dimanche 17 août 2008

72.000 Congolais expulsés d'Angola en deux mois

Kinshasa, RD Congo – Un total de 72.000 Congolais ont été expulsés d'Angola en deux mois en raison de la tenue des élections législatives da ns ce pays en septembre prochain, rapporte le quotidien kinois L'Avenir, proche du pouvoir, dans son édition de samedi.

Ces expulsions se font brutalement, y compris des violences sexuelles sur des Congolaises qui sont fouillées par des hommes, révèle le journal, qui affirme que plus de 500 femmes expulsées via la province du Kasaï Oriental ont porté plainte pour violences sexuelles.

Selon les prévisions de OCHA, plus de 150.000 Congolais de la RDC pourraient faire les frais de ces expulsions avant septembre 2008, date des élections législatives angolaises, ce qui signifie que Luanda pourrait expulser près de 70.000 autres Congolais en moins d'un mois.

Le journal note que la communauté internationale, qui demande à Kinshasa de mettre du bémol dans sa politique d'expulsion des étrangers, dont les Mbororo et les Rwandais, est moins critique face aux agissements des forces angolaises.

La Mission de l'ONU au Congo (MONUC), très regardante lorsqu'il s'agit des actes des Forces congolaises, s'est contentée, de regrets lorsque son patron, Alan Doss, a jugé opportun de donner son avis à ce sujet, s'inquiétant des violences sexuelles dans le lot de toutes les violences subies par les Congolaises expulsées d'Angola.

Kinshasa - 16/08/2008 Pana

Les expulsions de Congolais s'accélèrent avant les élections angolaises
Il y a 2 jours

KINSHASA (AFP) — La vague d'expulsions brutales de Congolais en situation irrégulière en Angola s'accélère, avec plus de 70.000 refoulés en deux mois, à l'approche des élections législatives angolaises du 5 septembre.

"Près de 72.000 Congolais expulsés ont été enregistrés en juin et juillet", a déclaré jeudi à l'AFP le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Christophe Illemassene.

Dès 2003, les autorités angolaises avaient annoncé qu'elles expulseraient les étrangers en situation irrégulière dans la perspective de l'organisation des élections, afin d'éviter que de non-Angolais participent aux scrutins. Il s'agira des premières législatives en Angola depuis la fin d'une guerre civile de 27 ans.

"De décembre 2003 à juillet 2007 environ 140.000 Congolais ont été expulsés par vagues successives", indique le dernier rapport de OCHA publié fin juillet.

"Environ 150.000 personnes de plus pourraient être concernées", prévient OCHA dans son rapport. Le Bureau de l'ONU dit craindre une "accélération des expulsions au fur et à mesure que les élections approchent" en Angola.

Les expulsés entrent en RDC par différents points dans toutes les provinces frontalières: Bandundu (sud-ouest), Bas-congo (ouest), Kasaï-occidental et Kasaï-oriental (centre), Katanga (sud-est).

Ils sont dépouillés de leurs biens et dans un état d'extrême vulnérabilité, selon les organisations non gouvernementales (ONG) sur place.

Le chef de la mission de l'ONU en RDC (Monuc), Alan Doss, s'était déjà dit, fin juin, "préoccupé face à de nombreux rapports sur des violences, notamment sexuelles", infligées à ces expulsés par les forces de sécurité angolaises.

Au Kasaï occidental, plus de 500 femmes (sur un total de 6.263 expulsés du 31 mai au 16 juin) ont déposé plainte pour des violences sexuelles.

Dans la province voisine du Bandundu, le docteur Philémon Sikulisimwa, coordonnateur d'une mission inter-agences, avait affirmé à l'AFP qu'outre les cas de viols, "plus de 2.500 personnes" s'étaient plaintes de "sévices corporels " au cours de fouilles par les policiers angolais jusque dans leurs partie génitales. Ces fouilles visent la recherche d'éventuels diamants que les refoulés peuvent cacher.

La plupart des Congolais pénètrent en Angola dans l'espoir de s'enrichir dans l'exploitation artisanale du diamant.

Les autorités congolaises sont souvent accusées de mollesse et d'indifférence face à ce problème. Il n'existe aucune structure d'accueil du côté congolais.

"Les émigrés congolais sont traqués comme des lapins en Angola alors que curieusement l'inverse est rare", s'exclame ainsi un quotidien congolais pourtant pro-gouvernemental, "L'Avenir".

Le directeur du cabinet du ministre de l'Intérieur s'est défendu en expliquant à l'AFP qu'il était "difficile de les regrouper car la plupart d'entre eux sont hébergés dans des familles d'accueils".

"Nous tenons actuellement des réunions avec des organismes internationaux afin de prendre des dispositions face à l'aflux des expulsés", a ajouté Smith Kabengele selon qui ces "retournés" reviennent vite en Angola.

"Ils sont expulsés et après quelques mois, ils retournent en Angola", explique-t-il.

Beaucoup d'expulsés ont affirmé à Catholic relief services (CRS), une ONG catholique d'aide au développement, qu'ils retournent parce qu'ils peuvent s'enrichir rapidement. "Là-bas, on peut se réveiller pauvre et finir la journée très riche", ont-ils déclaré.

D'autres traversent la frontière car ils ont été chassés de chez eux. Ainsi, les habitants de Kahemba, dans le Bandundu, se sont retrouvés sans terre après un conflit frontalier en juillet 2007 entre les deux pays.

Plus d'un million de Congolais séjournent en Angola, selon le ministère congolais de l'Intérieur.


Les femmes victimes de violences sexuelles de Kabare formées en broderie et tricotage, et assistées en matériels aratoires

Pooled Fund

Depuis 2001, le territoire de Kabare dans le Sud-Kivu accueille de nombreux refugiés qui fuient les viols et les violences perpétrés pendant la guerre. Cette situation perdure jusqu'à ce jour avec l'insécurité qui règne encore dans la zone à la suite de la présence de nombreux « démobilisés » dont certains possèdent encore leurs armes et s'en servent pour commettre des viols. Débout pour faire face aux nombreux cas de viols et de violences contre les femmes, plusieurs organisations communautaires de base (OCB), petits groupes d'associations féminines dans le territoire de Kabare se sont mobilisé pour œuvrer en faveur des victimes de violences sexuelles.

Fort heureusement pour ces associations féminines, l'Ong International Rescue Committee (IRC) est venu s'impliquer et les assister dans leur travail en mettant en route, grâce à un financement du Pooled Fund, son projet d'appui aux victimes et lutte contre les violences sexo-spécifiques. Nous avons simplement renforcé leur capacité en organisant des formations et des activités. Leur leadership est exemplaire », confie Sarah Mosely, Coordinatrice du Project GBV de l'IRC. Pour renforcer leur capacité, IRC a organisé des formations simples et pratiques basées sur cinq thèmes à savoir : la gestion de projets basiques et identification des besoins sur une base participative ; les violences contre les femmes et les filles et conséquences des violences sexuelles, besoins spécifiques des victimes (y compris les questions de confidentialité), renforcement du soutien psychosocial (« counselling ») et du référencement des victimes ; l'approche holistique de prise en charge psychosociale à travers des activités de groupe ; le leadership féminin et rôle des femmes dans le pouvoir de décision et la reconstruction des communautés ; et enfin le plaidoyer. Après avoir bénéficié de ces formations, les femmes invitent ensuite les leaders locaux à discuter des thèmes abordés, afin de les sensibiliser et s'impliquer davantage dans le pouvoir de décision des communautés. Grâce à ces activités, les leaders locaux ont réalisé que ces associations de femmes avaient un pouvoir de décision et un impact direct sur leurs communautés, déclare Sarah Mosely. Parmi les activités, l'on compte la broderie, le tricotage, le travail dans les champs communautaires. Les femmes vendent leurs broderies ou rachètent même leurs propres broderies afin de se procurer du matériel pour continuer leurs activités. L'IRC a également acheté des champs communautaires où les membres des OCB peuvent cultiver et partager les gains des récoltes vendues au marché. Sur le long terme, la stratégie de l'IRC est de passer de questions de violences sexuelles aux questions d'équilibre de genres dans les communautés. Le financement du Pooled Fund a permis de soutenir les activités d'environ 70 à 80% des membres de ces associations, parmi lesquelles des victimes de violences sexuelles.

De manière générale, les femmes sont très enthousiastes par rapport aux travaux menés par les OCB. Grâce aux actions de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et leurs conséquences, la non-stigmatisation des victimes et l'acceptation par les familles et les communautés, les victimes se sentent bien intégrées dans leurs communautés. Les activités de groupe leur permettent de parler, de se soutenir et d'apprendre un métier afin de se débrouiller. Francine, membre de l'OCB Majirani et victime de viol, a exprimé sa joie par rapport à l'assistance en outils aratoires et se déclare simplement heureuse d'avoir été acceptée au sein d'une association, elle qui avait d'abord été rejetée par sa famille.

Malgré ces résultats, la grande préoccupation demeure l'insécurité qui augmente les risques de viols (la nuit dans les maisons, dans la forêt quand les femmes cherchent du bois de chauffe, etc.) et tant qu'elle ne sera pas réglée, les OCB continueront d'accueillir des victimes de violences sexuelles tous les mois.

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