lundi 24 mars 2008

Mbandaka: La MONUC fête les femmes policières congolaises

Jean-Tobie Okala / MONUC 24 mar. 08 - 16h45

Tout y était, ou presque: défilé, table ronde et réflexions sur le statut de la femme policière congolaise, réjouissances diverses… : la police civile de la MONUC Equateur a tenu, à sa manière à célébrer la femme, dans le cadre du Mois de la Femme.

Du 21 au 22 mars dernier, la Police civile de la MONUC/Equateur (CivPol) a organisé une série d’activités à l’intention des femmes policières congolaises. Tout avait commencé au Centre Isidore Bankadja par un atelier de réflexion sur la condition de la femme au sein de la Police nationale congolaise (PNC). Ainsi, près d’une centaine de policières, tous grades confondus, s’étaient réunies sous l’encadrement de la CivPol, pour un examen sans complaisance de leur situation au sein de la PNC; brisant les tabous et la loi du silence, ces femmes policières ont fait le constat de conditions de travail à la fois dégradantes et humiliantes.

Les policières dénoncent, pêle-mêle: la soumission à des exercices et travaux durs et forcés, même pendant la période de grossesse ou de menstruations, ce qui provoque des avortements et accouchements prématurés; la transmission délibérée des infections sexuellement transmissions par les chefs hiérarchiques à qui la femme policière s’attache comme secrétaires ou hôtesses, du fait de «l’obéissance aveugle au chef»; discriminations de toutes sortes, avec une loi d’airain qui limite la femme policière la plus gradée au rang de capitaine; des dotations qui ne concerneraient que les officiers masculins; harcèlement et esclavage sexuels, qui se traduisent par exemple des danses et chants obscènes pendant la période de formation…

Au centre de formation même, les policières dénoncent l’accueil qui n’est pas toujours ce à quoi elles auraient pu s’attendre, puisque leur quotidien est synonyme de brimades et d’humiliations; une policière a ainsi déclaré: «le jargon de notre centre d’instruction nous appris que nous étions là pour l’utilisation: mais quelle utilisation? A chacun de deviner la réponse», conclut-elle, le visage grave et la voix pleine de tremblante.

Bref, les femmes policières de l’Equateur ont profité de cet atelier de réflexion pour dire haut et fort leur indignation et leurs frustrations, face à des chefs et collègues masculins qui profitent de leurs rangs et position pour obtenir des faveurs sexuelles en échange de menues promotions.

Dès lors, pas étonnant dans ces conditions qu’à l’Equateur, par exemple, il n’y ait aucun commandant féminin de grande unité; ou qu’il y ait zéro officier supérieur féminin parmi les 316 policières que compte l’Inspection provinciale de la Police de la province.

Que faire donc pour rendre à la femme policière sa dignité? Les recommandations de cet atelier n’ont pas manqué; c’est au cours d’un défilé haut en couleurs sur le parvis de la Mairie de Mbandaka que les policières ont remis solennellement au Gouverneur de Province leur mémorandum. Où l’on retrouve, entre autres: le respect de la parité lors du recrutement, de la formation (recyclage, renforcement des capacités, stage,...) en cours de service, de la composition des commissions d’avancement en grades, de la mise en place et de l’accès au poste de commandement à tous les niveaux; la nécessité que les officiers de Police judiciaire soient formés en matière de lutte et répression de violences sexuelles faites à la femme; la nécessité de donner un salaire conséquent et d’accorder les avantages sociaux à la femme policière au même titre que son collègue masculin.

Les femmes policières demandent aussi à suivre des formations accélérées en vue de rehausser leur niveau; mais surtout, elles insistent pour qu’il soit mis fin à l’impunité pour dissuader les auteurs des violences sexuelles. Enfin, les policières exigent qu’elles soient prises en charge sur le plan médical au même titre que leurs collègues masculins, ainsi que la construction des installations sanitaires séparées hommes-femmes.

Pour terminer, le Chef de Bureau de la MONUC/Equateur Guirane Ndiaye, tout en saluant la bravoure de ces femmes policières, a invité les autorités provinciales «à prendre très au sérieux ces recommandations»; car a-t-il dit, les Nations Unies préfèrent l’action aux discours. Quant au Gouverneur de Province José makila, il a demandé aux femmes policières de «faire leur travail sans complexe» et d’occuper toute leur place tant dans la société que dans la PNC.

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