ 60% des projets comportent un volet lié à la violence sexuelle.

Afrik.com : Pourquoi les violences sexuelles sont devenues une priorité pour le Fonds ?
André Laperrière : Le phénomène du viol comme tactique de guerre n’est pas nouveau, ni propre à l’Afrique. C’est un problème qui existait déjà depuis longtemps, mais durant la dernière décennie en particulier nous avons pu assister à une utilisation massive de cette arme de guerre, à un niveau jamais observé auparavant. Le viol est systématiquement employé dans le but de détruire les communautés visées et on ne se contente pas simplement de violer. L’acte s’accompagne de mutilations physiques importantes, il y a chez les bourreaux une volonté d’humilier, d’engendrer une marginalisation sociale de la victime. On viole en public, devant une famille impuissante. Ces violences sexuelles favorisent la désintégration sociale des communautés.

Mgr Tutu et Mme Veil, le 10 août dernier à La HayeAfrik.com : Comment opérez-vous ?
André Laperrière : Nous avons adopté une approche globale avec nos partenaires. Nos équipes sont multidisciplinaires. Les besoins des victimes sont physiques, psychologiques, matériels, sociaux… De plus, nous tenons compte aussi bien de ces paramètres que de l’environnement de la victime. Nous croyons qu’il est primordial pour elle de se réintégrer dans sa communauté d’origine. A la différence de plusieurs autres programmes, où l’on s’est contenté de soigner les victimes et de les renvoyer du jour au lendemain de l’hôpital, nous veillons à ce qu’elles puissent rentrer chez elles dans les meilleures conditions possibles. C’est pourquoi, tant dans le cas du retour des ex-enfants rebelles que de celui des victimes de viol, nous travaillons avec les familles pour les préparer psychologiquement au retour de ces victimes Nous sensibilisons les proches à l’importance de lutter contre leur marginalisation. Cependant, le retour est impossible, soit parce que la marginalisation de ces victimes continue d’être un obstacle, soit parce qu’il n’y a simplement plus de famille. Nous avons par conséquent développé un volet économique dans nos projets pour accompagner les victimes. Autrement, elles se retrouveraient complètement démunies. Le microcrédit, associé à une formation appropriée, est l’un de nos outils de réinsertion. C’est important, car les victimes qui sont souvent des femmes n’ont pas accès à l’éducation. Traumatisées et incapables de s’assumer, la dégradation de leur statut social s’accélère avec la détérioration de leur statut économique. Les femmes sont particulièrement vulnérables, comme l’ont souligné mercredi (10 août) Simone Veil et Mgr Desmond Tutu.

Afrik.com : Quels types de projets menez-vous actuellement ?
André Laperrière : Nos premiers projets ont été menés au Nord de l’Ouganda et en République Démocratique du Congo. En Ouganda, nous avons lancé un programme d’assistance à une centaine de victimes défigurées par les rebelles de l’Armée de résistance du seigneur (LRA, ndlr). Elles avaient été complètement rejetées par les leurs. Une des femmes que j’ai rencontrée m’a confié que son mari lui avait dit : « tu n’es plus la femme que j’ai épousée, je ne te connais plus », simplement parce que son apparence physique avait changé. Pour répondre à ce problème, nous avons trouvé une ONG de chirurgiens plastiques qui réalisent gratuitement des reconstructions faciales sur ces personnes. Nous travaillons également en partenariat avec les chefs traditionnels afin qu’ils sensibilisent les populations au retour et à l’insertion des victimes de violences sexuelles. En RDC, nous menons des programmes destinés aux enfants soldats. Nous essayons aussi de reconstituer les communautés détruites par les conflits dont les rescapés ont dû vivre pendant longtemps dans des camps de réfugiés. Ces derniers n’ont pas toujours la motivation nécessaire pour redémarrer : ils n’ont plus de village. Nous travaillons avec eux pour soigner leurs blessés, construire des sépultures à leurs morts, démarrer une activité économique pour laquelle ils ont les connaissances de base. Ils ont par exemple été agriculteurs, ils savent donc cultiver la terre. Il suffit juste de leur donner les moyens de reprendre cette activité.

Afrik.com : Quelle est la durée de vos programmes ?
André Laperrière : Nos projets sont conduits sur 6 à 12 mois, délais à l’intérieur desquels nous visons à rendre leur dignité aux victimes, mais surtout à les rétablir au sein de leur famille et de leur communauté.

Afrik.com : A quoi vont servir les dons que vous attendez ?

André Laperrière : Ces fonds devraient servir à financer une cinquantaine de programmes sur tois ans en Centrafrique, en Ouganda et en RDC. Nous espérons aller rapidement au Soudan où nous n’avons pas encore accès. Les fonds récoltés sont exclusivement consacrés aux projets puisque nos frais de fonctionnement sont déjà prévus par le Statut de Rome. Nous espérons que ces financements seront disponibles dans les douze prochains mois pour nous permettre d’accélérer nos activités. D’autant que nos coûts sont imbattables parce que certains de nos partenaires financent des composantes de nos projets sur leurs propres fonds. Résultat : nous faisons des miracles avec très peu de ressources grâce à cet effet multiplicateur.

- Lire aussi : Le viol, une tactique de guerre


La résolution 1820 du Conseil de sécurité qualifiant le viol comme une arme de guerre, a été adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 19 juin 2008. En quoi cette décision marque un tournant en matière de droit international ? L’avis de Roland Adjovi, juriste principal auprès des juges de la Chambre de première instance III du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Une clinique juridique en faveur des victimes de viol au Sud-Kivu

Kinshasa, RD Congo - Une clinique juridique en faveur de victimes de violences sexuelles et autres violations des droits de l’homme a été installée samedi à Kamituga, à plus de 150 km au sud- ouest de Bukavu, province du Sud-Kivu, apprend-on de source onusienne à Kinshasa.

L'implantation de cette structure d'aide juridique a été accueillie avec joie par les bénéficiaires dans la lutte contre l’impunité et compte tenu de l’ampleur des violences sexuelles dans le territoire de Mwenga, constate la radio onusienne Okapi.

Le projet financé par la Coopération canadienne a été conçu par le Bureau des Nations unies pour les droits de l’homme, avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et de l’UNICEF, au profit du Centre africain pour la paix, la démocratie et les droits de l’homme (CAPDD), une ONG locale.

L’ONG CAPDD enregistre actuellement 66 femmes victimes de violences sexuelles, tandis que 20 autres cas sont encore au niveau des enquêtes policières.

"Pour les femmes victimes de viol, elles pourront enfin bénéficier de conseils pour sortir du traumatisme. Elles pourront être guidées vers des soins. Beaucoup d’entre elles sortiront alors de leur réserve, car trop souvent, elles se cachent. Avec l’animation assurée par le centre, elles viendront en voyant le bureau ouvert pour elles", a déclaré une responsable de l’ONG CAPDD.

Pour Mme Léonie Wakubenga de la Commission territoriale de lutte contre les violences sexuelles à Mwenga, depuis plus de six ans, on enregistre dans cette partie du Sud-Kivu un taux élevé de victimes de sévices sexuels, avec plus de 4.500 femmes violées les deux derniers mois.

Kinshasa - 20/09/2008 Pana

21 Septembre 2008: Des messages de paix venant des enfants
Note d'information / MONUC 20 sep. 08 - 12h27

La Journée internationale de la paix a été instaurée en 1981 par les Nations Unies pour faire observer tous les ans une journée de cessez-le-feu et de non violence dans le monde. L’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté en 1981 et 2001 des résolutions établissant cette Journée demandant instamment à “toutes les nations et à tous les peuples de favoriser la résolution pacifique des conflits et d’honorer la cessation des hostilités pendant cette journée".

Ainsi, le 21 septembre est devenu une journée consacrée au renforcement des idéaux de paix au sein des nations et des peuples, ainsi que dans leurs relations. Le 21 septembre est aussi un moment qui permet à l’ensemble du mouvement pacifiste, mais aussi à tout citoyen de se réunir autour d’une date pour encore mieux agir vers un monde exempt de guerre, d’inégalités et d’injustice.

Cette année, pour mobiliser les femmes et les hommes du monde entier dans la lutte pour cet idéal de paix, l’ONU a décidé de lancer une campagne de textos pour la paix. Chaque citoyen du monde est donc encouragé a envoyé des messages de paix via sms à son entourage. Et le message du Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon dit ceci: “en ce 21 septembre, Journée internationale de la paix, j’exhorte les dirigeants et les peuples du monde entier à joindre leurs forces contre la guerre, la pauvreté et la faim et pour les droits de l’homme pour tous”.

Au moment où la paix est à nouveau écorché en RDC, notamment à l’Est, cet appel du Secrétaire Général est d’autant plus actuel que pressant; car au delà de son impact planétaire, il interpelle aussi chacun des 60 millions de congolais à agir et fortement, pour un Congo totalement pacifié.

En RDC, le 21 septembre, la MONUC organise un large éventail de manifestation à travers le pays. A Kinshasa, la MONUC organise, dans la matinée du dimanche 21, une rencontre entre des enfants et des parlementaires. A cette occasion, des enfants congolais -12,14 ans- échangeront avec les parlementaires sur leurs préoccupations en ce qui concerne la paix, cela en présence de quelques leaders de la société civile et des membres de la communauté internationale. Les enfants liront aussi à cette occasion des messages de paix dans lesquels ils exprimeront leurs attentes à ce sujet. Ces messages seront intégrés à la campagne "textos" lancée mondialement, et rassemblés par la MONUC puis transmis à New York, au Siège des Nations Unies.

Nord-Kivu : l’enrôlement des enfants soldats s’intensifie

Le recrutement forcé d'enfants soldats s'est intensifié depuis les accords de paix de Goma, en janvier dernier. Certaines de leurs dispositions poussent les chefs des groupes armés, particulièrement le CNDP de Laurent Nkunda, à gonfler leurs effectifs dans l'espoir de grades plus élevés dans l'armée régulière.

À l’État Major de la brigade du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple, principal mouvement rebelle du Nord-Kivu, dirigé par Laurent Nkunda) à Mushake, des centaines de kadogo, des enfants-soldats, sont regroupés. "Ici, nous sommes plus nombreux qu’avant, garçons comme filles. D’autres arrivent chaque jour, explique l’un d’eux sous anonymat. Les hommes de Nkunda sont venus un bon matin à notre école. Ils ont fait irruption dans les salles de classe avant de prendre tous les garçons qui leur semblaient forts pour porter une arme", témoigne X., enlevé en juin dernier. AK 40 en mains, une tenue et des bottes militaires trop grandes pour lui, cet enfant veille depuis la nuit dernière au poste de contrôle du CNDP à la sortie de Sake, sur la route qui mène de Goma à Masisi, au Nord-Kivu. Âgé d'à peine 15 ans, il ne quitte pas sa cigarette de chanvre, devenue son seul remède pour supporter sa situation. "Elle me permet de vivre au-delà de ce monde. Et d’oublier que j’ai une famille", soupire-t-il, le regard perdu.

Des effets pervers

"Il nous faut plus d’hommes, et pour cela nous recourons aux jeunes", explique un officier du CNDP. Lors de la conférence de paix de Goma, en janvier 2008, les bandes armées s’étaient engagées à démobiliser les enfants, mais leur enrôlement est, au contraire, depuis lors passé à la vitesse supérieure. Selon l’Unicef, entre février et mars dernier, 100 enfants ont été recrutés au Nord-Kivu. Un responsable de la division de la protection de l’enfance de la Monuc (la force des Nations unies en RDC) le confirme, précisant que la majorité des enrôlements actuels sont le fait du CNDP ; d'autres vont chez les maï-maï (combattants issus d'autres communautés que les Tutsis majoritaires au CNDP).
"Les groupes armés veulent à tout prix augmenter l’effectif des hommes qu’ils ont déclaré lors de la conférence de janvier dernier. Malheureusement, les enfants sont la principale cible de ce recrutement", regrette Jason Luneno, président de la Société civile du Nord-Kivu. Selon l’accord signé au sortir de la conférence, les grades militaires des chefs de groupes armés lors de leur intégration future dans l’armée régulière, seront fonction de leur force. Plus ils auront d’effectifs, meilleure sera leur position. Des dizaines de groupes armés seraient ainsi nés ces derniers mois, dont les recrues sont de nombreux enfants.

Drogués pour se battre

L’enrôlement d’enfants, par la force ou la promesse d’un avenir meilleur, n’est malheureusement pas nouveau. Ivres de drogue, mal nourris, ces jeunes deviennent des guerriers contre leur gré et envoyés en première ligne lors des combats. "Nous passions la nuit dehors. Nous étions chargés d’aller chercher le bois de chauffe, puiser de l’eau et transporter de lourds fardeaux. Nous devions aussi nous battre", témoigne un jeune qui a réussi à s’enfuir. "Ils ne reculent devant rien, pas même les pluies de balles et permettent ainsi aux autres d’avancer", déclare un officier du CNDP.

Initiatives des Ong et du gouvernement, plusieurs projets de réinsertion d’enfants démobilisés sont en cours, comme sur la route Goma-Masisi où des centaines d’entre eux sont employés à la réhabilitation des routes de dessertes agricoles. "C’est une façon d’occuper ces jeunes sans emploi, pour qu’ils ne rejoignent plus les groupes armés", explique un responsable du gouvernement provincial. Mais en amont, les enlèvements qui se poursuivent dans les villages anéantissent l’impact de ces efforts.
De plus, rares sont les enfants qui réussissent à fuir, comme en témoigne encore X. "Ça ne me fait pas plaisir d’être ici, mais c’est pour préserver ma vie que je résiste encore malgré les souffrances. Certains de mes collègues qui ont tenté de fuir ont été exécutés. J’ai peur". Le 3 juin dernier, deux enfants de 14 et 16 ans ont été tués alors qu’ils fuyaient le recrutement forcé du CNDP, dans le territoire de Masisi, à plus de 80 km à l'ouest de Goma.

Children Voice, une Ong congolaise de protection des droits de l’enfant basée à Goma, avait lancé dès avril dernier un appel à la Commission technique mixte paix et sécurité chargée de la mise en œuvre des actes d’engagement signés lors de la conférence de Goma. Elle y dénonçait les effets pervers de ces actes, qui exposent de plus en plus les enfants et demandait de sanctionner et de dégrader ceux qui ont des enfants dans leurs rangs. Lors du lancement de la campagne gouvernementale "Zéro enfant soldat en RD Congo", Tumba Lwaba, coordonnateur du PNDDR (Programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion) émettait un constat sans appel : "Le recrutement des enfants dans les groupes armés ne pourra prendre fin qu’avec la neutralisation de ces groupes".

Goma, 20/09/2008 (Syfia Grands Lacs, via mediacongo.net)

Violences sexuelles: la Cour pénale internationale veut 10 millions EUR d'aide
10 sept. 2008


LA HAYE (AFP) — Le Fonds au profit des victimes rattaché à la Cour pénale internationale (CPI) a lancé mercredi à La Haye un appel aux dons afin de réunir 10 millions d'euros pour venir en aide à 1,7 million de victimes de violences sexuelles en Afrique.

"Le Fonds estime qu'il lui faut 10 millions d'euros pour venir en aide à 1,7 million de victimes de violences sexuelles" relevant de la compétence de la CPI en République démocratique du Congo (RDC), au nord de l'Ouganda, en République centrafricaine et au Darfour, selon un communiqué.

"Les violences sexuelles à l'encontre des femmes et des jeunes filles sont la forme de violence la plus courante et la forme de criminalité la plus répandue. Le viol est devenu une arme de guerre", souligne le Fonds.

Les violences sexuelles provoquent souvent des traumatismes physiques, des troubles psychosociaux, mais entraînent aussi la stigmatisation et la discrimination des victimes, selon la même source.

Inscrit au Statut de Rome, qui fonde la CPI, présidé par l'ancienne ministre française Simone Veil, le Fonds intervient au profit des victimes de crimes jugés par la CPI par "la réhabilitation physique, le soutien psychosocial et des formations professionnelles".

"En 2007, dans la seule province du Sud-Kivu, en RDC, environ 42.000 femmes ont été traitées dans des centres médico-sociaux pour des agressions sexuelles graves", souligne le Fonds.

Joseph Kabila déterminé à ramener la paix dans l'est de la RDC

RD CONGO - 18 septembre 2008 - XINHUA
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila est déterminé à ramener la paix dans la partie est du pays en proie à des affrontements armés entre les troupes loyalistes et les forces négatives de l'ex-général Nkunda, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).

M. Kabila a fait cette déclaration jeudi à Goma, dans le Nord- Kivu (est) où il séjourne depuis près d'une semaine, en quête des solutions durables à cette crise qui perdure.

Pendant son séjour à Goma, les troupes loyalistes se sont affrontées mercredi avec celles du CNDP, causant la mort de plusieurs personnes et le déplacement de milliers d'autres.

Parmi les solutions durables envisagées, les autorités de Kinshasa ont accepté mercredi dernier le plan de désengagement élaboré par la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) qui prévoit d'abord le respect strict du cessez-le-feu par les forces signataires des engagements de Goma et ensuite le désengagement des Forces armées de la RDC (FARDC) et des troupes du CNDP en vue de créer un couloir humanitaire entre les forces belligérantes.

Si ce plan a été accepté aussi par la facilitation internationale, le CNDP se donne encore le temps de l'examiner et exige par contre, des négociations directes avec le gouvernement.

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mercredi 10 septembre 2008

"Là-bas l'homme blanc a ce qu'il veut"

Un Français, ancien de l'ONU, jugé à Paris pour viols sur mineures en Afrique

RD CONGO - 9 septembre 2008 - AFP
"Là-bas l'homme blanc a ce qu'il veut", aurait-il dit aux enquêteurs : un ancien fonctionnaire français de l'Onu est jugé depuis mardi à Paris pour le viol d'une vingtaine d'adolescentes lorsqu'il était en poste dans des pays africains entre 1998 et 2004.

Didier Bourguet, 44 ans, originaire de Saône-et-Loire, doit répondre pendant trois jours devant la cour d'assises de la capitale de viols sur mineures de 15 ans, des accusations qu'il a niées à l'ouverture des débats, assurant n'avoir jamais dû recourir à la contrainte.

Les faits auraient eu lieu en République centrafricaine entre 1998 et 2000, puis de 2000 à 2004 en République démocratique du Congo (RDC), où ce titulaire d'un CAP de mécanicien automobile entretenait les véhicules de la mission de maintien de la paix des Nations Unies (Monuc).

Didier Bourguet est également accusé d'avoir détenu dans un disque dur 250 images pornographiques, certaines provenant de son propre appareil numérique qu'il aurait utilisé pour immortaliser ses ébats.

Il encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Arrêté à Goma, en RDC, fin octobre 2004, il avait été rapidement remis aux autorités françaises, en vertu de son "immunité" onusienne, avant d'être placé en détention provisoire en décembre 2004.

A une policière de la brigade de protection des mineurs de Paris chargée de l'interroger dès son interpellation à l'aéroport, il confiera des actes sexuels avec "environ 24" adolescentes de 12 à 18 ans, payées chaque fois "10 à 20 dollars", a témoigné à la barre cette enquêtrice, Nathalie Freund.

Pour les fellations et pénétrations pratiquées avec ces mineures, jamais vierges selon lui, il n'exprime pas de remords, s'étonne la policière, à qui il livre moult détails sur les rencontres - via des intermédiaires eux aussi rémunérés -, les tarifs ou même les prénoms.

"Pourquoi des relations avec des mineures et pas avec des prostituées?", interroge le président, Jean-Pierre Getti.

"Il disait que les prostituées savaient simuler alors que les mineures vivaient l'acte pleinement", répond Mme Freund, aujourd'hui en poste au SRPJ de Toulouse.

Le violeur présumé lui aurait aussi confié sa satisfaction d'être enfin interpellé, car il voulait se soigner, s'inquiétait d'être attiré par des Africaines de plus en plus jeunes. "Là-bas l'esprit colonial persiste, l'homme blanc à ce qu'il veut", aurait-il justifié.

Dans l'après-midi, l'accusé, veste ample sur un corps fluet, crâne chauve, a affirmé qu'il demandait systématiquement aux mineures leur consentement préalable avant les rapports. Aucune n'aurait dit "non".

"Ce que j'ai réalisé après c'est qu'elles avaient pu subir des pressions pour un intérêt financier (...) j'avais perdu la notion des réalités", admet-il quand le président relève le "décalage" entre sa situation d'expatrié aux 2.600 dollars mensuels et celle de ces jeunes filles pauvres.

Une victime présumée, celle qui a permis son arrestation à Goma, a ensuite raconté comment elle aurait été abusée après s'être vu administrer "une tasse de thé" lui ayant provoqué "comme un vertige".

Accusé d'avoir exigé une fellation de cette jeune Congolaise - aujourd'hui âgée de 16 ans et réfugiée au Canada -, l'accusé a nié vigoureusement.

Au cours de l'instruction, il avait plaidé la thèse du "traquenard" tendu par les proches de l'adolescente, qui l'auraient incitée à coucher avec lui avant de tenter de monnayer chèrement leur silence.

Le gouvernement réaffirme sa détermination à réussir le programme Amani dans l'est du pays

RD CONGO - 7 septembre 2008 - XINHUA
Le ministre d'Etat à l'Intérieur, Dénis Kalume a réaffirmé dimanche à Goma, dans le Nord-Kivu (est) la détermination du gouvernement de la République démocraique du Congo (RDC) à réussir le programme Amani dans la partie est du pays.

Le ministre d'Etat, en compagnie du ministre de la Défense Chikez Diemu et du gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku a visité dimanche la localité de Nyanzala, à 70 km au nord de Goma pour se rendre compte de la situation sur place et à propos des violations présumées des engagements de cessation des hostilités par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda.

« Le gouvernement a l'obligation d'imposer la paix », a lancé le ministre Kalume, estimant qu'il faut donner la dernière chance au CNDP qui handicape le lancement du programme Amani.

La délégation gouvernementale a observé des incompréhensions de la population de cette localité vis-à-vis de la MONUC (Mission de l'ONU en RDC) qui soupçonne les Casques bleus d'être complices des élements du CNDP, selon des observateurs locaux.


Nord-Kivu : 800.000 déplacés internes vivent une crise humanitaire comparable à celle du Darfour


Par Le Potentiel

Le Nord-Kivu, province de l’Est de la République démocratique du Congo, est plongé dans une «très grave crise humanitaire », « comparable à celle du Darfour», s’est alarmé récemment le représentant spécial de l’Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs africains. Théâtre depuis la fin août d’affrontements entre l’armée régulière et des soldats insurgés ralliés à l’ex-général Laurent Nkunda, il compte près de 800.000 déplacés internes, soit 70% du nombre total de déplacés de guerre en RDC. « La crise humanitaire au Nord-Kivu a atteint un niveau comparable à celle du Darfour », région de l’Ouest du Soudan en proie à la guerre depuis février 2003, a déclaré Roeland Van de Geer lors d’un entretien avec l’AFP à Kinshasa, au terme d’une visite de 13 jours en RDC.

« Nous avons été frappés par la gravité de la crise humanitaire au Nord-Kivu. Il y a urgence à régler cette crise et à s’attaquer à ses causes profondes », liées à la persistance des violences dans cette région, où 350.000 personnes ont fui leurs foyers depuis le début de l’année, soit une population nettement plus nombreuse que celle du Darfour, pour laquelle l’humanité entière s’émeut.

Selon l’ONU, quelque 236.000 réfugiés du Darfour se trouvent au Tchad, tandis que 173.000 Tchadiens ont été déplacés par les violences dans l’Est de leur pays.

En RDC, les déplacés totalisent le double du nombre de ceux du Darfour et du Tchad réunis. Mais, comme la vie des Congolais ne semble avoir aucune valeur pour la communauté internationale, on s’en émeut à peine et on encourage presque Nkundabatware à poursuivre sa sale besogne.

LES FARDC EGALEMENT MISES EN CAUSE

« Dans trois (des six) camps de déplacés de Mungunga (à 15 km de Goma), les responsables des camps se sont plaints des viols des femmes, dans les camps ou à l’extérieur, lorsqu’elles vont chercher de l’eau ou du bois », a déclaré M. Van de Geer. « Les déplacés mettent en cause les FARDC (Forces armées de la RDC), qui sont autour des camps et y pénètrent parfois de nuit », a-t-il poursuivi.

Selon les agences humanitaires opérant au Nord-Kivu, la zone de Mugunga compte, à elle seule, plus de 60.000 déplacés, hébergés dans des camps ou des familles d’accueil, dans une promiscuité terrible, favorisant le développement de maladies comme le choléra, et alimentant les tensions entre déplacés. Au moins 38 cas de viols ont été recensés dans les différents camps de cette zone.

De nombreux autres déplacés ne sont pas accessibles aux humanitaires dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, deux territoires où le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) estime qu’un habitant sur trois est actuellement déplacé.

« Nous devons rester engagés aux côtés du gouvernement congolais pour régler cette crise humanitaire, mais aussi pour résoudre la crise sécuritaire et aider le pays à se développer, en associant les pays de la région des Grands Lacs», a plaidé M. Van de Geer. Il a appelé à régler de «façon conjointe le cas des (rebelles hutu rwandais des) FDLR et le cas de Nkunda ».

« L’urgence et la priorité, c’est la crise humanitaire, mais il faut absolument en même temps, si on veut trouver une solution durable à cette crise, s’attaquer à la réforme du secteur de la sécurité en RDC », a souligné le représentant spécial de l’Union européenne.

AFP/LP

A Goma, 80 enfants décédés à Mweso des suites de la rougeole

Quatre-vingts enfants sont décédés de la rougeole, conséquences des affrontements entre les FARDC et les insurgés fidèles à Laurent Nkunda sur les populations dans les zones de santé de Mwesso et Birambizo en territoire de Masisi.

Selon le bureau de coordination des affaires humanitaire, Ocha, au Nord-Kivu, cette situation est la conséquence de l’inaccessibilité dans cette zone à cause de l’insécurité. « On a beaucoup de difficultés pour pouvoir commencer les campagnes de vaccination. Au niveau de l’hôpital de Pinga, dans la zone de santé de Mwesso sur les deux derniers mois, il y a eu plus de 80 enfants qui sont morts de la rougeole », a-t-il signalé.

Le médecin inspecteur provincial intérimaire du Nord-Kivu a confirmé cette épidémie de rougeole dans les zones de santé de Pinga, Mwesso et Birambizo, mais il s’est réservé sur les chiffres donnés par OCHA. Selon le Dr Ghy Mutombo, un lot de médicaments a été acheminé à Mwesso lundi pour la prise en charge de tous les cas déjà enregistrés.

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