Source: Le Potentiel - Date: 15 Apr 2009
Chaque semaine, des audiences publiques organisées par les juridictions civiles et militaires de Goma condamnent des responsables de violences sexuelles. Les victimes, aidées par des cliniques juridiques, sont de plus en plus nombreuses à porter plainte.
Les trois dernières semaines de mars ont été animées dans la cour du quartier général de la 8ème Région militaire à Goma, au Nord-Kivu. Le matin, sous la longue et lourde tente verte, hommes et femmes s'entassent sur les dizaines des bancs en planches. Dans l'assistance, derrière les accusés, des militaires, des avocats, mais aussi de nombreux civils venus assister au déroulement des procès. Parmi eux, des curieux, des défenseurs des droits de l'homme et des proches des jeunes filles et des femmes victimes de viols et autres violences sexuelles. C'est ici, en effet, que sont jugés les auteurs militaires de ces crimes, qui ne bénéficient plus de l'impunité de naguère.
Car un phénomène nouveau est apparu en 2007 : des cliniques juridiques aident et accompagnent les familles de victimes dans leur demande de réparation adressée aux juridictions civiles et militaires. «Chaque mois, nous enregistrons une trentaine de cas de viols et nous orientons les victimes vers la Justice», explique Eugène Buzake, avocat et coordonnateur de la Synergie pour l'assistance juridique (SAJ) aux victimes des violences sexuelles. L'assistance juridique donne confiance
Il y a quelques années, ces faits échappaient pour la plupart à la Justice. Les victimes, dépourvues de moyens et inquiètes des représailles, gardaient le silence. «Ma cousine de 12 ans a été violée en décembre 2006, témoigne Nestor Mianitse, déplacé venu du territoire de Masisi, à 81 km au sud-ouest de Goma. Bien que connaissant les coupables, la famille ne pouvait pas porter plainte, car elle était régulièrement menacée». «Les gens avaient énormément peur de venir dénoncer les coupables. Le plus souvent, la victime était poursuivie par son bourreau et les plus tenaces devaient faire face à d'énormes frais de justice difficilement supportables», explique le Coordonnateur des projets de la SAJ. Mais aujourd'hui, la volonté d'ester en justice se fait sentir dans la population. L'assistance offerte par les cliniques juridiques permet aux victimes de mieux connaître leurs droits et de ne pas craindre les représailles. Créés, pour les plus récents, il a plus d'un an, ces organismes, financés par des Ongs, prennent en charge tout le processus judiciaire. La victime et sa famille bénéficient gratuitement d'une assistance juridique qui couvre tous les frais de justice.
Avant, pendant et après le procès, la sécurité de la victime est garantie et assurée à tout instant pour la mettre à l'abri de représailles et son transport de son village jusqu'au siège de la juridiction saisie pris en charge.
Autant d'avantages qui encouragent aujourd'hui à porter plainte devant les juridictions. Grâce à l'efficacité de leurs actions, les quelques cliniques juridiques opérationnelles ont tissé des liens de collaboration avec la Justice. «Même quand la victime n'est pas passée par notre filière, l'Auditorat militaire ou le Parquet font désormais appel pour l'assister», explique E. Buzake. «Ce sont les avocats de SAJ qui m'ont aidée dans mon procès, que j'ai gagné, témoigne la mère d'une victime. J'avais peur de venir moi-même devant le magistrat porter plainte contre le militaire qui venait de violer ma fillette. C'est le chef d'avenue qui m'a conduite au bureau de SAJ où j'ai été accueillie et assistée tout au long du procès.»
PRES DE 350 EN PRISON
Grâce à cette prise en charge, les plaintes sont de plus en plus nombreuses, contribuant ainsi à réduire l'impunité. L'assistance des avocats favorise le traitement rapide et efficace des dossiers devant la Justice.
Chaque jour, des audiences se tiennent à la prison centrale de Munzenze, au Parquet comme à l'Auditorat, s'appuyant sur la récente loi sur les violences sexuelles. Celle-ci prévoit pour les auteurs de ces crimes des peines de 5 à 20 ans de servitude pénale.
Aujourd'hui, près de la moitié des quelque 700 pensionnaires de la prison de Munzenze ont été condamnés en vertu de cette loi, alors qu'ils représentaient seulement un tiers de la population carcérale il y a moins de six mois. «La plupart des auteurs sont des militaires et des policiers. Une fois le jugement prononcé, la procédure de dédommagement suit», explique le Lieutenant Faustin Katsuva, magistrat à l'Auditorat de garnison de Goma.
C'est à ce sujet, cependant, que des victimes expriment encore leur insatisfaction. «La condamnation civile qui suit le jugement n'est pas toujours exécutée. Même quand l'État est condamné en solidarité avec le coupable, il ne s'acquitte pas», se plaint Eugène Buzake. «C'est le grand regret qui nous ronge le cœur», ajoute Mireille Bukama, parente d'une victime. «Dans la plupart des cas, rétorque le magistrat Faustin, les coupables sont de simples militaires sans moyens, incapables de s'acquitter des énormes dommages et intérêts fixés par la loi.»
SYFIA GRANDS LACS/LP
mercredi 22 avril 2009
lundi 16 mars 2009
Difficile retour au village pour les femmes violées
Soignées en ville, des milliers de femmes des campagnes du Sud-Kivu violées ou violentées ne peuvent plus retourner dans leurs villages, à cause du regard des gens. Contraintes de devenir citadines, elles ont du mal à s’adapter malgré l’assistance des Ongs…
K.A. garde encore vivaces les souvenirs atroces des viols qu’elle a subis dans son village du territoire de Shabunda, à 345 km à l’ouest de Bukavu à l'Est de la RD Congo. "Mes bourreaux ont abusé de moi après avoir tabassé mon mari, raconte-t-elle. Ils l’ont obligé à assister à la scène horrible devant nos enfants. Après, mon mari m’a abandonnée avec les enfants…" Aujourd’hui, après des traitements suivis au centre hospitalier de Panzi qui soigne la plupart des femmes violées de l’est du pays, elle tente comme des milliers d’autres femmes qui ont connu le même sort, de se refaire une nouvelle vie en ville. Mais pour elles, c’est une bataille qui est loin d’être gagnée. "Je n’arrive pas à m’habituer aux exigences de la vie urbaine : payer la nourriture, l’eau, le loyer…", se plaint K.A.
Ces femmes victimes des viols et violences sexuelles qui arrivent des milieux ruraux vers la ville, sont généralement prises en charge pour leurs soins, par des associations et centres d’accueil. Mais, une fois traitées, elles ne peuvent souvent pas retourner chez elles à cause des regards que les gens portent sur elles. "Dans mon village où sont malheureusement restés mes champs, c’est difficile de croiser les regards, de relever la tête …", regrette l’une d’elles, soignée de fistule.
Statistiques effrayantes
Contraintes finalement de vivre en ville, ces femmes reçoivent de l’aide de différentes organisations pour qu’elles se réinsèrent petit à petit au sein de la société. Mais cela ne se passe pas sans mal. "Avant, nous avions l’appui du PAM (Programme alimentaire mondial) et nous donnions des vivres aux victimes des violences sexuelles, se rappelle Herman Mukwege, animateur principal de la Maison Dorcas qui encadre ces personnes à l’hôpital de Panzi. Maintenant nous leur donnons des micro crédits, mais elles ont de la peine à se prendre en charge, car nombre d’entre elles ont été habituées à la gratuité".
Selon Mapendo Matabaro, éducatrice à la Maison Dorcas, 80% des femmes violées reçues dans cette structure ne savent ni lire ni écrire. "Cet analphabétisme contribue à la mauvaise gestion de petites activités qu’elles entreprennent. Elles échouent le plus souvent dans le petit commerce", explique-t-elle
Chef de division du Genre, femme et enfant, Marie José Kambaji estime à plus de 44 000 le nombre de femmes qui ont été violées par des hommes en armes dans la seule province du Sud-Kivu, entre 2004 et 2007. Pour la seule année 2008, plus de 10 000 cas commis toujours par des hommes en armes ont été rapportés. "C’est sur ces milliers de femmes que repose pourtant la survie de beaucoup de ménages tant en ville que dans la campagne", regrette la Chef de division.
Pas de souci pour celles qui s’en sortent
Quelques rares victimes réussissent à se tirer d’affaires malgré tout. Après avoir été prise en charge durant six mois au centre Dorcas, M.J. a retrouvé le sourire et le goût de vivre comme par le passé. "Depuis que je me suis rétablie, je fais des navettes au Rwanda voisin où j’achète des petits trucs que je revends à crédit à mes voisines. J’avais commencé avec 20 $, maintenant j’ai un capital de près de 200 $, se réjouit-elle. Je sais payer mon loyer et nourrir assez bien mes quatre enfants".
Sa copine venue de Walungu (ouest de Bukavu) exerce la même activité et s’accommode aussi bien de sa nouvelle vie. "Je ne me fais plus de souci même si mon mari m’a répudiée. Je noue sans beaucoup de peine les deux bouts du mois et je n’ai plus de compte à rendre à qui que ce soit", raconte-t-elle fièrement.
Bukavu, 14/03/2009 (Syfia Grands Lacs
K.A. garde encore vivaces les souvenirs atroces des viols qu’elle a subis dans son village du territoire de Shabunda, à 345 km à l’ouest de Bukavu à l'Est de la RD Congo. "Mes bourreaux ont abusé de moi après avoir tabassé mon mari, raconte-t-elle. Ils l’ont obligé à assister à la scène horrible devant nos enfants. Après, mon mari m’a abandonnée avec les enfants…" Aujourd’hui, après des traitements suivis au centre hospitalier de Panzi qui soigne la plupart des femmes violées de l’est du pays, elle tente comme des milliers d’autres femmes qui ont connu le même sort, de se refaire une nouvelle vie en ville. Mais pour elles, c’est une bataille qui est loin d’être gagnée. "Je n’arrive pas à m’habituer aux exigences de la vie urbaine : payer la nourriture, l’eau, le loyer…", se plaint K.A.
Ces femmes victimes des viols et violences sexuelles qui arrivent des milieux ruraux vers la ville, sont généralement prises en charge pour leurs soins, par des associations et centres d’accueil. Mais, une fois traitées, elles ne peuvent souvent pas retourner chez elles à cause des regards que les gens portent sur elles. "Dans mon village où sont malheureusement restés mes champs, c’est difficile de croiser les regards, de relever la tête …", regrette l’une d’elles, soignée de fistule.
Statistiques effrayantes
Contraintes finalement de vivre en ville, ces femmes reçoivent de l’aide de différentes organisations pour qu’elles se réinsèrent petit à petit au sein de la société. Mais cela ne se passe pas sans mal. "Avant, nous avions l’appui du PAM (Programme alimentaire mondial) et nous donnions des vivres aux victimes des violences sexuelles, se rappelle Herman Mukwege, animateur principal de la Maison Dorcas qui encadre ces personnes à l’hôpital de Panzi. Maintenant nous leur donnons des micro crédits, mais elles ont de la peine à se prendre en charge, car nombre d’entre elles ont été habituées à la gratuité".
Selon Mapendo Matabaro, éducatrice à la Maison Dorcas, 80% des femmes violées reçues dans cette structure ne savent ni lire ni écrire. "Cet analphabétisme contribue à la mauvaise gestion de petites activités qu’elles entreprennent. Elles échouent le plus souvent dans le petit commerce", explique-t-elle
Chef de division du Genre, femme et enfant, Marie José Kambaji estime à plus de 44 000 le nombre de femmes qui ont été violées par des hommes en armes dans la seule province du Sud-Kivu, entre 2004 et 2007. Pour la seule année 2008, plus de 10 000 cas commis toujours par des hommes en armes ont été rapportés. "C’est sur ces milliers de femmes que repose pourtant la survie de beaucoup de ménages tant en ville que dans la campagne", regrette la Chef de division.
Pas de souci pour celles qui s’en sortent
Quelques rares victimes réussissent à se tirer d’affaires malgré tout. Après avoir été prise en charge durant six mois au centre Dorcas, M.J. a retrouvé le sourire et le goût de vivre comme par le passé. "Depuis que je me suis rétablie, je fais des navettes au Rwanda voisin où j’achète des petits trucs que je revends à crédit à mes voisines. J’avais commencé avec 20 $, maintenant j’ai un capital de près de 200 $, se réjouit-elle. Je sais payer mon loyer et nourrir assez bien mes quatre enfants".
Sa copine venue de Walungu (ouest de Bukavu) exerce la même activité et s’accommode aussi bien de sa nouvelle vie. "Je ne me fais plus de souci même si mon mari m’a répudiée. Je noue sans beaucoup de peine les deux bouts du mois et je n’ai plus de compte à rendre à qui que ce soit", raconte-t-elle fièrement.
Bukavu, 14/03/2009 (Syfia Grands Lacs
Violences faites aux femmes : Ban Ki-Moon réagit
Dans un discours prononcé en rapport avec la Journée internationale de la femme du 8 mars, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à accentuer l'action internationale contre la violence faite à l'égard des femmes et des jeunes filles.
M. Ban s’est exprimé avec conviction. « La violence contre les femmes ne peut être tolérée, sous aucune forme, dans aucun contexte, aucune circonstance, de la part d’aucun dirigeant politique ou gouvernement » a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, qui rentrait d’une tournée en Afrique, au cours de laquelle il a fait escale en République Démocratique du Congo (RDC), pays où l’on use du viol comme arme de guerre.
« La violence contre les femmes est une abomination. Je souhaite la qualifier de crime contre l’humanité » a ajouté M. Ban.
Dans son discours, le secrétaire général de l’ONU a évoqué sa rencontre avec une jeune fille de 18 ans, dans un hôpital de Goma. « Alors qu’elle fuyait les combats qui ont détruit son village, elle a été violemment et brutalementviolée par quatre soldats à la pointe d’un revolver. Les médecins de l’hôpital peuvent soigner ses blessures. Mais peuvent-ils soigner son âme ? » a demandé M. Ban.
Le secrétaire général de l’ONU a ajouté avoir évoqué ces atrocités inexprimables lors de sa rencontre avec le président congolais Joseph Kabila.
« Le fait est que 80% des violences sexuelles sont le fait de groupes armés ou de rebelles. Mais j’ai dit au président Kabila que ce n’est pas une excuse. En tant que dirigeant du pays – dirigeant souverain d’un pays souverain – il doit être responsable à chaque fois que ces violences sexuelles surviennent » a dit M. Ban.
Selon les Nations Unies, une femme sur cinq de par le monde sera violée, ou victime d’une tentative de viol. Dans certains pays, une femme sur trois est battue ou subit d’autres sévices. Souvent, les coupables restent impunis.
S’attaquer aux femmes, c’est comme s’attaquer à la société, a ajouté le secrétaire général de l’ONU, les femmes étant l’un de ses piliers. Et M. Ban a appelé les hommes, comme les femmes, à s’unir pour promouvoir la non-violence.
M. Ban s’est exprimé avec conviction. « La violence contre les femmes ne peut être tolérée, sous aucune forme, dans aucun contexte, aucune circonstance, de la part d’aucun dirigeant politique ou gouvernement » a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, qui rentrait d’une tournée en Afrique, au cours de laquelle il a fait escale en République Démocratique du Congo (RDC), pays où l’on use du viol comme arme de guerre.
« La violence contre les femmes est une abomination. Je souhaite la qualifier de crime contre l’humanité » a ajouté M. Ban.
Dans son discours, le secrétaire général de l’ONU a évoqué sa rencontre avec une jeune fille de 18 ans, dans un hôpital de Goma. « Alors qu’elle fuyait les combats qui ont détruit son village, elle a été violemment et brutalementviolée par quatre soldats à la pointe d’un revolver. Les médecins de l’hôpital peuvent soigner ses blessures. Mais peuvent-ils soigner son âme ? » a demandé M. Ban.
Le secrétaire général de l’ONU a ajouté avoir évoqué ces atrocités inexprimables lors de sa rencontre avec le président congolais Joseph Kabila.
« Le fait est que 80% des violences sexuelles sont le fait de groupes armés ou de rebelles. Mais j’ai dit au président Kabila que ce n’est pas une excuse. En tant que dirigeant du pays – dirigeant souverain d’un pays souverain – il doit être responsable à chaque fois que ces violences sexuelles surviennent » a dit M. Ban.
Selon les Nations Unies, une femme sur cinq de par le monde sera violée, ou victime d’une tentative de viol. Dans certains pays, une femme sur trois est battue ou subit d’autres sévices. Souvent, les coupables restent impunis.
S’attaquer aux femmes, c’est comme s’attaquer à la société, a ajouté le secrétaire général de l’ONU, les femmes étant l’un de ses piliers. Et M. Ban a appelé les hommes, comme les femmes, à s’unir pour promouvoir la non-violence.
Mary Robinson appelle les dirigeants européens à honorer leurs promesses
PARIS, France, 16 mars 2009/African Press Organization (APO)
Mary Robinson – ancienne Présidente de la République d’Irlande et Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Présidente honoraire d’Oxfam International - mène actuellement une tournée de plaidoyer auprès des dirigeants européens à Paris, Londres et Bruxelles pour rappeler la gravité du conflit qui perdure à l’est de la République démocratique du Congo où la recrudescence des combats frappe de plein fouet les civils ces derniers mois.
Mary Robinson s’est rendue à Goma à l’est du Congo la semaine dernière en compagnie de Nyaradzayi Gumbonzvanda, Secrétaire générale du World YWCA, avocate et ardente défenseure des droits des femmes et de Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France - Agir ici, dans le cadre d’une mission d’information pour Oxfam International. Au cours de ce déplacement, elle s’est entretenue avec le Président Joseph Kabila et le Président Paul Kagame. Les deux présidents ont confirmé leur souhait de renforcer et de normaliser leurs relations bilatérales et de travailler ensemble à l’établissement de la paix au Nord et au Sud du Kivu.
Mary Robinson sera reçue à l’Elysée aujourd’hui, quelques jours avant le déplacement fin mars de Nicolas Sarkozy en RDC. Elle poursuivra sa tournée demain et mercredi à Londres et Bruxelles pour demander aux dirigeants européens de redoubler d’efforts pour faire avancer le processus de paix et de tout mettre en œuvre pour protéger les civils en danger.
Depuis janvier, plus de 160 000 personnes ont été déplacées au Nord Kivu et une centaine ont été tuées au cours d’attaques de représailles lancées par le groupe rebelle du FDLR. De nombreux cas de pillages et de viols ont été rapportés. Mary Robinson s’est félicitée du développement des relations bilatérales entre la RDC et la Rwanda tout en appelant l’Europe à intensifier son soutien au processus de paix et à honorer ses promesses d’envoyer des casques bleus supplémentaires.
« La RDC a disparu du radar des diplomates, alors que la situation sur le terrain est extrêmement précaire. La pratique du viol est toujours endémique, frappant des femmes de 8 à 80 ans, victimes d’un flot continu de violence menée par des hommes armés. Pillages, enlèvements, travail forcé sont toujours des réalités quotidiennes. Pour qu’il y ait une chance d’amélioration de la situation, il faut un déploiement d’urgence des 3 000 casques bleus supplémentaires promis en novembre dernier », déclare Mary Robinson.
Les 3 000 soldats de maintien de la paix supplémentaires, dont l’envoi pour renforcer la MONUC avait été voté en urgence par les Nations unies en novembre dernier, n’ont toujours pas été déployés. Sur place on attend toujours du matériel indispensable comme des avions de transport ou des hélicoptères pour permettre aux casques bleus de faire leur travail. Seule la Belgique a promis d’envoyer un avion et les Nations unies – 18 hélicoptères et un avion de transport.
« La France, qui s’est fortement impliquée dans la réforme de l’armée et de la police en RDC, doit aussi s’assurer que l’Union européenne renforce son soutien à la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) à travers la mission de l’EUSEC dont le mandat doit être prolongé et les capacités largement renforcées pour être à la hauteur du travail à accomplir » dit Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France – Agir ici.
Mary Robinson a appelé le Royaume-Uni, la France et l’Union européenne à tout mettre en œuvre pour que ces effectifs supplémentaires soient déployés de toute urgence sur le terrain et disposent du matériel nécessaire pour intervenir. Elle a également appelé les dirigeants européens à soutenir le renforcement des relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda et à intensifier leurs efforts pour faire avancer le processus de paix, notamment les efforts régionaux pour répondre aux besoins spécifiques de protection des femmes.
La violence sexuelle est l’un des impacts les plus dramatiques du conflit, mais Mary Robinson accueille positivement la volonté régionale d’intégrer davantage les femmes congolaises et rwandaises dans le processus de paix. Les deux présidents ont exprimé leur intention de soutenir les efforts des organisations de défense des femmes qui travaillent de part et d’autre des frontières rwandaise et congolaise en faveur de la paix. Pour soutenir cette initiative, le Rwanda accueillera les 19 et 20 mars prochains un Forum de femmes des 11 pays de la région des Grands Lacs.
« Si chaque pays de la région des Grands Lacs adoptait des plans d’action impliquant les femmes à tous les niveaux, leurs voix pourraient être entendues. Celles que j’ai rencontrées en RDC veulent être des actrices du changement, et refusent de continuer à être utilisées comme armes de guerre en étant les trop nombreuses victimes de viol et d’agression sexuelle », souligne Mary Robinson.
En RDC comme au Rwanda, les femmes souhaitent établir et renforcer les liens entre elles.
A Goma, la délégation a pu rencontrer des victimes de la violence sexuelle endémique au conflit, des enfants soldats rescapés et des familles de déplacés qui vivent dans des camps surpeuplés dans la région.
« Ce sont les civils qui se retrouvent au cœur de la crise. J’ai rencontré une jeune fille de 17 ans, enceinte de 4 mois. C’était l’une des 6 filles parmi 300 garçons au centre de transition et de réhabilitation pour enfants soldats. Nous devons nous engager à aider ces enfants à avoir une chance dans la vie et à vivre une vie d’enfants » ajoute Nyaradzayi Gumbonzvanda.
SOURCE : OXFAM International
Mary Robinson – ancienne Présidente de la République d’Irlande et Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Présidente honoraire d’Oxfam International - mène actuellement une tournée de plaidoyer auprès des dirigeants européens à Paris, Londres et Bruxelles pour rappeler la gravité du conflit qui perdure à l’est de la République démocratique du Congo où la recrudescence des combats frappe de plein fouet les civils ces derniers mois.
Mary Robinson s’est rendue à Goma à l’est du Congo la semaine dernière en compagnie de Nyaradzayi Gumbonzvanda, Secrétaire générale du World YWCA, avocate et ardente défenseure des droits des femmes et de Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France - Agir ici, dans le cadre d’une mission d’information pour Oxfam International. Au cours de ce déplacement, elle s’est entretenue avec le Président Joseph Kabila et le Président Paul Kagame. Les deux présidents ont confirmé leur souhait de renforcer et de normaliser leurs relations bilatérales et de travailler ensemble à l’établissement de la paix au Nord et au Sud du Kivu.
Mary Robinson sera reçue à l’Elysée aujourd’hui, quelques jours avant le déplacement fin mars de Nicolas Sarkozy en RDC. Elle poursuivra sa tournée demain et mercredi à Londres et Bruxelles pour demander aux dirigeants européens de redoubler d’efforts pour faire avancer le processus de paix et de tout mettre en œuvre pour protéger les civils en danger.
Depuis janvier, plus de 160 000 personnes ont été déplacées au Nord Kivu et une centaine ont été tuées au cours d’attaques de représailles lancées par le groupe rebelle du FDLR. De nombreux cas de pillages et de viols ont été rapportés. Mary Robinson s’est félicitée du développement des relations bilatérales entre la RDC et la Rwanda tout en appelant l’Europe à intensifier son soutien au processus de paix et à honorer ses promesses d’envoyer des casques bleus supplémentaires.
« La RDC a disparu du radar des diplomates, alors que la situation sur le terrain est extrêmement précaire. La pratique du viol est toujours endémique, frappant des femmes de 8 à 80 ans, victimes d’un flot continu de violence menée par des hommes armés. Pillages, enlèvements, travail forcé sont toujours des réalités quotidiennes. Pour qu’il y ait une chance d’amélioration de la situation, il faut un déploiement d’urgence des 3 000 casques bleus supplémentaires promis en novembre dernier », déclare Mary Robinson.
Les 3 000 soldats de maintien de la paix supplémentaires, dont l’envoi pour renforcer la MONUC avait été voté en urgence par les Nations unies en novembre dernier, n’ont toujours pas été déployés. Sur place on attend toujours du matériel indispensable comme des avions de transport ou des hélicoptères pour permettre aux casques bleus de faire leur travail. Seule la Belgique a promis d’envoyer un avion et les Nations unies – 18 hélicoptères et un avion de transport.
« La France, qui s’est fortement impliquée dans la réforme de l’armée et de la police en RDC, doit aussi s’assurer que l’Union européenne renforce son soutien à la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) à travers la mission de l’EUSEC dont le mandat doit être prolongé et les capacités largement renforcées pour être à la hauteur du travail à accomplir » dit Luc Lamprière, Directeur général d’Oxfam France – Agir ici.
Mary Robinson a appelé le Royaume-Uni, la France et l’Union européenne à tout mettre en œuvre pour que ces effectifs supplémentaires soient déployés de toute urgence sur le terrain et disposent du matériel nécessaire pour intervenir. Elle a également appelé les dirigeants européens à soutenir le renforcement des relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda et à intensifier leurs efforts pour faire avancer le processus de paix, notamment les efforts régionaux pour répondre aux besoins spécifiques de protection des femmes.
La violence sexuelle est l’un des impacts les plus dramatiques du conflit, mais Mary Robinson accueille positivement la volonté régionale d’intégrer davantage les femmes congolaises et rwandaises dans le processus de paix. Les deux présidents ont exprimé leur intention de soutenir les efforts des organisations de défense des femmes qui travaillent de part et d’autre des frontières rwandaise et congolaise en faveur de la paix. Pour soutenir cette initiative, le Rwanda accueillera les 19 et 20 mars prochains un Forum de femmes des 11 pays de la région des Grands Lacs.
« Si chaque pays de la région des Grands Lacs adoptait des plans d’action impliquant les femmes à tous les niveaux, leurs voix pourraient être entendues. Celles que j’ai rencontrées en RDC veulent être des actrices du changement, et refusent de continuer à être utilisées comme armes de guerre en étant les trop nombreuses victimes de viol et d’agression sexuelle », souligne Mary Robinson.
En RDC comme au Rwanda, les femmes souhaitent établir et renforcer les liens entre elles.
A Goma, la délégation a pu rencontrer des victimes de la violence sexuelle endémique au conflit, des enfants soldats rescapés et des familles de déplacés qui vivent dans des camps surpeuplés dans la région.
« Ce sont les civils qui se retrouvent au cœur de la crise. J’ai rencontré une jeune fille de 17 ans, enceinte de 4 mois. C’était l’une des 6 filles parmi 300 garçons au centre de transition et de réhabilitation pour enfants soldats. Nous devons nous engager à aider ces enfants à avoir une chance dans la vie et à vivre une vie d’enfants » ajoute Nyaradzayi Gumbonzvanda.
SOURCE : OXFAM International
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