mardi 19 février 2008

L'exploitation d'enfants-soldats se poursuit dans 13 pays, selon l'ONU

Il y a 6 jours

NATIONS UNIES - La situation des enfants impliqués dans des conflits reste "grave et complètement inacceptable" puisque pas moins de 58 organisations continuent à les recruter et les utiliser dans 13 pays, a dénoncé la secrétaire générale adjointe des Nations unies.
S'exprimant mardi devant le Conseil de sécurité, Radikha Coomaraswamy a affirmé que la création par l'ONU en 2005 d'une agence chargée de surveiller les pays et groupes utilisant des enfants-soldats avait permis d'obtenir des résultats.

Elle a indiqué par exemple qu'une action en justice avait été lancée contre des recruteurs d'enfants en République démocratique du Congo (RDC). Il y a eu également plusieurs condamnations en Sierra-Leone. A l'inverse, la Côte d'Ivoire a été retirée de la liste des Etats en infraction en raison de ses efforts pour éradiquer le problème, notamment la remise à l'UNICEF de 3.000 enfants-soldats.

"Des progrès ont également été faits en matière de plans d'action visant à mettre fin au recrutement d'enfants par des forces et des groupes armés en République centrafricaine, en Birmanie, au Soudan, au Sri Lanka, en Ouganda et au Tchad", et la Colombie s'est déclarée prête à agir dans ce sens, a précisé Radikha Coomaraswamy, représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU pour les enfants et les conflits armés.

"Malgré des progrès impressionnants, je regrette de dire que la situation des enfants affectés par les conflits, en général, reste grave et tout à fait inacceptable", a-t-elle souligné.
Mme Coomaraswamy a fait référence au récent rapport du groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés, remis au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui désigne 58 organisations dans 13 pays "responsables du recrutement et de l'utilisation des enfants-soldats".

Les 13 pays cités sont l'Afghanistan, le Burundi, la République Centrafricaine, le Congo, la Birmanie, le Népal, la Somalie, le Soudan, le Tchad, la Colombie, les Philippines, le Sri Lanka et l'Ouganda.

Dans bon nombre de ces pays, on signale également des meurtres et des mutilations d'enfants, des attaques d'écoles ou d'hôpitaux, des viols de filles et une interdiction d'accès aux jeunes pour les organisations humanitaires, a encore observé Radikha Coomaraswamy.

De fait, elle a exhorté le Conseil de sécurité à se concentrer sur ces problèmes, qui commencent par des violences sexuelles systématiques, et à prendre des mesures contre 16 recruteurs d'enfants-soldats identifiés.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a soutenu ses propositions, affirmant que les membres du Conseil de sécurité "ne doivent pas reculer devant l'adoption de mesures fortes et ciblées contre les parties qui ne respectent pas ses recommandations". "Sa crédibilité est en jeu", a-t-il dit. "Il n'y a pas de dissuasion crédible sans sanctions réelles."
Dans un communiqué, le Conseil de sécurité s'est dit prêt à examiner les propositions, mais sans évoquer dans l'immédiat des mesures de rétorsion. Il a exprimé son inquiétude sur "l'utilisation répandue et systématique du viol et d'autres formes de violences sexuelles contre les enfants, en particulier les filles, dans des situations de conflit armé", et a appelé toutes les parties à prendre des mesures particulières pour protéger filles et garçons des violences sexuelles.

Ann Veneman, directrice générale de l'UNICEF, a expliqué au Conseil que "la mauvaise utilisation, l'occupation ou les attaques contre les écoles sont certaines des pires violations commises à l'encontre des enfants dans les conflits armés" parce que les établissements scolaires peuvent fournir "un lieu de sécurité et un sens de la normalité" en période de crise.

Elle a aussi fait valoir que la réintégration des enfants-soldats dans la société "est un processus difficile, qui requiert de la patience et des engagements sur le long terme".

Aucun commentaire: