mardi 15 juillet 2008

Nord-Kivu : chercher le bois à plusieurs évite de se faire violer

par Alain Wandimoyi 10 juillet 2008

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Pour éviter d'être violées quand elles vont chercher du bois, les femmes déplacées de guerre au Nord-Kivu tentent d'organiser elles-mêmes leur défense en se regroupant.

"Je me rendais dans la forêt pour aller chercher du bois de chauffage lorsque j’ai rencontré ce papa qui travaillait dans un champ, raconte Bonane Germania, une déplacée de guerre du camp de Mugunga II, à l'ouest de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Il a tenté de me violer. Lorsqu'il a vu que des gens venaient à mon secours, il s'est ravisé et a crié qu’il venait d’attraper un voleur dans son champ. Il avait pourtant déjà enlevé mon pagne et déchiré ma blouse", poursuit-elle. L'homme, tombé dans le filet tendu par les femmes, a par la suite avoué son méfait et est écroué à la prison de Goma.
Depuis quatre mois, les femmes des camps de déplacés, qui ont fui les combats dans la région, s'organisent pour sortir en groupe afin d'éviter les violences sexuelles dont elles sont régulièrement victimes lorsqu'elles vont chercher du bois, unique moyen de cuisson des aliments, dans les forêts avoisinantes. "Comme la Justice et les autorités ne veulent pas s’occuper de nous, désormais nous nous prenons en charge pour nous protéger. Ces violeurs passent leur temps à nous attendre pour faire leur sale besogne. Nous allons nous en sortir, à moins qu’ils utilisent des armes", explique Anastasie Mutokambali, une déplacée parmi les leaders de cette initiative.
Le Nord-Kivu, où les zones de combat sont nombreuses, est particulièrement touché par ces violences contre les femmes, utilisées comme une arme de guerre parmi d'autres. "Des statistiques de toute la RDC montrent que le Nord-Kivu compte à lui seul plus de 40 % des cas de violence sexuelle", souligne Jeannine Mukanirwa, du Centre national d'appui au développement et à la participation populaire. Les auteurs de ces crimes, qui étaient à l'origine les hommes en armes, sont désormais aussi les civils.

L'union fait la force
Conscients de leur devoirs et obligations, "certains hommes ont compris que la protection de leur conjointe repose sur eux et ils accompagnent leur femme pour chercher le bois", explique Romain Baluku, déplacé du camp de Buhimba, à l'ouest de Goma. "À force d’être violées, nous avons tenté de nous faire accompagner par nos maris, mais plusieurs ont été copieusement tabassés. Notre expérience d'y aller en groupe a démontré son efficacité et je demande à toutes les femmes déplacées de respecter la consigne d'aller chercher le bois collectivement, car il est plus difficile de violer un groupe de femmes : l’union fait la force", conclut Adidja, membre du comité de déplacées de Mugunga II. Malgré les risques, les femmes continuent de s'occuper de l'approvisionnement en bois, une tâche essentielle qui leur est dévolue par la tradition alors que les hommes pourraient y aller eux-mêmes en attendant que la zone soit sécurisée...

Le danger reste
Un jour d'avril, alors que les femmes marchaient en file indienne à la recherche de bois, un homme d'une quarantaine d'années a tenté d'en violer deux qui se trouvaient en bout de file. "Mubakaji, Mubakaji ["Au violeur", ndlr]", a alors crié Kahindo, venue au secours de son amie, à l'adresse de l'homme qui s'est enfui. "Je crains que cette initiative soit éphémère, d’autant plus que les malfaiteurs ont plusieurs techniques de nuisance, estime cependant un policier qui a requis l'anonymat. Le danger est encore bien présent. Notre effectif ne peut pas couvrir toutes ces étendues".
Les femmes déplacées ne perdent pas espoir et réclament une assistance supplémentaire. "Nous ne cessons de dénoncer cette situation au gouvernorat comme ailleurs, mais rien n'est fait pour régler cette question de l'approvisionnement en bois de chauffage", souligne Adidja, membre du comité de déplacées du camp de Mugunga II, face à l'indifférence des uns et des autres.

L'Assemblée adopte une loi d'amnistie pour les faits de guerre au Kivu

L'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC) a adopté samedi une loi "portant amnistie" pour des faits de guerre commis dans les deux provinces du Kivu (est), en proie à des troubles armés depuis des années.

"L'Assemblée adopte la loi accordant à tous les Congolais résidant au Congo ou à l'étranger une amnistie pour les faits de guerre et insurrectionnels commis dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu", a déclaré le président de la chambre basse du parlement, Vital Kamerhe, à l'issue d'un vote retransmis en direct par la télévision publique.

Ce texte a été adopté par 257 voix (49 contre et 30 abstentions) par les 336 députés présents dans l'hémicycle.

Cette loi "exclut de son champ d'application le crime de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité", mais "n'empêche pas les réparations et restitutions consécutives aux faits infractionnels amnistiés".

Elle a été votée en l'absence de plusieurs dizaines de députés de l'opposition, dont ceux du Mouvement de libération du Congo (MLC) de l'ancien rebelle et ex-vice-président de RDC, Jean-Pierre Bemba.

Ces derniers ont décidé de boycotter les activités du parlement et de l'assemblée provinciale de Kinshasa pour protester contre l'assassinat d'un de leurs élus provinciaux, Daniel Boteti, abattu le 6 juillet dans la capitale par un groupe d'hommes armés.

"Les fait amnistiés sont ceux commis pendant la période allant du mois de juin 2003 à la date de la promulgation de cette loi", précise le texte.

Après de violents combats entre des groupes armés locaux et l'armée nationale (qui fut sévèrement défaite) au Nord-Kivu fin 2007, le gouvernement congolais a organisé de fin décembre 2007 à fin janvier 2008, à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, une conférence sur la paix, la sécurité et le développement de ces deux provinces des Kivu.

La conférence avait recommandé l'élaboration d'un projet de loi d'amnistie "dans le but de mettre fin à la guerre, à l'insécurité et de sceller la réconciliation des fils et filles de ces deux provinces".

Cette conférence avait par ailleurs abouti à la signature d'un cessez-le feu par tous les groupes armés congolais des Nord et Sud-Kivu, qui s'étaient engagés à retirer progressivement leurs troupes des lignes de front et à les démobiliser.

Ce processus de paix, dit de Goma, peine à se mettre en oeuvre. Le cessez-le-feu est encore violé presque quotidiennement au Nord-Kivu, province qui compte à elle-seule plus de 850.000 déplacés de guerre.

Le vote de la loi d'amnistie était une des conditions posées par le mouvement du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, acteur majeur de la crise, pour maintenir sa participation au processus de paix.

Kinshasa, 12/07/2008 (AFP/MCN, via mediacongo.net)

R.D.C. - Etats-Unis : L’acteur américain Ben Affleck dans un reportage sur l’est du Congo

La chaîne américaine ABC a diffusé jeudi un reportage qui montre Ben Affleck lors d’un voyage en RDC, selon L’Express. L’acteur veut sensibiliser l’opinion publique sur "la situation désespérée de l’Est du Congo". Le documentaire met en avant la situation de famine, de violences et de maladie qui fait de nombreux morts quotidiennement dans ce pays. Ben Affleck s’est dit conscient de l’idée que peut renvoyer le militantisme d’un acteur connu, mais a assuré qu’il n’avait pas agi pour son image. A l’instar de George Clooney ou de Brad Pitt, il a dit souhaiter s’engager pour défendre une cause et attirer l’attention sur des problèmes qu’on ne peut ignorer. (Vendredi 27 Juin - 12:09)

Ateliers de formation des enseignants en éducation à la paix et à la citoyenneté
Eoin Young / MONUC 09 juil. 08 - 17h13


Des ateliers de formations des enseignants en éducation à la paix et à la citoyenneté par le développement des compétences de la vie courante ont été organisés du 27 juin au 9 juillet 2008 par le ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel avec l’appui de l’UNICEF.

Les participants étaient repartis en cinq sites dont trois au centre ville.

L’objectif de cette formation était de renforcer les capacités individuelles des enseignants sur la promotion de la paix et de la non-violence.

Au cours de ces ateliers, plusieurs sujets ont été abordés comme la résolution de conflit, l’identité et la diversité, préjugé et la discrimination ainsi que les droits et les devoirs des citoyens.

Le représentant de l’UNICEF, Bertim Gbayoro, a exprimé sa satisfaction au regard des résultats de ses ateliers qui ont permis aux enseignants «désormais outillés, disposant des connaissances et des modules appropriés pour former les élèves éducateurs, d’intégrer la notion relative à la paix et à la citoyenneté».

Les premiers bénéficiaires de cette formation assurée par le pool des formateurs nationaux sont les 125 inspecteurs itinérants et professeurs du secondaire pour les 45 écoles ciblées.

Pour sa part, le directeur des services pédagogiques des écoles primaires et secondaires, Timothy Nlanda a souligné que la RDC qui est dans une situation post conflit a besoin d’un tel thématique. «J’ai la grande conviction que les objectifs de cet atelier ont été atteints et que les résultats satisfaisants sont palpables», a-t-il dit.

Cette formation vient compléter la formation (durant l’année passée) des inspecteurs et des enseignants en éducation aux VIH et Sida par le développement des compétences de la vie courante.

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