jeudi 21 février 2008

Verdict du procès des viols massifs de Waka et Lifumba

Dominique Wolombi / MONUC
20 fév. 08 - 17h24

A l’Equateur, le Tribunal Militaire Garnison de Mbandaka a rendu, le 18 février 2008, le verdict du procès des viols massifs des femmes et jeunes filles de Waka et Lifumba. Les 12 policiers poursuivis dans ce dossier ont été condamnés à des peines de 5 à 20 ans de prison et au paiement des dommages et intérêts de 5.000 dollars à chacune de 38 victimes de viol. Coups et blessures, tortures, pillages et viols massifs des femmes et filles mineures sont les chefs d’accusation retenus par le tribunal militaire de garnison de Mbandaka contre ces policiers qui s’étaient livrés à une opération punitive contre la population de Waka et de Lifumba alors qu’ils étaient envoyés en mission de service pour rétablir l’ordre dans ces localités. Le tribunal militaire a prononcé le verdict en foraine à Waka, à plus de 500 kilomètres à l'est de Mbandaka, l’une de cinq localités où les faits s’étaient produits en février 2006. Avant le rendu du verdict, l’auditeur militaire de garnison de Mbandaka, le Capitaine Lingwema Likanza, a demandé à l’assistance, venue nombreuse suivre le dénouement de cette affaire, de briser le mythe de la peur pour dénoncer tout acte similaire commis par des hommes en uniforme. Après avoir rappelé les faits, le Juge Kole Mukengeshayi du tribunal militaire a, par la suite, prononcé son verdict qui a condamné Botuli Itofo, reconnu principal auteur des viols massifs, à 20 ans de prison, la plus forte des peines retenues contre lui pour l’ensemble des chefs d’accusation portés à sa charge. Les onze autres policiers co-auteurs de ces actes, parmi lesquels dix sont en fuite, ont été condamnés chacun à 5 ans de prison. Tous les 12 prévenus devront payer solidairement avec l’Etat congolais civilement responsable des policiers, qui étaient en mission de service, 5.000 dollars à chacune de 38 victimes des viols à titre de dommages et intérêts. Au total, 52 femmes et jeunes filles s’étaient déclarées victimes de viols par ces policiers. Mais faute de preuves, le tribunal militaire a déclaré non fondées les plaintes de 22 des femmes présumées victimes de cet acte. L’Avocat de la partie civile, Maître François Tshiteya, se dit satisfait du jugement rendu. La population de Waka et de Lifumba qui a retenu son souffle Lundi dernier pour suivre le verdict de ce procès s’est dite également satisfaite de ce jugement. Les victimes disent cependant ne pas être assurées de son exécution. Notamment du paiement par le gouvernement congolais de 5.000 dollars des dommages et intérêts à chacune d’entre elles. Le Chef de secteur de Waka, porte-parole des victimes, a transmis cette inquiétude au tribunal aussitôt après le verdict. L’avocat de la partie civile se veut rassurant en promettant que dès l’obtention de la copie du jugement, il va entreprendre la procédure pour obtenir de l’Etat congolais le paiement de la réparation des préjudices commis. Parmi les victimes on compte certaines femmes qui ont été répudiées par leurs maris après les viols et d'autres qui souffrent d’infections sexuellement transmissibles. A noter que le même jour toujours à Waka, un autre verdict a été prononcé par le tribunal militaire en foraine contre 4 policiers poursuivis pour le meurtre d’un démobilisé et le viol de son épouse et de sa mère. Les coupables ont été condamnés à des peines de 6 mois à 5 ans de prison. Ils devront également payer solidairement avec l’Etat congolais civilement responsable 100.000 dollars de dommages et intérêts à la famille du démobilisé décédé et 5.000 dollars, respectivement, à la veuve du démobilisé et à sa mère, en réparation des préjudices relatifs aux viols. Signalons que c’est grâce à la MONUC qui a mobilisé son hélicoptère pour le déplacement du tribunal et à la Commission du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme que ces audiences foraines ont été possibles.

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